BRUGES- COU RTRAI MOUSCRON - YPRES LA GUERRE VUE PAR UN ANGLAIS POSITIONS ET MOYENS DE LANGLETERRE BILLET PARLEMENTAIRE 93me ANNEE No 8 HEBDOMADAIRE SAMEDI 24 FEVRIER 1940 par Louis HABRAN 9 MARDI ADMINISTRATION - REDACTION 163, CHAUSSEE DE GHISTELLES, 163, SAINT-ANDRE - lez - BRUGES PUBLICITE 10, RUE St GEORGES, BRUGES ABONNEMENT 30,— FRANCS L'AN LE NUMERO: 0,60 CENTIMES COMPTE CHEQUE POSTAUX 367.225 TELEPHONE 315.24 Nous extrayons de la Revue Catholi que des Idées et des Faits l'intéressant article de M. Hilaire Belloc. L'ITALIE ET SUEZ Serions-nous un tournant capital de la situation internationale Les puis sances occidentales en sont se rapprocher des puissances méditerranéennes dans le but commun de tenir la barbarie en échec. Les nombreux ballons d'essai lancés en ce moment en faveur d'une entente avec l'Italie sont un indice de ce retour au bon sens. Puissances occidentales c'est-à-dire la France et l'Angleterre, les deux grandes na tions européennes les plus dissemblables, les plus contrastantes même, celles qui ressentent le plus d'antipathie l'une pour l'autre. Malgré cette opposition spirituelle dans tous les secteurs de la vie humaine, elles ont, pour l'instant, une tâche commune remplir, tâche qui rejette dans l'ombre tout le reste. Pour des raisons très différentes et en ayant en vue des objectifs particuliers également fort différents, l'une et l'autre sont préoccupées de sauver l'Europe de la barbarie prussienne et moscoutaire. La tâche de la France et de l'Angleterre rst tellement lourde et difficile que bien des gens se sont demandés si elle était possible. Ces deux pays ont l'infériorité du nombre; ils sont handicapés l'Angleterre par un système d'éducation qui entretient sa classe dirigeante dans l'ignorance, la France par un système de gouvernement de la pire es pèce. A ces défauts mortels on s'évertue porter remède. Sans doute, refondre la for mation d'une classe gouvernante dans un pays aristocratique est affaire de longue ha leine et demande bien des années. Mais il y a que les Anglais de la classe aisée, ceux dont dépend le sort de la nation, ont reçu un choc. Ils ont commencé voir clair. L'évolution ne s'arrêtera plus, encore qu'elle sera lente. Même les professeurs qui les for ment sont moitié éveillés, et certains d'en tre eux en sont parler comme si le coup reçu leur révélait enfin le sens de la chré tienté et de son histoire. Dépouiller et rejeter un système de gou vernement corrompu et pourri, ce qui est bien la nécessité vitale de la France, pour rait aller plus vite, mais est moins assuré de continuité. Certes, on peut dire que c'est l'armée qui gouverne en ce moment la France, mais l'ossature maçonnique d'une boutique parlementaire inepte et corrompue demeure, et le politicien professionnel fran çais pourrait bien revenir au grand dam de son pays. Entre-temps la simple nécessité a conduit la France comme l'Angleterre considérer les revendications de la nouvelle Italie. Car tout dépendra du concours que cette Italie nouvelle apportera l'Occident. L'Italie tient la clef du blocus de nos ennemis l'Italie domine la Méditerranée 1 Italie peut faire pencher le plateau de la balance. Il subsiste deux obstacles une entente italienne le premier est cette même igno rance de notre classe gouvernante quant aux choses de l'Europe (ignorance qui porte la responsabilité de l'idiote et absurde politi que des sanctions le second est cette même ossature maçonnique, fortement char pentée, du parlementarisme français. Une preuve immédiate et évidente de no tre retour au bon sens en matière italienne pourrait êltre fournie par l'attribution (voir suite page 2) Après l'Allemagne, Seigneur de la guer re, voici l'Empire britannique, Seigneur de la mer. Le jour même du traité de Versailles, Clémenceau, prévoyant, signait avec le pré sident Wilson et Lloyd George un pacte trois pour la défense du Rhin. L Améri que, lointaine, refusa de ratifier cette ga rantie et l'Angleterre s'éloigna aussi de la France. C'est un fait constant de son his toire, note ce propos M. Edmond Ros- sier, que, toujours préoccupée d'équilibre, elle se rapproche du parti vaincu sitôt le but de la guerre atteint. Seize ans plus tard, lorsque l'Angleterre assurait encore la sécurité sur les mers, la France sur le Rhin et l'Italie sur le Danu be autrichien, l'Angleterre, inquiète de l'ac cord franco-italien qui s'ébauchait en Médi terranée et en Afrique, lança le brûlot des sanctions éthiopiennes entre MM. Mussoli ni et Laval et repoussa l'Italie du côté al lemand. L'écroulement vertigineux de 1 Eu rope du traité de Versailles allait s'ensui vre. Telle est la justification de l'actuelle neu tralité attristée des anciens alliés et asso ciés de 1 Angleterre. Il est naturel que ce soit celui qui a défait qui refasse. 11 est a remarquer que les quatre puis sances que le pacte antikomintern associait contre l'U. r. S. S. avaient toutes aussi des griefs contre l'Angleterre. L'Allemagne était la vaincue de 1918. Elle avait laissé sa flotte et ses colonies dans la corbeille du traité de paix. L'Italie avait subi les sanctions du pacte de Genève, mises en branle par la diplomatie britannique, et l'Espagne une guerre civile où Londres a- vait pratiqué en théorie une neutralité, mais en fait une forme d'intervention na vale dont la marque n'avait pas été la bienveillance. Et l'Espagne comme l'Italie discutaient le statut de la Méditerranée et des goulots d accès. Le Japon enfin, après avoir vu 1 Angleterre lui retirer son al liance, rencontrait son opposition en Chine. En conséquence, quand l'Angleterre re chercha contre l'Allemagne l'alliance de ru. r. s. s., ne partait-elle pas de l'in duction plus vaste que les adversaires de l'U. r. S. S. étaient aussi les siens et n'en déduisait-elle pas que l'U. r. S. S. accep terait ses avances avec l'empressement d un allié naturel Même l'échec de la négociation lui a ce pendant valu quelque chose. La division des associés du pacte idéologique antiko mintern sous l'influence du traité germano- soviétique a desserré le faisceau de leurs revendications politiques l'égard de l'An gleterre. Celle-ci a fait retourner sa veste l'Al lemagne et exploite l'alliance du protago niste européen du pacte antikomintern avec la protagoniste de la révolution sociale et religieuse. En posant, volens nolen3, le pro blème du bolchevisme au peuple italien, l'Angleterre gêne l'axe militaire Berlin- Rome et paralyse l'impérialisme fasciste. Elle a refroidi l'Espagne l'égard de l'Al lemagne. En divisant ses antagonistes, elle a allégé sa position Gibraltar. En Extrê me-Orient, elle a abouti isoler le Japon, [ui reste fidèle au pacte antikomintern et que 1 U. R. S. S. maintenant sépare diplo matiquement de l'Allemagne. Mais par contre elle a provoqué l'allian ce de l'organisation et de la technique ger maniques et des vastes ressources naturel les moscovites, et elle a étendu la compé tition de l'Europe aux confins de l'Inde. Les perspectives d'une vaste guerre ter restre indo-européenne mener parallèle ment avec la guerre navale et aérienne lui sont imposées. L Angleterre en effet est un empire océ anique dont le centre de gravité est dans l'Océan Indien. Les rivages de l'empire des Indes et les archipels adjacents sont les fortes bases navales de cette domination. Mais les frontières septentrionales de l'em pire dans le continent asiatique, en face de i empire moscovite du Turkestan et de Si bérie, sont les lignes faibles du dispositif. L'Angleterre s'en est toujours tirée en évi tant jusqu'aujourd'hui des conflits graves avec la Russie dans ces parages et en flan quant ses positions indiennes des glacis protecteurs d'Afghanistan et de Perse, zo nes d'influence qu'épaulent l'ouest les po sitions d'Irak, de Palestine et de Syrie en tre la Mer Caspienne, le Golf Persique, la Méditerranée orientale et la Mer Noire. Avec l'amitié de la Russie et de la Tur quie, l'échiquier défie toute atteinte. Contre l'hostilité turque, il peut, avec le concours russe, tenir finalement, çomme 1914-1918 l'a montré. Mais contre l'hostilité russe, que donnerait-il l'épreuve Avec la campagne de Finlande, l'accord germano-russe révélera ses secrets et ses visées. Il dira si le conflit prendra des dé veloppements la mesure géographique des deux plus grands antagonistes, l'empire terrestre de 1 Union des Républiques So cialistes Soviétiques et l'empire naval du Commonwealth britannique. Si la puissance moscovite descend sur un vaste front vers les mers chaudes et s'appe santit entre la Mer Noire et la mer d'Oman, la guerre des races et des civilisations se rait ouverte. Guerre d'Europe, guerre ci vile, guerre fratricide entre les vieux peu ples de la Chrétienté. Guerre du Proche et du Moyen Orient, entre les Moscovites, les Britanniques et les Français et les hordes de toutes couleurs que ces peuples conqué rants traînent leur suite. Guerre d Ex trême-Orient entre les Jaunes, sur les rui nes de l'hégémonie des Blancs. Et si l'Ita lie bouge, guerre d'Afrique, où les nations coloniales s abîmeront dans une barbarie pire que celle des peuplades déchues qu'elles ont mission d'élever la civili sation. Immense guerre triangulaire, de la Gaule 1 Ethiopie et aux Indes, guerre des trois continents, guerre du centre du vieux monde autour des tombeaux du Christ et de Mahomet, la soudure de l'Europe, de l'Afrique et de l'Asie, où convergent les routes du Danube, de la Méditerranée, du Nil, de la Mer Rouge, du Golfe Persique, de l'Euphrate et de la Volga, et des routes des migrations et des invasions historiques où Darius, Alexandre, Attila, Tamerlan, Soliman, Bonaparte tracèrent leurs sillons fulgurants et cruels. Guerre au sol, guerre sur les flots, guerre dans les cieux. Guerre d Apocalypse dont nul ne peut prévoir les insondables conséquences ni les convul sions. mais dont la vision horrifiée a inspi ré l'Auguste Chef de la Chrétienté et aux chefs responsables des petites nations pa cifiques des appels pathétiques la paix, la conciliation, l'entente des grandes nations européennes avant que l'irrépara ble ne soit accompli. (A suivre). Louis HABRAN. Suite en bas de la colonne suivante Le ministre des Communications, Postes Télégraphes et Téléphones a défendu la po litique de son département. Un gentil garçon telle est je crois la définition qui résume le mieux la person nalité de Monsieur Delfosse. Rien chez lui ne heurte l'adversaire et il évite les angles aigus qui au Parlement font souvent l'effet de récifs. Sa correction et son amabilité sont qualités innés. L'exercice du barreau lui a donné la clarté de l'exposé, et la vigueur de la dialectique. Une séance de patinage sur une surface unie et sans chûtes dangereuses, telle est la figure qui convient au dévelop pement de sa vie politique. Inscrit dans les rangs de la démocratie chrétienne, il a dé fendu ses couleurs Liège lors des dernières élections. A peine le succès avait-il couron né ses efforts, que le jour même où il fran chissait le seuil du Parlement, te chef du Cabinet Pierlot l'a fait basculer dans un fauteuil de ministre dans lequel il est resté vissé et j'ajoute très probablement pour longtemps. Il consacre son discours aux be soins du tonnage pour le ravitaillement du pays. La marine au temps où nous vivons était le sujet tout indiqué pour une inter vention parlementaire du Ministre des Transports. Ton mesuré, voix sourde, ab sence de mouvements oratoires quelques petits bouqu:ts jetés aux fonctionnaires et au rapporteur et son exposé se conti nue comme un fleuve tranquille au millieu de rives basses sur lesquelles babillent en sourdine les promeneurs parlementaires. A quatre heures les bancs du Gouverne ment se garnissent. Pierlot, Soudan, Van- derpoorten, Janson, Denis, s'installent dans leur fauteuil. Le Ministre de la Justice monte la tri bune et dépose un projet de toi relatif la défense des institutions nationales. Tout se passe sans incidents. Le projet est renvoyé la Commission spéciale. En sera-t-il de mê- me de l'interpellation concernant l'illé galité de l'arrêté de mobilisation de huit mille chômeurs et les intentions du gouver nement au sujet de la mobilisation ultérieu re des chômeurs Le député socialiste de Louvain, Vranckx, est la tribune. Noir et blanc constituent le damier de sa figure. Des yeux de hibou se cachent derrière les verres. Il ne vise ni l'élégance ni la distinction. Pour arriver jeune au Parlement, rien de tel pour un avocat que de s'inscrire dans les rangs du parti socialiste et d'exploiter tes thèses démagogiques. Vranckx manie le fla con où s'agitent les bacilles électoraux. Mo biliser les chômeurs, constitue pour lui un crime de lèse-démocratie et lèse-patrie. Van Steelandt, nationaliste flamand souffle dans la même trombonne. Le ro mantisme est la toilette de son discours. La concurrence tripartite anime cette interven tion. Socialistes, démocrates chrétiens, na tionalistes flamands se disputent les sym pathies des chômeurs. Van Steelandt a le physique d'un marchand de beurre. Il pré sente d'un ton larmoyant sa denrée oratoi re. Il fait subir ses bras des acrobaties dan- P. S. Concernant l'U. R. S. S. et l'Al lemagne, il faut dire, la ligne 28 de la colonne 2 de la page 2 du numéro du 17 accord ECONOMIQUE général.

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