POSITION ET
MOYENS DE LA
FRANCE
LA SEMAINE
LITURGIQUE
A NOTRE-DAME
DE PARIS
CAREME DE GUERRE
VERLAINE EN
FLANDRE
2. LA PATRIE DU 6-440.
tion de la Société des Nations. Son but était
celui que la France fixe par tradition tou
tes les grandes institutions internationales
dont elle patronne la création assurer au
moyen de la solidarité européenne les posi
tions nationales et impériales de la France,
créer une nouvelle phase de la politique de
la sécurité collective.
C'est, en effet, une des caractéristiques
de la politique française et aussi de la poli
tique britannique, de rechercher constam
ment une formule plus ou moins universel
le qui assure la protection morale et méca
nique de leurs intérêts nationaux et impé
riaux en les recouvrant du masque des subli
mes idéaux humanitaires. C'est pour cette
raison que chacun des gestes politiques de
la France et parfois aussi de l'Angleterre,
sur le terrain international, s'accompagne
des grands mots de civilisation, de justice et
d'humanité.
Nous ne voulons point nier la sincérité
de telles affirmations, la longue habitude
du commandement politique a peut-être créé
dans les deux démocraties impériales la con
viction que l'intérêt du genre humain tout
entier s'identifie avec l'intérêt français ou
britannique. Mais cela explique suffisam
ment pourquoi l'Italie et beaucoup d'autres
nations entretiennent une grande méfiance
l'endroit des grandes parades internatio
nales.
Et voici, d'autre part l'opinion de M.
Paul Reynaud
La mise en commun des ressources fran-
co-britaniques n'est pas seulement l'un des
principaux atouts des démocraties dans la
poursuite de la guerre, elle doit être con
sidérée comme la pierre angulaire nécessaire
la réorganisation économique que l'Euro
pe devra s'imposer après la guerre, si l'on
veut que la paix soit quelque chose de plus
qu'un bref armistice entre deux conflits.
Au lieu de procéder du général au parti
culier, comme la Société des Nations a es
sayé de le faire, cette union entre deux na
tions ayant les mêmes idéaux politiques ain
si que des niveaux de vie comparables, con
stituera le noyau autour duquel les autres
peuples pourront s'assembler.
C'est dans cette direction que l'Europe
doit trouver son orientation si elle veut ne
pas périr- C'est là une condition essentielle
du progrès économique et de l'élévation du
niveau de vie des peuples. C'est là que l'on
doit trouver en fin de compte la véritable
sécurité pour la France.
Il serait vain cependant de croire la
réalisation d'un tel programme, tant que
l'Allemagne conservera ses doctrines et son
régime actuels. La conception d'Etats libres,
égaux en droits, est l'antithèse absolue du
national socialisme d'Hitler. Elle exclut la
croyance en une race choisie Elle est
incompatible avec la thèse du Lebens-
raum au nom duquel trois pays ont été
anéantis par l'Allemagne en moins de vingt
mois.
C'est pourquoi la nouvelle France ne
peut reposer que sur la victoire des démo
craties.
La suite de l'étude de notre collabora
teur M. Louis HABRAN viendra dans le
numéro prochain.
Trois passages de son article du 30 mars
ont été rendus inintelligibles par des co
quilles typographiques qu'il faut rectifier
comme suit
1. Aux lignes 31 et 32 de la colonne
2 de la page 1il faut lire quant aux
régimes intérieurs, la Belgique est stable de
puis cent ans. tandis que
2. Aux lignes 64 et 65, même page,
même colonne, il faut lire La France est
une position d'entre deux mers.
3. Aux lignes 45, 46 et 47 de la co
lonne 2 de la page 2, il faut lire .les
parts françaises de l'Europe et de l'Afrique
du Nord sont une tranche verticale reconsti
tuée de l'empire romain, entre la tranche
italienne et la tranche ibérique,
Exigez le riz ORYZA en paquets.
7 AVRIL
Vous étiez comme des brebis errantes,
mais maintenant vous êtes retournées au
Pasteur et l'Evêque de vos âmes (Epî-
tre)
Ce Dimanche du Bon Pasteur est la fête
de la hiérarchie ecclésiastique. La con
fession et la communion pascale ont rame
né les chrétiens au bercail du Christ, Pas
teur de nos âmes. Mais ce retour s'est opéré
par le ministère des prêtres, qui ont reçu
pouvoir et juridiction de leur évêque
cette fin. Et l'évêque lui-même tient ses
pouvoirs du Christ il est le successeur des
Apôtres et le représentant direct du Christ
auprès des fidèles. Ces derniers doivent en
conséquence vénérer les évêques. et surtout
le premier de tous les évêques Notre Saint
Père le Pape Pie XII, évêque de Rome,
comme représentants officiels du Christ lui-
même. Ce respect, cette vénération, nous les
devons aussi aux prêtres, pasteurs de nos
âmes et spécialement au curé de notre pa
roisse, représentant de l'évêque, et notre
confesseur.
Quelle reconnaissance ne devons-nous pas
aux prêtres C'est grâce leur ministère
que nous recevons les sacrements, que nous
participons au Saint Sacrifice de la Messe et
aux prières de l'Eglise.
Songeons un peu ce que serait notre vie
s'il n'y avait pas de prêtres dans notre pays!
Songeons aussi que les prêtres n'exercent
leur ministère qu'au prix de multiples sa
crifices, ignorés sans doute, mais qui n'en
sont pas moins pénibles.
En lisant l'Epître et l'Evangile d'au
jourd'hui nous voyons St Pierre, puis Jésus
lui-même nous démontrer que le bon pas
teur endure tout pour son troupeau et qu'il
donne sa vie pour ses brebis Le Christ
a souffert pour vous, vous laissant un mo
dèle, afin que vous suiviez ses traces
(Epître)Le bon pasteur donne sa vie
pour ses brebis (Evangile).
Et nous, que faisons-nous pour prouver
notre reconnaissance aux pasteurs de nos
âmes Songeons-nous seulement prier
pour eux de temps en temps
La vérité nous oblige faire une dou
loureuse constatation qui nous couvre de
honte aux premiers siècles du christianis
me, et maintenant encore dans les pays de
mission, la personne du prêtre était entou
rée d'une vénération qui se rapportait au
Christ. Tertullien n'a-t-il pas écrit
Le prêtre est un autre Christ
Mais chez nous, peuples évangélisés depuis
des siècles, qui avons depuis des siècles aussi
bénéficié du ministère et de l'immolation
sacerdotale de la hiérarchie ecclésiastique, ce
respect n'existe plus. Loin de considérer le
prêtre comme un autre Christ et de regar
der comme un immense honneur pour nous
la faveur de pouvoir lui rendre un service,
si humble soit-il, nous avons renversé la
hiérarchie des valeurs et nous regardons
maintenant les prêtres non comme nos maî
tres mais comme nos serviteurs. Nous les
jugeons, nous les critiquons et nous mur
murons contre eux dès qu'ils ont le mal
heur de ne pas pouvoir se plier nos désirs
ou nos caprices.
Je connais mes brebis, et mes brebis me
connaissent dit le Christ dans 1 Evangile.
Connaissons-nous réellement notre curé
Savons-nous au juste ce qu'il attend de
nous et faisons-nous pour le satisfaire tout
ce qui est en notre pouvoir, comme nous
le ferions pour le Christ
En ce Dimanche du Bon Pasteur, prions
pour la hiérarchie catholique et prenons sé
rieusement, concrètement la résolution d'a
voir désormais envers le clergé, et surtout
envers le clergé de notre paroisse, l'attitude
d'humble soumission et de profonde recon
naissance que nous lui devons.
F. E.
Une grande procession dans les Indes.
Un Congrès} Eucharistique a eu lieu
récemment dans le Malabar pour la pre
mière fois l'occasion du jubilé épisco-
pal d'argent de Mgr. Chula Parambil,
évêque de Rottayan. A cette grande pro
cession, pas moins de 150.000 personnes
ont pris part parmi lesquelles 14 évêques.
Le St. Sacrement était transporté èur un
char d'apparat.
Dans une des conférences de Carême,
donnée Notre Darne de Paris, Mgr Che-
vrot a pris fermement position sur des
points délicats.
Les forces de la Nation.
Traitant, des Forces de la Nation, il s ap
pliqua définir cette thèse Une nation
a le devoir d'être matériellement forte
mais, en définitive, sa puissance est con
ditionnée par sa force morale
Il développa la première partie de cette
proposition en montrant que ce que le
christianisme condamne, ce n'est pas la
force, mais la violence, qui est l'abus de la
force. La force, en effet, est une vertu in
dispensable ceux qui ont faim et soif de
la justice, car elle travaillé la remettre
en honneur par l'emploi de moyens pro
portionnés au but qu'il faut atteindre.
11 ne suffit pas. a-t-il dit, qu'une na
tion détienne des droits incontestables
elle doit être capable de les faire respecter
et, dans ce but, des forces matérielles lui
sont nécessaires. A la violence des armes,
l'Etat gardien de la nation ne peut que ri
poster par la force des armes C'est le
droit de légitime défense et de juste guer
re.
Mgr Chevrot a cité, pour la commenter,
la célèbre formule de Pascal, qui devrait
être inscrite dans la mémoire de tous les
bons citoyens La justice, sans la force,
est impuissante la force sans la justice
est tyrannique il faut donc mettre ensem
ble la justice et la force et, pour cela, fai
re que ce qui est juste soit fort ou que ce
qui est fort soit juste
Mais, côté des forces matérielles, les for
ces morales ont aussi leur rôle elles sont,
a dit Mgr Chevrot, le fruit d'une disci
pline morale alimentée elle-même par une
doctrine et des principes spirituels C'est
ici qu'apparait le surcroit de valeur que le
Christianisme apporte au Patriotisme du
chrétien. Il l'entraîne l'esprit de sacrifice
et le détermine vaincre son égoïsme.
Voilà pourquoi un peuple n'est fort que
s'il pratique une morale familiale et une
morale du travail conformes l'Evangile
et ses lois. Une société qui veut être forte
ne doit pas admettre que la loi morale
soit sans cesse impunément, méprisée ou
niée, par une partie notable de ses mem
bres.
Une fois de plus, la religion fut ainsi
montrée indispensable la vie de la Pa
trie.
Les déviations du Patriotisme.
Elle ne le parut pas moins, dans la Con
férence du 10 mars, consacrée par Mgr
Chevrot étudier les déviations du patrio
tisme. Sa parolte, ce jour-là, fut un judi
cieux et éloquent commentaire de quelques-
unes des déclarations récentes du Pape Pie
XII, contenues soit dans l'encyclique Sum-
mi Pontificalus, soit dans l'allocution pon
tificale de Noël.
Le patriotisme dévie, lorsque l'Etat qui
exerce l'autorité cesse de respecter la per
sonne humaine, c'est-à-dire lorsqu'il consi
dère l'individu comme étant son service.
Toute autorité humaine découle de Dieu,
mais elle ne saurait être entendue que com
me un service elle ne saurait donc con
fisquer son profit et l'activité des particu
liers et la famille. L'Etat, a écrit Pie XII,
peut exiger le bien et le sang, mais l'âme
rachetée, jamais... L'homme et la famille
sont, par nature, antérieurs l'Etat
Mgr Chevrot a vigoureusement flétri les
conséquences de cette divinisation de l'Etat
qui fait des citoyens des esclaves, pauvres
troupeaux, a-t-il dit, que leurs maîtres
transportent pour de l'or ou du pétrole
Mais un Etat qui ne se reconnaît aucun
devoir envers ses sujets, ne se croira jamais
lié par les engagements qu'il sera amené
prendre, par politique, envers les autres
Etats.
Sur ce second point, les considérations
développées par Mgr Chevrot ont été aussi
très vigoureuses. Il les a terminées en dé
clarant que trois idoles sont renverser
dans le monde d'aujourd'hui l'esprit de
guerre, la soif d'hégémonie et la stato-
lâtrie païenne, qui ont leur source dans le
mépris des principes chrétiens.
C est par l'apologie du droit que s'est
(Suite en bas de la colonne suivante
M. Gustave Vanwelkenhuyzen a donné
dans la Libre Belgique, des extraits d'une
étude sur Verlaine parue dan PAvant Pos
te.
Ces extraits intéresseront vivement nos
lecteurs.
Cest au début de 1839, environ trois ans
avant sa mort, que Verlaine vint pour la
dernière fois en Belgique. Les cercles lit
téraires de la capitale et de la province l'a
vaient invité donner une série de confé
rences sur la poésie contemporaine et sur
son œuvre.
Charleroi, Bruxelles, Anvers, Liège et
Gand successivement l'accueillirent mais
les publics accourus pour l'entendre le
renom quasi légendaire de sa vie misérable
excitait la curiosité bien plus encore que
ses vers durent le plus souvent se con
tenter de le voir peu près aphone, il
n'arrivait émettre que des sons voilés
et sourds et de sa lecture des bribes seules
parvenaient jusqu'aux premiers rangs de
l'assistance. L'effet fut généralement désas
treux.
Selon le programme que ses amis belges
lui avaient établi, Gand devait être la der
nière étape de ce voyage de quinze jours.
Il y débarquait le mardi 7 mars, en fin de
matinée. Sur le quai de la gare l'attendait
l'un de ses plus fervents admirateurs, le
jeune critique catholique Firmin vanden
Bosch.
Verlaine, raconte ce témoin précieux,
descendit du wagon en claudiquant pénible
ment, drapé dans un manteau pèlerine
gris déteint, le cou entouré d'une grosse é-
charpe rouge et, sur la tête bosselée, un in
vraisemblable feutre mou... Je conduisis
l'hôte illustre un des premiers hôtels de
la ville, où je lui avais retenu une cham
bre en nous voyant entrer, le gérant eut
un regard de consternation vers ce voya
geur d'une si médiocre tenue et un regard
de mépris vers la minuscule valise qui con
stituait tout son bagage et propos de la
quelle Verlaine me confia, par la suite,
qu'elle contenait une chemise et ses manus
crits
Le soir de ce même jour, le poète entre
prenait tâche difficile d'initier son
œuvre catholique le public étroitement doc
trinaire du cercle littéraire et artistique de
la ville. Il y avait dans l'assemblée
Des messieurs bien mis
Sans nul doute amis
Des Royers Collards...
Hélas Dès les premiers instants, la voix
enrouée, peine perceptible, du conféren
cier décevait les auditeurs, habitués aux
dissertations aimables et spirituelles ou
prétendument telles des professionnels
de la tribune. La déception et la méconten
tement, qui grandissaient dans l'assistance,
ne tardèrent pas se manifester de façon
fort irrévérencieuse.
Le Journal de Gand, feuille libérale
pourtant, constatait C'est au milieu d'un
caquetage de pies qu'a parlé le rare poète
des Fêtes galantes, des Romances sans pa
roles, etc.
Pendant et après la conférence, nous
avons recueilli quelques réflexions d'une
vertigineuse vacuité. Un de nos voisins, en
veine d'éloquence, rangeait malicieusement.
M. Paul Verlaine parmi les Jeunes-Belgi
que. Et dire, mon Dieu que le public du
Cercle artistique est un public d'élite
Le chroniqueur de l'Impartial, journal
de droite, se montrait plus sévère encore
l'égard de ces auditeurs dont l'esprit sec
taire expliquait, selon lui, l'incompréhen
sion et la balourdise. Il s'indignait, en ef
fet, que Verlaine eût été forcé de réciter ses
vers parmi les lazzis des petits et graves
politiciens, qui se sont certes jugés très mo-
Suite- page 5)-
terminée cette conférence laquelle Mgr
Chevrot a donné un très bel épilogue en
entretenant, le dimanche des Rameaux, ses
auditeurs de la vocation des Patries.
Il l'a fait en rappelant que la Providen
ce, si elle a voulu l'unité du genre humain,
a voulu aussi la multiplicité des Patries et
donné chacune sa vocation particulière,
dans la grande famille humaine. Il s'est
arrêté sur les signes proposés la vo
cation de la nation française, dont il a
souligné son souci de l'universel, sa passion
de justice et sa bienveillance désintéres
sée.