LA TRAGEDIE BI PARLEMENTAIRE BRUGES -COURTRÀI MOUSCRON - YPRES LA SEMAINE LITURGIQUE 93me ANNEE No V SAMEDI 11 MAI 1940 En ce 10 mai 1*40, la Belgi que entière vit enitat d'alerte. Dès le matin des troupes alle mandes ont franci nos frontiè res. Comme en 1911, la Belgique entière, avec calne et décision, opposera l'enohisseur une défense opiniâtre Anciens combinants et jeu nes classes.jeuies de 20 40 ans, la main dan la jmain, sous les ordres d'un loi adoré, ac compliront hércquqment leur devoir. Belges devant la conscience uni verselle marqueront de leur sceau moral le conflit européen, qui liquidera définitivement cette fois l'Europe du cauche mar de la guerre. Maintenant trêve aux paro les. Des actes, rien que des actes. I Sans forfanteie, mission qui nois incombe, les fiers de la Les événements nous domi nent et nous dicteront la voie suivre. Serrons nous autour de notre Roi dans un attachement indé fectible notre Patrie. Dieu protège la Belgique et son Roi. VENDREDI HEBDOMADAIRE ADMINISTR/MOllj - REDACTION 163, CHAUiEEj DE GHISTELLES, 163 S A I N Tf- N D R E - lez - B R U G E S PUBLICITE 10, RUE St GEORGES, BRUGES ABONNEMENT 30,FRANCS L'AN LE NUMERO: 0,60 CENTIMES COMPTE CHEQUE POSTAUX 367.225 TELEPHONE 315.24 4 «4 MARDI La Chambre reprnd mardi, après une semaine de repos, te courd de ses travaux. Quel calme Les quelques députés, qui s'intéressent aux quêtions juridiques rejoi gnent leur banc. Le sténographes se glis sent silencieusement >ers leur table de tra vail. Le Président, iun air rêveur, monte son siège. Au bancdu gouvernement s'in stallent le rapporteu Brunet et le ministre de la Justice, avec te gravité qui convient des vieillards jurisconsultes. Aujourd'hui par xtraordinaire les bour dons ont quitté t'Hmicycle. La Chambre s'est métamorphosée en assemblée qui écoute et qui se tait. Il est vrai que leorojet de loi réformant le régime du concodat préventif la fail lite n'est pas de ncute donner un coup de fouet aux passions de l'assemblée. D'une voix doue et convaincante Bru- net, l'ancien président de la Chambre com mente son rapport. L'âge a donné son vi sage un air austèn. tempéré de bonté. Sa stature fait songer i celle de l'athlète fati gué. Sa chevelure là donne le droit d'acces sion dans la corporation des artistes. Son langage, tant par h pureté de la diction que par te mouvement lont il est susceptible, le rattache la ligné des orateurs. Le senti ment qui le poussvers les solutions extrê mes le classe jartttis sur les bancs de l'ex trême gauche avariée- Le député Geûns, de Bruges, intervient son tour dans h débat. Il a le geste ner veux, et gare au verre d'eau traditionnel, si d'aventure on h place devant lui. S'il se faisait inscrire dans une chorale, on ne le classerait certainement pas parmi les bary tons. Si ses cheveux ont parfois un air vo lage, la pochette est coquettement étalée sur le veston. Il lui irrive de chanter un cou plet en faveur de la vte des champs d'au trefois il module la plainte des classes moyennes il lui arrive aussi de planter sur le nez les lunettes du jurisconsulte. On ne pourra certainement pas lui reprocher de faire l'école buissonnière. On le voit assidu son banc. La Chambre examina Mercredi au pas de course quelques projets de loi qui ne mettent en jeu aucun intérêt essentiellement politique. Les nouveaux impôts, la création du fonds de solidarité nous réservèri?nt quelques bourrasques, mais aujourd'hui c'est de nouveau la tension internationale qui oc cupe tous les esprits. L'aventure de Norvège a eu une fin peu reluisante pour les alliés. La terrible armée allemande impose des soucis tous les pe tits pays neutres. Quelle sera la prochaine victime de l'agression Aux Pays-Bas tous les congés ont été supprimés dans l'armée. Dans les Balkans, chaque pays veille pour écarter de son territoire les éléments étran gers et garder ses troupes la frontière. Que veut l'Italie Nous voyons paraître sur l'écran de l'actualité la silhouette sereine du Papi\ celle du prince héritier, et les traits altiers du Duce. Nous entendons des cris de guerre et des paroles de paix. Chez nous la consigne reste être prêt prendre tes me sures de précaution les plus sévères, rester fidèle notre politique de neutralité armée. Ce n'est pas l'heure des têtes chaudes et des fantaisistes. Il appartient au Roi et au gou vernement responsable devant le Parlement de prendre les mesures que comporte la si tuation internationale en accord avec notre politique de stricte neutralité. La guerre des nerfs n'a pas écrit son der nier chapitre. Il faut s'attendre aux nou velles les plus sensationnelles. La démorali sation est un des objectifs de la propagande des nations belligérantes. Le trouble quelle peut causer dans la situation financière et dans la vie économique d'un pays est te ré sultat escompté de la campagne des fausses nouvelles. Nous devons nous habituer vivre dan gereusement. Jusqu'ici la Belgique a connu un régime privilégié. Il ne faut pas se dis simuler que l'ère des,privations et des sacri fices pécuniaires sonnera bientôt. Pour surmonter les difficultés qui nous atten dent, il faut que toutes les classes sociales fassent preuve de courage patriotique et d'esprit de solidarité. La vie facile telle que l'avait rêvée le front populaire de Blum a rejoint les vieilles lunes. L'effort reste la loi véritable de la collectivité humaine. Pour l'avoir oublié, les démocraties ont un réveil terrible aujourd'hui que l'Allemagne dé chaîne dans une guerre totale toutes les énergies de dix années de travail titanesque dirigé tout entier vers les œuvres de mort et de rapine. La Chambre a tenu Vendredi 10 mai 2 h. 30 une séance historique. Le Président Van Cauwelaert, d'une voix vibrante d'in dignation et de foi patriotique a flétri l'a gression allemande, rendu hommage au Roi et l'armée, présenté les sympathies du pays aux Pays-Bas et au Grand Duché de Luxembourg entraînés comme nous dans la guerre, affirmé sa foi dans l'aide que nous apportent la France et la Grande-Bretagne, fidèles la parole donnée. Le Premier ministre a prononcé ensuite comme chef du gouvernement les paroles décisives, qui proclament la face du mon de que si jusqu'à la dernière minute, la Bel gique a pratiqué une politique de stricte et légale neutralité, elle entend résister avec toutes les forces matérielles et morales une agression, qui constitue une violation inex cusable et criminelle de la parole donnée. Le Ministre des Affaires Etrangères a ra conté ensuite, au milieu de l'émotion géné rale, l'entrevue qu'il a eu ce matin avec l'ambassadeur d'Allemagneau moment ou celui-ci voulait lui donner lecture de l'ulti matum. Spaak l'a arrêté en disant Mon sieur l'ambassadeur, c'est moi de parler d abord et il lui a donné connaissance de la protestation indignée du gouvernement Belge. Enfin le Ministre de la Guerre a fait d une façon sobre, avec la précision qui convient au langage militaire, le récit des premières attaques allemandes avec les réac tions qu'elles ont suscitées. Vive l'armée vive la Belgique vive le Roi vive la France et la Grande- Bretagne Ces cris ont plusieurs reprises exprimé au milieu d'ovations délirantes les sentiments de tous les membres de la Cham bre. Les ambassadeurs de France et de Gran de-Bretagne, qui avaient pris place dans la tribune diplomatique, se sont inclinés plusieurs reprises pour remercier. Dieu protège la Belgique ce vœu profond, chacun des députés l'emporte au fond du cœur en quittant l'hémicycle, dans lequel avait vibré pendant quelques instants l'âme de la patrie. 12 MAI 1940 Aujourd'hui sont accomplis les jouis de la Pentecôte, alléluia aujourd'hui l'Es prit-Saint est apparu aux disciples sous la forme du feu et il a répandu en eux les dons de ses grâces il tes a envoyés dans le mon de entier prêcher et rendre témoignage ce lui qui croira et sera baptisé sera sauvé, al léluia (Ant. de Magnificat des Iles Vê pres de Pentecôte) Chacun sait que la Pentecôte célèbre la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres et les disciples réunies au Cénacle. On con sidère donc la Pentecôte comme la fête du Saint-Esprit, ce qui est exact. Mais en gé néral on ne voit rien de plus dans cette fête que la liturgie fait l'égale de Pâques, et cela est une grosse erreur: c'est connaître la cau se et méconnaître l'effet. Qu'est-ce donc que la Pentecôte C'est l'anniversaire de naissance de notre Mère la Sainte Eglise. Comment cela N'est-ce pas le Christ qui a fondé l'Eglise Le Christ a1 lui-même fondé et organisé le Corps de l'Eglise, mais l'âme qui a rendu ce Corps vivant et agis sant, c'est le Saint-Esprit. Achevant dans les âmes l'œuvre de sainteté commencée par la Rédemption, l'Es- prit-Saint est dans l'Eglise ce que l'âme est au corps l'Esprit qui l'ani me et le vivifie, qui sauvegarde l'uni té encore que son action produise des effets multiples et variés (Dom Co- lumba Marmion, Le Christ dans ses mys tères, p. 375-376). La Pentecôte est donc la fête de l'Egli se. Cela vous cause une gêne, pas bien défi nie sans doute, mais enfin une gêne tout de même, n'est-ce pas, cher lecteur Le Saint- Esprit, au moins, ça vous dit quelque chose mais l'Eglise l'anniversaire de naissance de l'Eglise non, décidément, c'est trop nébuleux pour vous tout ce sont des mots creux pensez-vous. Eh bien si ces mots vous paraissent creux, c'est que vous les avez vidés de leur sens en négligeant de vivre les réalités qu'ils expriment. Vous n'êtes pas le seul, hélas La grande plaie religieuse actuelle est que la plupart des chrétiens, enfants dénaturés, ne connaissent plus leur Mère la Sainte Eglise. Mais enfin, qu'est-ce donc que l'Eglise? Ecclesia est un mot grec qui signifie as semblée, réunion. D'où il ressort, premiè re vue, que celui qui prétend faire partie de l'Eglise se déclare par là même membre d'une société, partie d'un tout. Il devra donc en tout premier lieu faire table rare de ce qu'un prédicateur brugeois bien connu a appelé notre sale petit égoïsme Mais l'Eglise n'est pas n'importe quelle col lectivité qui prétend porter ce nom L'Eglise est la société des fidèles (membres) a) qui professent la même foi en Jésus-Christ b) participent la même grâce, par les mêmes sacrements c) et sont gouvernés par les succes seurs légitimes des Apôtres, les évê- ques, sous l'autorité du Pontife ro main, successeur de Pierre, pour atteindre le ciel (but) Telle est la définition de l'Eglise que donne Dom Hugues Delogne, O. S. B.,

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