l'union fait la force
Journal
libéral démocratique
d'Ypres et de l'Arrondissement
Vrijzinnig
volksgezind weekblad van
leperen en van het Arrondissement
Les fonctionnaires
et la liberté.
Samedi, o Avril 4 891.
5 centimes le numéro.
56 année. X° 22.
Les affaires d'Arménie
ei de Crète.
PRIX DE L'ABONNEMENT
Far an 3 francs.
Par an 53 fr. SO.
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames 25
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IParaissant le Wanted*.
Verschijnende des r£»uterdmjs.
III. La Crète et le pan-
hellésiisnie.
La nation grecque se compose des
hommes qui, depuis la conquête de
Constantinople, n'ont pas cessé de pro
fessor la religion orthodoxe, do parler
la langue de leurs pères, et qui sont
restés sous la juridiction spirituelle ou
temporeile de leur égiise, n'importe le
pays qu'ils habitent en Turquie.
C'est ainsi que Capo d'Istria, prési
dent de la République grecque lors
des guerres de l'indépendance, définis-
sait ia nation qui l'avait mis a sa tête
pendant qu'elle cherchait a se libérer
du joug turc.
Et de fait, une faible partie seule-
ment de la race grecque habite la Grèce
indépendante. La plus grande partie
des individus de souche hellénique
peuplent les iles de l'Archipel encore
aux mains des Turcs, peuplent la Crète
et le littoral maritime de l'Asie-Mi-
neure et ont fondé d'importantes colo
nies grecques dans toutes les villes
commerqantes de l'Orient. Aussi peut-
on dire avec exactitude que si les
Grecs étaient politiquement unis com-
me ils le sont par la langue et la reli
gion, l'Archipel serait un lacgrec.
La pauvreté naturelle et la disposi
tion géographique de la Grèce indépen
dante font du commerce maritime la
principale ressource de ses habitants
et en forcent un grand nombre a Im
migration dans l'Asie-Mineure.
En se faisaut les commis-voyageurs
des races rnoins actives du Levant, les
Grecs ont en même temps établi entre
tous les Hellènes, libérés ou non du
joug turc, de continuelles relations
commerciales, de perpétuels échanges
d'idées et de sentiments qui ont fait en
réalité, des deux fractions de cette race
actuellement soumises a des sorts diffé
rents, une seule nation vivace et unie.
Aussi tous les Grecs appellent-ils de
tous leurs vceux le moment ou ils se-
ront tous groupés en une même nation
libre qui règuera sur les bords de l'Ar
chipel. Cette tendance a la reconstitu-
tion d'une Heilade unique avec l'Hel-
lade du dehors et l'Hellade du dedans,,,
c'est ce qu'on nomme le panhellénisme.
Cette tendance ne fera que s'accentuer
a mesure que deviendra plus conscient
de lui-même le réveil des races conqui-
ses, partout a la surface du globe.
Le panhellénisme inquiète la Russie..
paree qu'elle y voit le plus sérieux ob
stacle peut-être a sa marche sur Con
stantinople.
Nous 1'avoDS dit déja, depuis le traité
de Berlin, la Russie n'a plus d'espoir
d'arriver par l'Europe au but suprème
de sa politique la possession de Con
stantinople. Le chemin d'A&ie est le
seul qui puisse encore s'ouvrir au
Russe, paree qu'il traverse les domai-
nes du Turc, et que le Turc n'a ni l'in-
stinct de liberté, ni l'énergie et la
résistance des populations balkaniques.
La Russie a laissé massacrer les Ar-
méniens, paree qu'elle voyait, dans les
tendances de l'Arménie a sa formation
en république indépendante, la créa-
tion possible d'une barrière infranchis-
sable sur la route de Constantinople.
Mais, l'obstacle arménien supprimé,
la route ne serait pas encore libre. Res-
terait le panhellénisme, resterait les
Grecs d'Orient, qui seraient d'autant
plus ardents a réaliser l'union des deux
Administration et Redaction rue de Dixmude, 51, Yprcs.
EENDRACHT MAAKT MACHT.
Heilades que cette union serait impos
sible, une fois Constantinople aux
manistes Russes.
Le panhellénisme est done le dernier
obstacle qui s'élèverait pour arrêter
les Russes sur le chemin de Constanti
nople. Et eet obstacle serait le plus
sérieuxcar la race grecque est émi-
nemment énergique, vigoureuse et
éprise de liberté, et toutes les sympa
thies de l'Europe seraient avec elle,
ne füt-oe que par reconnaissance des
services que la Grèce a rendus a la
civilisation tout entière.
Pour ces motifs, la Russie a pour
but de faire échouer toutes les tentati-
ves du panhellénisme vers la réalisa-
tion, même partielle, de son plan. C'est
parce que la Russie craint le panhellé
nisme que toutes les diplomaties euro-
péennes se sont acharnées sur les Cró-
tois révoltés, alors que toutes les sym
pathies sont avec eux.
La révolte actuelle des crétois est ia
dernière explosion du panhellénisme.
L'ile de Crète, grande environ com-
me ie tiers de la Belgique, tit partie de
la Grèce antique et de l'einpire d'O
rient elle fait géographiquement et
ethniquement, partie de l'Hellade que
les Grecs voudraient reconstituer.
Sur les 300,000 habitants de l'ile de
Crète, 200,000 sont des Grecsils
habitent pour la plupart les campa
gnes et sont nécessairement assez dis-
persés. Les 100,000 autres habitants
sont des musulmans, concentrés dans
les villes et qui assurent leur domina
tion par des abominations dont l'Euro
pe retentit périodiquement et qui pro-
voquent le soulèvement des Grecs.
Conquise trés tard par les Turcs (en
1669 seulement) sur les Vémtiens, l'ile
de Crète ne fut relativement soumise
aux musulmans que pendant le 18°
siècle. L'histoire du 19e siècle pour la
Crète est pleine de massacres et de
révoltes.
La Crète prit part a la révolte de la
Grèce contre les Turcs, vers 1820. Elle
fut mise a la raison par les Egyptiens,
qui l'occupèrent jusque 1840.
En 1866, nouvelle révolte les Turcs
sont presque chassés de l'ile, et Gus-
tave Flourens, qui avait participé a la
lutte et qui l'avait soutenue par la
plume, est élu député de Crète au Par
lement grec. Mais son élection déplut
aux Anglais, qui le tirent prisonnier et
ne lui rendirent la liberté que devant
les manifestations du peuple grec.
En 1869, l'Europe décida que la
Crète resterait aux Turcs, a condition
que ceux-ci se montreraient plus équi-
tables envers les Grecs.
Yaine condition, comme toutes celles
imposées au Sultan.
En 1875, en 1885, nouvelles révoltes,
auxquelles l'Europe met fin en arra-
chant au Sultan la promesse non
réalisée óvidemment de réformes en
faveur des Grecs.
Enfin, il y a quelques mois, le mas
sacre d'une partie de ia population
grecque des villes motivait la révolte
actuellement en cours.
Pourquoi, tandis que toutes les sym
pathies européennes sont pour les Cré
tois révoltés, les gouvernements ont-
ils employé tous leurs efforts a étouffer
ou a rendre stériles ceux des insurgés
Nous retrouvons la, d'abord, les
mêmes causes qui ont rnotivé l'mertie
de l'Europe en face des massacres
d'Arménie.
La Russie ne veut accorder aucune
amelioration aux Crétois, parce que
toute amélioration serait un encourage
ment au panhellénisme qu'elle craint.
L'Allemagne et la France suivent la
politique russe pour des motifs que
nous avons déja dits. Le gouvernement
tory conservateur de l'Angleterre mar
che avec le concert européen, par
prudente réserve et par ménagement
envers la Russie et l'Allemagne.
Voila un des motifs pour iesquels on
en est arrivé a se demander, ainsi que
le disait M. Yandervelde au meeting
philheilémque de Bruxeiles, com-
ment il se trouve un seul peuple
ayant combattu pour sa propre indé-
n pendance parmi les puissances qui
ont envoye des navires de guerre
devant la Canée pour s'opposer a
l'émancipation des Crétois.
Une croisade nouvelle a soulevé
les chrétiens de l'Europe, mais ce
n'est plus pour combattre les infidè-
les d'Orientc'est pour défendre la
n Turquie contre les tentatives d'éman-
n cipation que font les chrétiens sou-
mis a son exécrable domination,
Aux motifs politiques de Paction de
l'Europe contre les Grecs, se joignent
des motifs financiers sur Iesquels il est
bon d'attirer l'attention.
La Turquie, dont les souverains ont
toujours emprunté sans compter, a
une dette d'environ quatre milliards,
garantie par les douanes, les tabacs, les
nnpöts, en un mot toutes les ressources
budgétaires. Les deux tiers de cette
dette sont en France, le reste en An-
gieterre, Autriche, Allemagne, Hollan-
de, Belgique. Inutile de dire qu'il n'y
en a pas en Russie: la Russie emprunte
a tout le monde, mais ne prête a per-
sonne ce qui lui procure encore l'a-
vantage de ne pas passer aux yeux du
Sultan pour une usurière.
Les intéréts et l'amortissement de la
dette turque absorbent a peu prés tous
les revenus de l'Empire. C'est ce qui
explique pourquoi les détenteurs de la
rente turque ont intérêt au maintien de
l'intégrité de l'empire turc toute di
minution de l'empire entrainerait une
diminution du budget de la dette, done
une diminution de profit pour les cré-
anciers du Sultan.
Aussi les gens de finance poussent-ils
les hauts cris dès qu'il est question
d'accorder a la Crète l'indépendance
ou seulement l'autonomie. Pour qui
connait quelque peu l'influence des
financiers sur les gouvernants, en voila
assez pour comprendre comment les
gouvernements européens ont suivi si
faciiement la politique russe, malgré le
sentiment contraire des populations
sympathiques aux insurgés.
Ces considerations politiques et fi-
nancières ont fait prendre aux gouver
nants des puissances le parti de l'op-
presseur contre l opprimé.
Heureusement pour les Crétois, leurs
frères par la race et la religion, les
Grecs, ne les ont pas abandonnés.
Comme on sait, ils ont débarqué en
Crète des troupes qui ont remporté sur
les Turcs d'importants succes.
Les Turcs ont concentré des troupes
a lafrontière grecque, les Grecs ont fait
leurs préparatifs de défense.
Les flottes des puissances bloquent
la Crète pour forcer les Grecs a en sor-
tir, et y débarquent des troupes pour
protégerles massacreurs turcs contre
la vengeance des Crétois.
Les puissances, sous prétexte de
conserver la paix en Europe, veulent
cliasser la guerre de la Crète, oü elle
est circonscrite. Les Grecs laporteront
sans doute en Thessalie, oü elle moti-
vera l'intervention des pays balkani
ques et bientöt de l'Europe tout en
tière.
Pour empêcher la Crète de brüler,
la diplomatie aura mis le feu a toute
l'Europe. Elle aura perdu une fois de
plus, dans des calculs politico-finan
ciers auxquels la masse des peoples est
étrangère, l'occasion de sauvegarder
la paix en réaiisant une oeuvre d'hu-
manité et de justice qui se fera sans
la diplomatie d'ailleurs, n'ayant pu se
faire avec elle. Ph. de C.
Lors de la récente grève des ouvriers
gaziers bruxellois, M. Beun, employé
a la traduction du compte-rendu ana-
lytique de la Chambre, a porté aux
grévistes, dans un meeting, l'assurance
des sympathies et de l'appui du parti
démocratique chrétien (dont M. Beun
fait partie).
De ce chef, M. Beun a été frappé
par le bureau de la Chambre d'une
suspension de quinze jours.
Des explications ont été demandées
au bureau de la Chambre, au sujet de
cette mesure, en comité secret La. gau
che et les quelquesdéputésdémocrates-
chrétiens se sont trouvés seuls a blamer
la mesure prise par le bureau. La
droite réactionnaire l'a unanimement
approuvée.
La Chambre vient done d'aggraver
la théorie gouvernementale qui inter-
dit aux fonctionnaires de s'occuper de
politique. La Chambre prétend même
leur interdire d'intervenir dans le
moindre confiit économique.
11 est évident qu'au fond, M. Beun
n'est frappé que parce que son inter
vention s'est faite en faveur des ou
vriers. S'il s'était chargé de les com
battre et de les injurier, MM.Beernaert
et Cia lui auraient sans doute voté une
augmentation de traitement. Et la
droite aurait approuvé
Un journal sans couleur politique,
le Soirs'est associéen l'occurrence aux
critiques formulées par les journaux
libéraux et démocratiques contre la
peine qui frappe M. Beun.
Le Soir l'a fait dans les termes sui-
vants
Nous croyons a priori que cette mesure est
attentatoire h la liberté, en toute hypothèse.
Si la règle est admise, elle doit être générale,
et généralisée, elle serait absurde dans ses
conséquences.
En effet, va-t-on songer a empêcher les em
ployés, rédacteurs ou correspondants de jour
naux de continuer leur collaboration et leur
enlever le droit d'écrire
Penserait-on a défendre aux avocats, em
ployés de la Chambre, de plaider car enfin,
ils peuvent avoir a plaider des proces politi
ques, voire contre des députés
Songerait-on a interdire aux sténographes
de sténograpluer des meetings, sous prétexte
qu'on s'y occupe de politique
Non, tout cela serait par trop absurde, riest-
ce pas Alors quoi Et pour quelle raison
vient-on de frapper celui-la précisément qui,
comme M. De Beun, a usé de sa liberté pour
les petits et les humbles, sans souci de profits
aucuns
Si les députés avaient bien pesé tout cela,
ils n'auraient pas approuvé la peine injustilia-
ble dont vient d'être victime eet honnête hom-
me, qui est aussi homme de coeur.
Mais les députés cléricaux n'ont rien
pesé de tout cela II y avait un démo-
rmt*Ka*r.*zzT-r>-^r*. E
POUR LA VILLE.
POUR LA PROVINCE,
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-'ir.Vc-:-
Pour les annonces de France et de Belgique exeepté les
deux Flandres)s'adresser a l'Agence Havas, Bruxel-
les, rue de la Madeleine, 32, et a Paris,
agence de la Bourse.
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