Sous le signe de l'amitié belge.
Librairie
WINDSOR
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BRUXELLES
LIBRAIRIE
GÉNÉRALE
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LE SUD, dimanche 11 juin 1939 4
2.500 Croix du Feu
de Westflandre Namur.
Il faut louer sans réserve les Croix du
Feu de la province de Namur, qui ont
pris l'initiative d'organiser une journée
d amitié laquelle ils ont convié leurs
camarades de la Flandre Occidentale
et qu'ils ont placée sous le signe de
l'unité belge. Il ne faut pas moins louer
la ville de Namur qui, tout entière, s'est
associée cette manifestation et lui a
donné un caractère particulièrement am
ple et fervent.
C'est, en effet, dans une ville pavoi-
sée comme pour une réception rovale,
que sont arrivés, dimanche matin, en
quatre trains spéciaux, les anciens com
battants flamands, et, tout de suite,
ceux-ci se sont sentis chez eux, lisant
des indications rédigées ce jour en fla
mand, accueillis par des délégués cor
diaux, enveloppés, dès leur sortie de la
gare, en une première ovation. Dès cet
Instant fut créée une atmosphère de
sympathie qui allait se développer tout
le jour durant et qui saisit profondément
tous les participants de cette journée
d'amitié.
Rapidement alors, tous les arrivants
se forment en cortège aux abords du
Square Léopold, et c'est tout un quar
tier de la ville qu'ils occupent, tant ils
sont venus nombreux. Toutes les villes
de la Flandre Occidentale sont, en ef
fet, représentées par des délégations im
portantes. Qu'on songe que la section
de Bruges est représentée ici par près
de 600 membres, que. de Roulers, ils
sont venus au nombre de 350, et que la
petite ville de Furnes a délégué plus
de 100 Croix de Feu. Qu'on songe aus
si que tous ceux-ci ont fait, dès la nuit,
un long voyage, et on comprend mieux
la signification de cet éclatant défi jeté
Bux ennemis de l'unité nationale.
Le cortège maintenant est formé. Ce
n'est pas un banal cortège de manifes
tants ou de congressistes dominicaux.
Au contraire, c'est un groupe impec
cable et martial constitué de rangs de
huit hommes marchant au pas. L'en
semble cependant est joyeusement colo
ré par les robes des Klakkertjes ou
enfants des pêcheurs heystois. La mar
che aussi est alertement rythmée par
la musique du 13e de ligne, par la fan
fare des Cheminois namurois et par
l'Harmonie ouvrière de Saint-Servais.
Ainsi formé, ce cortège va faire grande
impression sur les curieux.
Ceux-ci sont massés en rangs pressés
sur tout le parcours. En rangs enthou
siastes aussi. Sans cesse éclatent des ap
plaudissements, s'élèvent des acclama
tions et toute la ville participe de cette
façon chaleureuse la réception. 11 en
est ainsi dans les rues de Fer, de l'An
ge, de Marchovelette, la Place d'Ar
mes où le colonel honoraire Stinglham-
ber dépose des fleurs au pied de la
statue de Léopold II, dans les rues de
Bavière et de Bruxelles. Partout la po
pulation témoigne de sa reconnaissance
aux anciens combattants et de sa sym
pathie aux visiteurs flamands. Peut-être
plaira-t-il Volk en Staat de par
ler de châtelains fransquillons, de dé
nier aux manifestants la qualité de Fla
mands. Ce serait assez drôle pour qui
a vu défiler ces paysans aux faces cui
tes, ces ouvriers coiffés de la casquet
te, tout un bon peuple de Flandre, pai
sible, mais attaché avec ferveur sa pa
trie et son roi.
Il rend d'ailleurs aujourd'hui aussi
hommage au grand roi Albert. En effet,
les Croix du Feu de Furnes (on sait
que le Souverain était citoyen d'hon
neur de Furnes) se sont rendus Mar-
che-les-Dames et ont déposé au pied
du Rocher tragique une gerbe faite des
coquelicots des Flandres.
A l'Hôtel de Ville ont pris place pour
voir défiler le cortège toutes les person
nalités provinciales et communales. On
reconnaît au balcon MM. Bovesse, gou
verneur le général Michem, comman
dant la circonscription les généraux
De Wulf, commandant la place Bri
quet, commandant le 2e D. C. Cha-
beau, président de l'Interfédérale des
Croix du Feu Dugardijn, aumônier gé
néral de l'armée le bourgmestre Huart;
M. Cox, président fédéral des Croix du
Feu. Citons encore parmi les personna
lités présentes MM. Falmagne, prési
dent des Croix du Feu de la province
de Namur De Winter, président des
Croix de Feu de la Flandre Occidenta
le Paquot et Goossens, vice-présidents
de la Fédération namuroise Léonard,
aumônier de la garnison Verhaegen,
procureur du Roi. Tous ceux-là aussi
saluent le cortège qui, grossi des Croix
du Feu de la province, défile longue
ment sous les applaudissements.
Enfin les participants se rangent sur
la Place Saint-Aubain, tandis que les
personnalités se groupent sur la ter
rasse du Palais provincial .Là, plusieurs
discours sont prononcés. M. Falmagne,
dans les deux langues nationales, salue
tout d'abord cette élite venue de Flan
dre pour affirmer son inaltérable atta
chement la patrie commune. Ensuite le
gouverneur rend hommage aux partici
pants serrés aujourd'hui, dit-il, autour
du drapeau national comme ils étaient
jadis serrés autour de leur Roi. Enfin
le général Michem. en flamand, exalte
notre devise nationale. Une Braban
çonne s'élève alors, écoutée dans un
récueillement vraiment ému.
A la cathédrale a été adossé un au
tel. Sur les prie-Dieu ont pris place
la princesse Joséphine, sœur du Roi Al
bert Mgr Cawet, évêque-coadjuteur et
diverses personnalités. Vers midi est
célébrée, l'intention des combattants
des deux provinces morts pour la patrie,
une messe basse que suivent sans ex
ception les participants. Au cours de
l'office, Mgr Dugardijn prononce une
allocution tout imprégnée de patriotisme.
Le patriotisme note-t-il, est ins-
spiré par la charité. Qui n'aime pas sa
patrie n'est pas un bon chrétien. Cet
amour alors doit se prouver par le don
de soi-même, s'il le faut.
Et dans une belle péroraison le pré
dicateur fait appel tous les anciens
combattants qui l'écoutent.
Frères soutenus par des frères,
nous construisons une cité invincible.
Les participants vont encore fleurir le
Monument aux Morts de la province,
puis sonne l'heure du repas, pris dans
une atmosphère fraternelle.
Une émouvante cérémonie
Les manifestations d'amitié se sont
prolongées entre Croix de Feu du
Namurois et Croix de Feu de la
Flandre Occidentale durant toute l'a
près-midi dominicale.
A midi, alors, un déjeuner réunit les
personnalités déjà citées auxquelles se
sont joints le général Descamps et le
major Jenart, représentant le ministre de
la Défense Nationale. Ce déjeuner est
animé par les excellentes exécutions du
jazz de l'école des cadets. A l'heure des
toasts M. Cox. président fédéral lit le
texte d'un télégramme adressé au Roi.
puis M. Falmagne remercie les assis
tants et ses collaborateurs, particulière
ment M. Patris, qui fut l'animateur de
la manifestation.
(Voir la suite page 2.)
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