BILLET PARLEMENTAIRE LETTRE PASTORALE DE MGR. LAMIROY BRUGES - COURTRAI MOUSCRON - YPRES CONJECTURES STRATEGIQUES HENRI LAMIROY 9Jme ANNEE No 5 HEBDOMADAIRE SAMEDI 3 FEVRIER 1940 ADMINISTRATION - REDACTION 163, CHAUSSEE DE GHISTELLES, 163, SAINT - ANDRE - lez - BRUGES PUBLICITE 10, RUE St GEORGES, BRUGES ABONNEMENT 30,FRANCS L'AN LE NUMERO: 0,60 CENTIMES COMPTE CHEQUE POSTAUX 367.225 TELEPHONE 315.24 par Louis HABRAN. Parmi les Belges, les uns croient une attaque brusquée de l'Allemagne sur la Belgique. Les deux alertes de novembre et de janvier ne sont pas faites pour les dé tourner de cette hypothèse. D'autres disent ou, n'osant plus le dire, pensent que la Belgique aurait dû ouvrir son territoire aux alliés dès septembre et participer une offensive collective con tre le Reich. 11 en est qui escomptent qu'un change ment interviendra dans la haute direction de l'Allemagne en mars, en avril au plus tard. Hitler, avancent-ils, recevra son con gé et sera remplacé par le fils du maréchal Hindenburg, candidat des hobereaux prus siens (d'autres disent par Goering). Et ils expliquent le Fuehrer est brûlé morale ment devant son peuple il a voulu la guerre, mais est acculé 1 impossibilité de la gagner. Entre-temps, le peuple alle mand souffre de la disette déjà rationné bien avant la déclaration de guerre, il est réduit maintenant la misère noire. 11 repoussera le responsable. Ce sera bien, mais ce qui sera mal, très mal, c'est que l'Arglais, satisfait d avoir la peau d Hit ler, s'en tienne ce résultat et refasse con fiance l'Allemagne, concluant avec elle un nouvel armistice du genre de 1918, portant dans ses flancs les mêmes erreurs «t les mêmes périls. D'autres Belges estiment que défaire l'Allemagne ne sera pas chose aisée. Com me dans un tramway Bruxelles un aima ble et superficiel causeur disait un hom me d'âge mûr et de qualité .1»' me suis trompé dans tous mes pronostics de puis le début de la guerre, mais j'ai une idée qui, je l'espère, se vérifiera: au prin temps, l'Allemagne infligera au nazisme une bonne révolution l'interpellé ré partit sans détour et voix haute 11 ne faut pas compter sur une «révolution pour arrêter présentement la guerre. L'Al lemand re fera la révolution que si les al liés lui infligent la défaite. Mais en atten dant, si le moral des Anglo-Français est excellent, le sien n'est pas moindre et sa préparation et son organisation sont gran des. Ce sera dur de lui faire entendre rai son La guerre profonde. Quand l'année française se replia der rière la ligne Maginot après le glissement de 1U. R. S. S. aux côtés du Reich et écrasement de la Pologne, M. Hitler avait gagné la première manche et disposé ses P'ons pour les suivantes. Il avait supprimé ?,a,r s combat la zone neutre de Rhénanie, Autriche, la Tchécoslovaquie, le couloir Pmnéranien, la Pologne, détourné la Russie de l'alliance anglaise, écarté <*es frontières de son pays 1 encercle ment économique et militaire de 1914. avait infligé aux vainqueurs de 1918, inspirateurs et défenseurs du traité ersailies toutes ces défaites, et ap- sur ses légions massées derrière le fpton et ia cuirassc ia Imne Siegfried, observait et attendait, La France et l'An- g cterre, impuissantes enfoncer par les armes ce dispositif de combat, se repliaient 'a défensive militaire et sur le blocus c ntlme de l'Allemagne. Mais celle-ci, ^omniuniquam pacifiquement et librement ce le bassin du Danube et les profondeurs a Russie d'Europe et d'Asie, ripostait r le bloc us continental, l'offensive sous- lne et le harcèlement aérien. La guerre continent contre l'océan commençait. guerre lente et profonde, guerre d'enduran ce et d'usure physique et morale. M. Hitier, moins que ses états-majors ne possèdent une arme nouvelle qui lui apporte le bénéfice de la surprise, n'atta quera pas en masse sur ses frontières ter restres occidentales. 11 ne gaspillera pas le choix de son matériel, l'élite de ses armées, de son peuple, il n'entamera pas ses ré serves sur les lignes fortifiées où On l'at tend. où on espère qu il viendra se jeter. Aux yeux d'un observateur impartial, c'est au contraire la France et l'Angleterre attaquer et vaincre par les armes. Si non, elles feront figure de vaincues, inca pables de défaire la carte d'Europe faite par l'Allemagne naziste, tandis que la guer re d usure de la terre contre la mer con tinuera, inexorable pour les neutres comme pour les belligérants. Tel est la genre de guerre que, après cinq mois d attente, on peut discerner pour 1 Europe. C est tout au moins une éventua lité de plus en plus plausible. De grandes hécatombes comme la bataille de Verdun ne paraissent pas être du domaine des hypothèses immédiates et c'est l'examen du problème ainsi posé que nous invitons le lecteur. Ainsi apporterons-nous en com mun notre contribution discerner les épreuves et les aborder dars les condi tions les plus favorables pour faire triom pher dans la paix et dans l'endurance la politique belge d'indépendance. La phase actuelle des événements européens est une phase d'attente. C'est ce que nous verrons samedi prochain. Lou:s HABRAN. MARDI A l'o'dre du jour de ta séance de mardi le budget de la Santé Publique. Cancer, tuberculose, maladies vénérien nes, taudis, alimentation, etc., toutes des questions qui intéressent les médecins, leurs malades et en dernière analyse toute la po pulation fourniront jusqu'rn l'an 2000 une ample moisson aux faucheuses parlementai res. Le rapporteur du budget est le Docteur De Jaegher, bourgmestre de Tirlemont. Je lui ai dit en riant Vous êtes un remède ambulant Sa prof ssion doit lui avoir donné tel point l'habitude de récon forter les malades, que le sourire avec lequel il accueille ses collègues, la main qu'il leur tend ont une vertu curative spéciale. Il dis tille la joy use humeur avec sa bonne figure ronde et rouge, avec ses yeux attentifs qui laissent filtrer travers les verres qui amor tissent leur éclat, une lueur de bonté. Comment ce brave docteur s'est-il égaré dans la politique Il présidaux destinées de la cité Tirlemontoisecélèbre par ses su creries. Entre la grande industrie et le parti libéral il y a alliance étroite. Les raffineries de Tirlemont ont suivi la ttadition et si elles donnent la ville la prospérité, ell s lui communiquent aussi le microbe bleu. Le b~a ve docteur De Jaegher est ravagé par le mi crobe libéral il n'a pas découvert jusqu'ici le vaccin qui puisse le guérir. Voici la tribune notre collègue de Bru xelles, Bautveraerts. Une physionomie noire: jaquette, pantalon, cravatte, barbe, mousta che, tout semble avoir passé au cirage ça va-seul. La teinte d'ivoire du visage et le coin blanc de sa chemise ajoutent aux om bres la clarté chère Rembrandt. Bauweraerts est le chevalier sans peur et sans reproches qui part en guerre contre la neutralité, qui si facilement au Parlement endort sous le chloroforme de la camaraderie les fièvres des convictions adverses. Spécialis te des questions d'ens ignement défenseur enthousiaste des revendications flamandes, apôtre fervent de l'Action Catholique, il est la Chambre le type représentatif d'une épo que qui a connu les enthousiasmes du renou veau flamand et catholique dans le cadre de la discipline religieuse et nationale. Isabelle Blum se devait de parler de la consultation des nourrissons. Elle arbore une (Suite p. 2). Docteur en Philosophie Docteur et Maître en héologie par la miséricorde de Dieu et la grâce du Saint-Siège Apostolique EVEQUE DE BRUGES. Au Clergé et aux Fidèles de Notre Diocèse salut et bénédiction. NOS TRES CHERS FRERES, Il y a quelques mois, au début de ces temps tragiques, Nous vous avons exhortés vous confier la Providence divine, et malheureusement ce sujet reste toujours ac tuel, car personne au monde ne sait où va ce pauvre monde. Nous, qui avons le bonheur de croire, nous savons, ce que la raison naturelle dé montre également d'ailleurs, que ciel et terre, et tout ce qu'ils contiennent, que tous les hommes, et toutes les générations qui ont jamais été ou seront jamais, ont été créés par Dieu et sont l'oeuvre de Ses mains (1). Nous savons et nous croyons que 1 in tervention toute puissante et incessante de Dieu conserve tout ce qui a été créé bien plus, aucune créature ne peut se mouvoir ou agir, dans l'ordre naturel aussi bien que dans l'ordre surnaturel, sans la motion et l'assistance divines. C'est en Dieu comme prêchait un jour S. Paul 1 Aréo page d'Athènes, que nous avons la vie, le mouvement et 1 être (2), et il expl'" quait aux Philippiens que c est par Dieu que nous pouvons et vouloir et faire le bien (3). Nous savons et nous croyons encore que Dieu gouverne le monde et dirige toutes choses et tous les hommes vers leur fin su prême, qui est sa propre gloire éternelle et le bonheur éternel de ses créatures (4). Pour nous rendre cette éternelle félicité, perdue par le péché, Dieu n'a pas hésité nous donner son Fils unique, Notre Sei gneur Jésus-Christ, qui a revêtu notre pau vre nature humaine, a souffert et est mort pour nous, pour nous sauver de la mort éternelle. Aussi, personne ne Lui prendra cette gloire. Un jour dit l'Apôtre, au Saint Nom de Jésus tout genou fléchira dans les cieux, sur la terre et dans les en fers (5) et il écrit aux Galates Ne vous y trompiez pas on ne se rit pas de Dieu (6). Entretemps le Souverain Maître gouver ne le monde avec force et douceur (7), dit l'Esprit-Saint. Avec trop de douceur, pensons-nous souvent, quand nous jugeons notre prochain ou quand nous songeons aux angoisses du temps présent. Mais nous oublions que Dieu est éter nel et qu'il a tout son temps pour mettre de l'ordre en toutes choses selon son infinie Bonté mais aussi selon son infinie Justice. Maintenant c'est toujours le temps de la Miséricorde et heureusement pour nous, car le monde est devant Vous (Sei gneur) dit le livre de la Sagesse, com me l'atome qui fait pencher la balance comme la goutte de rosée matinale, qui tombe sur la terre mais, parce que Vous êtes puissant, Vous avez pitié de tous et Vous fermez les yeux sur les péchés des hommes, pour les amener la pénitence (8). N. T. C. F., la divine Providence s'étend bien plus loin que la sollicitude humaine, comme nous l'apprend le divin Maître lui- même dans ces sublimes paraboles, où II prêche la confiance illimitée en la bonté de Dieu notre Père. Que valent deux passereaux Et ce pendant il n'en tombe pas un sur la terre, sans la permission de votre Père Et tous les cheveux de votre tête sont comptés Ne craignez donc point vous êtes de plus de prix que beaucoup de passereaux (9). C'est pourquoi je vous dis Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez ou boirez ni pour votre corps, de quoi vous le vêtirez... Regardez les oiseaux du ciel. Ils ne sèment, ni ne moissonnent ils n'amassent rien dans les greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux Et qui de vous, force de se tracasser, pourrait allonger sa vie d'un seul jour Considérez les lis des champs, comment ils croissent. Ils ne travaillent ni ne filent, et cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu com me l'un d'eux... N'ayez donc point de sou ci du lendemain le lendemain aura sou ci de lui-même chaque jour suffit sa peine (40).

HISTORISCHE KRANTEN

Le Sud (1934-1939) | 1940 | | pagina 1