État-Civil d'Ypres, AU Cours public d'histoire. Cours public de Chimie. qui a beaucoup vécu avoc ie soldat a Le soldat en marche ne pense plus il n'est représenté que par sou sac, son fusil, et ses pieds. Le soldat en mar che n'est qu'une béte de somme, mal- heureu8e. Que de haines doivent s'amasser chez ces hommes, arrachés a leurs families et transportés dans ces fatigues Des officiers me disaient que bien des fusils se tourneraient vers les chefs, en cas de guerre.... Vers midi, la température est insup portable. Et l'on marche toujours, sui- vant le colonel a cheval. Quel gaillard ce colonel II n'est jamais fatigué, lui ilaune si bonne bete, qui trotte si bien Tantót, un bon diner l'attend chez le curé, avec un fauteuil. Quant aux hommes, ils sont fatigues. II y en a qui tombent, sacrées femme- lettes ii II y on a qui ont les pieds meurtris, car il faut noter que le soldat ae plaint beaucoup de sa chaussure, plus que de tout le reste Et ce reste n'est pas rien j'ai dit un mot du sac un autre inconvénient, c'est la giberne, dont la courroie lui croise la poitrine, lui coupe la respira tion c'est peut-être le facteur le plus important de la syncope qui abat si fréquemment le soldat. La chaussure, la giberne, le sac, voila trois éléments qui entravent la marche et exténuent le soldat. Je com- prends que le soldat doive emporter un certain nombre d'objets indispensa- bles. Mais pourquoi n'adopterait-on pas des voitures de compagnie, qui traDsporteraient une partie de i'équi- pement et des vivres pour un ou deux jours Notons que les compagnies comprendraient en temps de guerre un effectif assez considérable, qu'elles pourraient occuper des positions stra- tégiques isolées, et qu'il serait fort utile alors qu'elles eussentdes vivres assurés. Ne serait-il pas nécessaire dans ce cas de les faire suivre de leur voiture, quitte a donner aux soldats les jours de batail- le les ustensiles et les vivres nécessaires pour passer deux jours loin de ia voi ture de sa compagnie, laquelle reste- rait alors a distance pour ne pas encom- brer le terrain II en résulterait une marche plus facile pour le soldat, le service d'intendance serait amélioré, et l'encombrement serait évité au mo ment ou il pourrait devenir dange- reux. Mais l'infatigable colonel, du haut de sa noble monture, a vu les chutes des hommes épuisés. II arrive au galop Ah n.. d. D... oü est l'adjudant Allons, faites marcher ces vauriens, ces fainéants Et aux hommes Allons, ivrognes, debout, continuez vous avez sans doute trop bu hier soulards Et les malheu- reux s'évertuaient a reprendre la mar che, (électrisés sans doute par les bel les et énergiques paroles de ce sou- dard), mais pour retomber quelques pas plus loin. Feuilleton du journall< La Lutte-De Stri j d 21 JEAN CHALON L'hypnotisme dans les affaires de religion joue un röle important. Les martyrs endn- raienl avec un visage d'extase heureuse, les plus horribles supplices... de nos jours, sous nos yeux, les magnétiseurs abolis ent la dou- leur et percent d'une grande aiguille le bras du sujet qui ne s'en aperqoit pas. Les mala- des, notamment les paralytiques, ont été gué- ns autrefois par ('imposition des mains, par le simple contact, par la salive de saints per- sonnages ce privilege a été altribué k des rois de France, ou au septième enfant male d'une familie, né avec un signe spécial sur Ia peau... aujourd'hui, ne se réclamant que de la science pure, le docteur Charcot, le professeur Delbceuf et bien d'autres, réalisent sans aucune supercherie des miracles beaucoup plus extra- ordinaires. II est impossible d'expliquer sans l'auto-suggestion les coups de büche que les convulsionnaires de Saint-Médard s'appli- quaient libéralement au creux de l'estomac et si proches cousins sont magnétisme et religion que le clergé beige a fait, il y a peu d'années, tous ses efforts pour béatiüer une pauvre ma- lade, Louise Lateau.'qui avait de sainte Thé- rèse les extases, mais non l'énergie ni Tintelli- Le colonel devient de plus en plus énergique: Allez-vous marcher, vau riens sinon je marche sur vous, Et il poussait son cheval sur les malades, et les malheureux piétinés se relevaient pour retomber encore, épuisés, sans force. J'en ai vu qui tombaient en syn cope, qui vomissaient. malades réelle- ment. Mais la marche continuait tou jours. En arrivant a St-Job in "t Goor, dans les petits bois longeant la route, erraient partout des soldats fatigués, trébuchant, le fusil a la main, le shako dans la nuque, s'arrêtant a chaque pas. Finie,la légende des soldats arrivant dans les villages, chantant, dansant presque ils aliaient comme de vérita- bles bêtes éreintées. J'aime bien la Chronique, qui a trou- vé que ces manoeuvres auront fait per- dre du terrain a l'antimilitarisrne An- versois. II est vrai que le reporter de la Chronique flirte avec les états-majors et ne voit rien de la vie du soldat N'est-ce pas la même Glironique qui a trouvé trés spirituel de demander au Peuple si les soldats piétinés ont été servis sous forme d'aloyaux sauce ma- dère a la table du mess des officiers Je dois a la vérité de dire qn'en général, les lieutenants et capitaines sont trés bons pour leurs hommes. Mais ce sont les hauts gradés qui sont les vrais soudards. Quant aux sous offs, relire Descaves. Un mot a l'adresse des médecins de régiment, qui au lieu de frotter ia manche au colonel, feraient mieux de décliner toute responsabilité dans les conséquences de pareilles marches. Eux, qui ont pour mission d'alléger les souflrances du soldat, trouveraient-ils trop humanitaire de faire observer a leur colonel qu'il n'est pas permis de faire passer son cheval sur des mal heureux tombant en syncope, même pour les forcer a une marche dont ils sont incapables Les manoeuvres. Voila pour la marche et les procédés des chefspassons aux manoeuvres elles-mêmes. Oh ces belles manoeuvres {Petit Bleu), cette belle stratégie {Matin), eet imprévu {Chroniqué) Parlons-en. L'imprévu d'abord tous les mouve- ments étaient annoncés deux jours al'avance par les journaux Comment verrait-on de l'imprévu dans une sortie de la défense, la nuit, quand les trains du soir ont amené d'Anvers a Brasschaet une foule de cu- rieux qui voulaient voir le spectacle et surtout les projecteurs électriques? Pour ne pas toujours critiquer, se- rait-il permis a un pékin de dire ce qu'indique le bon sens quant a cette sortie nocturne Si ia stratégie est en désaecord avec Ie bon sens/tant pis pour la stratégie Kaisonnablement, la défense, cernée par la lre division (offensive) devait en gence, et qu'on eut guérie peut-être en la sta gnant convenablement. Miracle le changement d'eau en vin aux noces deCana, je veux b'mn mais alors miracle aussi lorsque Donato fait manger au premier venu de la pomme de terre crue avec le goiit de gelée d'ananas. Les pra tiques religieuses du catholicisme nous offrent a chaque instant des gestes magnétisants bénédictions, aspersions d'eau bénite, onctions sur le corps des malades, grand jeu des ex- corcismes. Georgette comme une chose appartenait au curé son père restau absolument impuissant pour lutter contre cette absolue possession. Mademoiselle Delmas avait eu seize ans au dernier équinoxe. II faudra, dit Hélène k son mari, un soir qu'ils se trouvaient seuls, mettre Georgette en pension un an ou deux... Georgette en pension s'écria Jacques. A quoi bon? et pourquoi nous séparer d'elle Tu n'as pas la prétention sans doute de terminer toi-même sou éducation, avec ton ami Berlin et madame Annie Une jeune fille nche, comme elle sera, doit avoir ce vernis suprème, ces manières distinguées qu'on ne peut acquérir que dans les grands pensionnats. Tu crois répondit Jacques, fort triste k l'idée de se séparer de sa fille pendant plu- sieurs années. Evidemment, reprit Hélène tu le sais trés bien toi-même. Vous ne sauriez en obte- nir, vous autres, qu'une savante sans aucune forme agréable, bonne pour dessiner des épu- res a la fabrique, ou pour faire des analyses chimiques de minerals. Madame la baronne me le disait hier encore eflet tenter une sortie. Mais cette sortie aurait-elle du se faire a une date déter- minée un mois d'avance Elle aurait dü être faite le jour ou. la défense l'eüt crue nécessaire on aurait pu juger, alors, de la valeur des troupes subite- ment réveillées et mises en marche a l'improviste. Chaque nuit, les avant- postes auraient dü être sérieusement organisés, et ce n'est que sur les rap ports des avant-postes qu'on aurait dé- cidé si une attaque nocturne était né cessaire. Au lieu de tout faire décider dans les bureaux de la rue de la Loi, qu'on laisse uu peu d'initiative aux commandants de division. Ce serait de la besogne plus sérieuse que celle qui a consisté a faire fonctionner des pro jecteurs aux yeux des Anversois ébahis. L'imprévu c'en était sans doute en core que ie transport des pieces de la lre division a travers Sl Léonard et les avant-postes de la 2® division (l'ennemi), huit jours avant i'arrivée de la 1® di vision dans cette localité. Comme c'é- tait beau on voyait les soldats de la 2« division quitter la chaussée pour faire place aux canons du général Ungricht, qui devaient tirer sur eux quelques jours plus tard. Sur la chaus sée de Brecht a S' Léonard, on cötoyait les batteries ennemies. En vouiez- vou8 de l'imprévu En voici encore il fallait 12 jours de manoeuvres. On estimait que le sec- teur désigné devait être pris en 12 jours par la le division. Seuiement, on accorde un premier jour de repos, a cause des réclamations trop vives de quelques journaux au profit des soldats fatigués. Buis un second jour de repos a cause de la mort d'un capitaine adju dant-major du5edeligne,frappé d'mso- lation. On croyait,logiquement,ne finir que le 14. Mais Vimprèvu des manoeu vres exigeait pour le roi et pour le pu blic les places étaient prises pour le 12, il fallait done en finir ce jour-la. De l'imprévu, en voulez-vous en core Le général Fix l'emporte a Brecht et Wuestwezei le général Un gricht devait recommencer son attaque ie lendemain, ou Fix devait le repous- ser complètement. Mais il avait été décidó, deux mois a l'avance, d'une fa- Qon fort imprévue sans doute, que les hommes d'Ungricht devaient, ce jour- la, occuper Brecht et Wuestwezei. Les arbitres décident que Fix, le vam- queur, doit se retirer, paree que les bureaux de la rue de la Loi n'avaient pas prévu que Fix l'emporterait ce jour-la. C'est peut-être tout l'imprévu des manoeuvres... (Lafin au prochain numéro). M. D. Jacobs commencera son cours public sur LA RÉVOLUTION BELGE le Jeudi 16 courant. Ce cours aura lieu le Jeudi de chaque semaine a 7 h. du Ma chère, interrompit l'mgénieur, nom- me-la done la baronne, ou madame de Boissy on dirait que tu es sa cuisinière. Soit, reprit Hélène, vexée de Tobserva- tion. Elle me disait done que ces pensions sont tout a fait de mode et trés nécessaires. - All! soupira Jacques, consterné Et quelle pension Mais par exemple, répondit sa femme négligemment, les Urselines de N C'est lk que madame de Boissy a été elle-même. Un couventinterrompit l'ingénieur. Un couvent II y a encore, continua sa femme, d'au tres établissements fort honorables, tenus par les soeurs de Notre-Dame, les soeurs de Sain- te-Marie, les Dames de ['instruction chrétienne. Mais on m'a dit que les Ursulines avaient les jeunes personnes les plus riches et les mieux titrées. Toujours des religieuses explosionna Jacques. Je ne veux pas que ma fille aille au couvent. II ne lui manquerait plus que cette influence Je sais, s'il le faut, des pensionnats laïques excellents, oil la morale la plus sévère s'allie avec la tenue mondaine puisque tu y tiensla plus compléte. Un pensionnat laïque Ah fi fi done Madame... madame de Boissy me disait, et je suis absolument de son avis, qu'il n'y a rien de plus mal porté, surtout pour les filles. Les petites gens seuls y placent leurs enfants. Oh oh les petites gens... protesta l'in- génieur. Certainement, affirma Hélène. Les plus gros bonnets du parti libéral en Belgique en- voient leurs enfants chez les jésuites et chez les religieuses... preuve qu'ils n'ont pas con- soir, au Gafè du Commercerue des Chiens. La fréquentation de ce cours est ab solument gratuite Les personnes qui dé- sirent le suivre d'une fagon régulière sont priées de s'inscrire sur le registre déposé au local. Nous appelons l'attention de nos lecteurs sur ce cours intéressant. Peu de Beiges connaissent la vérité au sujet de cette révolution dont sortit notre indépendance. Beaucoup de faits qui auraient nni a certains grands-hommes de 1830, et qui les auraient peut-être montrés sous un jour, trés peu favorable, furent longtemps cachés, mais sont mainte- nant acquis a l'histoire, qui tót ou tard parvient a découvrir la vérité. Nul doute que les inscriptions ne soient trés nombreuses,et que le public rendra par son assiduité hommage au dévoüment désintéressé de MM. les professeurs du Collége de l'Union qui ne se contentent pas d'éduquer la jeu- nesse libérale, mais qui se consacrent encore a diffuser la science chez tous les Yprois avides d'étude. La Lutte. Aujourd'hui, Yendredi, a 7 heures. Objet de la legon Brome lode, Iodométrie, Acides brouhydrique et iodhydrique. Mardi 14, M. Vanderstichele com mencera, a propos des bromures et io- dures, une série de legons (3 ou 4) sur la chimie photographique. (Théorie du développement, du fixa- ge, des divers procédés positifs.) Nous appelons l'attention des ama- teurs-photographes sur ces legons. du 3 au 10 Janvier 1896. NaissancesSexe masculiri, 2, id. féminin, 4. Mariages: Devos Henri, sabotieret Spilleboudt Emma, sans profession. Dècès Achslogh, Euphrosine, 55 ans, den- tellière, veuve de Lacante, Joseph, marché au Bétail. Savatte, Cathé- rine, 68 ans, sans profession, céliba- taire, rue longue de Thourout. Vergeyle, Anne, 75 ans, sans profes sion, veuve de Meirschaert, Etienne, Place Vandenpeereboom. Cailliau, Mélanie, 78 ans, sans profession, veuve de Lambin, Frangois, rue Weninck. Enfants au-dessous de 7 ans Sexe mascuhn, 0 id. féminin, 3. fiance dans l'enseignement laïque. Veux-tu des noms? Pas k B.. puisqu'il n'v a que ton ami Bertin ettoi qui fassiez opposition au curé et au chateau et madame de Boissy est vraiment aimable de me recevoir comme une de ses meilleures amies... Enfin, oü en étais-je oui, veux-tu des noms k Charleroi, k Namur, k Liège, k Bruxelles, partout tedis-je Oui, dit Jacques pensif. Ce n'est pas ce qu'ils font de mieux, les libéraux. Mais moi, je ne souffnrai pas que Georgette aille au cou vent. Sur cette question, une nouvelle lutte s'en- gagea elle dura quatre mois. La discorde avait semé ses acretés sur ce ménage si uni jadis, si heureux, si gai. Pendant les repas, pendant les soirées si bonnes autrefois, ou bien régnaient des silences lassés et con- traints, ou bien le père et la mère de Geor gette échangeaient de hargneuses paroles aussi soirées et repas ne se prolongeaient guère chacun s'en échappait pour dormir ou penser seul une délivrance. Georgette obéissant k une suggestion du curé, s'était mis en lête d'aller passer quel ques années chez les religieuses. Seule et li- vréeases propres inspirations, elle eüt été retenue par l'amour qu'elle portait k son père. Elle ressentait en elle d'étranges déchirements, préférant rester aux Lilas et en même temps voulant partir. A la fin, cette dernière idéé l'emporta sans partage. Et Jacques eut contre lui, décidément, sa femme et sa fille. II voyait celle-ci, en dépit de tout ce qu'il avait pu lui dire pour éclairer son intelligence et la reie- ver, il la voyait se confesser chaque semaine et réciter son interminable rosaire, le soir. Ml PAK SUITE. 4c LA SUITE AU PROCHAIN NUMÉRO.

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De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1896 | | pagina 3