CONSIDERATIONS SUR LA GUERRE REVUE FINANCIERE DE LA SEMAINE 2. LA PATRIE DL 27-4-40. porte plus la pitié qu'à tout autre senti ment. Degroeve député de Bruges, a, depuis qu'il est la Chambre, pris l'habitude de la jaquette. Il a une voix de baryton, qui lui a valu de jolis succès dans les réunions populaires. Il aime les sommets, et, si Vidéalisme est une qualité, on pourrait parfois lui reprocher de négliger le sol sur lequel il s'avance. L'argument financier est malheureusement très ennuyeux mais irré sistible. Trop de socialistes et de démocra tes-chrétiens l'oublient et c'est ce qui par fois empêche les pouvoirs publics de don ner satisfaction aux désirs de Degroeve et de ses amis. Debunne, ancien bourgmestre de Menin est un aspirant dictateur socialiste. La physionomie d'un ancien débardeur un air prétentieux qui se dégage de chacun des muscles de son visage, une voix lourde qui ponctuent des gestes lourds Mais je termine mon billet. Il ne faut jamais abuser de la patience de ses lec teurs... Nous apprenons l'instant que la Chambre ne siégera pas la semaine pro chaine l'occasion de TAscension et du Premier Mai. JEUDI. L'après-midi la séance commence dans une atmosphère de tension nerveuse. Que fera au vote sur le budget de l'Instruction Publique le parti libéral. Pendant que la discussion des articles se poursuit au milieu du bruit des conver sations, le groupe délibère. Vers quatre heures les parlementaires li béraux rentrent en scène et poursuivent leurs colloques. Qu'ont-ils décidé Les bruits les plus contradictoires circulent. Beaucoup gardent une alluie de sphynx. Mon voisin me dit qu'ils ont trouvé cette jolie formule un tiers s'abstiendra un tiers votera oui un tiers votera non... Le président martelle vainement son pu- Suite de la Ire page) et raffermir l'alliance, il fallait faire quel que chose. L'Angleterre surtout, qui est le chef de file de la France dans cette guerre, devait faire preuve d'initiative. La flotte anglaise devait bouger. La colère et le dépit de l'Angleterre tombèrent sur la Norvège, précisément placée sur le chemin du ravi taillement maritime de l'Allemagne. Et c'est ainsi que, de fil en aiguille, les plans d'opé rations en Scandinavie, que les alliés et l'Al lemagne avaient montés propos de l'affai re de Finlande, furent sortis des cartons des états-majors et sont appliqués aujourd'hui en Norvège, ce qui explique leur rapidité d'exécution. Un formidable battage de pres se aidant, les opérations allemandes de dé barquement sont représentées comme un échec sinon comme un désastre allemand et les opinions publiques des grandes puissan ces occidentales sont calmées on fait quel que chose et ce quelque chose c'est une vic toire M. Paul Reynaud l'affirme dans un discours de propagande où il magnifie l'ac tion navale britannique et une bonne part de la presse belge elle-même tombe lourde ment dans le panneau. Les interpellations au Sénat français sont retirées et la Cham bre accorde M. Reynaud un vote unani me de confiance pour continuer jusqu'à la victoire la politique de guerre. Jusque maintenant cependant, l'état-ma- jor allemand n'a rien lâché en Norvège il a continué déployer une grande initiative offensive et étendre l'occupation. Dans le nord, les formations du Reich sont inquié tées Narvik par le débarquement que les alliés ont opéré Harstad, et Trond- heim par les forces britaniques présentes Namsos et Andalsnes-Romsdal. Mais hauteur de Trondheim, elles ont tendu un barrage entre le nord et le sud de la Norvè ge, et dans le corps même du pays, dans l'expansion géographique méridionale, au moment où nous écrivons ces lignes (mardi 23 avril), leurs colonnes motorisées ont établi la liaison par route entre les ports d'Oslo, de Christiansand et de Stavanger et se sont enfoncées dans le nord-est jusque Lillehamar, pointe septentrionale du lac pitre. La Chambre ressemble un marché public. Comme les abeilles bourdonnent dans la ruche, les députés babillent perte de vue sur les éventualités de la crise ou verte. Vers cinq heure les ministres viennent l'un après l'autre prendre place leur banc. Je lève les yeux. La tribune des sé nateurs se garnit. Et la réflexion m'échap pe les vautours veulent assister la cu rée S'il y a parmi eux des curieux il y en a incontestablement qui se délectè rent de la chute du ministère. Autre signe peu rassurant dans la tri bune de la maison royale apparaissent qua tre messieurs qui d'un air important fixent l'hémicycle. Ce sont les médecins qui sui vent d'ordinaire les dernières convulsions du moribond, et songent déjà au nouveau- né qui devra le remplacer. Vers six heures le président annonce l'appel nominal... catholiques et socialistes votent oui nationalistes flamands et communistes non Cela est normal. C'est le jeu parlementaire. Quant aux libé raux Les quelques libéraux flamands, sauf un isolé Boeckx qui vote oui se réfugient dans l'abstentiontous les au tres bruxellois et wallons laissent tomber dédaigneusement de leurs lèvres non Lorsque le président proclame le résul tat, le premier ministre Pierlot, sans dire un mot se lève et suivi de ses collègues quitte l'hémicycle au milieu des ovations des catholiques et des socialistes. Monsieur Van Cauwelaert annonce que vu la retraite du gouvernement, la Chambre s'ajourne sine die Tous les députés se répandent dans les couloirs pour com menter l'événement. Et voilà comment le parti libéral, sans tenir compte de la situation internationale, manœuvré par des ambitions impatientes ou des influences secrètes, provoque une crise ministérielle que tout lui indiquait <T éviter. Si un gouvernement tombe, la Belgique demeure. Mjosa, plus haut que le parallèle de Ber gen, Le sud et une bonne part du centre de la Norvège paraissent donc perdus et c'est la bataille pour Trondheim et Andalsnes qui maintenant se noue. N importe Les foules parisiennes et londonniennes paraissent satisfaites. Ainsi la propagande saisit-elle ses victimes. Ainsi le monstre de la guerre dévorera-t-il jus- qu la moelle les peuples qui l'invoquent et lui confient leur destin. En faisant ces notations, nous ne pre nons pas parti. Mais observateur impartial, exempt de panique comme de sentimentalité ou de haine, nous indiquons la tendance où les Belges ne doivent pas se laisser dévoyer. Il nous faut surtout retenir, en Belgique, que l'extension de la guerre au territoire de la Scandinavie est la conséquence de la guer re navale sans merci que l'Angleterre et l'Allemagne se livrent, la première pour bloquer la seconde, la seconde pour desser rer l'étreinte de la première. Il en est résulté une progressive méconnaissance de la sou veraineté d'Etats neutres. La Norvège ayant manqué d'énergie, s'étant comportée avec faiblesse, sinon avec indulgence, quand le drame s'amorça dans ses eaux territoriales, la méconnaissance passa des eaux territoria les au territoire même et ce tragique mais implacable processus guerrier doit nous fai re porter nos regards sur notre littoral eu ropéen, déjà très étroit, et sur celui de no tre colonie, exceptionnellement exigu, et qui présente cette particularité aggravante que, vulnérable aux mines, l'estuaire du Congo est notre seule voie d'accès la co lonie et appartient, pour la rive gauche, un allié de l'Angleterre. Le bas Congo est- il muni de batteries, de dragueurs de mines, de défense côtière mobile et d'avions fc lai- reurs La fermeté avec laquelle nous protégeons notre frontière terrestre et notre frontière aérienne est exemplaire. Toute force qui franchit la première est sommée de mettre bas les armes. Toute force qui viole la se conde est sommée d'atterrir. Sinon, nous ouvrons le feu. Le même rigorisme intran sigeant doit veiller sur notre frontière ma ritime. La sécurité des autres frontières en dépend strictement. Encore un mot. La Belgique est abritée derrière trois ga ranties la justesse de la politique d'indé pendance, telle que l'Etat la voit le presti ge international du Roi qui 1'^ conçue la force de l'armée de cette politique. Que le peuple ne compromette pas les deux pre mières de ces garanties yn abusant de la troi sième, en se croyant tout permis son abri. Trop de gens s'en vont maintenant, disant: Les Allemands ont peur de notre armée. Et ragaillardi jusqu'à la témérité, le peuple, ce pendant toujours coincé entre les murailles d'acier, entre les lignes de canons, entre les escadres aériennes de belligérants de plus en plus furieux, jette l'embargo moral sur l'un d'eux. Prenons garde et n'abusons d'aucune formule. Ce sont les mots qui perdent. Au début de la guerre, c'était cou rant-d'entendre évoquer les souvenirs glo rieux communs la Belgique, la France et l'Angleterre. Cette habitude se perd. Mais maintenant, un nouveau slogan a en vahi la rue l'embargo moral. Ainsi, avant 1914, le petit père Combes spolia-t-il les religieux de France pour donner au pays le milliard des congrégations et en 1937-1938 le front populaire français mar- cha-t-il l'assaut des privilèges des deux cents familles Défions-nous des mots tout faits, des expressions rigides. Soyons souples, soyons nous-mêmes devant un pé ril mortel de chaque instant. Agissons dans notre sphère au lieu de parler la canto nade. Quand nous aurons sauvé la paix et sau vegardé la civilisation l'intérieur de nos frontières et offert l'exemple de cette réus site la méditation des peuples, la petite Belgique aura rempli son devoir national et international. Louis HABRAN. P. S. Nous reprendrons samedi pro chain notre étude sur la Position et les Moyens de la France COMMUNISME ET COMMUNISTES (Suite de la Ire page) cé par ces erreurs, quoique les esprits su perficiels ne s'en rendent pas compte au premier moment, de venir au secours de l'autorité ecclésiastique en appuyant ses actes disciplinaires toujours réfléchis, pru dents, modérés Mais surtout, lorsque 1 Etat engage la lutte contre les membres des Sociétés se crètes révolutionnaires, des groupements politiques antisociaux et antipatriotes, ne souffre-t-il pas une faiblesse de ne pouvoir appuyer son action sur aucune décision doctrinale qui l'explique et la légitime Le gouvernement belge actuel combat et poursuit les communistes. Très bien. Mais que dit-il, que peut-il dire du com munisme Il n'a point de doctrine il est officiel lement neutre. A ses yeux, toutes les opi nions et il entend par là même les er reurs, puisqu'il appelle opinions toutes les doctrines, qu'elles soient vraies ou fausses ont droit de cité et sont libres. Faut-il s'étonner que les adversaires crient l'injustice et l'illogisme D'ailleurs, il n'a aucune doctrine offi cielle offrir pour remplacer les thèses de ceux qu'il condamne. Son travail n'a-t-il pas, dès lors, un ca ractère assez vain et provisoire Ce ne sont pas tant les communistes qu'il s'agit de châtier c'est le communis me qu'il faut démontrer pernicieux et faux, et une doctrine sociale et politique saine et féconde qu'il est nécessaire de propa ger. L'Etat sans doute n'a pas, du moins dans nos pays de libre opinion, choisir entre les écoles sociales et les partis politi ques. C'est le propre des régimes de li berté de laisser aux citoyens un droit d'op tion, bien naturel, entre des théories toutes fécondes çt légitimes. Mais respecter, laisser se propager, trai ter avec bienveillance, des doctrines indu bitablement fausses, est tout autre chose on saisit où a peu a peu abouti la neu tralité si vantée le droit naturel lui- même n'est plus écouté. A la base de la politique, de l'ordre social, de l'enseigne ment officiel, il n'y a plus rien de stable, d'indiscuté chacun peut suivre et prô ner les opinions qui lui agréent. Si elles sont subversives de la société, de la patrie, on frappe uniquement leurs propagandis tes et les disciples qui voudront en tirer des conclusions pratiques. Combien cette position de l'Etat est fra gile et inconsistante, qui ne le voit, sur tout en périodes de crises comme au cours de la présente guerre. Se contenter de frapper les communis tes comme traîtres la patrie, s'imagine: les ramener par des menaces ou même par des secours et des bienfaits leurs proches c'est se préoccuper -et nous le compre nons parfaitement des résultats immé diats, Mais 1 après-guerre exige des solutions autrement sérieuses et efficaces. Aux faus ses théories du marxisme, il est nécessaire d opposer les solutions adéquates des En cycliques pontificales et du catholicisme social la mystique puissante, mais illu soire, du communisme athée, la seule mys tique qui tienne devant les objections et qui dure, celle du christianisme. Hors de là. l'expérience et la foi nous l'enseignent, il n'y a pas de salut. Un jour sans viande, ce n'est pas bien grave Votre bourse s'en trouvera bien Si vous utilisez ce lundi le riz 0 R Y Z A en paquets. DU 17 AU 24 AVRIL 1940 Les séances creuses de cette semaine, le manque absolu d'activité rendent la tâche du chroniqueur peu agréable. Du point de vue politique même les nouvelles sont des plus contradictoires c'est croire que les envoyés spéciaux de Reuter, d'Havas, de Belga, de United Press, du D. N. B. ont chacun des yeux qui voient différemment la même chose, des oreilles dont la percep tion d'un même son est toute différente, dont la notion de calcul et de la valeur des chiffres ne correspond plus ce que nos maîtres nous ont appris. De tout ce fratras de dépêches et de com muniqués concernant les événements graves de Norvège nous pouvons conclure que l'Allemagne voit son plan sérieusement compromis les Alliés mettant tout en œu vre pour essayer de les bouter hors de la Norvège. Verrons-nous bientôt l'Italie, remplis sant son rôle d'allié, rentrer dans l'arène Un moment on a sérieusement craint la chose. Mais il nous semble que ce danger est momentanément écarté. Chez nous, la situation du Cabinet Pier lot est précaire. Nous serons fixés jeudi su la Chambre aura le courage d'obliger le Mi nistère sursoir la division du Ministère de l'Instruction Publique. La bourse, cette semaine, s'est cantonnée dans une expectative des plus réservées, la clientèle gardant liquide ses disponibilités en prévision des événements toujours possibles. Le marché du Terme n'est pas plus ac tif que celui du Comptant, et ce jour, les cours de compensation donnèrent un résul tat déficitaire général pour les acheteurs. Quant au marché des Rentes et des va leurs revenu fixe les modifications de cours sont nulles l'Unifié se retrouve tou jours son cours de 79,50 et le Crédit Communal 73. Les valeurs d'Assurances et de Banques récupèrent sérieusement au cours des deux dernières séances et se présentent de ce fait en progrès Assurances Générales 4610 contre 4500, Banque d'Anvers se redresse 620 venant de 585, Crédit l'Industrie plus modeste 250 au lieu de 236. Les valeurs de portefeuille défendent leni cotation nous retrouvons Brufina inchan gé 335, Cofinindus se maintient 190 la Part de Réserve, parfois bousculée, se re dresse 1995 contre 1875. Aux Chemin de Fer et Transport la co tation est en progrès il est vrai que, sans coup de grosse caisse, on y travaille °rd Chemin de fer Katanga vaut 214 contfl 207, la Maritime Belge, qui vient de pu blier son bilan, qui mérite d'être lu, et qu annonce un coupon de 60 Fr. net (contri 41 Fr. l'an passé) voit son cours passer - 750 au lieu de 702,50 l'Ufimar, qui dé (Suite en page d'Y près)-

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