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Sociologie criminelle.
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A quoi l'Etat du Congo a humble-
ment répondu qu'il n'existait pa» de
prime commerciale et que le gouver
nement n'a l'intention d'en établir sur
aucun produit.
Le grand mal que nous trouvons a
ce que l'Etat du Congo se soit fait trai-
ter d'une fagon aussi peu ménagée,
c'est que, grace a la complaisance cour
tisane de notre ministère et de nos
Chambres, l'Europe ne fait plus de
distinction entre la Belgique et le Con
go, et que l'humiliation de l'Etat du
Congo sera considérée comme subie
par la Belgique.
Ohil y aurait un instructif chapitre
d'histoire a écrire du danger des
unions personnelles Ph. de C.
M. Enrico Ferri, prolesseur a l'Uni-
versité de Rome et député socialiste a
la Chambre Italienne, vient de faire en
Belgique un séjour d'un mois. Le but
de ce séjour en notre pays du jeune
et célèbre sociologue était de faire,
a l'Institut des Hautes Etudes (Uni-
versité Nouvelle) de Bruxelles un cours
de sociologie criminelle.
C'était une rare bonne fortune pour
les élèves de l'Institut des Hautes Etu
des, d'entendre exposer les principes
de la sociologie criminelle par l'élo-
quente parole d'un des créateurs et
du plus ardent propagandiste de cette
science. Aussi. les legons de M. Enrico
Ferri ont-elles été suivies par nombre
de notabilités de la science et du bar-
reau. Par mi les auditeurs les plus re-
marqués, il faut citer M. Jules Lejeu-
ne, ancien ministre de la justice, qui a
réussi a faire passer dans nos lois quel-
ques-unes des réformes préconisées par
l'anthropologie criminelle, mais que
le parti clérical a éloigné, a la pre
mière occasion, d'un ministère oü il
faisait de trop bonne besogne.
La Revue universitaire (l)dul5No-
vembre nous apporte le compte-rendu
sténographique de la legon d'ouverture
du cours de M. Ferri. Nous nous fai-
sons un plaisir de résumer pour nos
lecteurs ces pages remarquables, con-
tenant l'exposé des principes qui ser-
1 viront de base au droit pénai nouveau.
Leerime et le eï'iijiïiiel.
1 Ala découverte de chaque crime,
on remarque deux courants dans la
conscience collective, dans l'opinion
publique. L'un, juridique, détermine
i le numéro de Partiele du code pénal
i que l'on peut coller sur l'individu, la
définition de l'acte qu'il a commis.
L'autre, courant plus répandu, plus
i vif, plus intéressant, B'inquiète de sa-
voir dans quelles circonstances le cou-
pable en est arrivé a commettre son
crime.
Le premier courant, ie moins im
portant, a pris le plus grand dévelop-
pement chez les juristes et les législa-
teur8. Le second, plus pres de la réalité
sociale, n'a pénétré dans la science que
depuis quelques années, grace a mon
maitre et ami Césare Lombroso, le cré-
ateur incontestable de 1 'Anthropologic
i criminelle.
L'étude du crime, et non du crimi-
i nel, se reflète dans l'administration de
la justice pénale, que l'on voit se dé-
battre entre l'inefficacité et la férocité
elle se reflète dans l'impersonnalité de
la conception du juge, de l'avocat, de
l'accusateur. Ils ne se soucient que de
l'acte, nullement du criminel, sauf
dans des circonstances extraordinaires:
état de minorité, d'ivresse évidente, de
folie déclarée. Les autres circonstances
de la vie personnelle hérédité, édu-
cation, nourriture, travail, milieu tel-
lurique, familial et social, si impor-
tantes pourtant dans la genèse du cri
me, restent lettre morte pour le juge.
Yoyez du reste cette justice en ar-
jj river a l'absurde. Les peuples civili-
sés payent des impöts a l'Etat pour
qu'il garantisse la sécurité des per-
sonnes et des propriétés. L'assure-t-
il Je suis blessé, offensé je me
plains au juge, représentant de l'Etat
qui clevait me garantir et ne l'a pas
fait. On ne pent tout prévenir me
répond-il. C'est vrai, mais me don-
nera-t-il une indemnitó au moins
pour réparer le dommage que j'ai
subi et dont il est responsabie
Point. Je puis intenter au coupable
un procés civill'Etat bénéficiera de
tous les frais de procédure et je fini-
rai par obtemr le droit de réclamer
une indemnité au criminel qui n'a
(1) Administration rue du Beau-Site, 36,
A Bruxelles. Prix 5 fr. par an.
pas le sou ou qui, s'ilades ressour-
ces, trouve mille moyens pour ne
nen payer a ia victime de ses délits.
Pour combled'tnconséquence, l'Etat,
lui, se fait payer, sous forme d'amen-
!i de, une prime pour avoir négligé de
n prévenir le crime (1)
Non seuiement la justice ne proté
gé pas la victime, mais elie ne frappe
pas non plus d'une fagon humaine et
iogique ie coupable du crime. Elle est
ridicule lorsqu'elle condamne un iml-
lionnaire a cent francs d'amende elle
est férocement hypocrite lorsqu'elle
inflige a un homme dix, vingt, trente
ansde prison cellulaire. J'ai dit unjour
que le système cellulaire est une aber
ration du XIXe siècle. Je me demande
comment la conscience collective peut
enfermor un homme dans une celluie,
le pnver de l'exercice de la sociabilité
qui serait sa seule force réhabiiitatrice
puis, quand il n'a plus i'habitude de
voir ses frères, quand il n'a plus de
poumons pour respirer Pair vif d'une
société iibre, plus de jambes pour mar
cher dans cette vie remplie d'obstacles,
lui ouvrir brusquement la porte, le je-
ter dehors et lui ener Va-t-en si
je te reprends je te frapperai au dou
ble 77 Est-ce ia de la justice ou de la
férocité inconsciente
Xj'évolution
de la criminalité.
77 L'insufïisance de la justice pénale
est prouvée par l'accroissement con
stant et énorme de ia criminalité elle
a plus que triplé depuis 50 ans dans
tous les pays civiiisés.
77 La criminalité a cn outre soa évo-
lution particuiière, caractérisée par le
passage de la forme musculaire a la
forme intellectuelle, de 1'ét.at aigu a
l'état chronique.
7> Deux lois peuvent régir les êtres
vivants la solidarité dans la lutte
contre la nature, qui tend a prévaloir
d'époque en époque, ou la lutte pour
la vie. Celie-ci peut être livrée sans
troubler les conditions d'existence des
autres êtres humains c'est la lutte
normale, juridiqueou elle peut être
livrée d'une fagon anormale, en offen-
sant les conditions d'existence des
autres individus c'est le crime.
77 L'activité normale et i'activité
anormale suivent la même loi primi-
tivement musculaires,eiles deviennent
mtellectuelles a mesure que progresse
la civilisation.
77 Sans doute, la lutte a coups de
poing survit encore dans les honneurs
rendus aux conquérants, meurtriers en
gros. Mais la lutte pour la vie, en regie
générale, devient une concurrence in
tellectuelle. De même, on tue moms
avec le couteau ou le revolver qu'avec
les tortures morales qui évitent foute
responsabilité légale et directe.
77 L'observation objective nous mon-
tre en outre que ie crime tend a passer
de l'état aigu a l'état chronique. Le
moyen-age sans doute vit se succéder
les meurtres avec une frequence ef-
frayante, mais ce n'était la qu'éclats
de violence. Aujourd'hui, le vol, la
banqueroute frauduleuse, la calomnie,
l'assassinat sont des manifestations de
l'activité habituelle. Le suicide, la fo
lie, le crime sont des faits de chroni
que quotidienne. II y a un siècle, le
suicide était rare Aujourd'hui, il est
journalier. II est mis au budget pré-
77 ventif des aventuriers comme une
77 soupape de süreté a une vie irrégu-
77 lière, quand il n'est pas la protesta-
77 tion douloureuse et ultime d'abandon
77 de l'homme par l'humanité, souffle-
tant cette fausse civilisation contem-
77 poraine qui laisse grandir le vice et
77 l'oisiveté a cóté du malheur et de la
77 misère.
De même, autrefois, la folie était
manifeste sous forme de manie, délire,
idiotie. Aujourd'hui, quand nous afïir-
mons qu'un criminel est fou, on ne
veut pas comprendre qu'il s'agit de la
folie chronique dans certaines couches
sociales, engendrée d'une part par la
misère, de l'autre part par l'excès de
richesse ou la lutte fiévreuse pour l'or.
77 Tel est l'état de fait quand nous
77 concentrons nos regards sur la patho-
7/ logie sociale la folie, le suicide, le
77 crime, autrefois musculaires et aigus,
maintenant intellectuels et chroni-
77 ques en face, la justice, impuissante
et injuste d'une part, ridicule et fé-
77 roce d'autre part, se bornant a i'étu-
77 de du crime et non du criminel.
(1) bes passages entièrement entre guille-
mets sont textuelleoient cilés.
l^e criminel.
L'école classique.
77 En presence de eet état de choses,
qu'a fait la science Une école classi
que de droit criminel est issue de Bec-
caria a ia fin du 18e siècle elle a obte-
nu i'abolition des formes anti-humaines
de pénalité, elie a demandé et réalisé
la diminution de rigueur des autres
peines iégales réaction bienfaisante
contre ia férocité des lois du moyen-
age, c'est la sa mission historique.
77 A cötó de l'écoie classique, nait- de
John Howard l'école pénitentiaire, qui
réclame la réforme des prisons.
77 Les écoles de Beccaria et de FIo-
ward ont été toutes deux attaquées par
ceux qui ont horreur du neuf. Aujour
d'hui, on oppose aux crimmaiistes de
l'école positiviste les traditions im-
muables de l'école de Beccaria.
77 D'ou. viennent ces principes de
législation ünt-iis été révéiés a Moïse
au haut du Sinaï Sinon, qui les a mis
dans la bibliothèque du droit pénal,
sinon des révolutionnaires qui, pour
cela, en ont öté les principes que d'au-
tres non moms ïllustres y avaient pla
ces auparavant? La science est touj ours
en mouvementnous ne connaissons
de loi absolue dans aucun domaine il
n'y a que des vérités démontrées, sus-
ceptibies d'être complétées et, modi-
fiées.
77 L'école classique de droit criminel
ne connait que trois termes le crime
et la peine, avec le jugement qui les
relie. Mais le crime est l'acte d'un
homme avant de juger l'acte, il faut
connaitre et juger l'homme. C'est la
toute la révolution scientifique de l'é
cole nouvelle de droit criminel. Nous
croyons que la définition légale du cri
me a moms d'importance que la con-
naissance de l'homme criminel, car
pour un même crime, il y a des types
crimineis tres différents.
77 Un exemple une femme, a Paris,
atteinte du délire de la faim, a tué ses
cinq enfants un homme, a Philadel-
phie, a assassiné un grand nombre de
personnes pour gagner la prime d'as-
surance qu'il avait fait inscrire sur
leurs têtes. Ces deux crimes sont-ils
comparables Cependant, ils sont juri-
diquement identiques assassinat avec
préméditation.
Ij'école nouvelle.
Les causes.
77 II faut done placer un premier ter-
me le criminel avant le crime, le juge
ment, la peine. La révolution scienti
fique qui tend a cette réforme a de
triples causes déterminantes qu'il est
facile de démêler.
77 Elle est d'abord la résultante indi
recte de l'onentation de la pensée hu-
maine suivant la méthode expérimen-
tale, depuis Galilée et Bacon. Partout
l'école orthodoxe, métaphysique perd
du terrain partout est victoneuse i'é-
cole hétérodoxe. De même que l'astro-
logie a donné naissance a l'astronomie,
l'alchimie a la chimie, la démonologie
a la psychiatrie, de même le droit pé
nal, science apriorique, a donné nais
sance a, la sociologie criminelle, science
expérimentale.
77 La seconde raison git dans la syn-
thèse finale du XIXe siècle il finit par
ie règne de la collectivité, comme le
XVIlle siècle par le règne de l'indivi-
dualité. Le règne de la sociologie com
pléte et achève le grand édiüce du siè
cle c'est la raison de la naissance des
sociologies spéciales, comme la socio
logie criminelle, qui envisage le crime
comme fait naturel, social, et non
comme entité juridique; cette dernière
notion étant proposée par le droit pé
nal, science superficielle, destinée a
périr.
77 Enfin, dernière cause, les conclu
sions vont de toutes parts au détermi
nisme naturel et humain. Nous savons
que tout fait est la conséquence néces
saire de ceux qui l'ont précédé et dé-
termraé.Pour qu'un homme pense a en
tuer un autre et le tue, il doit être dans
des conditions différentes de celles de
tous les autres a qui ce meurtre répu-
gne.N'est pas criminel qui veut. II faut
pour cela un ensemble de conditions
anormales, un cerveau détraqué, une
constitution déséquilibrée, un milieu
empoisonné. Ce déterminisme naturel
n'a nen d'amer ni de stérilisantil est
une des expressions de la fraternité
et de la solidarité humaine. 11 n'exclut
pas la nécessité de la défense mais il
enseigne que pour transformer le moral
de l'homme, il faut modifier son phy
sique; car l'homme sain peut seul avoir
la normalité morale et psychologique.
Conclusion.
Nous reproduisons intégralement
l'éloquente conclusion de M. Enrico
Fern.
Enfin, et ceci sera ma conclusion
dernière la sociologie criminelle
doit finir par perdre cle son impor
tance elle se creusera a elle-même son
tombeau en effet, en établissant le
diagnostic scientifique des causes
vraies du crime, elle est conduite faci-
lement a en indiquer les remèdes véri-
tables et féconds, de sorte qu'elle ré-
duira au minimum, par un traitement
rationnel, le nombre des crimineis, ra-
res exceptions pathologiques dans la
société future.
77 Réjouissons-nous de la mort de
cette science a laquelle nous avons
donné le meilleur de notre ame. En
effet, on s'est malheureusement trop
occupé des crimineis, trop peu des
gens honnêtes. Nous voulons la science
pour la vie. Quand l'anthropologie
criminelle aura rempli sa mission pra
tique, elle mourra, petite branche
atrophiée du grand arbre du savoir.
Mais l'humanité en sera plus heureuse.
Elle s'inquiètera alors de cette pha
lange douloureuse de gens qui restent
honnêtes malgré les conditions de mi
sère et de souffrance, de ceux qui ex-
pient pour tous la condamnation sécu
laire de la Douleur et du Travail. 11 est
temps, enfin, d'écouter la grande voix
de désespérance a la fois et d'espoir
qui s'élève des profondeurs de la ruche
humaine et dont nous sentons l'écho
irresistible dans le frémissement de
notre coeur et dans la pensée de la
science Ph. de Comines.
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Tout le monde connait notre jeune
et vaillante société de gymnastique
Progrès par le Travail qui par son
zèie, ses fêtes brillantes et sa conduite
correcte a su conquérir l'estime de
tous les vrais Messinois et se faire en-
vier par les localités voisines.
C'est cette société d'hygiène par ex
cellence, c'est ce cours d'éducation
tant aux points de vue intellectuel et
moral que physique, c'est cette école
de maintien et de savoir vivre, dont
tous les Messinois sont unanimes a re-
connaitre les excellents résultats, c'est
cette union parfaite de 1'utile a l'agréa-
ble, que quelques crétins des plus ca-
fards ont lachement attaqué et juré
même de dissoudre.
II ne suffit done plus a ces apótres de
l'ignorance, d'enrayer tout progrès in
tellectuel, il leur faut encore empêcher
le développement physique dans son
essence. C'est la, en effet, le crétinis
me daas toute la force du terme. Une
jeunesse idiote et rachitique, rampant
servilement sous leur régime aussi
hypocrite qu'intolérant, voila leur
rêve
Si par leur influence jésuitique, ces
quelques insurgés de notre village, sont
parvenus a soustraire certains éléments
de notre digne société de gymnastique,
nous jurons que le coeur de celle-ci
restera ferme et inébranlable et saura
vaincre la force démoralisante de leur
secte malhonnête.
Nous sommes convaincus d'aüleurs,
que tous ceux qui ont du pur sang
Messinois dans les vtines, sauront fié-
trir, a juste titre, les indignes procédés
de nos adversaires et soutenir énergi-
quement le courage de nos jeunes
amis.
Vive Messines Vivent ses Gymnas-
tes S' Vincent
Lire la suite a la 4e page.
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