l'union fait la force.
AV I S.
B E RIJC H T.
Journal
libéral démocratique
d'Ypres et de FArrondissement
Vrijzinnig
volksgezind weekblad van
Xeperen en van het Arrondissement
Conférence
de M. Vandervelde.
Samedi, 22 Juin 1895.
5 centimes le numéro.
lre année.
N° 54.
PRIX DE L'ABONNEMENT
par an 3 francs.
Par an :3 fr. SO c.
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
E*araissant Se Samedi.
Verschijnende des Zaterdags.
Administration et Rédaction rue au Beurrc, 20, Yprcs. eendracht maart macht.
Le Comité de l'Association libérale
engage vivement ses amis politiques
qui croiraient avoir droit a être inscrits
sur la liste des électeurs pour la com
mune, avec un ou plusieurs votes, a
venir s'en informer au bureau de l'As-
sociation libérale, rue du Séminaire,
Café du Saumon.
Le bureau est ouvert, de 9 h. a 12
heures du matin et de 2 h. a 5 heures
de relevée.
Le Comité informe ses amis que les
listes provisoires des électeurs pour la
commune sont affichées, a l'inspection
du public, dans la Salie des Anciens
Pompiers, rue du Séminaire.
Les ouvriers travaillant hors ville
Eourront consulter les dites listes le
ïmanche de 9 heures a midi. Une per-
sonne sera présente pour entendre
leurs réclamations en cas de besoin.
De Commissie der Vrijzinnige Ver-
eeniging zet zijne politieke vrienden,
die zouden gelooven recht te hebben
op de kiezerslijst voor de gemeente,
met eene of meer stemmen ingeschre
ven te worden, vurig aan zich erover
te komen bevragen ten bureele der
liberale Associatie, in den ZalmSeme-
nariestraat.
Het bureel is open van 9 tot 12 ure
's morgens en van 2 tot 5 ure namid
dag.
Het Comiteit bericht zijne vrienden
dat de voorloopige lijsten der kiezers
voor de gemeente, ter inzage van het
publiek, uitgeplakt zijn in de zaal der
Oud-Pompiers, Semenariestraat.
De werklieden die buiten stad wer
ken kunnen de gezegde lijsten raad
plegen 's Zondags van 9 ure tot 's mid
dags. Iemand zal daar tegenwoordig
zijn om, desnoods, hunne bezwaren in
te boeken.
La conférence de M. Vandervelde
avait attiré dans la salie des Anciens
Pompiers un public considérable, avi-
de de connaitre le collectivisme autre-
mont que par les journaux conserva-
teurs, curieux aussi d'entendre un
orateur qui, dés ses débuts, s'est placé
au premier rang.
M. P. Vermeulen, qui préside, ex-
plique que la Jeune Garde progressiste,
tout en conservant son programme en
tier, a jugé utile de faire exposer de-
vant la population yproise, par un des
hommes les plus estimés du parti ou-
vrier, la bruiante question dn collecti
visme. II prie l'auditoire, qu'il partage
ou non les idéés de M. Vandervelde, de
l'écouter avec calme et attention. II
remercie M. Vandervelde d'avoir bieu
voulu accepter l'invitation de la Jeune
Garde, et lni donne la parole.
com-
Messieurs et compagnons,
naence l'orateur, ]e remercie sincère-
ment la Jeune Garde progressiste et M.
Ie Président de l'accueil cordial qu'ils
me font. Je lisais tantöt dans un jour
nal de la localité qu'en m'invitant les
membres de la Jeune Garde avaient
commis une maladresse politique.
Au contraire, MM., vous avez
donné une preuve de votre grande et
large tolérance en m'appelant a défen-
dre parmi vous des idéés qui ne sont
pas les vötres. A chacun la responsabi-
lité de ses actes j'entends défendre
devant vous le programme du parti
ouvrier dans son intégralité. (Applau-
dissements).
Je ue vous parlerai pas des réfor-
mes immédiates; elles sont connues de
vous, pour la plupart, par le program-
me du Congrès progressiste. La diffe
rence essentielle entre nous et les pro-
gressis.tes, c'est que les socialistes con-
sidèrent ces réformes non comme un
but, mais comme un moyen.
On parle de la difficulté de réaliser
notre programme. Par exemple, lors-
qu'a la Cbambre nous demandons que
l'on distnbuegratuitementaux enfants
pauvres le serum qui doit leur sauver
la vie, nous voyons M. Schollaert bon-
dir et s'écrier c'est impossible, c'est
du collectivisme
Qu'est-ce que le collectivisme M.
Beernaert avait demandé a ce sujet,
pour le 15 Janvier, un grand débat
oratoire d'oü le collectivisme devait
sortir écrasé. L'occasion s'est présen-
tée plusieurs fois, notamment lors du
budget de l'agriculture on n'a plus
reparlé du grand débat. Avant l'arri-
vée des socialistes a la Cbambre, on y
avait bien terrassé le collectivisme,
qui n'était pas la pour se défendre.
C'est un peu l'bistoire du curé qui
voulaut réfuter Voltaire, jeta son tri-
corne a terre et s'écria Voila Vol
taire, je vais le réfuter et comme
Voltaire ue répliquait pas, il s'attribua
la victoire.
Si depuis l'arnvée des socialistes a
la Cbambre on n'a plus parlé de collec
tivisme, on a incidemment essayé
d'établir que les revendications ou-
vrières n'ont pas de raison d'être. Der-
nièrement encore M. Beernaert disait
Jamais les ouvriers n'ont été plus
heureux qu'aujourd'bui en 1846 les
salaires étaient bas, depuis lors ils ont
doublé de quoi se plaignent les ou
vriers n
II est vrai que les salaires out aug-
menté mais il est vrai aussi que ce
sont les ouvriers dont le salaire est le
plus élevé qui sont socialistes. A
Thielt, le salaire est de 0 fr. 80 a 1 fr.
par jour, il n'y a pas de socialistes
a Mods, a Charleroi, a Liége, le salaire
atteint 4 fr. a 4 fr. 50 par jour, tous les
ouvriers y sont socialistes. Le socialis
me ne nait done pas de la misère. II
nait au contraire de l'augmentation de
la prospérité, des inégalités qui en ré-
sultent, des besoins nouveaux qu'elle
crée. Quand l'ouvrier est intelligent,
il vient plus rapidement au socialisme;
a mesure que le niveau intellectuel et
moral du peuple s'élève, les idéés so
cialistes montent.
Les salaires se sont élevés, l'in-
struction s'est développée le prix
des subsistances a diminué et diminue-
ra encore si on ne le fait pas hausser
par des droits d'entrée. L'amélioration
du sort des ouvriers est done évidente.
Mais pendant que le salaire doublait,
la fortune publique triplait. En 1840,
la quotité des valeurs successorales
soumises a l'impöt, en 'ügue collatérale
(l'impöt en ligne directe n'existait pas)
étaitde49 millions, eu 1891, elles'éle-
vait a 152 millions. La partie de la for
tune publique qui se transmet d'année
en année a done triplé pendant que le
salaire doublait seulement, c'est a dire
que l'écart entre le ricbe et le pauvre
a augmenté de moitié. Si l'ouvrier est
mieux payé, le bourgeois est plus
ricbe l'abime entre les deux s'est
élargi et s'élargit chaque jour.
En outre, le nombre des ouvriers
agricoles et industriels, des salariés a
augmenté tandis qua celui des capita-
listes, des propriétaires diminuait.
En 1846, le nombre de propriétai
res ruraux exploitant leurs terres était
de 201,000;en 1892,il y en avait 280,000
(augmentation 30 °/0). Eu 1846, le nom
bre de locataires d'exploitations agri
coles était de 370,000, en 1892 de
616,000 (augmentation 75
Dans l'mdustrie, même pbénomè-
nes. En 1845 il y avait en Belgique 105
fabriques de fer employant 3000 ou
vriers il y en a encore 68, mais elles
employent 15,450 ouvriers. En 1845,
29 ouvriers par fabnque en moyenne,
maintenant 227 par fabrique.
Eu 1845, il y avait 6 fabriques de
zinc avec 1000 ouvriers en 1892, il y
en 11, mais avec 4000 ouvriers en
1845, 166 ouvriers par fabrique, au-
jourd'hui 363.
En 1870, 2000 carrières avec 23,000
ouvriers, 11 par carrière aujourd'bui
1631 carrières avec 17,000 ouvriers, 10
par carrière.
En 1850, 310 houillères avec 47,000
ouvriers, 150 par mine en 1892, 235
houillères seulement, mais avec 118,000
ouvriers, 500 par mine.
Et on pourrait multiplier les exem-
ples qui prouvent que dans les indus
tries, le nombre de patrons diminue,
celui des salaires augmente.
Mais M. Beernaert nous déclare
Les capitalistes industriels sont mal-
heureux ainsi, moi, j'ai bérité de mon
père d'excellentes valeurs métaliurgi-
ques, qui me rapportent maintenant
1
II est étonnant que M. Beernaert
déclare excellentes de pareilles va
leurs, lorsque le revenu moyen des
valeurs industrielies est beaucoup plus
élevé d'après I'annuaire statistique,
les valeurs industrielles rapportaient
en moyenne 6-76 °/0, en 1892 5-19 °/0.
Ces revenus ne suffisent plus aux
capitalistes. Et nous constatons la ten
dance des grands capitaux a se réunir.
Les petits patrons disparaissent pour
faire place aux grandes sociétés ano-
nymes, lesquelles se réunissent a leur
tour en syndicats pour augmeuter leurs
profits au détriment des consomma-
teurs.
II y a peu de temps, nous avons vu
tout a coup le pétrole, augmenter dans
des proportions énormes. Les grands
producteurs russes et américains
avaient formé un gigantesque trust
pour rangonner le public. Le pétrole
ayant cessé de rapporter gros, la spé-
culation a changé d'objet elle s'est
jetée sur la farine, que nous avons vu
hausser sans motif naturel quand le
pétrole baissait. Maintenant, les spé-
culateurs accaparent les cuirs.
Voila une face du tableau. D'autre
part, la petite propriété disparait,
dévorée par la grande. D'une part,
l'mdustrie se transforme, se centralise;
d'autre part les petits propriétaires
viennent renforcer la classe des prolé-
taires.
On nous dit que, par l'augmenta
tion des salaires, les ouvriers devien-
nent propriétaires. Et M. Beernaert
nous dit triomphalement qu'en 1892 la
caisse d'épargne avait en dépot 350
millions. Heureux ouvriers s'excla-
mait M. Beernaert.
Examinons la chose d'un peu plus
pres 62-8 des dépots s'elèvent a
moins de 100 fr., 13 °/0 a plus de 1,000
fr. Ces 13 appartiennent a des bour
geois qui trouvent le placement avan-
tageux, ou a des institutions charita-
bles. Mais la grande masse des dépots,
ceux qui viennent des ouvriers, s'élè-
vent a moins de 100 fr.
Mais, dira-t-on, l'ouvrier est sou
vent propriétaire d'une petite maison,
le paysan d'un lopin de terre, le com
mergant de sa boutique. Et les conser-
vateurs disent au petit commergant,
au paysan, a l'ouvrier Votez coutre
les socialistes, car ils veulent la pro
priété collective, ils veulent vous
prendre votre boutique, votre coin de
terre, votre maison.
Eb bien je le déclare bautement,
si le socialisme avait pour but d'expro-
prier le petit propriétaire, c'est moi
qui serais antisocialiste, je renierais les
doctrines que je défends devant vous.
Applaudissements
Car il est un point sur lequel nous
sommes d'accord, nous socialistes, avec
les conservateurs et avec l'encyclique
du Pape c'est que la propriété fondée
sur le travail est respectable et légiti-
me.
La propriété de l'ouvrier, du pay
san, du petit commergant, est fondée
sur le travail, et doit être respectée.
Mais il en est d'autres qui n'ont
pas la même base. Transportons-nous
dans l'arrondissement qui m'a envoyé
a la Chambre, au pays des charbonna-
ges, et demandons a un vieux mineur a
qui appartient la fosse oü il travaille.
II vous répoudra "je ne sais pas, a
des geus, des gens qu'il ne connait
pas, qu'il n'a jamais vu, et qui ne
savent probablement pas oü se trouve
le charbonnage qui leur procure leurs
revenus. Peut-on dire que la propriété
de ceux-la est fondée sur le travail
Dans le charbonnage, l'ouvrier, l'in-
génieur, le directeur, travaillentl'ou
vrier gagnera 900 fr. par au, le direc
teur 20,000, mais tous travaillent.
L'actionnaire ne fait rien, que découper
les coupons de ses actions et en toucher
le dividende. Voila son travail
Et ici en Flandre, combien en con-
naissez-vous de ces propriétaires, qui
ne mettent le pied sur leur terre que
pour chasser Ceux-la, leur propriété
est-elle fondée sur le travail
ii Mais le bourgeois me dira Je ne
travaille pas,soit,mais j'ai travaillé,et
maintenant je me repose. Admettons
qu'il en soit ainsi pour tous les pro
priétaires actuels (quoique beaucoup
n'aient, pour acquérir leurs propriétés,
fait d'autre travail que se donner la
peine de naitre et d'hériter). Au mo
ment de leur mort, que deviendra leur
fortune Elle ira a la familie, ou aux
pauvres, ou a l'Etat, ou a ceux que le
testament aura désignés. Ceux-la ont-
ils travaillé pour l'acquérir
i? Je vois sur vos lèvres la réponse
si le père ne pouvait transmettre a son
enfaot la propriété qu'il a acquise, il
ne travaillerait pas on épargne pour
ses descendants. Fort bien mais
réclamons-nous l'abolition compléte du
droit d'hériter Nona celui qui
meurt, nous voulons que i'Etat dise
lègue a tes enfants, a tes amis, a qui
POUR LA VILLE,
POUR LA PROVINCE,
Pour les annonces de France et de Belgique {excepté les
deux Flandres)s'adresser a l'Agence Havas, Bruxel-
les, iue de la Madeleine, 32, et a Paris,
8, Place de la Bourse.