/upplémenti illustré du 14 mai 1939 Une visite chez M. Maes-Rommens Poperinghe. m Pans l'industrie alimentaire. No 24. LE SUD continue la série de ses in terviews chez les industriels de la ré gion, et chaque fois triomphe la même thèse les travailleurs, les hommes d'ini tiatives parviennent vaincre les dif ficultés, parce qu'ils ne se contentent pas de geindre, et remplacent les plain tes stériles par l'action. Nous en donnons aujourd'hui un exemple frappant, car il se rapporte une industrie qui, première vue, pa raît peu compliquée. Une fabrique de pains d'épices en Flandre n'a, en soi, rien d'extraordinaire. Il y a en Belgi que une bonne centaine de fabricants de pains d'épices, ce qui vous dit im médiatement que le terrain est occupé, et que le bradage doit sévir. En quoi la firme bien connue de M. Maes-Rommens, De Werkende Bie nous intéresse-t-elle particulièrement C'est que le travailleur obstiné, qui vit dans son affaire, pour son affaire, qui est parvenu presque confondre son existence avec celle de sa firme, lui a donné une extension aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'exportation. Fort aimablement reçu par M. Maes- Rommens, nous lui demandons s'il a •été le créateur de son affaire Non. C'est mon père, Henri Maes( qui a fondé l'affaire en 1878, et je ne fais que développer et continuer son oeuvre. Mais vous en avez changé les méthodes Evidemment je les ai perfection nées et amplifiées. Il est un enseigne ment que mon père m'a laissé et qui est vraiment le secret, non pas de mon in dustrie, mais de toute industrie qui veut acquérir un marché stable, et conserver une clientèle de choix la qualité. Par la publicité tapageuse on peut lancer une marque en bradant les prix on peut enrayer momentanément la concur rence. La stabilité du chiffre d'affaires et la solidité de la clientèle ne connais sent qu'un facteur la qualité. C'est, en effet, la thèse que doi vent défendre tous les économistes qui comprennent le rôle de notre pays. La Belgique est un paysi de transforma tion, et doit par conséquent rechercher avant tout la valeur du produit. En tout cas, nous répond M. Maes, sur le marché national cela est très vrai. Vous n'ignorez pas que le pain d'épices consommé en Belgique est, de très rares exceptions, et pour une quantité négligeable, du pain d'épices belge. Si je n'avais l'air de trop prêcher pour ma chapelle, je pourrais en con clure qu'il est fort utile de posséder dans un pays une industrie alimentaire, qui nous tienne complètement indépen dant des importations, part, évidem ment, pouf le miel qui n'est pas pro duit en quantité suffisante en Belgique. Mais comment avez-vous com mencé vos exportations Il serait assez délicat d'exposer en détails la marche suivie. Je n'ai con nu qu'une directive, et c'est la meilleure la recherche continuelle de débouchés, et, surtout, pendant les périodes de prospérité. Il y a une erreur fondamen tale chez la plupart des exportateurs. En période prospère ils se contentent d'enregistrer les commandes ils ne font pas assez de prospection sur de nou veaux marchés. Vienne la crise, ils ten tent de pénétrer dans des pays au mo ment où ceux-ci dressent des barrières douanières, ou décrètent des contingen tements. Comment voulez-vous qu'ils réussissent La clef de toute réussite, dans mon métier, comme dans les au tres, c'est le travail constant. En parcourant le magnifique pal marès des récompenses que vous avez obtenues dans les Expositions interna tionales de tous les pays, et en voyant les nombreux grands prix remportés par votre firme, qui peut produire 10.000 kgs. par jour, je conçois que vous vous reposiez maintenant sur vos lauriers. Me reposer?... Je n'en ai pas le temps. Voyez plutôt cette jolie boîte Et M. Maes nous montre dans une boîte de présentation ravissante un énorme pain d'épices décoré d'un somp tueux dessin en sucre colorié Blanche- Neige et les Sept Nains. Dans une au tre boîte nous admirons les armes de la Ville de Lille... ...C'est pour l'exposition du Pro grès Social Lille, qui s'ouvre ce 14 mai. Venez voir le stand important que je prépare, d'après le projet de l'archi tecte Orner Carpentier. En effet, nous voyons le sympathi que peintre poperinghois Beun en plein travail, aidé d'Arthur Declercq et son fils, ainsi que de nombreuses ouvrières qui astiquent des cuivres. Il ne suffit pas de conquérir une clientèle, et ma clientèle française est très fidèle, mais il importe que le fabri Façade des nouveaux bâtiments du côté du Marché-aux-Chevaux Poperinghe. Pose de la première pierre de la nouvelle usine. cant ait la délicatesse de participer aux expositions organisées dans les pays qui lui achètent. Vous serez d'accord pour reconnaître que les clients français éprouveront un plaisir voir le stand d'un produit qu'ils connaissent. Votre conception commerciale est vraiment up to date. M. Maes, mais cette photo m'intrigue Quelle est cette chaumière Une chaumière en pain d'épices Parfaitement, c'est la photo de la gran de pièce que je viens d'expédier l'Ex position de New-York... ...de New-York Du pain d'épi ces dp Poperinghe New-York... Et pourquoi pas J'ai lu avec un vif intérêt vos articles dans LE SUD au sujet des possibilités inouïes pour l'exportation belge sur le marché amé ricain. Vous avez intégralement raison. Hélas trop peu d'industriels belges comprennent l'importance de ces pos sibilités. Je n'ai pas hésité un instant m'inscrire parmi les exposants du stand belge l'Exposition de New-York, et vous qui aimez notre région, vous de vez être heureux de constater qu'au moins une des industries locales y fi gurera. Le stand sera assez important, et je suis absolument certain du résul tat 'que je puis en attendre. D'ailleurs je m'y prépare. Venez voir... Tout en nous exposant le rôle impor tant des installations au point de vue de la propreté et de l'hygiène indispen sables dans l'industrie alimentaire, M. Maes nous conduit sur les chantiers de ses nouveaux ateliers, dont la première pierre a été posée le 30 mars, par M. Maes, junior, et qui sortent de terre comme par miracle. C'est le triomphe du béton, logiquement et dans une or donnance parfaite. Les plans sont de l'architecte Orner Carpentier, et la li gne moderne de la façade ne manque pas d'élégance. Grâce ces construc tions nouvelles, destinées spécialement aux magasins, l'emballage et l'expédi tion, l'usine pourra débiter plus facile ment sa production considérable. N'avez-vous pas l'impression de rê ver. Voilà une petite industrie familia le, qui, grâce l'esprit d'organisation et l'énergie de son chef, et aussi, il faut lui rendre cet hommage, de sa col- laboratrice Madame Maes-Rommens. arrive, non seulement prendre une place enviable dans la région, mais dans le pays entier. M. Maes est considéré dans les milieux de l'alimentation, com- me une compétence de premier plan dans sa matière. Nôn content de ce résultat, l'indus triel poperinghois, au lieu de perdre son temps dans de vaines querelles locales, ou dans l'admiration exclusive de son clocher cherche des voies nouvelles, pé nètre sur des marchés étrangers, s'y in stalle et parvient même faire valoir et "triompher ses revendications en matière douanière dans certains pays. La discré tion en matière commerciale nous empê che de donner la liste des pays vers les quels les pains d'épices poperinghois s'acheminent, et l'importance de ces ex portations. N'est-ce pas avec des hommes pareils de tels chef d'industrie, que la Belgi que doit lutter sur les marchés étran gers ne sont-ils pas les vrais propà- gandistes de l'industrie artisanale bel ge Ils valent infiniment mieux que tous les Docteurs Tant-Pis, qui perdent leurs énergies se plaindre. Et les lec teurs du SUD qui visiteront l'Exposi tion'de Lille, n'éprouveront-ils pas un réel plaisir, et un peu d'orgueil, y voir représenter une firme de la région. Ils n'auront pas l'agrément d'éprou ver le même plaisir New-York Mais nous comptons bien que M. Maes vou dra nous communiquer une documen tation photographique sur son/ stand New-York, et nous donnons nos lec teurs le bon conseil de se consoler de ne pouvoir entreprendre ce beau voyage, en croquant une boîte des délicieux Keikoppen si joliment présentés, ou en se régalant des pains d'amandes po peringhois. C. v. R.

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Le Sud (1934-1939) | 1939 | | pagina 5