Diptyque européen. Instantanés. La guerre des nerfs et l'intervention de S.S. le Pape. 5e ANNEE No 20. Hebdomadaire SU cent, le numéro. DIMANCHE 14 MAI 1939 four qu'une nation soit, il faut qu'une aol.'darité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. I ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 19, rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43. 1 Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. Malgré notre vif désir de consacrer avant tout les colonnes de notre journal la vie de notre région, nous sommes bien obligés donner de longs commen taires au sujet de la politique interna tionale. les journaux quotidiens, de rares exceptions prés, se livrant un la mentable bourrage de crânes. Le com bat qui se livre entre les puissances di tes démocratiques et les puissances de l'axe est essentiellement d'ordre écono mique, et un pays transformateur com me la Belgique se doit, non seulement de ne pas participer la discussion, mais même de ne pas avoir un avis qui soit quelque peu teinté de sympathie pour l'un ou l'autre groupe. Duhamel a écrit un livre sur la Guerre Blanche c'est ainsi qu'il in titulait les accords de Munich. Six mois plus tard nous arrivons l'épisode sui vant, qui a déjà pris le nom de guerre des nerfs Or si la tactique allemande a été de fatiguer les nèrfs des peuples qui se disent démocratiques, il faut re connaître que l'Allemagne a trouvé dans la presse et la radio de ces pays des dévoués collaborateurs. Et pourquoi cela Parce que la France et l'Angleterre s'étaient laissées affadir moralement, avaient grisé leurs opinions publiques de discours, d'idéologie, de promesses naïves. La réalité a soudain apparu aux gouvernants. Ceux-ci virent la nécessité de la réaction, l'urgence d'un redres sement. Mais pour obtenir le consente ment de la masse, il fallut renverser les idoles, brûler ce que l'on avait adoré, réagir contre les abus d'une démagogie en délire. Il ne pouvait être question de renverser la vapeur, sans provoquer une secousse violente. Et ce fut la campagne de la peur, la psychose de la guerre im minente, et, avec la même docilité que dans les pays dictatoriaux, la presse des pays démocratiques marcha comme un seul homme. Malheureusement il y a un revers la médaille. S'il était politiquement né cessaire de susciter un climat de panique pour obtenir que le gouvernement de France puisse gouverner et que le Premier Ministre anglais puisse pren dre certaines mesures logiques et indis pensables, économiquement cette cam pagne s'avéra catastrophique. Aussi voyons-nous, pour le moment toute la presse faire machine arrière, annoncer que la guerre, inévitable il y a un mois, n'éclatera certainement pas avant que la saison touristique ait permis aux eu ropéens de goûter les charmes retrou vés d'une vie paisible... La France et l'Angleterre viennent de gagner, incontestablement, une vic toire politique, qui leur rend une partie de l'influence perdue sous l'empire du narcotique de Genève. Economiquement, pendant le même laps de temps l'Alle magne a enregistré, de l'aveu des sta tisticiens, une victoire économique. Ce n'est qu'en créant une atmosphère de paix, telle que nous l'avons comprise dans notre journal pendant que souf flait la bourrasque du défaitisme, que la France et l'Angleterre peuvent ga gner la seconde manche de la guerre des nerfs Sa Sainteté le Pape Pie XII donne l'occasion de créer ce climat meilleur. Hélas nous devons constater une fois de plus que la bonne foi de la France et de l'Angleterre paraissent sujet cau tion. Lorsque le théâtral appel de M. Roosevelt, déjà oublié, fut adressé en termes combien maladroits Hitler et Mussolini, les journaux français, an glais ...et belges lui consacrèrent des manchettes formidables. Or cet appel la paix d'un supposé arbitre américain, qui n'avait aucun titre spécial pour in tervenir, était une prise de position ca tégorique en faveur d'un des clans. Par conséquent un pareil arbitrage était voué, priori, l'échec certain. Nous n'avons pas hésité le déclarer et les événements nous ont donné complète ment raison. S. S. le Pape, qui a une autre auto rité morale, que le Président des Etats- Unis, pour intervenir comme arbitre, de vrait, logiquement, voir son initiative provoquer un enthousiasme énorme au près des gouvernements qui souhaitent une paix réelle, une paix loyale, une paix œuvre de justice Nous voilà loin de compte. Le néfaste chroniqueur du journal parlé du Poste Parisien se permettait d'interpréter ce matin avec ironie l'initiative du Pape. L'enfer est pavé de bonnes intentions disait-il, l'Eglise également Il ajoutait que l'on ne pouvait rien attendre d'utile d'« une parlotte cinq quand il ap prouvait avec enthousiasme, il y a un mois, la parlotte trente proposée par Roosevelt. Mais, voilà le Pape arbitre, le Pape disant le droit international ne sont- ce pas toutes les cartes du jeu brouil lées Le Pape ne cherche pas s'em parer de terrains pétrolifères le Pape s'inquiète fort peu des dividendes des marchands de canons le Pape n'a au cune raison de souhaiter que tel marché demeure sous la tutelle de la place de Londres. Mêler le Pape la politique internationale c'est créer vraiment un droit international tandis que faire triompher la Société des Nations c'est assurer la prépondérance perpétuelle des vainqueurs de 1918. Aussi nos lecteurs, qui ont été mis très objectivement au courant de la si tuation internationale, qui nous avons conseillé le calme et l'optimisme, quand tous semaient la panique, liront-ils atten tivement ces jours-ci les communiqués qui émanent des puissances pacifistes, et mesureront-ils ainsi le degré d'hypo crisie, derrière laquelle s'abritent les in térêts financiers et économiques des grandes nations. La Belgique doit souhaiter ardem ment que réussisse l'action entreprise par le Vatican. Ce serait la première lueur qui permettrait l'Europe de s'en gager lentement dans la voie nécessaire du désarmement moral et matériel. C. v. R. (Suite) par Louis HABRAN. Les événements continuent se pré cipiter une cadence accélérée. Ce n'est pas la matière qui manque l'observa teur qui sait enchaîner avec indépen dance. Il est certain d'ailleurs que des liens rattachent les uns aux autres les faits politiques marquants ec que les principaux peuples choisissent le camp de leurs destinées politiques et militai res. C'est ainsi que la conclusion du pacte militaire germano-italien, décidée le 7 mai, et le retrait de l'Espagne de la Société des Nations, notifié le 8 mai, sont des opérations politiques qui dé pendent, on peut le dire sans être dans les secrets des dieux, du même plan stratégique. L'Europe s'engage dans un tournant historique. Les conséquences de la guerre d'Espagne, qui vit la dé faite du communisme et de ses alliés déclarés ou dissimulés, vont se déve lopper. ESPAGNE L'Espagne se retire donc de la S. D. N. Telle est la nouvelle transmise par cette dépêche Burgos, 8 mai. On déclare officiellement que le général Jordana a notifié, par télégramme, au secré- taire général de la S. D. N. Ge- nève, le retrait de l'Espagne de la S. D. N. Voici le texte de la dépêche en- voyée la S. D. N. Au nom du gouvernement espagnol, j'ai l'honneur de vous communiquer que l'Espagne notifie par le présent télégramme son retrait de la Société des Nations, conformément au para- graphe trois de- l'article premier du pacte. (s.) JORDAN A. Un simple télégramme, voilà tout l'honneur que le Caudillo, vainqueur des Soviets abrités Genève, fait feu l'institution internationale. Nous ne pensions pas être si bon prophète dans nos articles que le SUD a accueil lis, notamment dans ses numéros du 8 mai 1938 et du 7 mai 1939. Libre maintenant l'Angleterre de courir après l'alliance soviétique. Le pacte antikomintern prend sa pleine si gnification. Et l'Angleterre, si elle s'ob stine, s'expose payer un jour Gi braltar et en Méditerranée les fautes qu'elle commet et où elle s'efforce d'en traîner une partie de l'Europe. POLOGNE ET RUSSIE. La retraite de M. Litvinoff, commis saire du peuple aux Affaires Etran gères en U.R.S.S., est un des événe ments de la quinzaine diplomatique. On a remarqué que M. Hitler, quand il par la longuement de Dantzig et de la Po logne devant le Reichstag le 28 avril, ne (Voir suite page 5) Le supplément illustré du SUD joint ce numéro donne une étude qui con tinue nos enquêtes économiques il s'a git cette fois de l'industrie alimentaire, et de l'importante firme poperingfaoise De Werkende Bie la fabrique de pain d'épices de M. Maes-Rommens. Le tourisme a sa place dans ce sup plément c'est le Carnaval d'Eté Ypres. Et l'art n'est pas oublié puisque nous consacrons deux pages l'œuvre du portraitiste brugeois José Storie. ATTENTION Afin de permettre nos lecteurs d'apprécier les articles de politique in ternationale du quotidien anversois «La Métropole», nous avons demandé ce confrère, de bien vouloir faire, pendant quelques jours un service gratuit de son journal, nos lecteurs qui en fe raient la demande. La direction de la Métropole a répondu affirmativement notre de mande, et nous nous ferons un plaisnr de lui transmettre les noms des lecteurs que cette offre intéresse. LES ETATS-UNIS. André Maurois, l'académicien fran çais qui connaît le mieux les pays an glo-saxons, a fait récemment une en quête en Amérique. Il a donné deux articles dans Le Soir et nous en extrayons cette phrase qui confirme que l'opinion que nous avons émise précé demment, et qui nous porte nier toute valeur aux interventions de M. Roose velt en qualité d'arbitre européen L'hostilité envers Hitler et Mussolini est, aux Etats-Unis, un sentiment dont la vigueur surprend le voyageur. L'im mense majorité du pays souhaite avec passion la défaite de l'idéologie hitlé rienne. C'est là un fait Ce fait devrait avoir pour conséquen ce que l'idéologie fasciste devrait être combattue par les armes, en Europe, et les Etats-Unis souhaiteraient que la France et l'Angleterre remplissent cette mission avec l'appui des petits pays neutres Pendant ce temps les Etats- Unis accepteraient généreusement de nous fournir, contre payement en or, toutes les munitions dont nous aurions besoin. Nous déclarons que ce business ne nous intéresse pas, et que chaque peuple a l'idéologie qui lui plaît. Cela ne nous regarde pas. LE CHOMAGE ET LA D.T.C.A. Plusieurs journaux ont repris notre suggestion enrôler les chômeurs pro fessionnels et célibataires, et charger ceux-ci de la D.T.C.A. ce qui permet trait de rendre leurs foyers des pères de famille qui ont une activité com merciale ou industrielle, et qui risquent, du fàit de ce rappel prolongé, de voir leur affaire mise en péril. Voir suite page 8)

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Le Sud (1934-1939) | 1939 | | pagina 1