LA VIABLE INDEPENDANCE
ESPAGNE.
LE SUD, dimanche 27 août 1939 8
Suite de la Ire page)
J] crit, sans rire, que si l'accord de
prHP6 était réalisé, il faudrait déci
le de la définition de l'agression
dns la région de la Baltique afin
ue les Etats en cause ne soient pas
jobligés de demander protection contre
i leurs protecteurs.
Hélas sous cet humour apparent
gît une dure vérité ces protecteurs
contre lesquels les Etats baltes de-
vraient éventuellement demander
protection ce sont les Russes alliés
la France et l'Angleterre.
Et tout le monde sait que l'exis-
tence de ces Etats gêne la politique
de la Russie dans la Baltique.
La France et l'Angleterre, si elles
s'allient la Russie, auront allumé le
plus formidable foyer de guerre qu'on
ait jamais vu.
Sapiens insipiens
Et ces raids d'avions anglais sur la
France, et ces expéditions projetées
en Pologne ne nous disent rien qui
vaille.
Ces deux grands pays se livrent
trop l'emprise de l'Angleterre.
Comme l'Italie regrettera sans tar-
der sa liaison germanique, la France
et la Pologne sentiront le poids de l'in-
gérence britannique.
Il faut de la mesure en tout, et no-
tamment en politique internationale.
La France devait fêter son quatorze
p juillet avec son armée impériale. Les
avions et les soldats anglais étaient de
trop.
M. Daladier, professeur d'histoire,
relisez donc l'histoire de France.
La rédaction du Rappel a fait sui
vre cet article lumineux de la note sui
vante
Notre éminent collaborateur M.
Ignace Sinzot nous permettra d'avouer
que nous ne parvenons pas partager
sa façon de voir sur les signes récents
de la collaboration franco-britannique.
Cette collaboration paraît une preuve
sensible et très éloquente des engage-
ments qu'à pris enfin la Grande-Bre-
tagne d'arrêter les inquiétantes entre-
prises allemandes en Europe. On a
trop dit que si l'Angleterre s'était mon-
trée plus résolue en 1914 la guerre
n'aurait pas eu lieu, pour que nous
n'espérions pas beaucoup de sa pré-
sente résolution.
Cette critique ne rencontre pas l'ar
gument principal de M. Sinzot l'inti
me promiscuité de l'Angleterre et de la
France avec les Soviets et la me
nace militaire aux Etats baltes con-
tigus aux Soviets Finlande, Estonie,
Lettonie et Lituanie. Quand le Times
écrit si une puissance estime néces-
saire de résister l'expansion de l'Ai-
lemagne, les autres appuieront son ac-
tion ce langage détourné doit se
traduire en clair si 1 U.R.S.S. se dé-
clare menacée par un arrangement
conclu par un des Etats baltes avec
l'Allemagne, l'Angleterre et la France
l'appuieront dans son action militaire
travers le territoire balte L'invo
cation par l'U.R.S.S. et ses alliés, du
danger de l'attaque indirecte leur
volonté de définir unilatéralement, donc
arbitrairement l'agression, c'est une at
teinte directe la liberté diplomatique
et la sécurité militaire des petits Etats,
c'est la résurrection de la sécurité col
lective et surtout du droit de passage
au profit des forts, en l'occurrence
l'U.R.S.S. Y aurait-il des qens chez
nous qui, pourvu que leur crainte ou leur
haine de l'Allemagne soit satisfaite, to
léreraient la perpétration d'un attentat
contre les Baltes? Comme si de tels rè
glements de comptes ne devaient pas tôt
ou tard s'appliquer tous les faibles
pour les écraser
En Occident, la neutralité de la Bel
gique, de la Hollande, de la Suisse a
aussi été mise en cause par les négo
ciateurs de Moscou. Et il est des Bel
ges. droite comme gauche, qui sont
prêts accepter la garantie russe
Partant de l'idée routinière et précon
çue que l'Allemagne est l'ennemie de la
Belgique, et se comportant comme si elle
l'était et de façon même qu'elle le de
vienne comme eux se sentent ses enne
mis, ces esprits dévoyés sont prêts se
soumettre, sous la férule de la France
et de l'Angleterre, la garantie des
Soviets, 1 encontre même du principe
et de l'esprit du statut de sécurité que
nous ont fait des déclarations de l'An
gleterre, de la France et de l'Allemagne
la suite de notre propre déclaration
d indépendance politique ou, plus exac
tement, de politique indépendante entre
nos trois grands voisins.
Le fort de Remouchamps sera-t-il
construit demandait encore un journal
de la majorité parlementaire, le 11 juil
let. après les déclarations cependant for
melles du chef du gouvernement cet
égard. Toujours l'idée fixe: l'Allema
gne, c'est l'ennemi...
Cependant, quant aux démonstrations
et manœuvres des flottes aériennes com
binées de la France et de l'Angleterre
dès le temps de paix, nous les appré
cions comme M. Sinzot. C'est là une
préparation la guerre, et cette prépa
ration deviendrait une provocation si
elle persistait.
On reproche l'Italie sa campagne
d Ethiopie, mais pour qui connaît les
appétits qui se dissimulaient derrière les
protestations juridiques de certaines
grandes puissances Genève, l'argu
ment est risible. Et il est coupable, parce
qu il n a servi qu'à repousser l'Italie ir
ritée dans le camp de l'Allemagne et
détruire l'échiquier classique de la sé
curité 1 Italie de garde sur le Danube,
la France sur le Rhin, 1 Angleterre sur
les Océans.
La conduite des puissances démo
cratiques devra être observée de près
quand le pacte soviétique sera conclu.
En tout cas, il faut se réjouir sans ré
serve de ce que notre politique d'indé
pendance ait enlevé l'aviation britan
nique les bases d'envol que M. Baldwin
envisageait lorsqu'il disait la Cham-
bre des Communes Notre frontière
est sur le Rhin Dans un article inju
rieux pour notre dynastie, M. André
Tardieu, récemment, regrettait ce repli
de la Belgique. Il nous faut au contrai
re nous en féliciter hautement et dire
merci au Prince courageux et clair
voyant qui a donné le coup de barre
sans lequel la Belgique allait tête bais
sée une réédition de la catastrophe de
1914, dans une atmosphère morale infi-
ment moins nvantsçjeiisç de surcroît.
L attitude d une partie de l'opinion
belqe 1 eoard de l'Espagne obéit la
même nsvehose que son attitude tou
chant 1 Allemagne. La considération que
cette opinion accorde l'Espagne a
oour critère et mesure la conduite de
Esnaqne 1 éqard de la France et de
l'Allemagne. Ces mêmes Belqes qui vont
se pâmer sur la tombe de Psichari dans
le cimetière militaire de Rossignol, ré
prouvent l'Espagne quand elle n'oublie
pas que 1 Allemagne 1 a aidée refouler
fe bolchevisme qui entrait chez elle, les
armes la main, par la frontière des
Pyrénées.
Sans vouloir prendre le ton du cen
seur, nous voudrions, cette occasion,
dire un mot d une forme de l'influence
étrangère qui est très répandue dans la
presse belge d'expression française.
Une des sources principales des con
tradictions de 1 opinion belge devant les
problèmes internationaux, c'est la pro
pagande étrangère en Belgique, et une
des formes les plus tr.arquantes et les
plus visibles de cette propagande, c'est
bien la collaboration que des journalis
tes étrangers prêtent la presse belge.
Nous ne serons contredit par personne
quand nous dirons que la collaboration
la plus développée, cest celle d'écri
vains français. Et cette intervention est
d'autant plus pernicieuse pour la tenue
du public belge que ces étrangers trai
tent généralement, eu souveu
tique internationale et reçoi 'e:
les colonnes des journaux, de
privilégiées pour sévir en faveu le leur
patrie, contre des pays avec le: uels la
Belgique doit cependant, de t( te évi
dence et de tout intérêt, avoir
leurs rapports.
Voici, entre maints exemple;
M. Josenh Ageorges, correj [jndant
français de la Libre Belgique
vait sur l'Espagne dans son iflet pa
risien) du 15 juillet
L'attaque inqualifiable doi
victime le consul de France àfladrid,
les troubles d'Andalousie
parvient plus cacher, 10f
certaine oui s'affirme de plus
poli-
dans
places
i meil-
ce que
a été
hange-
sans acrimt lie. M.
on ne
osition
n plus
entre la Phalange et les élén nts ca-
tholigues, la condamnation si ère de
Besteiro qui a produit dans le milieux
de gauche français une fâch: ise im-
pression, la mauvaise humeur les po-
nulations qui doivent recevoir comte
Ciano. autant de marques dr a con-
fusion espagnole et autant q motifs
sérieux d'inquiétude pour îx qui
veulent se tenir au-dessus de événe-
»ments et les regarder d'assez îaut. Il
ne «aurait s'agir nour nous de eter de
l'huile sur tous les brasiers qu :ouvent
en Esnaane. Bien au contraii Aussi
faut-il féliciter les catholiques jui,
le terrain religieux, entendei ratta-
cher les liens dénoués. S. Ei Mgr
Rémond et ses amis fquand ils lont al-
lés Tolède inviter le cardini Goma
et les catholiaues esnaqnols i Con-
grès eucharistique de Nice, N ).L.R.)
ont fait du bon et beau tra^l.
Dans le billet du 18 août,
ment de ton. Non
Ageorqes déclare
Nous sommes bien obliqés e con-
stater oue l'attitude oublicrue les ca-
tholigues espagnols notre ard ne
facilite nas les rapprochemeti L'ef-
fort semble se faire uniquemei de no-
tre côté. C'est nous qui alb s vers
les catholiques espagnols et i on pas
les catholiques'espagnols qui ennent
vers nous. Et il est facile d': jporter
cent preuves l'appui de ce que je
dis.
Nous ne suivrons pas le chro iqueur
français dans sa démonstratif) i. Les
faits qu'il invoque n'intéressent que la
France. Mais nous lui dirons d mment
nous voyons la question.
Depuis Napoléon, la France t'a pas
la côte d'amour en Espagne, j lUjour-
d'hui comme il y a cent ans, e iour
anniversaire du soulèvement de dadrid
contre la domination du Corse che
veux plats reste iour de fête o ficielle
outra Pyrénées. Voilà pour le passé.
Quant aux événements présen'.|, si la
France joue maintenant, en Esi
carte catholique, elle y a joué
la carte du front populaire de I1
commencement de 1939. La ca:
servatrice est évidemment la seule
"uisse maintenant sortir Madrii
Bérard. le maréchal Pétain. des
s'y emploient. Ce faisant, ils remplissent
leur devoir de Français, leur devoir de
catholiques qui ont encore beaucoup
attendre de la troisième République, et
leur devoir d'homme d'ordre européen.
Mais les catholiques espagnol®, de
leur part, ont bien le droit de regarder
avec circonspection ces Français qui
viennent eux. Ces catholiques de la
Gaule, quelle fut leur influence quand
réquétés et phalangistes coalisés sous le
signe de la Croix refoulaient la marée
soviétique qui déferlait de Perpignan
Elle fut sinon nulle, du moins inopéran
te. C'est la victoire de l'Espagne nou
velle qui a abattu le front populaire en
France et s'il y a des obligés, ce sont
les catholiques français et les catholi
ques de tous les pays. Et quel est au
jourd'hui en France le crédit, le poids
des hommes de droite Il reste mince.
En les faisant ou en les laissant ma
nœuvrer au dehors, la France réserve
son action. Elle jouera ses vraies car
tes son heure et sa manière. Franco
jouera les siennes. .Quelles sont-elles
Nul ne le sait. Il étudie ses atouts ex
térieurs et les classe, il hâte la refonte
intérieure de l'Espagne, et tient son jeu
fermé.
Devant cette compétition serrée, la
Belgique n'a qu'une conduite tenir
circonspection, neutralité, armements,
vigilance.
Dans la «Libre Belgique» du 15 août,
M. François Maret, qui n'a rien d'un
idéologue, mais est au contraire un ob
servateur doué d'un robuste bon sens et
d'un regard aigu, fait indirectement la
leçon M. Ageorges en dégonflant les
ballons de fausses nouvelles qui ont der
nièrement été lancées par une cabale in
ternationale dans le ciel d'Espagne. Puis
il enregistre dans le nouveau ministère
espagnol une accentuation de l'influen
ce phalangiste que soutiennent fond
les puissances de l'Axe Si l'élément
militaire, confirme-t-il plus loin, prend
désormais une part dans la direction du
parti, le vieil esprit phalangiste ne ces
sera pas pour cela d'y être dominant.
La veille, dans le même journal, M.
Paul Struye consacrait un article ré
pondre cette question Quel peut
être le concours russe au front de la
paix Le grand ami de la S.D.N. con
tinue dire le front de la paix com
me il disait sécurité collective paix
indivisible
Mais un jour viendra peut-être où les
oeuples devront choisir entre l'esprit de
Moscou et de Staline et l'esprit de
Burgos et de Franco. La guerre civile
d'Espagne n'aura été qu'un combat
d'avant-garde.
Puisse la Belgique ne pas s'être aven
turée la légère avant cette heure his
torique qui sonnera la croisée des des
tinées de l'Europe
Louis Habran.
P.S. No 1. Le problème de Dant-
zig n'évolue pas dans le sens de l'apai
sement. Le traité de Versailles, comme
nous l'avons écrit plusieurs fois ici, a
disnosé les territoires de la Prusse et de
la Pologne et a orienté les poussées po
litiques des deux pays dans des sens
tels que les pressions s'affrontent et les
courants se coupent angle droit, et que
l'une des parties doit céder le pas ou
affronter la guerre.
Un exemple familier aidera nos com
patriotes comprendre. Tous les Belges
connaissent la botte que le territoire
français pousse Givet en territoire bel
ge. SuDposons que la mer, pour la Fran
ce, soit en Rhénanie, que, pour y attein
dre, la France ait prolongé son avan
cée de Givet, par un couloir elle,
dans l'axe de la vallée de la Meuse, et
que, pour communiquer avec le Con-
droz, la Famenne et l'Ardenne, le gou
vernement belge ait franchir la bar
rière continue du territoire, des droits
et des règlement de la France dans le
couloir Voilà exactement les posi
tions de guerre que le traité de paix
a montées en Poméranie et en Prusse
Orientale, entre le Reich et Pologne, il
y a moins de vingt ans...
P.S. No 2. Dans nos chroniques
de ces derniers temps sur les mandats
arabes, nous avons fait nos réserves con
cernant la politique palestinienne de
l'Angleterre. La commission des man
dats de la S.D.N. n'a pas donné son ap
probation cette politique. L'agence
Reuter communique de Londres, le 17
août
On fait ressortir le vote des onze
membres de la commission des man-
dats de la S.D.N. sur une éventuelle
interprétation nouvelle du mandat bri-
tannique en Palestine. Quatre ont vo-
té contre Belgique, Hollande, Nor-
vège, Suisse, Trois ont voté pour:
France, Grande-Bretagne, Portugal.
Des 4 autres, le délégué de l'Espagne,
était absent et ceux de l'Italie, du Ja-
pon et de l'Allemagne avaient donné
leur démission.
L. H.
Impr. M. Dumez-Truwant, Wervicq.