L'Epée de feu
3 LE SUD, dimanche 6 août 1939
a)
Nous avions cru perdue depuis
les maîtres de la traqéd'e classique
la règle des trois vérités. Le nouveau
roman de M. Daniel Rops présente cette
particularité que tout s'y passe aux en-
tours de Paris, en une seule journée,
de huit heures du matin minuit et que
le volume comporte "0 pages. L'inté
rêt n'est point là, d'ailleurs tant s'en
faut et l'auteur n'a sûrement pas
cherché la gageure. Si l'on vous signale
ce détail avant de pénétrer dans l'oeu
vre, et parmi les bagatelles de la por
te comme disaient les anciens bate
leurs, c'est que tout prendre
pareil tour de force, fût-il même in
certain, postule une maîtrise considé
rable. Aussi bien, si nous ne quittons
pas les rives de la Seine et si les divers
personnages du récit nous demeurent
fidèles d'un bout l'autre, Daniel Rops
nous conduit, pourtant, travers les
milieux les plus divers grande bour
geoisie parisienne, communistes de Bil
lancourt, surréalistes attardés (déjà et
mystiques, voir de la plus belle ortho
doxie.
Dans ce drame sombre dont l'intérêt
ne faiblit pas un moment chacune des
énigmes individuelles rejoint l'énigme
générale de notre époque, marquée par
la peur et qui, parce qu'elle doute de
ses raisons de vivre, ne sait où cher
cher sa vérité. Amour, argent, révolu
tion. angoisse même d'exister, rien ne
comble son inexprimable attente. On de
vine que l'auteur du Monde sans
Ame et de la Misère et Nous a
mis en œuvre ici les idées exposées na
guère en des essais qui connurent un si
vaste retentissement.
Une famille se désagrège sous nos
yeux, et c'est toute la société.
Nous faut-il désespérer
Dix justes comme Paulin Roybet, Mr
Pésaro et Rémy auraient suffi désar
mer le colère divine, sauver Sodome.
Fasse Dieu que nous les ayons parmi
nous.
Roman grandiose et profondément
chrétien qui rejoint Shakespeare et Dos
toïevski. L'Epée de feu qui nous fait
parcourir tous les cercles de l'enfer ne
s'adresse faut-il le dire qu des
lecteurs avertis.
K. M. D.
1 Pion. Paris.
La Mystique Belge.
CASINO-KURSAAL D'OSTENDE
Programme du 7 au 14 août 1939.
Chefs d'orchestre MM. Eduard Van
Beinum et Franz André.
Lundi 7 août, 9 h. Grand Gala,
RICHARD TAUBER.
Mardi 8, 9 h. PAUL HINDEMITH
et Die Haghe Sanghers.
Mercredi 9, 9 h. Olivier Sportiello,
de l'Opéra de Lyon.
Jeudi 10, 9 h. Dans la Rotonde et
aux Nuits Cubaines CHARLES
TRENET.
Vendredi 11a 3 h. Au Concert Clas
sique RUDA FIRKUSNY, pianiste.
A 9 h. Grand Concert Symphonique
par la Musique du 3e de ligne sous
la direction du Lt Gasia.
Samedi 12. 9 h. JOSEPH SCHMIDT.
Dimanche 13, 9 h. ERNA SACK.
Lundi 14 9 h. André PERNET.
Fréquemment, nous avons eu l'occa
sion dans LE, SUD d'apporter les té
moignages émouvants du loyalisme du
peuple belge, de son attachement la
dynastie, de son patriotisme fervent.
Lors de la mort de la Reine Astrid nous
avions intitulé notre article Non, ce
ne sera pas en vain Et ce ne fut
pas en vain que moururent tragiquement
le Roi Albert d'abord, la Reine Astrid,
ensuite. Notre peuple de Flandre, sain,
fier, bon, loyal s'est senti, dans la dou
leur plus aue dans la joie, aux côtés
de la Famille Royale. Ainsi la Dynastie
a ranimé la flamme patriotique, que les
politiciens diviseurs s'efforçaient d'étein
dre. Et de jour en jour nous sentons
cette mystique belge triompher dans le
peuple, lorsque nous devons avouer,
sa honte, que l'élite en est encore au
médiocre dénigrement, la vaine discus
sion. Nous l'écrivions tout récemment
propos de l'excellent livre de Louis Wil-
met sur le Prince Baudouin nous le re
disions en relatant l'enthousiasme de la
population d'Eecloo lors de la visite des
Princes royaux, et citant LE SUD dans
la tribune du SOIR, Paul Crokaert
avait l'amabilité d'écrire: Dans son ex
cellent journal LE SUD oui interprète
si bien le sentiment de beaucoup en
Westflandre. M. Ch. van Renynohe,
parlant de l'accueil spontané, enthou
siaste et magnifique fait par la foule au
Roi. lors de sa visite Bruges, l'ex
position d'Hans Memling, constate avec
ioie que c'est en vain aue, depuis vingt
ans, on a tenté de gâcher l'esprit na
tional et de dresser les citoyens les uns
contre les autres au nom d'une lutte de
classe ou de race. C'est en vain sur
tout que des esprits rancuniers, haineux,
ont prétendu opposer la Nation bel-
gipue le peuple de Flandre. Théories,
slogans, programmes, qui nourrissent
leurs hommes mais tuent le pays, n'ont
pas empêché le peuple de rester fi
dèle...
Au Dancing des AMBASSADEURS
et au Night Club der NUITS CUBAI
NES.
Orchestres WILLIE LEWIS The
Rectors Club Gerrebos.
Toutes les meilleures attractions.
Mais un pays qui veut vivre doit se
défendre contre ses ennemis. C'est ce
ou'expose parfaitement le Comte de
Lichtervelde en ces termes, dans la
Revue Générale
La conscience de la nationalité et la
mystique qui en découle existent, sans
contestation possible, en Belgique de
puis la fin du XVTIIe siècle. Elles re
montent en réalité beaucoup plus haut.
Elles ont soutenu nos pères lors de la
Révolution brabançonne qui vit naître
nos trois couleurs elles ont empêché la
Belgique de se perdre dans l'empire de
Bonaparte tout en lui permettant d'en
recueillir le bienfait. Elles ont animé,
d'un bout l'autre, le mouvement de
1830. Et, ici, je ne veux citer d'autres
références que les consciencieux travaux
de M. le chanoine Prims que M. Da
niel Ryelandt a analysés récemment
dans la Revue. Plus tard, la crise
aiguë de 1839 motivée par la mutila
tion du territoire, le sursaut si remar
quable de 1848 qui fit de la Belgique
libérale un îlot pacifique dans l'Europe
en feu. la révolte unanime du pavs de
vant l'ultimatum du 2 août 1914, l'exal
tation qui. soutint ses forces durant les
cinquante-deux mois de 1 horrible guer
re le deuil de tous les cœurs la mort
du roi Albert, voilà qui prouve qu'il n'y
a dans la mystique belge rien d'emprun
té ni d'artificiel.
Le patriotisme de la nation dérive
d'une source profonde. Mais ce n est
pas un motif pour se désintéresser de
sa culture ou pour laisser affaiblir par
de mauvais arguments les éléments ra
tionnels qui le justifient devant les in
telligences. En tous cas, on ne fortifiera
pas la Belgique en combattant le Bel
gicisme Il y a là une dangereuse uto
pie et un non-sens au moment où le
pays doit concentrer ses énergies pour
faire face de graves périls. On peut
au contraire renrocher l'Etat belge
d'avoir trop négligé de se défendre sur
le plan intellectuel.
H est surprenant que des professeurs
d'Université puissent patronner ouver
tement un mouvement qui vise la des
truction du royaume. II est anormal que
l'on ait fait si peu de chose pour redres
ser dans l'esprit de la jeunesse les er
reurs flaqrantes qui ont été propagées
systématiquement sur le caractère véri
table des événements de 1830. Il faut
avouer que. iusou'ici, pour un ambitieux
sans scrupules, il y a eu plus d'intérêt
iouer la carte anti-belge que l'autre car
le Pouvoir n'a, de ce chef, refusé
presque oersonne. ni avancement ni hon
neurs. de telle sorte qu'il a Jui-même per
mis d'escompter un surcroît d'avantages
pour le jour où les ennemis de l'Etat ar
riveraient leurs fins. Cette situation
paradoxale ne se rencontre nulle part
ailleurs elle décourage profondément
les bons citoyens.
Il est tejnos de réagir vigoureusement.
Nous ne sommes, hélas, plus en temps
de paix mais en temps de guerre sèche.
Le premier devoir de la Belgique, c'est
de défendre son âme. Il faut que la car
rière d'ennemi de l'Etat cesse d'être
une carrière sûre, marquée par des pro
motions régulières dans les ordres na
tionaux et par des augmentations de
traitement.
Il faut débusquer des postes influents
qu'ils détiennent les amis avoués et
sournois du V.N.V. et tous les partisans
de l'étranger, quels qu'ils soient. Mais
ce n'est là que le côté négatif de la tâ
che qui s'impose au Gouvernement et
tous ceux qui exercent une influence
sur l'opinion publique. L'heure est venue
d'exalter fièrement devant le peuple, l'i
dée belge et de montrer comment elle est
liée étroitement au maintien de nos liber
tés. Sur le plan électoral M. De Schry-
ver a donné l'exemple en se proclamant
100 o.c. flamand et 100 p.c. belge: le
succès a récompensé ce langage viril du
député gantois. Que l'autorité publique
donne donc un mot d'ordre ses agents!
la célébration des fêtes nationales,
l'inauguration du canal Albert, afin de
révéler le pays lui-même et de lui don
ner des motifs d'un juste orgueil La
force croissante du sentiment monarchi
que met entre ses mains un atout de pre
mière valeur. Notre patriotisme trouve
là un point d'appui en harmonie avec
nos plus vieilles traditions.
Travaillons surtout fixer leur
échelle véritable l'attachement si sain
et si naturel que les Belges éprouvent
pour leur clocher, pour leur langue,
pour leur région. Ne laissons pas trou
bler la hiérarchie des valeurs. A ce
point de vue, il faut particulièrement
se réjouir de la publication par le vi
comte du Bus de Warnaffe, aux édi
tions du Comité Central de l'Ensei
gnement libre, d'un petit catéchisme
civique. Ne chicanons pas l'auteur, par
ce que les dangers d'ailleurs réels
que présente la notion assez impré
cise de «communauté populaire» lui font
désirer que ce mot soit proscrit. Nous
croyons quant nous, que 1 expression
correspond un fait qui prend une im
portance plus grande qu autrefois et
qu'elle offre l'avantage de ne pas met
tre d'accent sur le facteur racique. Pour
le reste M. du Bus a condensé en des
formules heureuses d'où la note d hu
mour n'est pas absente une foule de vé
rités dont la diffusion est plus que ja
mais indispensable.
Nous aimons l'entendre dire que
la Flandre et la Wallonie ont un génie
propre dont elles ont conscience mais
ce dont-il faut se souvnir d'abord c'est
ce dont-il faut se souvenir d'abord c'est
ce que leur concours a fait le génie bel-
ce que tout ce qu'il y a de spécifique
dans les génies flamand et wallon
s'épanouisse mais qu'il a tout perdre
leur mésentente, comme ces génies ont
tout craindre eux-mêmes d'un divorce
qui risquerait de provoquer sur le plan
politique une rupture qui marquerait la
fin de la Belgique et de ce qui, depuis
des siècles, l'a formée.
Il est de bon ton de se moquer de
l'âme belge dont l'invention est at
tribuée Edmond Picard. Peut-être le
savant jurisconsulte n'a-t-il pas suffi
samment insisté sur le fait que pour la
plupart d'entre nous le patriotisme passe
par le canal du régionalisme. Mais en
core une fois la région n'est pas. chez
nous, une réalité indépendante et dis
tincte. Toutes les parcelles de notre
pays ont vécu depuis mille ans dans une
atmosphère spirituelle commune. Elles
ont grandi dans un même climat reli
gieux, les hommes y ont vécu, y ont
souffert ensemble des croisements con
tinuels y ont multiplié les liens du sang.
Les provinces wallonnes comme les pro
vinces flamandes sont affectées d'un si
gne commun indélébile, qui marque leur
individualité par rapport l'étranger.
Jusque dans la résonance des noms de
ses plus farouches négateurs, la Bel
gique prouve ironiquement la force de
son empreinte. Non, il ne faut plus met
tre la lumière sous le boisseau. Il faut
défendre et propager la mystique belge.
Une Exposition Touristique
La Panne
Le ministre des Transports organise,
depuis deux ans, de nombreuses expo
sitions touristiques auxquelles sont ad
mis prendre part, titre de récipro
cité, les syndicats d'initiative des dé
partements du Nord de la France qui
organisent également de telles exposi
tions. C'est grâce cette collaboration
amicale franco-belge que le comité
officiel de propagande de La Panne a pu
participer en 1939 aux expositions tou
ristiques d'Anvers, Tournai, Liège. Bas-
togne, Arlon, Lille, Roubaix, Saint-
Quentin, Arras. Amiens et Lybn
Cette année le ministre des Trans
ports organise une exposition NATIO
NALE de Tourisme avec la collabora
tion de la Commission Provinciale de
Tourisme présidée par M. Baels, gou
verneur de la Flandre occidentale et du
Comité officiel de propagande de La
Panne. Cette exposition aura lieu du 5
au 15 août dans la salle des Fêtes
Trianon (Hôtel Continental-Osbor-
ne).
Elle réunira 30 dioramas lumineux
de nos villes d'arts et des lieux de vil
légiature belges, des agrandissements
photographiques, affiches artistiques,
etc.
Les touristes séjournant La Panne
et dans la région y trouveront une do
cumentation complète sur le tourisme en
Belgique brochures, dépliants illustrés,
listes d'hôtels et pensions de famille,
etc.
L'entrée est gratuite.
L'exposition, dont le but principal est
d'attirer l'attention des touristes étran
gers sur la magnificence de nos lieux de
villégiature et d'engager les Belges
visiter leur pays sera officiellement
déclarée ouverte, le 5 août 15 heures,
par M. Demailly, bourgmestre de La
Panne.
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