Necrologie. crate a frapper, et lis out frappé, comme des sourds, sans rien entendre. Sous le titre Fonctionnairesla Rè- forme a publié, a propos de ia suspen sion de M. Beun, un article ou. i'auteur envisage les conséquences morales ou plutöt immorales de la théorie qui iuterdit aux fonctionnaires d'ex- primer la momdre opinion en rnatière politique et sociale. Nos lecteurs nous sauront gré de mettre sous leurs yeux Particle de la Réforme La Chambre vient de sanctionner une fois de plus la théorie d'après laquelle les fonc tionnaires n'ont pas le droit d'exprimer une opinion en rnatière politique ni même en rna tière d'économie sociale. Car les applications du principe deviennent sans cesse plus nombreuses ce ne sont plus seulement les fonctionnaires du gouvernement, ce sont a présent ceux de la Cham bre ce n'est pas seu lement la discussion politique qui est interdite, c'est l'intervention dans une simple grève de gaziers. La théorie est relativement nouvelle. C'est M. Vandenpeereboom qui a en le mérite de l'invention peu a pen son exemple a étésuivi dans les autres départements et on est venu aujourd'hui a ces mesures générales ou a peu prés qui ont obligé tous les fonction naires a quitter les mandats de conseillers communaux ou de conseillers provinciaux que les électeurs leur avaient contiés. D'après nos ministres, d'après la majorité cléricale, les fonctionnaires sont privés du droit d'exprimer publiquement leurs opinions; ce droit, c'est ce qu'on appelle la liberté de conscience ïl est garanti par Ia Constitution a tous les Beiges, mais Ie gouvernement pré- tend que les fonctionnaires rie sont pas des citoyens comme les autres ils ne sont pas forcés d'entrer au service public et nesontad- mis a le faire que s'ils renoncent a leur liberté et leurs droits constitutionnels. L'admtrable principe Et comme il est de nature a nous rassurer sur le caractère et l'in- tégrité de ceux a qui l'on conlie l'administra- tion du pays il leur a fallu, pour être jugés dignes d'émargerau budget, souscrire d'abord un marché contre l'octroi d'un traitement, d'avantages pécuniaires, de la sécurité maté- rielle, ils vendent leur liberté et leur con science, ils abandonment le meilleur de leurs droits de citoyens. La peur de se compromettre devient pour eux la première et la principale règle de con duite. On leur apprend et on leur impose les petites lachetég. les petites capitulations de conscience qui dégradent peu a peu les carac- tères les mieux trempés. Le fonctionnaire même quand il n'exerce pas ses fonctions, l'employéqui n'est plus a son bureau, restent néanmoins soumis a la férule ministérielle la censure administrative surveille leurs ac tions et leurs pensees, et, a la moindre velléité d'indépendance, ils sont suspendus, cassés, privés de traitement. Ces pratiques sont mauvaises, car la dépres- sion morale qu'elles entrainent ne se produit pas seulement cliez ceux qui y sont directe- ment soumis de l'innombrable armée de fonctionnaires le mal s'étend a leurs proches, a leur familie, a leurs amis. C'en est fin 1 de ces généreux élans d'opinion qui, il y a quel- ques années, entrainaient les populations cha- que fois qu'un attentat se prëparait contre les libertés publiques. Aujourd'hui les préoccupa- tions matérielies passent avant tout. Qu'est-ce que j'y gagnerai est la première question que l'on se pose ne vais-je pas me faire tort? se demande-t-on encore. Et l'on reste chez soi, on se tient coi, on Iaisse se perpétrer sans rien dire les ceuvres les plus réactionnaires. Nos ministres savent bien ce qu'ils font. lis n'aiment pas la liberté, ils n'aiment pas que le peuple de leurs sujets se fasse preuve de virilité civique et plus il y aura de gens qui sacrilieront au souci d'assurei' leur situation matérielle tout ce qui fait la grandeur morale d'un peuple, plus ils gouverneront facilement et plus ils seront contents. H. D. Comtne tout cela est profondóment vrai, et comme tout cela montre a l'évidence a quel degré d'abaissement moral douze anaées de domination cléricale ont conduit notre pauvre Bel- gique i Ph. de C. Jeudi, 25 Mars dernier, a 2 heures, ont eu lieu les funérailles civiles de M. Jules Capron, décédé le 21 du même mois. M. J. Capron était un liberal con- vaincu et dévoué. ün ne lui demandait jamais en vain son appui pour les idéés qu'tl a défendues toute sa vie. Les ceu vres libérales et philanthropiques l'ont toujours compté parmi leurs plus fer- mes soutiens. Aussi la mort de M. J. Capron est-elle vivement ressentie par le parti libéral tout entier. De nombreux amis, d'Ypres et de l'étranger, étaient venus apporter a la dépouille mortelle de M. Capron un dernier témoignage d'estime et de sympathie. Deux discours ont été prononcés sur la tombe de M. Capron, par M. Gust ave Jottrand, ancien mernbre de la Chambre des Représentants, au noin de la Frauc-Maconnerie, et par M. Emile Jacqmain, au nom de la Loge Les Amis Philanthropes de Bruxelles. Discours de M. Gustave Jotlrand. Messieurs, L'homme de bien dont nous allons dans un instant restituer le corps a la terre, notre mère commune, apparte- nait dans l'Association Franc Magon- nique, a ce que nous appelons le Rite Ecossais ancien et accepté, c'est spé- cialement au nom des membres de ce Rite que je viens rendre, a la mémoire de l'ami qui n'est plus, l'hommage auquel elle a droit. li Le premier des devoirs que nous imposons a celui qui eutre parmi nous est le respect absolu des convic tions religieuses ou philosophiques d'autrui, a ce prix nous lui garantis- 8ons le même respect pour les siennes. A ce devoir, Jules Capron est toujours resté invariablement fidele et cette fidélité lui donnait le droit qu'il a tou jours revendiqué avec énergie de suivre dans ce domaine uniquement la voie que lui indiquait sa conscience person nels. Quand done, en ces matières, oü tant d'éléments invisibles, incons- cients, inconnus, mconnaissables mê- mes, concourent a créer les convic tions, verra-t-on régner partout cette loi bienfaisante de la tolérance inu- tuelle, sans laquelle il n'est parmi les hommes ni paix ni progrès possibles Elle est écrite dans nos constitutions, mais règne-t-elle dans les cosurs? C'est, se plait-on a dire une conquête défini- tive de l'esprit moderne, et en ce mo ment des differences de religion ensan- glantent l'Ürient de l'Europe n Non, la tolérance n'est point encore conquise, honneur done a ceux qui comme CAPRON en ont tenu ferme le drapeau. v Mais si nous avons pour principe de laisser chacun libre dans Ja sphère sans limite des conjectures religieuses, il n'en est pas de même quant aux devoirs pratiques qu'imposent aux hommes, sur cette terre, ia nécessité de la vie sociale et la solidaritó qui les unit. n La, la tolérance cesse, des devoirs positifs, stricts nous lient. lis se résu- ment en ces mots Aimez et servez l'humanité. Mais aimez et servez la surtout dans ce qu'elleapour vous de visible, de tangible, votre familie, votre patrie,et la petite patrie aussi bien que la grande, la ville natale aussi bien que le pays. Ce devoir aussi, CAPRON l'a rempli et bien rempli. Enfant d'une vieille cité qui a marqué dans l'histoire et ou. de superbes monuments témoi- gnent d'un glorienx passé, il s'est con- 8tamment efïorcé d'en instruire ses compatriotes, aucune oeuvre d'enseigne- ment, de bienfaisance, de relèvement moral ou matériel, ne l'a laissé indiffé rent sa main largement ouverte pour soulager les misères privées, l'était aussi pour améliorer les conditions générales du travail et de l'existence dans la riche région agricole dont Ypres est le centre, et l'usage dernier auquel il a voulu qu'après lui fussent consacrés ses biens, témoigne de sa sol- licitude constante pour ses concitoyens et surtout pour les moins favorisés d'entr'eux. En somine, il s'est effbrcó toute sa vie d'être un honnête homme et un bon citoyen. b A ce titre encore ceux qui lui sur- vivent lui doivent une large reconnais sance. II leur laisse l'exemple de pen- sées, de paroles et d'actions guidées par une conscience gónéreuse et loyale. b Ne reste-t-il de lui que eet exemple et ce souvenir L'homme aime a croire que sa vie terrestre si breve et si iimi- tée n'est point le seul champ d'action du noble principe qui en lui a pensé et aimé. Notre Rite pvoclame et a tou jours proclamé qu'il en est ainsi. Mais qui conuait le fond de ces mystères b En tout cas, si, ce que je ne pense pas, la vie de notre frère n'a été qu'une étincelle sans lendemain dans l'éter- nité, rendons-lui ce témoignage que cette étincelle a été claire et pure, et que chacun de nous s'efforce qu'après son depart on en puisse dire autant de lui. b Redevoering van M. Gust. Jottrand. Mijne Heeren, b De weldoener, wiens lichaam wij over weinige oogenblikken aan ons aller moeder, de Aarde, zullen terug schenken, behoorde in de Vrijmetsela rij tot den ouden en aangenomen Schotschen Ritus en 't is vooral in naam der leden van dien Ritus, dat ik aan de nagedachtenis des vriend», die niet meer is, de eer bewijzen kom, waarop zij recht heeft. 8 De eerste plicht, welken wij op leggen aan hem, die tot ons komt, is algeheele eerbied voor de godsdiensti ge en wijsgeerige overtuigingen van anderen en te dien prijze waarborgen wij hem gelijken eerbied voor de zijne. Aan dien plicht is Julius CA PRON onwrikbaar trouw gebleven en die getrouwheid gaf hem het recht, dat hij overigens altijd krachtdadig eisch- te, om op dat gebied slechts den weg te volgen, welken zijn persoonlijk gewe ten hem aanwees. b Wanneer heerscht eens overal die weldoende wet der onderlinge ver draagzaamheid, waarin zooveel on zichtbare, onbewuste, onbekende en niet te bepalen bestanddeelen tot het vestigen der overtuigingen medewer ken. en zonder dewelke er onder de menschen noch vrede noch vooruit gang mogelijk zijn Zij staat, wei is waar, in onze grondwetten geschre ven maar heerscht zij ook in onze harten Men zegt, dat zij eene duur zame overwinning is van den moder nen geest en op dit oogenblik is 't een verschil van godsdienst, dat het Oosten van Europa te vuur en te zwaard zet. 8 Neen, de verdraagzaamheid is nog niet veroverd Eere dus aan hen, die, gelijk CAPRON, hare vlag hoog hiel den b Doch, indien wij voor beginsel hebben, elkeen vrij te laten in den on- begrensden kring der godsdienstige gissingen, toch erkennen wij eene wet, wanneer het de practische plichten geldt, welke den menschen, door de noodzakelijkheid van het maatschap pelijk leven en de onderlinge verplich tingen, hier op aarde voorgeschreven worden. b Op zulk gebied houdt de verdraag zaamheid op, omdat stellige, stipte plichten ons binden. Zij uiten zich in deze woorden Bemin en dien de Menscli- lieidMaar bemin en dien ze vooral, in hetgeen zij voor ons zicht- en voel baars heeft'uw huisgezin, uw vader land, het kleine vaderland gelijk het groote, de geboortestad evenzeer als het geboorteland. Ook dien plicht heeft CAPRON volbracht en wèl vol bracht. Zoon eener oude stad, welke een spoor in de Geschiedenis achterliet en welker prachtige gedenkteekenen van een glorievol verleden getuigen, was hij er altijd op bedacht zijne stad- genooten te verlichten. Geen werk van onderwijs of weldadigheid, geen zede lijk of stoffelijk opbeuringswerk bleef hem onverschillig. b Zijn mild geopende hand, tot het lenigen van bijzondere ellende, was het evenzeer, wanneer het gold de al- gemeene voorwaarden van werk en bestaan te verbeteren,in de rijke land bouwstreek, waarvan Ieperen het mid denpunt is. Het laatste gebruik, dat, volgens zijne wil, van zijne goederen moet gemaakt worden, getuigt van zijne gedurige bezorgdheid voor zijne medeburgers en vooral jegens de minst bevoordeeligden onder hen. In een woord gedurende gansch zijn leven, heeft hij getracht een eerlijk man en een goed burger te wezen. b Ook nog uit dien hooide zijn dege nen, die hem overleven, diepe erken telijkheid verschuldigd hij laat hun het voorbeeld na, van gedachten, woor den en werken, door een edelmoedig en rechtschapen geweten ingegeven. Doch, blij yen er van hem slechts dat voorbeeld en die herinnering De mensch gelooft gaarne, dat het zoo korte aardsche leven niet de eenige werkkring is van het edele beginsel, dat in ons denkt en bemint. Onze Ritus houdt voor en heeft altijd voorgehou den, dat het zóó is. Maar, wie kent den grond dier geheimen In elk geval, indien, hetgeen ik niet denk, het leven onzes broeders slechts een vonk zonder spoor in de eeuwigheid zou geweest zijn,dan moe ten wij hem dit recht laten wederva ren die vonk was helder en zuiver. En elk van ons zal betrachten, dat men, bij ons heengaan, evenveel van ons moge getuigen Discours de M. Emile Jacqmain. Messieurs, b Permett.ez-moi,au nom de la Loge, Les Amis Philanthropes de Bruxelles, de vous retenir quelques instants en core devant ce cercueil, pour adresser un suprème et douleureux adieu au frère Jules-Marie-Louis CAPRON, que la mort vient de nous ravir, et dont tous nous avons pu appréClf, l'énergique et ferme caractère. Notre frère CAPRON était un ri ces rares hommes qui dès le preniie! abord commandait l'estime et ia sym pathie. b II ne comptait que des amis et- nous pouvons affirmer que ses meii leurs étaient parmi nous. n Aussi longtemps que sa santé le l,n permit, aussi longtemps que la cruelle inaladie qui l'emportat, le lni permit il fut assidu a nos travaux humanitaii res. CAPRON était dans toute l'accep" tion du terme un véritable et parfait Franc-Magon son dévouement a l'hu. manité, sa grande bonté pour les hum- bles et les faibles, sa modestie a faire le bien, sa fermeté de conviction peut nous servir a tous d'exemple. b II ne m'appartient pas, Messieurs de vous retracer la vie intime, la vie profane de notre frère CAPRON8j j'avais a le faire, cependant, je ]e peindrais tel qu'il était avec son caractère loyal et franc respectuei^ avant tout du droit d'autrui, exigeant pour ce qu'il croyait son droit, un égal respect. b II avait consacré aux voyages, a l'étude, la plus grande partie de sa jeunesse, et il était revenu, dans sa ville natale, avec l'ardent désir de lui procurer sa profonde affection. b Le but principal de sa vie fut de mettre en pratique les théories philoso phiques qu'il défendait avec persévé- rance et autorité. Nul mieux que lui n'a rempli ses devoirs envers l'humanité. b Peu soucieux de son propre bien- être dédaignant pour lui-même les facilités et les douceurs de la vie, il était d'une absolue bienfaisance. Nom breux sont ceux qui ont pu l'apprécier et qui aujourd'hui lui rendent un haut témoignage de sa grande charité, de son absolu désir d'aider son semblable, de le relever, de le soutenir dans la vie. CAPRON était un ancien parmi nous. b Entré a la Franc-Magonnerie dès le 25 Mars 1868, il regut la maitrise le 9 Avril 1869. b II avait conservé jusqu'au dernier jour l'ardeur des nouveaux venus, a tel point que l'an passé encore il s'oc- cupa avec une grande constance dot, intéréts de la Franc-Magonnerie. S'il avait conservé cette combati- vité, cette foi inébranlable dans les ad- mirables et impérissables principes de tolérance et de liberté, c'est qu'il avait compris toute la haute importance du róle joué par la Franc-Magonnerie dans la lutte toujours vive et ardue, hélas de l'humanité qui souffre et qui espère, contre la réaction et les prójugés b Aussi avions-nous sa contiance et la nótre était en lui. b CAPRON n'était pas de ceux que la vanité guide. 8 La hauteur de son intelligence, 1'expansion de son coeur, le faisaient agir avec modestie et c'était sans osten tation qu'il se mettait a la disposition de ses frères, de ses amis, s'efforgant toujours de leur prouver et son dé vouement et son affection. b S'il est vrai, Messieurs, que cef sentiments d'aff'ection et de dévoue ment étaient naturels chez notre frère CAPRON. S'il est vrai que la pratique des vertus les plus hautes était par lu considérée comme un impérieux de voir, nous avons le droit d'en être fiers nous, magons, et d'affirmer hautement qu'élevé depois de longues années a l'école de notre philosophie et de notre morale, il avait su se pénétrer de sei hauts et sublimes enseignements. b Notre frère CAPRON aimait le vérité, il ne voyait que par elle, i l'avait recherchée dans les faits et l'ob servation des phénomènes et non dan une immuable volonté supérieure dont l'essence est elle-même inaccessi ble et impénétrable pour l'Intelligenc humaine. Aussi lorsque notre regrett frère CAPRON faisait le bien, c'étai pour le bien lui-même et non dan l'espoir chimérique d'une récompens dans la vie future. Son seul culte étai l'amour de l'humanité, l'amour du tra vail. b II savait que l'humanité vit tou j'ours, apprend sans cesse et ne reeul jamais. b II savait aussi que l'aisance ne s'ac quière que par le travail et ne se cou serve que par la correction des inoeur et la dignité de la vie. b II fut le défenseur sincere, arden et dévoué de la cause sacrée de l'inde K t28£5 -a üKESfffl ilUHWHIIIHHMflHUI l'iHIHH lllllllll'i'l iy IIMMWIftWWBBgMBRH

HISTORISCHE KRANTEN

De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1897 | | pagina 2