Le Carnaval d'Eté Ypres,
Géant d'Ypres.
Comme chaque année les dévoués or-
ganisateurs du cortège carnavalesque
d'Ypres se sont mis l'oeuvre et nous
promettent un troisième cortège carna~
valesque qui rivalisera avec les précé
dents. Nous ne donnerons pas les dé
tails des groupes. Un joli programme
est vendu le jour de la fêteet le pro
duit de la vente sert couvrir une par
tie des frais de l'organisation. Que tous
achètent ce programme, et apportent
ainsi leur part de collaboration.
Fête locale, le cortège carnavalesque
d'Ypres est un hommage annuel au
Géant d'Ypres, le Seigneur de la fête,
qui reçoit ce jour-là, en notre cité, que'-
ques collègues, haut-perchés, richement
étoffés, et dont la promenade dans nos
rues fait la joie des petits et des grands.
Le peuple ne se fatigue pas de voir
sortir les bons géants, dont l'histoire
est si ancienne qu'elle se confond avec
la légende. D'où est venu le géant d'Y
pres. que l'on appelle officiellement Go
liath, mais qui pour les Yprois se nom
me familièrement Reusje Nul ne le
sait. Déjà au seizième siècle, il avait
son cortège et ses admirateurs au cours
des temps il connut plus d'une infor
tune, fut par trois fois victime des flam
mes, et par trois frois renaquit de ses
cendres.
Le Géant clôture le cortège carnava
lesque qui, de deux cinq heures fait
le tour de la ville, pour terminer par
une sarabande bruyante et colorée la
Grand-Place. Ce qu'est ce cortège car
navalesque Laissons aux journalistes
étrangers le soin de donner leurs im
pressions et rendons cette occasion un
nouvel hommage nos confrères fran
çais qui viennent si volontiers Ypres
en qualité de reporters. Cette année ils
seront malheureusement retenus l'ou
verture de l'Exposition du Progrès So
cial de Lille.
Voici ce qu'écrivait le rédacteur du
Journal de Roubaix en mai 1938
En relatant, l'an dernier, le grand cor
tège carnavalesque d'Ypres, nous dé
plorions que l'ambiance de gaîté qui
caractérise d'ordinaire ce genre de ma
nifestations, eût été littéralement...
noyée sous de continuelles averses.
Aussi souhaitions-nous, aux organi
sateurs, pour cette année, un... moins
sombre dimanche
C'est heureusement sous un cie] se
rein, sinon par une température estivale,
oùe se déroula hier l'ombre du bef
froi reconstruit, le pittoresque défilé.
La foule joyeuse des visiteurs venus
de tous les coins de Flandre de
France aussi, en juger par le grand
nombre de voitures immatriculées blanc
sur noir commença prendre posi
tion dans les artères du centre dès la
fin de la matinée. Et c'est entre deux
haies très denses de spectateurs qiie le
cortège se mit en branle, la porte de
Dixmude, vers 14 h. 30.
Trois heures durant, les bons géants
ceux de Dixmude, de Reninghe, de
Wulveringhem et leurs illustres ancê
tres Roland d'Hazebrouck et Goliath
d'Ypres, se dandinèrent, le nez au faîte
des maisons, tandis que s'agitaient
leurs pieds les lurons travertis des quel
que trente groupes du cortège.
Les costumes, tous aussi chatoyants,
et une présentation impeccable, rendi
rent particulièrement difficile la tâche
du jury que présidait l'aimable organi
sateur de ce carnaval, M. Aimé Gru-
wez.
Parmi les groupes les plus applaudis,
citons toutefois Les husards moder-
v d'Ypres. Fs Filles du régiment
de Lckerrn. les Gilles de la mer au
chef orné non pas de pli|mes mais de
poissons et de mollusques, le Négro-
club de Selzaete, aux sarabandes en
diablées et enfin, deux individuels lil
lois, le père et le fils, symbolisant en une
vivante terre-cuite le Retour du
mineur
Une danse d'ensemble, exécutée sur
le terre-plain de la Grand'Place Roi-
Albert, clôtura dans un enthousiasme
indescriptible, cette pittoresque manifes
tation si bien dans la tradition flaman
de.
Nous reproduisons également le
compte-rendu du Nord-Maritime
La Ville d'Ypres eut çette année la
chance de voir son grand cortège car
navalesque, sortir par un temps splen-
dide bien qu'un peu froid-
Un Comité s'était formé il y a douze
ans pour l'organiser le Dimanche du
Carnaval, mais le temps ayant toujours
été détestable chacune des sorties, les
organisateurs décidèrent l'an dernier, de
Je retarder au deuxième dimanche de
Mai. Les Yprois ne furent guère plus
heureux pour commencer, et ce fut sous
une pluie diluvienne que les sociétés dé
filèrent dans les rues de la vieille ville
flama'nde en 1937.
Cette année, le soleil s'est mis, enfin,
de la partie.
Le président du Comité, M. Gruwez,
ses amis et les habitants d'Ypres eurent
la satisfaction de voir des milliers de
curieux venus de partout se presser sur
les trottoirs pour voir passer le cor
tège dans lequel on pouvait admirer de
nombreux et beaux groupes déjà remar
qués précédemment aux Carnavals de
Cassel, Flazebrouck, Steenvoorde et
Dunkerque. Citons ceux de Poperinghe
Les cartes) d'Ypres, (les Hussards
modernes), dont le satin chatoyant des
costumes fut beaucoup admiré. Une
mention toute particulière fut méritée
par le groupe des Autruches de
Hamme, ainsi que par les joyeux Nè
gres de Selzaete qui mirent le public
en gaieté par mille excentricités.
De Lille étaient venus des isolés
aux costumes du meilleur goût L^
joyeux retour ravissante terre cuite
1* Eventail et Cléopâtre
Le cortège se terminait par tout un
groupe de géants. Celui de Bisseghem,
qui, vrai dire, n'est qu'un cycliste aux
jambes interminables celui de Dixmu
de, accompagnant les Fermiers
beurre le géant de l'Yser, de Renin
ghe, ne sont que d'amusantes carica
tures.
Mais Belle de Wulveringhem en
pêcheuse de la côte belge était magni
fique et faisait pendant au glorieux
Roland d'Hazebrouck, dont les
trompettes firent sensation.
Goliath, le formidable géant d'Ypres
fermait la marche précédé de'ses gno
mes et de ses lutins.
Vers 18 heures, tous les groupes
étaient rassemblés sur la Grand'Place.
Il y eut une danse finale au milieu d'une
formidable cacophonie, chaque groupe
jouant son air propre.
Dans la soirée les Ballerines de Neu
ve-Eglise, se produisirent sur la scène
du Théâtre dans de jolis ballets.
Malgré le change défavorable de
nombreux Français avaient franchi la
frontière et n'eurent pas regretter leur
journée.
LE SUD
et ses suppléments
illustrés.
Abonnement
20 francs par an.
19, rue Longue de Thourout,
YPRES.
Deux groupes du Carnaval d'Ypres 1939.
Les Gilles d'Alost et les Vrais Courtraisiens.