Les odeurs d'Ypres.
Concours général
Religion et morale.
Une enquête sur
le minimum de salaire
en Belgique.
Accident de chemin de fer
AU
Aux grandes manoeuvres.
M. Woeste l'a constaté au banquet
Yisart, a Bruges
Le parti catholique traverse une crise
<Taffaïblissement 'et de dèsorganisalion.
C'est la faute a Beernaert, disent les
amis de M. Woeste c'est la faute a
Woeste, disent ceux de M. Beernaert.
Ce n'est pas en se rejetant la balie de
la responsabilité qu'on mettra fin a la
crise.
II y a d'ailleurs a cette crise une cau
se plus importante que la rivalité de
deux personnalités. C'est la lutte en-
tre la démocratie et la réaction qui
s'est introduite au sein du parti cléri-
cal, et elle neprendra fin que par la
rupture radicale des démocrates et des
réactionnaires.
A moins que les derniers, quand ils
s'apercevront que leur domination va
prendre fin, ne tournent tous casaque,
avec le manque de scrupules qui les
caractérise, pour rester auprès de l'as-
siette au beurre. Ph. de C.
Nos édiles feraient bien, s'ils ne
veulent pas faire fuir notre ville par
les étrangers, de prendre les mesures
nécessaires de désinfection pour qu'en
débarquant du train on ne soit pas
satst par des odeurs qui, pour pouvoir
étre de sainteté, n'en sont pas moins
épouvantableselles ressemblent é-
normément aux délicats parfums qui
se dégagent habituellementdu Marché
aux Poissons. Encore dans cesenvirons
n'empoisonne-t-on guère que les
Yprois. Les étrangers nes'y aventurent
guère. Et comme chacun sail sous
notre nouvelle maïs excellente admi
nistration le souci de la santé des
Yprois est passée l'état de mythe
A quand la sarabande effrénée des
microbes pathogènes dans une bonne
petite épidémie
Un peu de typhus M. Surmoni
Un peu de variole ou de dyssenterie
M. Colaert?
Ne vous gênez pas 1 allez y
Un accident de chemin de fer qui
aurait pu avoir des conséquences gra
ves s'est produit ce matin en notre ga
re. Le train partant de Poperinghe a
11 h. 13 m. et arrivant a Ypres, s'est
jeté sur une rame de wagons a son en-
trée en gare d'Ypres. L'accident est dü
a une fausse manoeuvre de l'excentri-
reuilleton du journal "La Lutte-De Strijd
JEAN CHALON.
Un matin, madame Delmas ne pouvant en-
dormir plus longtemps ses inquiétudes, se
présenta et demanda k voir sa fille. Une vieille
femme obèse, Pair stupide, habillée enservan-
te, fit entrer Hélène dans la petite cour, l'exa-
mina longtemps, lui demanda des explications,
et finalement lui déclara qu'elle allait avertir
la révérende mère supérieure.
Les fenêtres du rez-de-ehaussée et de ('uni
que étage se montraient toutes hermétique-
ment closes par des carreaux mats ou par des
rideaux blancs tendus. Hélène sentit derrière
ces rideaux une présence, des regards qui l'ob-
servaient. Les murailles, badigeonnées envert
sale, donnaient une exacte impression de géó-
le.
Presque aussitot la portière revint, et pria
madame Delmas de la suivre au parloir des
novices. Ces mots étaient peints grossièrement
au-dessus de la porte. Lk, elle présenta une
chaise, salua en croisantles mains devant elle,
et sortit a reculons.
Hélène se trouvait maintenant dans une
chambre de moyenne grandeur, sous un pla
fond bas. L'odeur fade des appartements iong-
temps inhabités viciait l'air. Le plancher ciré,
le mobilier composé d'une table de chêne poli
et de six chaises de paille, les vitres des fenê
tres et les rideaux brillaient d'une extraordi
naire propreté. Sur les murailles blanchies a
la cbaux s'accrochaient un grand christ noir,
et les portraits de Pie IX, de Léon XIII, papes,
que. Tous les voyageurs ont ressenti
une trés forte secousse. Plusieurs ont
été renversés. Un vieillard se plaignait
de fortes douleurs a la tête.
De l'Enseignement Moyen c/u 1' Degré,
Ebl 1896.
Résu/tat du Concours en Mathématiques
de la Seconde des Humanités Anciennes
(section geéco-latine)
Monsieur Lomali i eu, Yï au-
rice, de Dickebusch, élève du Collé
ge de 1 Union, a Ypres, obtient la lr8
mention honorable avec
69 points sur ÏOO.
U est classé ÏO" sur 139 concur
rents inscrits.
Nos félicitations au jeune lauréat.
On n'a pas oublié que dans la discus
sion de la dernière loi scoiaire, tous les
dóputés cléricauxqui prirent la parole,
M. Schollaert en tête, affirinèrent qu'a
leur avis, la morale était inséparable
de la religion. On eut beau leur démon-
trer le contraire, ils s'en tinrent mordi
cus a cette opinion.
M. Schollaert, pas plus que ses com
plices, ne croyait un mot de ce qu'il a
débité a ce sujetce n'étaient que des
phrases pour justifier la mise de l'en-
seignement public entre les mains du
clergé.
Nous en trouvons la preuve dans le
règlement des écoles normales, que M.
Schollaert vient de faire signer au Eoi
et qu'a publié le Moniteur du 6 Septem-
bre. Ce règlement prévoit un enseigne-
ment des préceptes de la morale pour les
élèves dispensés des cours de religion
et morale donnés par les ministres des
cultes.
Maintenant que le clergé est arrivé
a son but, M. Schollaert ne dissimule
plus. II reconnait l'indépendance de la
morale d'avec la religion. Ph. de C.
Les renseignements suivants ont été
adressés a la Réforme a la date du 3
Septembre. Nous les reproduisons,
pour compléter ce que nous disions
dans notre dernier numéro quant aux
soins que l'on prend de la santé de nos
soldats. Nous avons sans doute tort de
nous plaindre, car de pauvres diables
qui n'ont pas 1,600 fr. pour se payer
et de l'évêque du diocèse. Rien de plus. La
porte se trouait osteusiblement d'une petite
ouverture, h hauteur des yeux, de sorte qu'une
personne dans le corridor pouvait aisément
observer et entendre ce qui arrivait a l'inté-
rieur du parloir des novices. Sur la table, une
brochure paraissait oubliée La Sainie Règle
ou les Constitutions des Cormélites.
Madame Delmas eut loisir d'examiner ces
détails elle attendit longtemps, une heure
peut-être, l'arrivée de sa fille. Machinalement
elle prit la Règle et se mit h lire, distraite
d'abord, bientöt anxieuse.
Desfautes légéres. Si une religieuse ne
s'apprête pas avec tout l'empressement néces
saire quand la cloche sonne pour appeler au
choeur.
Si elle entre, l'office étant commencé si
elle prie mal ou chante mal, ou se fache et ne
s'humilie pas immédiatement devant toutes
les autres
Si elle oublie son livre de prières si elle
fait rire une autre dans le choeur...
Si elle déprécie ou n'observe pas les pros-
ternations, inclinations ou autres cérémonies
Si elle fait quelque bruit dans le choeur ou
dans sa celluie
Si elle traite négligemment quelques livres,
vêtements ou autres objets du Couvent, les
casse ou les perd
Aux accusées de toutes ces fautes, il sera
imposé une pénitence, prières, ouvrage servi
le, silence spécial pendant le temps de rup
ture du silence de l'ordre, ou abstinence de
quelque mets dans un repas.
Des fautes moyennes. Si une Soeur, la prière
étant achevée,n'est pas encore venue au choeur;
celles qui entrent trop tard doivent se proster-
ner jusqu'a ce que la Mère Prieure leurordon-
ne de se lever
Si quelqu'une n'est pas attentive a l'office
Divin, avec les yeux baissés
Si elle traite sans révérence les ornements
de l'Autel
un rempla^ant ne méritent guère de
considération, n'est-ce-pas
L'état sanitaire des troupes.
L'état sanitaire des troupes laisse consi-
dérablement a désirer et ce pour les raisons
suivantes. Tout d'abord les militaires rappe-
lés ont été menacés, parait-il, d'être conser
ves sous les drapeaux après les manoeuvres
s'ils restaient en arrière Les hommes
préfèrent tirer la jambe le long des chemins
plutót que d'aller consulter le médecin.
D'autre part, on a supprimé les chevaux
aux docteurs et, dans ces conditions le ser
vice est rendu plus difficile ils doivent res
ter a l'arrière-garde pour soigner les blessés
et perdent un temps précieux pour rejoindre
le régiment. II est a noter qu'avant de pren
dre cette importante mesure, M. l'inspec-
teur général du service de santé n'a pas été
consulté
Enfin les voitures d'ambulances qui sui-
vent les troupes servent plutót a piloter MM.
lesaumöniers militaires qui se prélassent tout
a leur aise dans les voitures pendant qu'a
cóté d'eux de pauvres diables de fantassins
se trainent péniblement
Les hommes ont faim.
Le service de l'intendance a laissé aussi
bien a désirer. On pourrait au moins assurer
le service des vivres de manière qu'a letape
le troupier trouve la popote préparée. Cela
ne pourrait nuire a la manoeuvre que de dis-
traire quelques hommes de chaque compa
gnie pour preparer le ravitaillement.
C'est ainsi que hier les hommes en route
depuis six heures du matin ont seulement
mangé a Haillot a dix heures du soir oü ils
étaient arrivés a six heures
Ordres tardifs.
Les officiers se plaignent aussi vivement
de no recevoir les ordres que bien tard. Hier
encore, ils ne leur ont été communiqués qu'a
min uit. La raison ces messieurs les hauts
grades dinaient dans un castel voisin
La proposition
socialist©.
Le groupe socialiste du Conseil com
munal de Bruxelles a déposé, en Mars
dernier, une proposition formulée com
me suit
Considérant qu'il est d'intérêt gé
néral pour la ville que les travaillenrs
soient bien rémunérés, que lajournée
de labeur ne soit pas trop prolongée et
que toutes les mesures d'hygiène et de
Si elle ne vient pas au chapitre, au travail,
au sermon, au réfectoire
Si elle parle au chapitre sans permission
si elle dit quelque chose dont Ls Soeurs sont
offensées
Si, étant accusée, elle se livre a des com-
mérages relatifs a l'accusation ou si elle
accuse une autre Soeur de la même faute, le
même jour
Si elle refuse le pardon k celle qui l'a offen-
sée, et qui le lui demande
La peine des fautes susdites est une disci
pline donnée au chapitre par la Présidente ou
par celle qu'elle délègue. Celle qui a accusé
la coupable ne lui applique pas la peine, ni
une plus jeune k une plus agée.
Madame Delmas voyait les épaules nues de
sa fille, ces épaules si rondes et blanches, se
zébrer de lignes rougeatres sous les coups de
cette discipline, une sorte defouet, un knout
Des angoisses lui serraient la gorge elle dut
interrompre la lecture. Qu'elle eut voulu sur
ces épaules mettre ses baisers pour adoucir
les meurtrissures 1
Malgré elle, ses yeux se reporlèrent sur les
Constitutions qui lui donnaient froid dans les
moélles.
Des fautes graves. Si une Religieuse se dis
pute malhonnêtement avec une autre...
Si elle défend sa faute, si elle dit sciem-
ment un mensonge
Si elle a l'habitude de ne pas observer le si
lence, de raconter pendant le travail ou ail-
leurs des nouvelles du monde profane
Si elle rompt sans permission les jeünes de
l'ordre et de l'Eglise
Si elle change de vêtement ou de celluie
avec une autre
Si elle entre dans la celluie d'une autre sans
permission ou sans grande nécessité
Si elle se trouve au tour, ou au parloir, ou
sont des personnes du dehors, sans permission
spéciale de la Prieure
preservation des ouvriers soient obser-
vées
Considérant, en outre, que le rep08
hebdomadaire est également une né
cessité.
Le Conseil décide qu'a l'avenir 16
cahier général des charges comportera
entre autres clauses.
1° L'obligation pour l'entrepreneur
de payer a tous ses ouvriers un mini
mum de salaire
2° La limitation de la journée de
travail
3° L'obligation du repos hebdoma
daire, de préférence le Dimanche
4° L'assurance des ouvriers contre
les accidents
5° Les conditions d'hygiène et de
salubrité que doivent réunir les ate
liers
6° Les mesures de sécurité pour les
travailleurs des difiérentes professions.
Le Conseil communal arrêtera an-
nuellement le minimum de salaire af-
férant a chaque catégorie de travail
leurs.
n Pour la fixation de ce minimum et
la limitation des heures de travail, la
ville consultera les Chambres syndica-
les ouvrières et patronales. En cas de
non-entente, de refus de concours ou de
l'inexistence de l'une ou l'autre de
ces Chambres, i'avis du Conseil de l'in-
dustrie sera demandé.
7i En aucun cas, le salaire minimum
ne pourra être inférieur a quatre francs
par jour et la durée de la journée de
travail n'excèdera pas dix heures.
7i Pour ce qui concerne le personnel
directement employé par l'administra-
tion, a partir du lr Janvier 1897, tous
les ouvriers et employés de la ville
jouiront d'un minimum de salaire basé
sur le taux de quatre francs par jour
et de la journée maximum de huit
heures. (1)
Sur la proposition de M. De Mot, le
Conseil communal de Bruxelles avait
décidé que le Collége procèderait a une
enquête préalable a la discussion de la
proposition socialiste. Les résultats de
cette enquête viennent d'être publiés.
La Revue du Travail (numéro du mois
d'Aout) en fait un résumé que nous lui
empruntons
Les résultats de
I'enquête.
La ville de Bruxelles vient de pu
blier le rapport présenté au Conseil
(l) Cette proposition a fait l'objet d'intéres-
sarits et remarquables développements par M.
Conrardy. Ces développements ont paru dans
le Peuple des 7 et 9 Avril dernier.
Si une soeur en menace une autre avec co-
lère, ou fait le geste de la frapper, la peine de
la faute grave sera doublée. Pour celles qui
demandent pardon des fautes de cette sorte,
avant d'en être accusé, la peine consiste en
deux disciplines au chapitre elles jeünent
deux jours au pain et k l'eau, et elles man
gent un jour k la dernière place, devant toutes
les Religieuses, sans table ni aucun service de
table.
A celles qui sont accusées, il est ajouté une
discipline et un jour au pain et k l'eau.
Des fautes trés graves. Si une Religieuse
ose répondre grossièrement a la Mère Prieure
ou a la Présidente
Si elle essaye de parler avec les personnes
du dehors, sans permission de la Mère Prieure,
ou sans tierce, qui soit témoin et qui entende
clairement les paroles
Si elle sème la discorde entre les Soeurssi
elle a l'habitude de médire en secret
Celle qui frappe méchamment une Soeur en-
court la sentence d'excommunication, et elle
doit être séparée de toutes les autres.
La carmélite convaincue de faute trés grave
se prosterne, demande pieusement pardon, et
les épaules nues, elle entend sa sentence
puis elle reqoit la discipline, autant qu'il p'a]t
k la Mère Prieure, et quand celle-ci lui or-
donne de se lever, elle va a la celluie désignée
par la Mère Prieure aucune Soeur ne peut la
rejoindre, ni lui parler, ni lui envoyer quoi
que cesoit...
Aussi longtemps que dure la pénitence, elle
ne communie pas, il ne lui est rien commande,
elle est privée de la compagnie des Anges,
elle n'a ni voix ni place au chapitre elle est
la dernière de toutes jusqu'a pleine satisfac
tion. Au Réfectoire, elle ne s'assied pas avec
les autres, mais bfen au milieu de la salie,
vêtue de sa manie elle se nourril de pain et
d'eau, sauf lorsque, par miséricorde, la Mère
Prieure lui envoie quelque chose.
1 - •»r'w*fJVWWvv—
PAR
SUITE.
LA SUITE AU PR0CHA1N NUMËltO-