La dénatalité. Indépendance et garantie. Instantanés. ABONNEMENT, 1 AN 20 FRANCS. Direction-Administration Ch. van RENYNGHE, 10, rue Saint-Georges, BRUGES. Compte-chèque postaux 1003.43. 5e ANNEE No 29. Hebdomadaire 5U cent, le manéro. DIMANCHE 16 JUILLET 1939 Pour qu'une nation soit, il faut qu'une solidarité nationale existe et qu'elle se cristallise dans la volonté du pouvoir. Nos aînés liquident le passé pendant que nous construisons l'avenir. Le gouvernement français vient d'en treprendre la lutte cotnre la dénatalité. Mieux vaut tard que jamais. Mais il est fâcheux de devoir constater que de vant un problème moral aussi grave que celui-ci, les arguments philosophiques, religieux et moraux aient laissé des hommes d'Etat indifférents, et que leur conscience ne se réveille que quand il s'agit de pourvoir un matériel militaire de... la main-d'oeuvre indispensable. Ainsi le fait de rappler la loi divine n'a pu inciter ces hommes combattre les manoeuvres anticonceptionnelles. Le rappel de la morale du Christ, la beau té du don de la vie, la splendeur des foyers aux familles nombreuses, n'ont pu émouvoir ces politiciens. Mais sou dain ils trouvent des accents émouvants, ils vont prêcher, au nom de la Patrie et du Devoir, la procréation, parce que se profile l'horizon le danger d'un peu ple plus prolifique, et que la loi de la jungle, la loi du nombre paraît les me nacer. Cela, c'est leur morale matéria liste Quelles sont les donnée* de cette loi du nombre qui fait s'incliner, après quels reniements, les anciens partisans de l'amour libre, de la seule loi du plaisir, de l'égoïsme dans le mariage En voici quelques-unes. La France comptait, en 1865, 38 mil lions d'habitants elle en compte ac tuellement 42 millions, dont 3 millions et demi d'immigrés et de naturalisés. Or, de 1865 1937, le chiffre de la population anglaise est passé de 24 47 millions, celui de la population ita lienne, de 24 43 millions celui de la population japonaise, de 32 70 mil lions celui de la population allemande de 38 67 millions (sans compter les populations annexées) De 1806 1856, le nombre des nais sances atteignit, en France, une moyen ne de 960.000 par an. En 1866 et en 1876, il a trouvé son maximum en s'é- levant au million. Depuis, il n'a cessé de décliner, et il est tombé, en 1938, 610.000. La même année, il naissait 725.000 enfants en Angleterre, plus d'un millions en Italie, près d'un mil lion et demi en Allemagne. En 1938, l'excédent des décès sur les naissances a été, en France, de 35.000. La même année, l'excédent des naissances sur les décès s'est.chiffré, en Allemagne, par 565.000, en Italie, par 424.000. Ces chiffres brutaux ont rappelé, bien tardivement les hommes politiques la morale chrétienne. Ils n'avoueront, ce pendant pas, leur défaite philosophique, mais la camoufleront au nom du patrio tisme Soyons indulgents et contentons-nous de dire, comme l'exprimait parfaitement René Rousseau dans Le Journal de Roubaix par Louis HABRAN. Voir suite page 8) Désormais, les petits, les faibles ne peuvent plus compter que sur eux-mê mes. Leur indépendance est menacée parce que la garantie des grands Etats perd sa valeur morale et juridique et est en train de se retourner contre eux, même quand elle leur est offerte. Ga rantie signifie désormais, dans cette es pèce de période de transition où les états-majors militaires, la recherche de positions stratégiques qui leur don nent les bases de départ de la guerre qui s'annonce, se substituent progressi vement aux états-majors diplomatiques dans l'ordonnance de l'échiquier, garan tie signifie subordination la politique militaire d'un groupe de grandes puis sances et engagement volontaire ou for cé dans les opérations de campagne de ce groupe. Les grandes puissances s'ar rogent arbitrairement le droit de décider si la position géographique de tel petit pays, ses relations avec tel voisin ou les intentions qu'elles prêtent ce voi sin, ou encore l'interprétation qu'elles font unilatéralement de ses actes, voire simplement les projets qu'elles lui prê tent, les autorisent conclure sans dé bats qu'une menace indirecte est di rigée contre elles travers le petit pays et leur donne droit se faire ses gar diens, c'est-à-dire transformer son ter ritoire en boulevard militaire, même malgré lui, et le ranger parmi leurs ennemis, s'il fait de la récalcitrance. Cet esprit vient encore d'être révélé par ce propos que le comte de la Warr, ministre de l'Education Nationale en Angleterre, a tenu le 8 juillet Derby La Grande-Bretagne est prête se battre contre tout agresseur, quelque indirecte que puisse être la méthode de l'agression. Ainsi est maintenant faite, dans un esprit strictement personnel, la définition expéditive et égoïste de l'agresseur, exégèse qui fit couler tant de flots stériles de paroles et d'encre aux assises des conclaves laïques de Genève. De cet esprit et de ses méthodes, re doutables désormais pour les faibles, nous avons maintenant déjà plusieurs exemples. Dans le cadre de la politique d'indépendance de la Belgique, nous allons étudier ceux que l'on trouve dans le camp des puissances démocrati ques et pacifiques Nous verrons comment les deux man dats de la première catégorie institués par la Société des Nations, mandats A ou mandats arabes, sont détournés par les puissance* mandataires de leurs principes générateurs et de leurs fins, qui sont l'intérêt des populations au tochtones et leur accession progressive, grâce la tutelle éclairée et désintéres sée du mandataire, la liberté politique, l'exercice des pouvoirs souverains que la liberté confère, au bien-être de l'or dre et de la paix. Nous verrons ensuite comment, dans les négociations ténébreuses qui se dé roulent Moscou l'initiative de l'An gleterre, trois grandes puissances qui se présentent en championnes du droit et de la paix, ont envisagé d'imposer leur garantie militaire des peuples qui ne l'ont pas demandée et la refusent, et qui ne sont même pas mis au cou-i rant de ces graves pourparlers qui les concernent au premier chef, et dont certains désirent si peu cette fausse pro tection qu'ils n'ont jamais établi de re lations diplomatiques quelconques avec les Soviets devant lesquels, dans ces tractations qui resteront des modèles de dissimulation et de duplicité, la Cité de Londres s'est aplatie. LES MANDATS ARABES. Quel est le régime des mandats en général Le Pacte de la Société des Nations le définit comme suit Les principes suivants s'appliquent aux colonies et territoires qui, la suite de la guerre, ont cessé d'être sous la souveraineté des Etats qui les gouvernaient précédemment et qui sont habités par des peuples non encore capables de se diriger eux-mêmes dans les conditions particulièrement diffi- ciles du monde moderne. Le bien-être et le développement de ces peuples forment une mission sacrée de civili- sation, et il convient d'incorporer dans le présent Pacte des garanties pour l'accomplissement de cette mission. (Art. 22, par. 1, Pacte). La meilleure méthode de réaliser pratiquement ce principe est de con- fier la tutelle de ces peuples aux na- tions développées qui, en raison de leurs ressources, de leui, expérience ou de leur position géographique, sont le mieux même d'assumer cette res- ponsabilité et qui consentent l'ac- cepter elles exerceraient cette tutelle en qualité de mandataires et au nom de la Société. (Art. 22, par. 2, Pacte). Le caractère du mandat doit diffé- rer suivant le degré de développement du peuple, la situation géographique du territoire, ses conditions économi- ques et toutes autres circonstances analogues. (Art. 22, par. 3, Pacte). Le système des mandats, commente le Petit Manuel de la Société des Na tions, édition 1937, Genève, page 179, tend donc assurer le bien-être et le développement des peuples qui habitent ces territoires. Quel est le statut particulier des man dats de Syrie et. de Palestine (Voir suite page 8) Dans le supplément illustré de ce jour, nos lecteurs trouveront un article sur la Foire Commerciale de Bruges, en première page, ainsi que le programme que nous mettons au point pour la se conde série de nos suppléments qui pa raîtra partir du mois de septembre. En page 2 une chronique artistique sur le peintre Armand Jamar, dont les œuvres sont exposées Bruges la ga lerie Memling. Ensuite de nombreux extraits du livre remarquable de Louis Wilmet sur le Prince Baudouin. Enfin en page 4 le programme des concerts du Kursaal d'Ostende. QUAND JOUHAUX EXAGERE. Le gouvernement Daladier œuvre, non sans difficulté, opérer le redres sement français et réparer les crimi nelles folies du Front Populaire. Ce tra vail salutaire est sapé par un ennemi intérieur la Confédération Générale du Travail et son démagogique président, l'homme dont la situation est fondée sur le mécontentement de la masse ou vrière Léon Jouhaux. Cette activité néfaste de Jouhaux a fait demander par un député français M. Daladier, quelles mesures il compte prendre pour mettre fin pareille cam pagne d'excitation. Car écrit-il, c'est une excitation voulue des masses populaires. Au moment même où l'on demande toutes les classes du pays toute leur confiance et tout leur sang- froid, pouvez-vous tolérer pareil propa gande de la part d'un gréviculteur pro fessionnel Que répondra M. Daladier ES VOLONTAIRES ET LES CHOMEURS. Nous avons déjà signalé la nécessité d'incorporer dans l'armée une partie des chômeurs professionnels. Or actuel lement des miliciens ont été maintenus sous les drapeaux l'expiration de leur temps de service normal, cause du ralentissement dans le recrutement des soldats volontaires et rengagés. La situation faite aux rengagés est cependant avantageuse En effet les sol dats de carrière touchent un traitement tel. qu'après déduction des retenues de ménage, il leur teste au minimum 500 francs d'argent de poche, étant donné qu'ils sont logés et habillés. De plus ils ont droit aux soins médicaux et une pension de retraite. Peut-or. admettre d'une part que l'E tat entretienne une armée de chômeurs, et d'autre part ne trouve pas les enga gés nécessaires pour l'armée. N'y a-t-d pas là quelque chose de profondément immoral Et n'est-ce pas le fruit de la propagande malsaine des syndicats po* litiques Qu't pensez-vous

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