Philippe de Comines. L'avocat a cané Comité de defense. Excitations criminelles. Anarchisme et Socialisme les cabaretiers non soudoyés par eux la responsabilité de l'augmentation. Et dire que la loi a été faite, d'après M. de Smet de Naeyer, pour combattre l'alcoolisme Singulier moyen de combattre l'al coolisme, que d'encourager la falsifica tion et de ne pas encourager la con- sommation des boissons hygiéniques Dégrèyements promis. M. de Smet de Naeyer, qui avait re fuse a la Chambre la promesse d'un dégrèvement quelconque, a promis au Sénat de dégrever le café, le thé, de supprimer l'impót des portes et fenê- tres, etc. Que faut-il croire de ces promesses Les circonstances dans lesquelles elles ont été faites nous le diront. Le Matin d'Anvers les raconte comme suit On a été surpris de voir M. de Smet de Naeyer profiter de l'avant-dernière séance du Sénat pour promettre des dégrèvements dont il n'avait dit mot a la Chambre. Le mot de l'énigme nous est envoyé de Bruxelles. M. Woeste avait recu quantité de protestations contre l'impót sur l'alcool, émanant d'associations catholiques. Ilacom- pris que c'était une tres mauvaise affaire, et il a convoqué d'urgence M. de Smet de Naeyer a une entrevue qui a eu lieu avec lui et M. Schollaert. L'impót sur l'alcool va nous perdre, a-t-il dit au ministre des finan ces, et il faut absolument en pallier l'effet en annoncant une série de dégrèvements, thé, café, contribution personnelle, etc. M. de Smet de Naeyer objecta que rien de tout cela n'avait été étudié et qu'il ne voyait pas le moyen d'abandonner des sour ces de revenu alors qu'il avait dü augmenter les droits d'accise et de douane pour nouer les deux bouts. La conférence fut longue. M. Schollaert appuya M. Woeste, celui-ci l'a emporté, et voila comme quoi M. de Smet de Naeyer a fait au Sénat un boniment élec- toral auquel il n'avait pas songé. II n'y a done ni plan, ni étude, ni argent pour les dégrèvements annoncés in extremis dans un coup de panique, sous la pression de M. Woeste. C'est du charlatanisme, et rien de plus. Si par hasard on dégrève quel- que chose, on devra combler le trou a l'aide d'un autre impót. On a voté les droits de douane sur le beurre, la margarine, la fari- ne, etc., pour payer les frais de la loi sco- laire. On a voté l'impót sur l'alcool pour payer la rémunération des miliciens. Les caisses de l'Etat sont absolument vides, le budget ordinaire a augmenté de 30 a 35 millions par an, la Dette publique s'est accrue d'un demi-milliard, et, sans les 60 millions d'im- póts décrétés par le gouvernement, le déficit serait effroyable. Est-ce assez clair Beloften én rotte appels, diront les ólecteurs. Une industrie ruinée. Le Peuple publie l'articulet snivant La loi sur les alcools soulève des protes tations dans tous hs milieux. Même chez les amis du gouvernement, elle rencontre une sourde hostilité. On nous raconte qu'a une séance du comité tenue récemment a la Conservatrice, un patron ébéniste a exposé que la loi aurait des consequences désastreuses pour certai- nes industries. II ajouta J'ocoupe 40 ou- vriers polisseurs. Chacun d'eux emploie 1 litre d'alcool par jour. Du chef des droits d'entrée, mes frais seront augmentés de 30 francs par jour. Ma situation devient im possible. Dans ces conditions certaines in dustries beiges doivent fatalement péricliter. On a beau être catholique, mais quand un gouvernement catholique vote de pareilles lois, il est difficile de voter pour lui. On nous dira que les alcools destinés aux usages industriels sont dégrevés. Oui, mats il faut qu'ils soient dénatu- rés, et la dénaturation habituelle se fait par l'addition d'acide sulfurique. Allez done polir des meubles avec de l'alcool additionné d'acide sulfurique (huile de vitriol) N'est-il pas grand temps de chasser un gouvernement aussi malfaisant que celui qui nous dirige Les résultats officiels des élections législatives seront afïïché3, dès leur ar- rivée, au local de l'Association libérale et aux cafés La Lune et VEpèron ff Or. Grand'Place la Cloche et la Té te ff Ar gent, rue de Lille. Nous avons stigmatise dans notre avant-dernier numéro l'attitude cyni- que et éhontée du Journal d'Ypres et du Nieuwsblad qui proposaient aux paysans comme exemple a imiter la conduite scandaleuse que certains na turels de Becelaere, excites par un ecclésiastique, avaient tenue a l'égard des propagandistes socialistes. II s'en est fallu de peu que, loin de pouvoir parler, ces derniers fussent assommés sur place. Nous avions cru que nos confrères auraient eu la pudeur de renoncer a leur système odieux d'excitations cri minelles. II n'en est rien Le Nieuwsblad re commence. L'article a pour titre Ste Katherine- Cappelle. Le rédacteur débute en traitant les orateurs socialistes de greppedan- sers n, rallen etc. Qa rentre dans la manière ordinaire de la polémique du Nieuwsbladaussi nous n'insistons pas. Yoici quelques extraits lütêralement traduits Les socialistes se préparaient a parler en plein air; mais, dit le Nieuws blad, un bruit assourdissant s'éleva de la foule, crier et hurler, la musique des kannebuizen en potten en pan nen n et les quatre réformateurs du monde devinrent blancs comme un cada- vre et prirent la fuite. Plus loin les socialistes coururent a la gare de Ste Cathérine, mais de ce cöté üs se heurtèrent a une autre bande qui les recut, aussi avec beaucoup ffhon- neurnos héros voulaient se rèfugier dans un café, mais le patron refusa (zei van neenet les quatre suisses s'en- fuirent a Lendelede. II ne ventait pourtant pas beaucoup mais néanmoins le vent faisait arriver de temps en temps sur leur têle {kop) soit une motte de terre, soit une kannebuize soit un tronc de chou (1) il y en avait un qui, non sans motif, tenait sa main sur sa joue. Plus loin Pareille réception doit leur inspirer du courage C'est un bon exercice pour ètendre les jambes et tenir le sang en circulation. Voici Pignominie de la fin Zonnebeke garde d vö of dat volk zal n den baard of doen Zonnebeke, prends garde,sinon cette population vous damera le pion Or chacun sait que la commune de Zonnebeke a été le théatre de sanglan- tes bagarres politiques. N'est-ce pas inouï, abominable de voir l'organe des catholiques, qui se réclament d'un Dieu de chanté et d'amour, exciter chez des natures incultes les passions les plus abjectes, prêcher la haine et inciter a une effu sion Je sang. Le Nieuwsblad trouve que pourchas- ser les socialistes comme des bêtes, les accabler de projectiles plus ou moins meurtriers, n'est pas assez. II lui faut du sang il lui faut plus que Zonne beke encore De temps en temps, nous reprodui- rons des extraits du Nieuwsblad paree que ce journal,s'adressant a une classe moins instruite, croit pouvoir publier des articles du même genre, que le Journal ffYpres n'oserait insérer de peur d'indisposer ses lecteurs. "Mnueccoceceii-'n Constatons 1°) Que nous avons été mis au cou rant de la correspondance Lefevre Colaert comme tout le monde, par les amis catholiques de M. Lefevre. 2°) Que le secret des lettres n'a done rien a voir dans l'aflaire 3°) Que constater la reculade de M. Colaert, et soutenir la candidature de M. Lefevre, sont deux choses bien dif- férentes la première n'implique nul- lement la seconde 4°) Que M. Colaert n'acceptait la contradiction avec M. Lefevre que dans des milieux préparés par lui, M. Co laert, et oil Lefevre aurait propable- ment été recu comme un simple socia list e 5°) Que M. Colaert n'a pas accepté le débat en terrain neutre, aZillebeke. Ohé le lapin courageux 1 (i) N. L. IL I! nous a été certifié qu'on a lancé de grosses pierres, comme dans d'autres communes d'ailleurs. Le Comité de defense qui intrigue le Journal ffYpres ne serait-il pas formé des cinquanle-cinq catholiques pur sang qui ont présenté la candidature de M. Lefevre Quoi que fasse le Journal ffYpres, il ne pourra rien contre ce faitla candi- ture Lefevre est présentée et patron- née par des catholiques bon teint. Une remarque La Rèforme ayant reproduit une in formation fausse du correspondant yprois du Patriote, le Journal ffYpres en conclut que la Rèforme patronne M. Le fevre. Or, la Rèforme a inséré un démen ti a l'information du Patriote le Jour nal ne peut l'ignorer. C'est beau, la bonne foi du Journal 31. SSc lsiïillo. Nous avons opposé a M. Colaert, qui assimilait l'anarchisme et le socialisme, l'opinion de Schaffle, un conservateur. disions-nous. Qu'importe au Joxirnal ffYpres l'o pinion de Schaffle, un prétendu con servateur, qui n'est rien moins que conservateur dit-il. Pour prouver au Journal ffYpres et a nos lecteurs la parfaite ignorance du dit Journal en matière sociale et socia- liste dont il s'occupe depuis que les socialistes luttent a Ypres, nous allons lui prouver que Schaffle est un conser vateur. Nous pourrions nous borner a faire remarquer que M. Schaffle a été, plu- sieurs années, ministre du commerce en Autnche, et que l'empereur d'Au- triche, un parfait monarque clérical selon le coeur du Journal ff Ypres, n'a pas l'habitude de choisir ses ministres ailleurs que parmi les plus parfaits conservateurs et réactionnaires de son pays. Mais nous trouvons plus concluant de nous adresser a Schaffle lui-même, et nous reproduisons quelques lignes d'uue lettro adressée par lui a M. Fré- déric Borde, datée de Stutgard, le 23 Décembre 1882, et signée Dy Scluiffie ministre rog imp. de l'Autricheen re traite. Voici les paroles de Schaffle je me permets de vous faire re- marquer, en toute sincérité, que ma Quintessence n'est pas uue proposition, n mais une exposition des théories de la n démocratie sociale, telle qu'elle est arrivée en Allemagne a une impor- b tance politique bien connue. Je n'ai b pas proposé le fond de ces théories, b je l'ai seulement exposé clairement b je ff ai jamais appartenu a la démocratie b socialeet sans une royauté solide b comme nous en avons (grace a Dieu) b une en Allemagne et en Autriche- b Hongrie, mais surtout sans croyance b religieuse, je regarde l'accomplisse- b ment des réformes sociales comme b chose impossible. A ce sujet je me b suis, dans des écrits postérieurs, ex- b pliqué d'une manière si claire, qu'il b ne m'est point permis de me défendre b contre des malentendus sur mon ex- b position et qu'une duplique contre b vous serait tout a fait hors de sai- b son. b (1) Est-ce clair, Journal ffYpres, et au- rez-vous l'honnêteté de reproduire le fragment ci-dessus pour rectifier votre fausse appréciation sur Schaffle Origines de l'anarchisme. Schaffle a écrit, et prouvé, qu' il est faux de dire que 1 anarchisme dé- coule en principe de l'Etat socialiste. b II serait facile de prouver, si la place ne nous faisait défaut, que la théorie anarchiste n'est que la théorie du lais- sez-faire, laissez-passer manchestérien, poussée a ses conséquences logiques! Ceux qui ne veulent aucune interven tion de 1 Etat dans le domaine écono- mique, en arrivent nécessairement, puisque les conditions économiques règlent toutes les autres conditions de la vie sociale, a ne vouloir d'mterven- tion de 1 Etat dans aucun domaine et les anarchistes concluent puisque l'Etat ne peut intervenir en rien qu'on le supprime. La logique est pour eux mais le point de départ qui est corn el) Le lecteur curieux trouvera lalëtïrtTetD tière dans la revue la Philosophie de VAvenir n" de Février 1896, pp. 202 et 203 mun aux anarchistes et aux manche tériens est faux. Ce point de départ consiste h jamais considérer 1 homme que com^ jamais une in cl aucun compte de ce que l'homme^egt une individualité isolée, et a ne tenir un être essentiellement sociable, dont l'individualité est subordonnée au* conditions de son existence en société Ce point de départ faux doit nécessai! rement conduire les manchestériena s'ils sont logiques, et les anarchistes' qui sont logiques, aux mêmes consé! quences absurdes. Le fétichisme de la liberté individuelle doit les faire tons conclure a la suppression de toute au. torité. II est curieux de voir a quel point les idéés anarchistes ressemblent a, cel- les des économistes a outrance b a dit Em. de Laveleye. Nous n'en citerons qu'un exemple faute de place. Lisez ce qu 'écrit J.-b' Say, un des oracles de l'économie po- litique non interventionniste Vordre social, dit-il, est ffautantplus b parfait et les nations plus heureuses b les lois sont moins multipliêes et les font- b tionnaires moins nombreux. Ce ne sont b pas les lois et les magistrats qui produi- b sent les biens au moyen desquels une na- b tion subsiste et jouittls ffy influent b qffindirectement et ce n'est jamais sans b quelque inconvénient.Les lois et l'ad- b ministration ne peuvent être considérées b que comme les remèdes que nos maladies s rendent nécessaires, et dont il faut savoir b se passer le plus qu'il est possible. La b société existerait fort bien sans eux. n D'oü les anarchistes concluent fort logiquementPour que l'ordre social soit parfait, les nations heureuses, sup- primons les lois, les fonctionnaires, l'administration, les magistrats, l'au- torité, l'Etat. (1) D'ou dérive done l'anarchisme, Jour nal ffYpres Sinon des économistes qui veulent réduire a rien le róle de l'Etat, et des journaux comme vous, qui, généralisant une parole tronquée de Jules Simon, s'en vont clamant a tout propos l'Etat n'a d'autre de voir que de préparer sa destitution Anarchistes et socia listes aux prises. Les socialistes collectivistes ont tou- jours combattu l'anarchisme avec au- tant de vigueur qu'ils combattent les partis conservateurs. N'est-ce pas Volders qui a fait exclu- reles anarchistes du congrès socialiste de Zurich Quel est le seul parti qui, en Belgi- que, ait publié une brochure populaire de propagande anti-anarchiste Le parti ouvrier socialiste, qui a fait tra- duire, il y a trois ans, sous le titre 1'Anarchisme, un chapitre de Socialisme en Vrijheid, par Rienzi, oü le socialiste hollandais démontre l'absurdité et l'impraticabilité de l'anarchisme. (2) Cette traduction est précédée d'un avis aux lecteurs d'oü nous extrayoDS quelques lignes que nous n'avons pas vu figurer dans les bilans rouges du Patriote, du Petit Beige, de 1 Btoile Beige, ni du Jownal ff Ypres. Ce n'est pas tant au capitalisms que la propagande anarchiste a fait du mal jusqu 'ici, mais bien plus a certains groupes du Parti ouvrier qu'elle a dé- sorganisés et par la même réduits a l'inaction et a l'impuissance. Que nos jeunes gens s'enthousias- ment pour l'idéal anarchiste, cela n'est rien. La réfiexion et l'age se char- geront de corriger chez eux ce que eet idéal présente de trop absolu et les ra- mèneront, par conséquent, a l'idéal socialiste. b Ce qui est dangereux, c'est que eet enthousiasme pour l'idéal n'amène les novices du socialisme a accepter aussi l'absurde tactique des anarchistes, destructive de toute organisation et de toute lutte collective sérieuse contre le capitalisme. b Voila l'opinion des socialistes beige8) exprimée, dans une brochure pubhee sous le patronage du Parti ouvrier pom combattre l'anarchisme combat d'au- tant, plus nécessaire que l'anarchisme) auprès des masses, présente un cöté se- (1) Nous ne serions nullement étonnés voir le Journal d'Ypres, suivant le mode polémique qui lui est habitue), tronquer 'j paroles el nous attribuer les conclusions <J anarchistes. Ce serait un petit papier de PIU pour faire peur aux bourgeois... (2) L'anarchisme, par Rienzi, traduit néerlandais par A. Dewinne. Prix 13 mes. Bruxelles, bureaux du journal lel ple, 1893. ni' riii'-nai' -7c

HISTORISCHE KRANTEN

De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1896 | | pagina 2