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Feuilleton du journal "LaLutte-De Strijd
17
JEAN CHALON.
Le lendemain Georgette s'imagina de mettre
des pois secs dans ses souliers pour aller a l'é-
cole, ce qui la fit horriblement souffrir. Elle
croyait devoir expier les impiétés qu'elle avait
été obligée d'entendre la veille Trés émue,
elle raconta ['affaire a mademoiselle Cunégon-
de. Celle-ci envoya la petite chez le curé le
prêtre cut avec Georgette un long conciliabule
et il lui donna un chapelet béni par le saint-
père lui-même elle devait le réciter pendant
les heures des interna les tentations, et regar-
der les grams polis, ne pas regarder autre
chose.
Après-midi, Jacques comme d'habitude con-
duisit Georgette chez les demoisellesle père
et Ia fille avaient en cliemiu gardé le silence
elle, poursuivanl quelque pensee devote lui,
cherchant le moyen de la guérir des idéés reli-
gieuses qui l'envahissaient. lis arnvaient a la
porte de l'école la petite allait entrer.
Ecoute, Georgette, dit son père en la re-
tenant écoute, une question trés grave. Tu
es toujours bien décidée a faire ta communion,
tu le désires, personne ne t'y oblige
Oh père, murmura la fillette avec ter
reur, est-ce que tu voudrais me le défendre
Et elle s'échappa, les yeux déja remplis de
larmes.
UN
(A UTOGOPISTE)
S'ndresser au Bureau du Journal.
Au lieu de se rendre a la fabrique, Jacques
remonta et trouva Hélène occupée, avec une
tailleuse de village, a terminer la robe blan
che de Georgette. Elle lui cachait d'habitude
ses apprêts pour ne pas l'attrister inutilement;
les dissimulations, certaines calégories d'idées
ou de faits raises a part, dans l'ombre, signa-
lent les intimites brisées. Üelmas s'appuya
contre la cheminée et regarda sa femme sans
rien dire.
Elle, gênée sous eet examen muet, renvoya
la couturière.
Tu ne vas pas a la fahrique ce matin
demanda Hélène, pour rompre un silence qui
devenait pesant.
Non, répondit laconiquement ('ingénieur
j'ai a te parler.
Ah et de quoi
Georgette est malade.
Malade s'écria la mère. Que me caches-
tu Qu'est-il arrivé
Elle s'était levée, toute pale, et s'approchant,
elle avait posé ses mains sur les épaules de
son mari, le regardait dans les yeux, anxieuse.
Malade d'esprit seulement. Elle a ['intel
ligence absolument faussée par la détestable
éducation qu'elle regoit depuis six ans.
Jacques parlait d'une voix sourde, lente-
ment. Hélène laissa retomber ses bras et vint
se rasseoir, brisée par ces Iuttessans trève.
Oui, faussée, répéta Delmas. Elle subit
l'influence formidable qui pèse sur elle. La
pauvreElle répète machinalement ce qu'on
lui dit, et voila la foi. Son faible cerveau n'a
pu résisler ces gens I'ont pétri, deformé, sa-
turé d'idées absurdes. Certes, la conscience est
libre, et je respecte tous les croyants en
me réservant de combattre les croyances par
armes courtoises. J'ai respecté les tiennes et je
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ne t'ai jamais rien reproché, rien imposé en
ces matières de foi. Maïs les enfants n'ont pas
de conscience on abuse de leur faiblesse
pour les nourrir de contes bleus, et si l'on vou-
lait, ils affirmeraient aussi bien a vingt ans
Peau d'dne et Petit Poucet. C'est un crime de
les estropier moralement, plus grave que de
disioquer leur corps et d'en faire des acrobates
forains Pour prouver a Georgette que l'hostie
c'est un Dieu et un hom me, avec le sang et la
chair, tout ensemble, on l'oblige a dire pen
dant six ans Je crois Sans autre argument.
Et elle croit Voyons, Hélène, ma femme,
sauvons riotre fille, Georgette, notre unique
enfant. Le moment estdécisif. A mon autorité,
joins le poids de la tienne ajoute ton amour
maternel peut-être il en est temps encore
Les Bertin sont si heureux Ma femme, je t'en
supplie.
Que demandes-tu en somme? dit Hélène,
qui n'osait plus le regarder en face.
Partons tous les trois. Nous irons loin,
Un grand voyage. Changement d'air, chan
gement d'idées. Ce sera pour mes affaires une
perte sërieuse. Je la supporterai avec joie pour
sauver Georgette.
Georgette n'est pas perdue. Tu exagères,
objecta Hélène, qui trembiait un peu.
Je te dis qu'elle est perdue, répéta
Jacques avec force. Ce moment est solennel.
Je te laisse toute la responsabilité de l'avenir.
Et notre fille ne ferait pas sa commu
nion
II ne faut pas qu'elle la fasse Elle a
subi déja des impressions qui ne s'effaceront
pas de si tót Partons demain, et notre re
tour, j'arrangerai pour notre chère aimée une
éducation, ici, sous nos yeux, d'un caractère
absolument scientifique. II n'y a pas d autre
remède...
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Maïs, répondit Hélène, j'ai fait ma pre
mière communion, et tot aussi, et tout le mon
de. Nous n'en sommes pas devenus plus mau-
vais. Ta mère a fait sa première communion.,
tu regardes ta mère comme perdue
Hélène
Elle serail fort triste, si elle savait ce
qui arrive aujourd'hni et ce que tu demandes.
Pauvre femme Elle est morte assez tot pour
ne pas voir ton intolérance ses jours en eus-
sent été empoisonnés et abrégés.
Pauvre mère, dit Jacques pensifelle
m'aimait tant Elle croyait, certamement sin-
cère, tous les dogmes catholiques. Moi je ne les
ai jamais admis, jamais, pas un. Fallait-il
pour cela ne pas l'aimer, elle, si bonne, si
caressante Est-ce que je n'aime pas Geor
gette, qui croit aussi, j'en suis sur Georgette,
est malade je l'en aime davantage faible,
je cherche h la fortifiertroublée par des in
fluences étrangères malsaines, je cherche 'a
ramener dans la voie claire. Oui... ina chère
eüt pleuré peut-être de mon opposition... et
j'aurais eu une douleur de plus, une autre
douleur, plus grande, avec la certitude que
toutes les larmes du monde n'y auraient rien
pu changer, ni empêcher ma mère de croire,
ni me donner a moi-même la foi. Oh tu peux
me parler d'elle son souvenir m'est une douceur
triste et précieuse je pense a elle chaque
jour, et souvent sans le dire... Tous les Ven-
dredis, tu t'abstiens, n'est-ce pas, de certaines
viandes, tu fais raaigre, comme on dit, e°
souvenir d'un homme mort ce jour-la oU
un autre jour il y a dix-huit ou dix-neuf
siècles. Qui a jamais jeune un jour par an, cn
l'anniver, aire de fa mort de sa mère?
Hélène pleurait silencieusement... A ne
répondait pas.
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LEZERS
Zij alleen genezen. 3 goude rnedallen en een eere diploma
DE NAMAKERS ZULLEN STRENG VERVOLGD WORDEN
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SUITE.
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LA SUITE AU PR0CI1AIN NUMÉRO-