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me rends a domicile pour écailler les
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a la Saison, journal illustré des da
mes, 2 francs par trimestre, 6 francs
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JEAN CHALON.
Voyage de noces, lune de mieiLes plus
beaux jours de l'existence certainement sont
compris dans ce cadre enchanté. Jacques et
Hélène allèrent en Espagne et lis y restèrent
trois mois, un rêve lis avaient quitté le maus-
sade printemps de bourrasques et de neige
fondue qui est la regie en Bclgique, et après
deux jours, ils se promenaient parmi les oran-
gers de la cöte hispanique oriëntale, et les
palmiers d'Elcbe, ce coin d'Afrique que les
Maures ont négligé d'emporter en se retirant
la, sous les midis ardents, miirissent les porn-
ines d'or.
Dans fair sans brise, le soir, les essences
lourdes lombaient des branches chargées de
(leurs et d'oranges, les dernières, les plus
savoureuses, dont on achevait la cueillette.
Le soleil, comrae un grand disque rouge
sans rayons, se osait sur le cöteau parmi les
oliviers poudrèux, cinglant les arbres, rasant
le sol de sa lumière horizontale. Jacques et
Hélène, se tenant par Ie bras, bien prés, l'un
contre l'aulre, marchaient le long des sentiers
vertset dans cette tiède atmosphère, respi-
iant l'énervement des aTrómes, ils se laissaient
rouler en un parfait engourdissement des ames.
Ailleurs, ce furent des promenades au bord
de la mer, sur les grèves de sable doux en
des lointains lumineux et profonds blanchis-
saient les voiles des bateaux de pêche plus
prés, des bandes de dauphins prenaient leurs
ébals, sautaient en rond, relombaient, eomme
de gros poissons de fer blanc verni, a ressort
des hommes alignés tiraienl en cadence, pen
dant des heures, le gigantesque filet flottant
qui ramène au rivage des tas d'ablettes. Jac
ques et Hélène, la main dans la main, regar-
daient pendant des heures aussi, sans penser
a rien, se laissant vivre, tespirant les langueurs
de l'air, s'imprégnant de la chaleur et" de la
lumière du soleil. Les azurs lents de la Médi-
terranée venaicnl mourir a leurs pieds, paci-
fiants.
Puis des séjours en des villes minuscules,
toutes blanches, s'égrenant au liane des mon-
tagnes oü nul ne s'inquiélait d'eux et leur
bonheur tenait lé, immense en ccs coins
ignores. Plus tard, ils se rappelèrent les moin-
dres détails de ce bon temps et ils en causaient
longuement entre eux. Le souvenir est souvent
un charme plus grand que le voyage lui-même.
Successivement ils visitèrent Honda la mys-
térieuse cité des bohémiens, Cordoue et Gre
nade, les superbes moresques, Seville que
domine Ia Giralda puis ils remontèrent vers
le nord, traversèrent Madrid, Burgos et termi-
nèrent leur excursion par un long séjour dans
les Asturies.
Ces trois mois ne furent pas perdus pour
l'ingénieuril entra en relations avec les
directeurs des mines et des charbonnages qu'il
visitait, avec les sociétés de cbemin de fer,
avec les chantiers de constructions navales:
de sorte que, rentrant a B., il apporta aux
Laminoirs une command?, colossale, sur les
bénéfices de laquelle il touchait, selon conven
tions, son dividende.
Et le voyage de noces se termina car se
termine tout ce qui commence dans un bon
heur calme mais profond. De Bordeaux a
Paris, le tram le plus rapide du continent
ramena Jacques et Hélène; ils prirenl enfin
leur dernier billet de chemin de fer. Depuis
plus de trente heures, ils roulaient sans s'ar-
rêter, Delmas obligé d'entrer immédiatement
en fonctions. A Maubeuge, la jeune femme
qui s'élait endormie sur l'épaule de son mari,
s'éveilla.
Est-ce que nous n'arrivons pas encore
dit-elle. Comme le monde est grand
Jacques sourit.
Je te montrerai, dit-il, la place de l'Es-
pagne sur un globe terrestre. Que dirais-tu si
nous alliens en Chine
Tu crois que je n'ai pas étudié la géo-
grapliie a i'école répondi't-elle avec une petite
moue ravissante. C'est paree que je sais, que
je déclare le monde trés, trés grand.
A B. ils s'installèrent. Une maison avait été
louée non loin de l'usine, sur ie cöteau qui
force la rivière a se courber. C'était l'endroit
ie moins noir de ce pays industriel on pouvait
y avoir un jardin que les fumées des fours et la
poussière des liouilles n'atleignaient pas, une
oasis de verdure dans la ferraille. La, ils se
firent un nid charmant, non pour paraitre, ne
comptant pas recevoir beaucoup de monde,
maïs pour vivre heureux ensemblede jolies
cbambres, pas trop grandes, furent habillées
de couleurs claires quelques plantes fleuries,
quelques photographies rapportées des lumi-
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neux pays qu'ils venaient de parcourir, souve
nirs savoureux et dorés, ornèrent fenêtres et
murailles.
Qa et la, dans les coins libres de leur jardin,
ils plantèrent des lilas, qui marquent en Bel-
gique le commencement des beaux jours plus
tard, les arbres a fruits et les légnmes souffri-
rent bien un peu des ombres projetées et des
racines voraces que les intrus allongeaient
impitoyablementmais si gracieux en fleurs,
on les laissa s'étendre, et Jacques parlant desa
maison disait les Lilas.
L'ingénieur prit immédiatement la direction
de l'usine on l'attendait. 11 eut son bureau au
centre même de son champ de bataille dessi-
nateurs, chimiste, chefs de fabrication portée
de main. De suite il con?ut devastes réformes,
voulant metlre les Laminoirs a la hauteur de
la science moderne, que son prédécesseur,
ancien ouvrier non dipiomé, un peu vieux et
craignant les innovations, avait complètement
négligée. II rédigea les projets, dressa les plans
et les soumit au conseil d'administrationAinsi
chargé d'occupations et de soins, dès le début,
il ne rentrait guère qu'une heure pour diner,
et le soir il restait souvent a son bureau, ter-
minant la correspondance, trés lard. Pour la
réussite industrielle de son voyage en Espagne,
il avait recu les félicitations des membres du
conseil et on lui avait promis d'augmenter
prochainement sa part de bénéfices.
Enfin je vis 1 disait-il a Hélène. Je de-
viens utile a moi-même d'abord, a l'usine
ensuite, aux ouvriers, au village entier. Te
voilé, et je suis joyeux
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LA SUITE AU PR0CHAIN NUMÉRO.