AU
La réforme militaire
et la presse.
nog gezegd te worden dat de wezen
lijke inkomsten altijd boven de schat
ting gaan.
Dus op twaalf jaren tijd klommen
de accijnsrechten (volgens officieëie
cijfers) met fr. 30,998,00. Dus bijna
het dubbele.
En dat is het werk der klerikalen1
Zien wij nu hoe de lasten vermin
derd werden.
In 1884 betaalde het Belgisch volk
in rechtstreeksche en onreehtstreek-
sche belastingen 316,100,008 fr.
Na de regeering van Beernaert, die
door de sussen aanzien wordt als de
grootste financier der verledene, te
genwoordige en toekomende tijden,
betaalden de brave Belgen, gedurig
aan met afslag lastig gevallen,
342,110,00 fr. Men moet bij dit cijfer
een overschot van 26 millioen voe
gen, de winsten der omzettingen die
jaarlijks 7 millioenen beliepen.
Ten huidigen dage, nu het manna
ons dagelijks door brabbelaar De
Smet op het hoofd gestrooid wordt,
schat men de inkomsten van recht
streeksche en onrechtstreeksche be
lastingen op-368,349,678 fr. 40 (cijfer
door het gouvernement opgegeven).
Dus een opslag van 52 mil
lioenen in tien jaren
Men voege daar nog bij, dat de ge
consolideerde schuld (sommen onder
waarborg van het staatsbestuur ont
leend) in 1883 a 1,500 millioenen be
liep en nu de fabelachtige som van
2,284,971,348 franks bereikt.
Aan diegenen die deze cijfers te
lang vinden, weze het genoeg om den
toestand te begrijpen, te weten dat
wij in 1874 per hoofd aan den Staat
33 franks betaalden en nu... hitna
97.
Ziehier hoe een Doornijksch dag
blad de cijfers in een veelbeteekenen-
de tabel opgeeft
I. Accijnsrechlen.
1879 1885 (liberalen) fr. 33,400,606
1886 1890 (klerikal.) 40,000,000
1891 1895 39,371,420
1897 64,398,000
Feuilleton du journalLa Lutte-De Strijd,,
34
JEAN CHALON.
Jacques Delmas avait confié l'administration
desa fortuneau noiaire Bertrand.de Bruxelles,
dont il connaissait depuis vmgt ans la grande
experience en affaires et Ia stride probité Le
notaire lui fit bon accueil lorsqu'un matin il se
présenta en son étude et lui demanda un entre-
tien particulier.
Je quitte les Laminoirs, lui dit Jacques
sans préambule, quand ils furent seuls. Je
pars dans huit jours pour l'Amérique.
Lc notaire regardason ami bien en face
Vous Al tons doneQue deviendrait
l'usine Aucun contrat ne nous lie. Je perds
mes appointements de cette année, qui de-
vaient seulement m'ètre payés en Octobre
voila fout.
Voila tout répliqua le notaire c'est
bientót dit. Et voire part de bénéfices.ils se-
ront magnifiques a la prochainc réparlit ion.
Et ma part de bénéfices, oui.
Mais alors, on vous fait un pont d'or
pour passer l'Atlantique s'écria le notaire
émerveillé. Voyons, entre nous, que vous offre-
t-on la-bas
Absolument rien, et je n'y connais per-
sonne. Ecoutcz, mon clier notaire, ne discu-
tons pas et ne cherchez pas a me sermonner.
Ma résolution est prise depuis un an, froide-
ment mürie, et personne ne pourrait m'en faire
changer. Voici ce qui m'amène ma fille a
prononcé hier ses voeux définitifs cliez les car-
mélites de N. Elle est morte au monde... et
pour moi.
Je sais, je sais, dit le notaire, devenu
grave.
Je pars, peul-être avec ma femme, pour
les Etats-Unis; l'Europe m'est devenueodieuse.
Comme je uc prétends pas que jamais un cen-
II. Rechtstreeksche en onrecht
streeksche belastingen.
1884 (liberalen) fr. 316,100,008
1894 (klerikalen) 342,110,000
1897 368,340,678
111. Openbare schuld.
1884 fr. 1,500,000,000
1897 2,204,971,345
IV. Verhouding per inwoner.
1884 fr. 27,00
«896 33,00
Toute la presse, ou peu s'en faut,
s'occupe des projets de réforme mili
taire dont M. le général Brassine a an
noncé le dépot pour le début de la pro-
chaine session (qui s'ouvrira le 10
Novembre).
II nous parait intéressant de mettre
sous les yeux de nos lecteurs quel-
ques opinions caractéristiques a ce
sujet.
Nous leur avons fait connaitre dans
notre dernier numéro les opinions de
MM. L. Visart, Brassine et Coremans.
C'est aux journaux que nous nous
adressons aujourd'hui,après avoir déja
reproduit l'article de M. H. Dumont
V Èncasernement.
Les cultivateurs de la Flandre oriën
tale ont un organe, le Landbouw, d'oü
le Patriote a traduit le passage commi-
natoire que voici
Done, d'après cette declaration, (1) M.
Brassine est decide a aller sürement au-
devant d'une défaite car il n'est point
douteux qu'un tel projet ne ralliera jamais
la majorité. Ils sont trop nombreux les de
putes qui ont promis formellement avant les
elections de combattre sans cesse le service
personnel. Et ils tiendront parole.
Eh bien, nous verrons si les deputes tien
dront parole. Nous l'espérons... pour eux,
car nous, paysans, nous, leurs électeurs,
nous tiendrons parole.
Nous ne les avons pas élus pour voter des
augmentations du contingent ou aggrava
tions de charges militaires au contraire,
nous leur avons donné la mission de dimi-
nuer les exlravagantes charges militaires
(ij Celle de M. Brassine, que nos lecteurs
connaissent (N. de la Lutte).
time de ma fortune aille engraisser le couvent,
je veux avec votre aide, transformer mon avoir
en rente viagère, payable a ma femme ou a
moi, enfin au dernier survivant.
Ah répliqua le notaire qui cherchait
des objections... avez-vous assez réfléchi Vo
tre filie peut vous revenir encore...
Jacques eut dans le regard un éclair d'espé-
rance, aussitót suivi d'un morne abattement
puis ientement
Si Georgette revenait, comme nous lui
ouvririons les bras elle ne reviendra ja
mais.
Oh c'était seulement pour prévoir...
répondit le représentant de la loi. Et que pen-
se madame Delmas
Ma femme est depuis quelques jours
chez ses parents. Je lui ai proposé de rester
auprès d'eux de me laisser partir seul pour
l'Amérique... je ne sais pas ce qu'elle déci-
dera.
Vous savez, dit encore le notaire, qu'il
faudra quelque temps pour réaliser votre for
tune dans les meilleures conditions
Soit répondit Delmas nons traiterons
l'affaire par correspondance. Je vous signerai
unc procuration générale.
Avez-vous une idéé du total de vos biens
Mais non, pas exactement, répondit l'in-
génieur. Je ne sais pas la valeur de ma mai-
son de Bruxelles, achetée ïlyaune dizaine
d'années... c'est la que je comptais établir ma
fille mariée et voir mes petits enfants... Et
puis j'ai beaucoup d'actions industrielies dont
j'ignore les derniers cours. L'ensemble ferait
une assez enviable proie pour les carméhtes,
si je n'y mettais bon ordre...
Certes s'écria le notaire. Les couvents
convoitent et acceptent de plus petits mor-
ceaux.
Je suppose, continua Delraas, que la
rente viagère me donnera de quoi vivre en
Amérique, oii toutes choses sont clières de
quoi vivre sans luxe, ma femme et moi,.. oh
d'après les on (lit et les exagérations du village,
je serais prodigieusement riche les gens de
B. sachaut que je manie des affaires colossales,
me prêtent volonliers deux ou trois millions.
Ces potins sont absurdes. Bref, cc que j'ai
m'appartient je l'ai gagné honnêtement pa
qui pèsent depuis longtemps sur les paysans.
Nous en avons j usque la des charges mili
taires.
Ce que nous voulons, c'est la diminution
des charges, c'est la diminution des dépeu-
ses militaires, soit en diminuant le contin
gent, soit en organisant une armee de vo
lontaires et grace aux economies réalisées,
on pourrait pensionner les vieux travailleurs
et diminuer de moitié l'impöt f'oncier.
M. le ministre veut déposer son projet
augmentant le contingent eh bien, il peut
par avance commander sa voiture de démé-
nagement. (1) Les ministres et les deputes qui
ont l'intention de voter le projet en question
peuvent dès aujourd'hui boucler leurs mal
les. Voila ce que nous leur prédisons.
Que de fois ne nous a-t-on pas dit plus
un homme, plus un canon, et nos bons depu
tes ont cependant voté les fortifications de
la Meuse, les armements demandés, etc.
Eh bien, nous en avons assez de ce jeu
de victimes.
Que M. le général Brassine joue a ree de
petits soldats autant que cela lui plait, mais
non avec notre argent et nos enfants.
Et vous, MM. les députés, souvenez-vous
de vos promesses..d'avant les élections,
sinon gare aux prochaines élections
Le passage est suggestif et mena-
Qant. II fera sans doute impression sur
les députés cléricaux, car il les attaque
du cöté de leur préoccupation princi
pale celle de leur réélection.
M. Brassine se dit en parfait accord
avec ses collègues, qui auraient lié son
sort au sien. Cette solidarité ministé-
rielle inquiète fort la presse cléricale,
qui s'attache a la nier ou a en démon-
trer la non-existence. Le correspon-
dant anversois de la Ghronique résumé
comme suit une lettre bruxelloise du
Handelsblad a ce sujet
Le Handelsblad publie aujourd'hui une
correspondance bruxelloise qui a toutes les
allures d'une communication officieuse. II
est absolument certain, dit notre confrère,
que le général Brassine déposera a la ren-
trée le projet de service personnel, et toutes
les influences seront mises en jeu pour en
assurer l'adoption.
Tout ce que l'on peut espérer, el
(Vaprèsmes renseignementsces espérances
SERAIENT TRES ALÉATOIRES, c'est que les
ministres civils ne lieront pas leur sort a
celui du ministre de la guerre.
Le ministre de la guerre jettera son por
tefeuille dans la balance. Espérous encore
(1) Voir au P.-S.
un travail de vingt années, et par quelques
speculations réussies j'ai le droit de l'em-
porter... d'ailleurs, ce n'est pas ma fille qui en
profiterait, si je lui laissais l'héritage abso
lument pas. Vous voyez, notaire, que je cal-
cule froidement la situation.
Sans doute, répondit maitre Bertrand.
Et je suis a vos ordres pour exécuter exacte
ment vos intentions.
Voici, reprit Delmas. Les titres et les
immeubles étant vendus au mieux de mes inté
réts, vous prélèverez d'abord vos honoraires et
quelques livrets de caisse d'épargne que je
veux laisser a de vieux ouvriers de mon usine,
devcnus incapables de travailier. D'ailleurs,
je leur donnerai, ces braves camarades,
quelques indications ils pourront, avec une
note du docteur Bertin, sonner a votre porte...
Le notaire serra la main de son ami, en se
détournant pour cacher l'émotion qui l'enva-
hissait.
Quand la procuration fut signée, Jacques
demanda une feuille de papier a lettres et il
écrivit a sa fille une dernière fois. C'était d'un
bout a l'autre, en quatre pages, un cri doulou
reux, toute fame paternelle. Reviens a la
vie Nous t'ouvrons les bras. Un seul mot de
toi et nous traversons la mer, nous arrivons
Tu n'est pas morte, je ne peux pas me résou-
dre a ne plus espérer. Au dernier moment,
ma volonté faiblit Je t'aimais tant Songe a
ton père et a ta mère en larmes l'épaisseur
effroyable d'un monde te séparera d'eux dans
quelques jours reviens je suis vieux il
faut te hater...
Mais la supérieure des carméhtes ayant ou-
vert la lettre, comme la sainte règle du cou
vent l'y obligeait, la jeta au feu en haussant
lesépaules, et Georgette ne la lut même pas.
De leurs balancements fleuris, les lilas ca-
ressaient une fois encore la jolie maison du cö-
teau, el chaque soir, attirés par le nectar des
corolles, les grands spynx, comme des papil-
lons de rêve, autour des violettes panicules
croisaient leurs vols le chant doux et triste
des crapauds, faisant clou clou montait vers
les étoiles. Dans ses épanouisseraents et fron-
daisons la nature indifférente encadre les fêtes
ou les deuils de l'homme. Les lilas fleuris-
que les ministres civils ne poseront pas Ia
question de cabinet
Le Handelsblad cite l'exemple du ministre
de Mérode, qui, ayant succombé sur la ques
tion de l'annexion immédiate du Congo, s'est
retiré seul de ministère De Burlet.
On est trés inquiet, ajoute le journal an
versois, dans les milieux de la droite.
On craint qu'avant l'ouverture des Chatn-
bres, le ministère, obéissant d de Tiautes in
fluencesne prenne une décision irrévocable.
Les députés de la droite comptent provo-
quer une réunion de la majorité parlemen
taire a laquelie les ministres seront eonvo-
qués et ofi l'on exigera d'eux l'engagement
de se conformer aux decisions qui seront
prises.
M. Beernaert ne serait pas éloigné d'ac-
cepter cette solution.
On voit par cette note combien la situa
tion du ministère, prisonnier de la droite,
est fausse. D'r prés les bruits qui courent,
le cabinet tout entier se solidariserait avec
le général Brassine et alors nous nous trou-
verions en présence d'une crise tres grave,
un conflit entre le Roi et la majorité par
lementaire.
II faut que la situation paraisse de
voir amener de sérieuses complications
et de graves difficultés, pour que AI.
Beernaert ait été appelé au Palais,
alors que le ministère est tout a la dé-
votion de M. Woeste, l'ennemi intime
de M. Beernaert.
Quel a été l'objet de l'entrevue du
Rot avec MBeernaert Le Courrier de
Bruxelles prétend avoir sur ce point
des indiscrétions detout premierordre:
On nous assure, écrit-il que dans la
toute récente entrevue de M. Beernaert
avec le roi, la question militaire a été l'une
des questions traitées. L'ancien ministre
n'aurait pas caché au roi que poser cette
question a l'heure qu'il est serait s'exposer
a un échec certain. Rien dans ie3 récentes
élections ni dans le mouvement d'opinion
qui se fait autour du volontariat ne laisse
place au doute sur le sort réservé a un pro
jet qui aggraverait les charges militaires ou
voudrait opérer toute autre transformation.
La sages se politique la plus vulgaire doit
conseiller de ne pas frapper des coups d'épée
dans l'eau ce serait faire le tort le plus gra
ve aux idéés meines que l'on prétend servir.
Au point de vue du régime parlementaire,
on comprendrait encore moins un gouverne
ment voulant forcer la main, sur une ques
tion capitate, non seulement a la majorité
des Chambres, mais a la majorité évidente
du pays.
saient une dernière fois pour Jacques et pour
Hélène qui activaient leurs préparatifs de dé-
part en larges bouffées par les fenêtres ou-
vertes entrait la douceur de leur parfum avec
la tiédeur des bnses de Mai. Sousla verdure
jeune des blés, des prairies et des bois, la
couleur noire de la terre disparaissait les
écorces se gonflaient de sève et de vie des
milliards de germes éclosant a la fois re-
muaient le sol, et dans l'air circulaient des
fluides d'amour et des enivrements. Qu'il était
triste ce renouveau, et comme l'odeur des lilas
donnait envie de pleurer
Les chambres s'encombraient de caisses, de
malles, de ballotselles avaient eet air de de
vastation qui accompagne les déménagements
et les incendies. Les cadres décrochés du mui'
laissaient sur la tapisserie des carrés dont le
soleil n'avait pas rongé les nuances. Les tiroirs
de commode, demi-ouverts, paraissaient éven
trés des tas de linge trainaient sur les plan-
chers.
Antoinette, coeur simple mais plein de vail-
lance et de dövouement, n'avait pas voulu ac
cepter une somme ronde qui, jointe a ses éco-
nomies, eüt assuré le pain de ses vieux jours
elle prétendait suivre ses maitres jusqu'au
bout du monde. Ce n'était pas elle, certes,
qui les eüt abandonnés pour entrer aux carmé
htes non et elle le disait a qui voulait l'en-
tendre.
Dans une armoire, Hélène retrouva les gen-
tils vêtemenls que Georgette avait portés, alors
qu'on l'appelait Miette par amitié et mignar-
dise... il y avait si longtemps La mère ma-
niait lentement l'un après l'autre, dans ses
mains qui tremblaient un peu, les bonnets
qui tiennent sur le poing, garnis de dentelles
croclietées et de nceuds de ruban cerise les
brassières qui enveloppaient le petit corps
blanc et rose, les bas tricotés dans un mor-
ceau de papier, une bouclé de cheveux, les
premiers coupés sur la tcte du bébé de six
mois... Ces chères reliques d'autrefois lurent
serrées dans une boite, furtivemant, sans que
Jacques les vit. Hélène se proposait plus tard,
quand elle serait seule, d'ouvrir ce trésor con-
nu d'elle, rien que d'elle, et avivant sa arater-
nité, de se souvenir.
-^>VrAv-\
PAR
SUITE.
LA SUITE AU PR0CI1A1N NUMÊllO.