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lions, Plornbages, etHedressemests a'après
Feuilleton du journalLaLutte~De Strijd
JEAN CHALON.
Deux événemenls presque aussilöt augmen-
tèrent ce bonlteur.
Claude Bertjb, qui venait aussi de se marier,
arrivait avec un traitement de la commune de
B. et un autre des laminoirs. Dans ces locali-
tés populeuses, il avait en outre chance de se
former peu a peu une clientèle.
Ce n'est pas si brillant que ta position,
avouait-il a Jacques... enfin nous essayerons de
ne pas rnourir de fairn. Tu es inon seul anti,
et pour écbanger avec toi, coinme jadis, quel-
ques idees après notre journée de travail, je
préfère B. a n'imporle quelle grande ville.
Puis un matin, Hélène toule rougissante, lui
annonga quelle attendait... ceserait un gargon
sans doute, qui s'appellerait Jacques comme
sou père. On forma cent projets d'avenir, et il
y eut joie ce jour-la dans la petite maison du
cöteau.
Comme tu parais riant et heureux aujour-
d'huilui dit sou anti Claude qu'il rencontra
prés de l'usine.
Quand celui-ci cut appris la nouvelle, la
grande nouvelle
- A mon tour, dit-il, et confidence pour
confidence es-tu discret? Annie m'étrangle-
rait si ellesavait que j'ai paiié... hé bien, tu
ne sauras t ien du lout, la. Les femmes se con-
teront cela, pendant que nous ferons sem-
blant de parser d'autre chose, ou quand nous
ne serous pas auprès d'elles.
Et ils entrèrent au cabaret le plus procbe,
et ils commandèrent deux cbopes de bière,
saus même s'asseoir, en ca ma ra des qui boi-
vent quand ils ont soif, et qut ne perdent pas
le temps précieux.
Malgré les questions relïgieuses, Jacques,
vivait avec Hélène daus la paix la plus com
pléte. Une tolérance réciproque rendait possi
ble cette situation Jacques laissaitsa femme
aller a la messe le dimancheil la laissail
sans observations se confesser et communier a
Paques le minimum cotnmandé par l'église
catliolique ne lui imputant pas a crime ces
idees qu'on lui avait imposées, cette impulsion
qu'elle avait regue, et se proposant seulement
de la ramener doucement, de l'instruire, de
l'élever jusqua lui. II l'enveloppait de cette
amicale pitié qu'on a pour la faiblesse des
enfants se taciie-t-on paree qu'un petit chan-
celle et tombe Ob non, on le relève, on
l'encourage. Mais 1 'ingénieur s'était vu tene
ment surchargé de travaux a l'usine, que pour
organiser un système d'éducation graduelle,
le temps avait manqué.
Grace a cette trève incitement consenlie, les
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journées s'écoulaient heureuses dans la maison
des Lilas.
Hélène n'avait tenté aucuna démarche pour
amener son rnari a l'église et au confessionnal.
Jacques représentait pour el le une nature noble
et supérieure, et elle marchait de son cöté
sans se poser de trop dangereuses interroga
tions.
Des fenètres, la vue s'étendait sur le village
de B., sur l'usine toute noire trouée par les
rongeurs des fourneaux, sur la campagne au
fond de la vallée, et en face, sur les cöteaux
de l'autre rive, couverts de taillis de chênes.
La mer d'or des colzas avait fleuri, dont la
brise apportait les si doux parfums d'huile;
les flambées sanglantes des coquelicots s'étaient
allumées, coupées par les serpentaisons du
sentier qui se perdait la-bas. Les seigles étoi-
lés de bluets avaient jauni, s'étaient formes en
javellespuis on avait labouré la terre brune,
semé a nouveau, et les feuilles des arbres
étaient tombées. Ainsi le printemps avait
chanté ses villannelles, puis avait fui l'été,
rapide. L'hiver commengait, le premier que
Jacques et Hélène passaient ensemble.
Que faire le soir, a B., l'hiver? Les amis
avec lesquels ii est possible de former société
se comptent vite, trop raresils sont déja si
rares dans les grandes citésLes cabarets,
puants, poisseux, pleins d'ouvriers grossieis
qui jouent aux cartes et orient; les cabarets
avec leur billard cent fois raccomodé, leur
éternel jeu de cartes crasseuses, leurs toujours
pareils verres de genièvre et dans un coin afü-
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chée, la Loi-Wet... qui jusqu'ici n'a empêché
aucun ivrogne.de se souier... non, décidément,
nulle attirance, et mieux vaut rester au logis,
voir même se voucher a neuf heures, l'heure
des poules, et dormir.
On était dailleurs si bien, après. souper,
auteur du poêle oü ronflait l'incendie des houil-
les grasses, quand dehors le vent hurlait, sif-
llait, bondissait contre la maison qu'il voulait
démolir. Hélène et Annie toutes les deux
s'occupaient de coudre les menus objets des
layettes, bonnets a y fourrer ie poing, Bras-
sières cn fine toile garnie de dentelles, etelles
se représentaient les mignons qui rosiraient
la-dedans. Les berceaux se garnissaient a vue
d'ceil; les jolles couvertures de coton tricoté,
chacune de cent piètes pareiiles eousues en
semble, les rideaux de mousseline, les petits
oreillers blancs attiraient et réjouissaient l'ceil
par leur fraicheur. A mi-voix el les cbucho-
taient, parlant vite, parfois les deux ensemble,
chacune sans écouter l'autre, et pendant toute
la soirée le babil ne s'arrêtait pas.
Jacques et Claude, moins en langue, fu-
maient et vidaient a petits coups un cruchon
de bière. Ils pensaient leur travail du jour,
parlaient de leurs projets, de leurs souvenirs
d université, ou se taisant regardaient leurs
femmesparfois, ils jouaient aux échecs, en
silence, et l'ingénieur, malgré ses mathémati-
ques, se voyait toujours battre. Madame Annie
jouait passablement, et l'on se proposait,
quand on aurait le temps, d'initier Hélène.
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LA SUITE AU PROCHAIN NUMÉRO.