SUMMI
PONTIFICATUS
IA PAIX DE T EVANGILE
Administration Rédaction 163, Chaussée de Ghistelles, St AN DR E-lez-BRUGES
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Le numéro
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VENDREDI 10 NOVEMBRE 1939
HEBDOMADAIRE
92me ANNEE No 44
Afin de faciliter pour nos lecteurs
l'étude de la première encyclique de
Pie XII, nous en publions aujourd'hui
le résumé analytique.
J. Introduction Sous le signe du
Christ-Roi.
La consécration du genre humain au
Sacré-Coeur par Léon XIII.
La fête de la royauté du Christ insti
tuée par Pie XI.
Le 28 Octobre doit être un jour de grâ
ces.
Un plébiscite d unité catholique mondia
le autour de la Papauté et les remerciments
du Pape aux catholiques, aux non-catho
liques et aux chefs d Etat.
Des souhaits l'Italie réconciliée avec
l'Eglise.
II. A Les ravages de l'agnosticisme
religieux et moral.
\vec charité, mais sans crainte de contra
dictions, le Pape accomplira son devoir en
proclamant la vérité.
Il n'y a de salut pour les individus et
pour les sociétés que dans le retour la
reconnaissance des droits royaux du Christ.
Les angoisses du présent doivent ouvrir
les veux sur les conséquences des erreurs
modernes.
La méconnaissance de la loi naturelle
fondée en Dieu, a entrainé le rejet de toute
règle de moralité universelle.
Le Christ exclu de la vie publique, la
f»i en Dieu ébranlée, les valeurs morales
tombèrent en désuétude et le paganisme
réapparu.
Le fondement de l'ordre privé, social et
international a été sapé.
I Funeste oubli de la loi de soli
darité humaine et de charité
lous les hommes ont même origine, mé
mo nature, même fin surnaturelle, même
edeinpteur. même mission.
L unité, en droit et en fait, du genre hu-
œain est çt restera, malgré la différencia-
Jon légitimé des nations, la doctrine de
1 Eglise.
Cette unité d origine et cette commune
inee de tous les hommes n'impliquent
coi res'e' uniformité l'Eglise, au
"liaire, respecte les caractéristiques par
les de chaque pays. J
n- u"'xersalité de la charité chrétienne
'J.as en opposition avec la vertu de
N'riotisme.
1 La déification de l'Etat.
La (oiiception qui délie l'autorité civile
Dieu'1' esP^Ce de dépendance l'égard de
est une erreur.
aboutit normalement l'absolu
tisme...
Puis la ruine de l'autorité.
L Etat doit contrôler, mais respecter et
ne pas détruire les activités privées.
Il doit spécialement ne pas considérer
la famille sous le seul angle de la puissan
ce nationale
Le devoir apostolique du Pape est de
défendre les droits propres de la famille.
L'Etat l'heure présente, a un droit plus
ample qu l'ordinaire sur les individus et
les familles mais ses interventions doi
vent être d'autant plus étudiées et plus
respectueuses des droits des consciences.
Une éducation exclusivement soucieuse
de la patrie terrestre serait une injustice,
une déviation, et irait finalement contre
son but.
L ne éducation qui éloignerait les en
fants de leurs parents, de la loi de Dieu,
du Christ, prononcerait sa propre condam
nation.
Cette conception autonomiste et absolu
tiste de l Etat nuit également l'ordre in
ternational.
Elle rejette les principes du droit natu
rel qui règlent les rapports des Etats.
Elle détache le droit des gens du droit
divin.
Aussi a-t-elle apporté le désordre dans
le monde, et si l'on n prend garde, elle
l'y apportera encore.
Ce n'est pas 1 épée qui crée la paix, mais
le respect du droit naturel et de la révéla
tion divine.
D Nécessité de l'Action Catholi
que.
Le plus fructueux travail en faveur de
la paix est la prédication de l'Evangile
Les laïques collaborent avec les prêtres
ce difficile, mais fécond labeur apostoli
que.
La famille a en ce champ une mission
spéciale.
Mettre des traverses l'œuvre éducatri-
ce de l'Eglise est injuste et sans fonde
ment.
Cette œuvre est plus que jamais néces
saire aussi beaucoup d'hommes respon
sables tournent vers l'Eglise leurs regards.
D'autres, bien tort la soupçonnent de
vouloir usurper les droits de 1 autorité ci
vile.
III. Conclusion.
Hommage la Pologne.
Le Pape n'a rien omis pour sauver la
paix mais ses avertissements n'ont pas été
suivis.
C'est l'heure de l'épreuve...
Celle de la Charité...
Celle surtout de la prière.
°nt tlne, Wilhelmine et le Roi Léopold
<befs d'p1 3 nouveau 'eur médiation aux
d'Ano|c ,Ut Allemagne, de France et
v°yé d t'irre' f3ar 'e télégramme suivant en-
ae La Haye
'e <>iondS Une ',eure angoissante pour
toute s e'.0^on,' 9ue commence, dans
occident V° ence' 'a 9uerre en Europe
qu'il e nous avons la conviction
louve» notre devoir d'élever
gèrent" notre voix. Les parties belli-
teniPs déiônt <!éf.,aré' V a 4«elque
Pas e ,a'.qu elles ne se refuseraient
et j7,ner 'es bases raisonnables
Semb|P /",n.e pa'x équitable. Il nous
c'rcon«t<'U 'eur est difficile, dans les
en rQp,,anfces actuelles, de se mettre
cher loi pour Préciser et rappro-
leurs points de vue.
Souverains de deux Etats neutres,
ayant de bonnes relations avec tous
leurs voisins, nous sommes prêts leur
offrir nos bons offices. Si cela leur
agrée, nous sommes disposés facili
ter par tous les moyens en notre pou
voir qu'il leur plairait de nous suggé
rer, et dans un esprit d'amicale com
préhension, la recherche des éléments
d'un accord éventuel.
Telle nous paraît être la mission
que nous avons remplir pour le bien
de nos peuples et dans l'intérêt du
monde entier. Nous espérons que notre
offre sera agréée et qu'ainsi un pre
mier pas sera fait vers l'établissement
d'une paix durable.
WILHELMINA, LEOPOLD
L'apôtre appelle le message du Christ
l'Evangile de la paix En effet, la
paix est un des leit-motiv du livre sacré,
une des quelques grandes idées jetées par
de Christ, dans le courant du monde avec
une telle force quelles furent et qu'elles
demeurent les ferments les plus actifs de
la civilisation moderne.
L'originalité et la puissance de ces idées
proviennent du reste du même principe le
Christ pose et ramène tous les problèmes
humains l'intérieur de l'homme. Le pro
blème de la paix comme les autres. Lors
qu'il pleure sur Jérusalem qu'il voit d'a
vance assiégée par l'ennemi et détruite de
fond en comble, quoi rattache-t-il, com
me sa cause profonde, cette catastrophe
Au mépris que son peuple a opposé au
message qu'il lui apportait et dans lequel
se trouvait le germe de la paix, c'est due
de l'ordre et de la sécurité ea quae ad
pacem sunt.
Or, ce mesasge ne portait d'abord sur
aucune contingence extérieure. L'Evangile
n'est pas un manifeste politique, non plus
qu'un programme économique. Il est
mieux et plus que cela il établit les ba
ses sur lesquelles les hommes doivent fon
der leurs constructions économiques et po-
tiques sous peine d'en faire des choses es
sentiellement caduques. Il révêle, en la
n ettant dans une lumière divine, la loi
centrale de vie qui est pour la société des
hommes ce qu'est la loi de la gravitation
pour le monde des astres Quaerite pri-
mum Efforcez vous avant tout de
mettre Dieu au centre de la vie, en obser
vant les lois propres votre nature dont
l'ensemble s'appelle la loi morale l'ordre
et la paix s'ensuivront de là
Connaître Dieu, connaître le rapport qui
telle l'homme Dieu, organiser la vie de
manière ne point compromettre, mais au
contraire favoriser ce rapport transcen
dant, telle est la loi de gravitation du mon
de de l'esprit. Et l'homme est esprit. Un es
prit demi engagé dans la matièremai^
un esprit indépendant en soi de la matière
et qui peu peu s'en dégage et finira par
se sublimer entièrement. L'Evangile est le
message de la paix parce qu'il révèle Dieu
l'homme et la relation réelle qu'il sou
tient avec Dieu et la manière dont cette re
lation se maintient, s'affermit, se déve
loppe dans la conjoncture de la vie pour
se consommer, se réaliser, aboutir enfin,
dans la conjoncture de la mort.
La paix, cette «tranquillitas ordinis»,
qui règne dans le monde sidéral, résulte
de l'observation exacte et fatale de
leurs lois propres par les astres. La même
stabilité d équilibre ne peut résulter dans
le monde humain que de la même cause
l'observation exacte mais libre de
leurs lois propres par les hommes.
I^orsque le Pape dans son Encyclique
d'hier, dénonce comme les causes du grand
désordre actuel, la méconnaissance de la
règle universelle de moralité et la rupture
du rapport essentiel des groupements hu
mains Dieu, que fait il autre chose que
rappeler, en l'appliquant la présente oc
currence, cette donnée élémentaire de l'E
vangile du Christ
Le moment était bien choisi pour ce rap
pel. En effet, il semble bien que nos con
temporains se rendent compte enfin, qu ils
sont acculés au fond de l'impasse. L'im
puissance où ils sont d'établir la paix par
mi les peuples, les amène peu peu re
connaître l'insuffisance des moyens qu'ils
tenaient pour efficaces et chercher quel
que autre voie.
Aristide Briand fut le premier mar
quer ce mouvement de conversion, en pré
conisant après tant de conférences inuti
les, la substitution aux appareils diploma
tiques, d'un esprit le fameux esprit de
Locarno et c'est dire d'une disposi
tion intérieure et volontaire que forme
raient librement en eux-mêmes, les hommes
des diverses nations en présence. Après et
dans le même sens, on entendit un peu par
tout et toujours davantage recommander,
comme autrement souhaitable que le désar
mement terrestre, naval et aérien, le dé
sarmement moral, le désarmement des
cœurs.
Enfin, tout récemment, peu avant la
guerre de Pologne, l'homme qui personne
fiait depuis un an la volonté de paix de
l'Europe, M. Chamberlain, parlant dans
une assemblée écossaise, déclarait sans
ambages que la crise ne serait résolue ni
par les armes ni par les armements qu'il
nous fallait travailler bien plus profondé
ment et qu'en un mot, il mettait sur
tout sa confiance dans la prière, dans ces
appels la prière qui partent de tant de
lieux élevés et auxquels on voit les peuples
répondre avec un tel élan
C est ainsi qu'André Gide, dans ses
Nouvelles nourritures imaginant un
dialogue familier entre lui-même et Dieu,
se fait administrer par Dieu cette haute le
çon
On voudrait que j intervienne par un
miracle, mais je ne puis pas déranger sans
cesse les lois que j'ai établies, comme si
elles avaient été mal faites. Conseille plu
tôt aux hommes d'essayer un peu de les ob
server, ces lois. Ils verront comme bientôt
tout ira mieux...
C'est vrai, reprend Gide, mais en at
tendant, ils sont dans le pétrin.
Et je les y laisserai, conclut Dieu,
et je leur donne ainsi une preuve de mon
estime. Si je les y laisse, c'est que je sais
qu'ils s'en tireront
Oui, vraisemblablement. Et toujours par
le même processus l'excès du désordre
force Fhomme réfléchir profondément
l effet de cette réflexion est de I14 juire
découvrir l'erreur initiale qui l'a conduit
peu peu cette extrême disgrâce t'ins-
tinct du salut le jait revenir en arrière, ve- s
la vérité, vers la loi de sa nature. Qui
est la loi de Dieu.
Ils s en tireront, mais ils ne s'en tireront
qu ce prix.
Déjà, le mouvement salutaire commen
ce s'esquisser par cette tendance ré
clamer des dispositions morales (sympa
thie, bienveillance, confiance) comme con
ditions solides d'une paix durable. Que ce
mouvement s'accentue qu'il amène notre
génération, si riche d'expérience recon
naître F impossibilité d'établir entre les
hommes un régime de fraternité réelle si
I on ne cherche la raison de cette fraternité
en dehors de l'humanité elle-même et
nous revoici sur le seuil du Royaume
comme disait le Christ, c est dire, sur le
point de redécouvrir le secret de l'amour
de l homme en Dieu, la divine charité.
L'homme laissé lui-même est un loup
pour l'homme homo homini lupus
il ne devient vraiment un frère pour son
semblable que s'il commence par donner
Dieu la première place dans son cœur.
La paix sera le fruit de cet amour d'E
vangile ou elle ne sera jamais qu'une brèvi
alcalmie, un armistice précaire, la mise ei
veilleuse de la haine jusqu'au prochaii.
réveil de la flamme.
1 h. Henusse.