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I
La Carte de
la Folie.
A propos de Tientsin
La leçon du roi ALBERT
Gestion
/ocialiste
de ANNEE No 26.
DIMANCHE 25 JUIN 1935.
Kour qu une nation soit, i] faut qu'une
solidarité nationale existe et qu elle se
-nstallise dans la volonté du pouvoir.
\PONNEMENT. I AN 20 FRANCS.
Direction-Administration Ch. van RENYNGHE,
19. rue Longue de Thourout, YPRES. Compte-chèque postaux 1003.43.
Nos aînés liquident le passé pendant
que nous construisons l'avenir.
Dans la partie de poker qui continue
se jouer en Europe, les joueurs tien
nent le jeu très serré. La partie a le mé
rite de durer longtemps, ce qui a per
mis de nombreux membres qui étaient,
malgré eux, inscrits dans ce cercle de
jeu. de se retirer. S'il fallait passer du
poker au baccara, nous dirions que tous
les joueurs des petites tables ont quitté
la salle, et qu'il ne reste plus attablés
que les habitués de la grosse table
Celle aux bancos impressionnants.
Mais dans ce jeu de bluff, où tout
parait dicté par le sentiment et l'impul
sion, nous constatons, comme il y a six
mois, que la diplomatie, l'habileté, l'étu
de attentive de la force de résistance
psychologique de l'adversaire sont les
facteurs essentiels. L'enjeu est trop im
portant pour que les partenaires ne se
tiennent pas sur leurs gardes. Le Reich
sait parfaitement que le moindre conflit
européen, anéantirait son système éco
nomique. L'Italie sent qu'elle se trou
verait immédiatement isolée et bloquée.
L'Angleterre n'a guère envie d'ébranler,
par une guerre ruineuse, son système fi
nancier. Et la France est simplement
sur la défensive. Dans ces pays des
techniciens éprouvés, qui connaissent
tous les éléments, toutes les données du
problème, savent le risque que courent
leurs pays au cas d'un conflit mondial,
et n'ignorent pas plus le manque de pro
fit qui pourrait en résulter.
Alors pourquoi prétendre a priori que
ces pays se lanceront dans l'aventure
pourquoi n'admettre que l'hypothèse de
la mauvaise carte jouée par un parte
naire, la carte de la folie. Quand il y a
chances légales ce que les dirigeants
agissent avec sagesse, ou avec folie,
pourquoi considérer la sagesse comme
impossible et la folie comme certaine
Pour notre part nous conservons toute
confiance dans la sagesse des dirigeants,
et nous demandons, que de part et d'au
tre, on rende cette sagesse possible.
C'est bien dans cette voie, d'ailleurs,
que sont poussées les négociations acti
ves du Vatican. Et, si, par une animo-
sité qui peut se comprendre l'égard
d'un partenaire de la partie qui se joue,
on incline donner a priori raison
un autre partenaire, que l'on se dise
que c'est rendre service ses amis que
de croire que la partie engagée doit se
terminer par le triomphe de la raison.
Le camp qui triomphera sera celui où
les troupes, les citoyens, conserveront
le moral le meilleur, et les ennemis de
ce camp sont ceux qui sèment la pani
que, qui prêchent le défaitismç, qui con
sidèrent la catastrophe comme inévita
ble.
Il n'y a pas que la carte de la folie
jouer, et il serait fou de désespérer de
nos semblables au point de les croire
fatalement incapables de sagesse.
C. t> R.
par Louis HABRAN.
Sans la clairvoyante volonté du Roi
Albert, des Belges seraient sans doute
aujourd'hui importunés par les Japonais
dans la concession que notre pays pos
séda dans le grand port intérieur de la
Chine du Nord, côté des concessions
de l'Angleterre et de la France, et la
Belgique serait menacée d'être entraî
née comme ces puissances occidentales
dans des difficultés extrêmement sé
rieuses, une guerre peut-être un jour
avec le Japon, pour la défense des droits
territoriaux des Européens en Chine.
C'est le 6 février 1902 qu'une con
vention sino-belge concédait la Bel
gique la location perpétuité d'un ter
rain situé Tientsin, le 11 décembre
1912 qu'un arrangement intervenait re
lativement au dit terrain entre le gou
vernement belge et la Société Anony
me de la Concession Belge Tientsin
et le 2 septembre 1913 qu'une loi belge
approuvait la convention et l'arrange
ment.
Le 31 août 1929, la Belgique rétro
cédait la concession la Chine, le 1er
février 1930 un arrangement était con
clu ce propos entre le gouvernement
belge et la Société Immobilière de Tient
sin, et une loi belge du 13 juillet 1931
mettait le point final cette liquidation.
La pièce la plus importante et la plus
curieuse du dossier de cette affaire est
sans doute la lettre personnelle que le
Roi Albert adressa le 25 novembre 1926
son ministre des affaires étrangères,
feu Emile Vandervelde, document que
le chef du parti socialiste se permit,
après qu'il avait résigné le portefeuille
des affaires étrangères, de verser dans
le domaine public en la publiant dans
un journal politique français. C'est la
pièce la plus importante, parce que c'est
elle qui annonce et justifie la rétroces
sion, et c'est aussi de loin la plus cu
rieuse et la plus originale parce qu'elle
montre que l'idéaliste que fut le Roi
Albert savait aussi penser et agir en
profond politique quand l'intérêt de la
Belgique était en cause.
Les interventions des Rois des Bel
ges en Extrême-Orient marquent bien
les étapes du destin de l'Europe dans
ces parages du globe. Sous Léopold II,
c'est l'étape de l'élan expansionniste, de
la pénétration et de l'exploitation. Sous
Albert 1er, c'est le repli, une forme de
renoncement réaliste des Belges, l'ajus
tement raisonnable de leur action leurs
moyens et aux conditions générales nou
velles, la volonté de ne pas être la gre
nouille de la fable qui voulait se faire
aussi grosse que le bœuf et s'enfla si
bien qu'elle creva. Sous Léopold III,
c'est, dans la lettre que le Roi écrivit en
1937 M. Van Zeeland chargé d'une
enquête économique par l'Angleterre et
la France, une plaidoirie demandant la
collaboration bienveillante du monde
jaune dans l'intérêt de 1 humanité blan
che. Rarement le déclin de 1 Europe fut
plus nettement marqué par des cerveaux
politiques.
Voici la lettre écrite de Laeken par
notre troisième Roi M. Vandervelde
le 25 novembre 1926
(Voir suite page 8).
fraudes électorales, 2 pour concussion, 1
pour recel. 1 pour assassinat, 1 pour
parricide Une femme vendait 20 francs
des certificats d'indigence. Quand on
lui demanda depuis combien de temps
elle exerçait ce curieux métier, elle ré
pondit J'ai succédé ma mère
Que la ville de Marseille ait été mise
au pillage par les socialistes, personne
n'en doutait. Depuis le tragique incen
die d'un magasin de la Canebière, où
tant de compatriotes de M. Tasso ont
trouvé une mort atroce, depuis surtout
que le gouvernement a mis en tutelle la
municipalité marseillaise, on était fixé
sur les capacités administratives des édi
les S.F.I.O. de la première ville de
France.
Il a fallu que M. Raymond Vidal
imagine d'interpeller, sous prétexte
d'innocenter son ami Tasso, pour
que nous soyons enfin édifiés sur
l'incroyable incurie, sur les effarants
procédés de cette bande de con
cussionnaires et de prévaricateurs. En
réplique cette malencontreuse in
terpellation, M. Paul Reynauda apporté
la tribune de la Chambre des faits
inouïs, la fois plaisants et scandaleux,
et dont l'énumération a frappé l'assem
blée de stupeur. En voici quelques-uns,
parmi tant d'autres qui nous révèlent
dans quel abîme d'amoralité, de bas fa
voritisme et de canaillerie était tombée
la municipalité socialiste de Marseille
avant qu'elle ne soit pourvue d'un con
seil judiciaire en la personne de M. Sur-
leau.
Chiffres et documents l'appui, le
ministre des Finances a établi qu'en
moins de sept ans la dette de la ville est
passée de 275 millions 1 milliard, en
dépit de 1.633 centimes additionnels
chiffre supérieur celui de Paris et de
la Seine. Les chaussées de Marseille
sont dans un tel état que la ville a dû
contracter une assurance contre les ac
cidents dont sont victimes les piétons.
La distribution de l'eau suivant un
système abandonné par toutes les gran
des villes du jnonde -est en fonction
des pourboires que reçoivent les fontai-
niers. Les hôpitaux sont les plus chers et
les plus mal tenus de France. La nour
riture. mauvaise, y est servie froide. Les
malades n'ont même pas de couteaux.
Ils sont entassés pêle-mêle avec les ago
nisants. Des tuberculeux déclarés in
transportables se promènent librement
dans les rues, depuis des années. Im
payés, les fournisseurs menacent de sus
pendre leurs livraisons.
Un adjoint au maire avait pu faire
établir, sans autorisation, un program
me de 75 millions de travaux. Bien que
ces travaux n'aient pas été exécutés, les
architectes réclament la ville 750.000
francs d'honoraires Chaque conseiller
disposait d'un bureau, d'un secrétaire,
d'une auto et de l'essence pour ses dé
placements. Le conseiller contrôleur des
abattoirs, chevillard de son métier, avait
émis 115 chèques sans provision. Ua
simple commis avait pu franchir tous
les degrés de la hiérarchie jusqu'au pos
te de directeur, sans jamais avoir e«
un seul employé sous ses ordres
A la demande de M. Surleau, sept
fonctionnaires ont été révoqués 2 pour
Voir suite col. précédente)
Hebdomadaire OU cent, le numéro.
Mon cher ministre,
Le gouvernement chinois, en dé-
nonçant le traité sino-belge de 1865,
nous a placés l'avant-plan dans la
difficile question des relations des
pays occidentaux avec un peuple qui
représente le tiers de la population du
globe et qui s'appuie comme nation
sur un passé de plus de trente siècles
de civilisation propre.
A l'aube d'une lutte entre deux
mondes qui sera peut-être séculaire.
les circonstances confèrent la parole
la Belgique.
Je sais les ménagementsles égards
que nous devons de grandes puis-
sances, nos alliées d'hier, et avec les-
quelles nous avons tant d'affaires com-
munes mais je me le demande les
Belges doivent-ils aller jusqu'à par-
tager l'impopularité, que dis-je, s'ex-
poser toute la haine que l'abus de la
force accumule sans cesse là-bas doi-
vent-ils devenir l'objet de ce boycot-
tage que les Chinois s'entendent si
bien pratiquer
Ma conviction profonde, c'est que
nous devons faire entendre des paro-
les de paix, d'équité, de désintéresse-
ment. La Belgique se grandira ainsi
et servira ses intérêts.
Depuis près d'un siècle, les grandes
puissances ont pratiqué vis-à-vis de la
Chine une politique nettement impé-
rialiste et ont fait fréquemment inter-
venir leurs marins et leurs soldats pour
développer leur commerce. Les grands
épisodes de cette lutte de violence
sont, en 1839, la guerre dite de l'opium
entreprise par l'Angleterre et qui
aboutit la cession de Hong-Kong
la prise de Canton et de Tientsin, en
1857, qui amena l'ouverture de nom-
breux ports et l'établissement d am-
bassades et de légations occupation
de Pékin en 1860, qui contraignit la
Chine céder la Russie les terri-
toires de l'Amour et de l Oussouri et
lui ouvrir la Mongolie en 1900, l in-
tervention collective des puissances
la suite de la révolte des boxers.
C'est donc un lourd passé de guer-
res auxquelles la Belgique n a pris au-
cune part.