Journal libéral démocratique d'Ypres et de l'Arrondissement Une fausse couche parlementaire. A la Chambre. LES PERSECUTIONS P0LIC1ÈRES Samedi, 18 Déceiubre 1897. 5 centimes le numéro. 6. On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmude, 51, Ypees. Pour les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence Hayas, Beuxelles, eue de la Madeleine, 32 et a Paeis, Agence de la Bouese. Le Journal dYpres a l'eau ou dans le pétrin. Un audacieux démenti. i*araissant ie fksmedt. L UNION FAIT LA FORCE. PRIX DE L'ABONNEMENT potje la yille, Par an 2 francs. pr la peovince, Par an fr. 2-50. A I'occasion de la ÏVoël, I ,A LUTTE ne paraitra pas Samedi prochain. Naguère ïl chantait les louanges du fameux chateau dbau et des fameuses installations de la nouvelle canalisa tion. Pour faire ressortir tous les mérites du genie transcendant de notre admi nistration communale, il éprouvait le besoin de faire un parallèle entre le système d'eau d'Ypres et celui de Laeken. Celui de Laeken était un fiasco et celui d'Ypres un triomphe éclatant. Laeken etait ruiné, en faillile, etc. Nous avons rétabli les choses dans leur réabté toute simple. Le Journal d'Ypres, pris la main dans le sac aux mensonges et aux calomnies, a annoncé qu'il nous con- fondrait. 11 a commencé une série d'articles... a suivre, maïs restés sans suite. Maintenant pour se tirer d'affaire il imprime Nous avons regu plusieurs lettres de nos lecteurs, qui nous menacent de se désabonnersi nous répondons encore aux élucubrations de M. Vermeulen et de son organe. A-t-on jamais vu un polémiste... dans le pétrin, a ce point-la Et pendant ce temps, toutes les prévisions, toutes les élucubrations style clu Journal d'Ypres de M. Vermeulen se réalisent Pénurie d'eaueau suspecte, mau- vaise. Elles se réalisent done toutes au grand malheur des habitants de la ville d'Ypres, y compris les lecteurs du Journal dYpres, qui ne sont pas plus bêtes que tout le monde. Son truc, une pirouette savante, ne donne point le change cette fois-ci. Les faits crêvent les yeux. En attendant, Journal, qu'on nous donne de l'eau; qu'elle soit mauvaise, passe encore, mais permettez-nous du moins de continuer a vivre et a faire nos affaires. Maïs qu'on nous en donne. Placez a la porte du Temple une pompe, un pulsomètre, pour élever l'eau du Majoorgracht dans la canali sation, afin d'alimenter le bassin de décanlation. L'eau de Zillebekei peut arriver au Majoor par le Kasteelgracht, sans aucun frais. Alors vous pourriez don- ner, comme par le passé, de l'eau a tout le monde. Tous les Yprois, ou a peu prés, trouveront cette idéé simple, pratique et peu coüteuse. Les savants ingénieurs du Journal d'Ypres trouveront naturellement cette élucubration indigne de leur bien- veillante attention. Allons, une nouvelle pirouette. P. V. La Chambro a terminé le premier vote de la loi sur les Unions profes sionnelles. II est probable que le second vote ne changera en rien le caractère de la loi c'est un nouvel avortement législatif. En fin de compte, la Cfiambre a eu la bonté grande de permettre aux unions de posséder une caisse de resis tance et de chömage, avec quelques accessoires tout secondaires. Maïs il leur sera interdit 1°) de s'affilier a un parti politique 2°) de créer des caisses de retraite 3°) de secourir les membres malades; 4°) de faire des opérations commer- ciaies, de prendre des actions dans une coopérative, de réaliser des bénéfices en vendant les produits de la profes sion 5") de posséder des ateliers de chö mage 6°) de faire preuve de solidarité na tionale ou internationale, d'envoyer des secours a des grévistes ou a des sans-travail appartenant a d'autres métiers 7°) de faire tout ce qui n'est pas for- meliement autorisé par la loi et ce, sous peine de mort après un premier avertissement. On le voit, les unions reconnues se- ront littéralement ligottées. Dire qu'il a fallu fiuit ans pour en arriver a pareil résultat Comme tout cela est bien fait pour donner raison a ceux qui accusent d'impuissance orga- nique le régime parlementaire Telle qu'elle sera la loi sur les syn dicate sera inopérante, Un nombre in- signifiant d'unions pourront réclamer la muselière légale celles qui sont in- capables de rien faire. Car il faut rendre cette justice aux syndicats existants, a quelque parti politique qu'elles se rattachent, ils ont compris leur röle d'une fagon autre- ment haute que les avocassiers de la droite. Us ont déja fait ce que la ioi leur défendra de faire, et plutót que d'abandonner les ceuvres qu'ils ont créées, plutöt que de renoncer a toute action sur le développement matériel et moral de la classe ouvrière, les syn dicats renonceront aux bénéfices de la personnification civile. S'organiser sous la forme reconnue serait pour les syndicats secondamner a l'impuissance absolue, se soumettre a une foule de formalités vexatoires et s'exposer a la confiscation des quelques fonds que les syndicats auraient réuni pour les jours de grève ou de chömage. Quelques chiffres ne seront pas de trop pour venir a l'appui de ce que nous disons. La classe ouvrière gantoise a fondé 45 syndicats, avec actuellement 15059 membres. II y en a 19, avec 9895 membres, qui sont affiliés a la Fédération gantoise du parti ouvrier 17 syndicats, avec 2877 membres, sont affiliés a la Ligue démocratique beige (catholique) 5 syndicats, avec 1646 membres, sont affiliés a la Défense ouvrière libérale. Ces 41 syndicats, avec leurs 14418 membres, tombent sous le coup de l'art. 1 de la loi. Aux termes de eet article, écrit M. Vandervelde dans le Peuple, interdi- sant aux Unions professionnelles de s'affilier a un parti politique, tous ces syndicats doivent renoncer a la recon naissance légale, a moins de recourir a des fraudes pieuses, de se désaffilier en apparence, sauf a maintenir leur affi liation en réalité. C'est ce que feronfc, sans doute, les syndicats antisocialistes, certains de n'être pas inquiétés par le gouverne ment, et d'être prudemment conseil- lers, au point de vue juridique, par les hommes de paille des congregations religieuses. Mais il n'en est pas moins vrai que, dans la rigueur du droit, toutes les associations dont nous venons de don ner la liste ne peuvent prétendre au bénéfice de la reconnaissance légale. En dehors de ces 41 syndicats affiliés a des partis politiques, il y a a Gand quatre syndicats neutres, avec 641 membres. Deux sont des mutualités professionnelles, la troisième possède une caisse de retraite. La dernière seule, avec 30 membres (tailleurs socia- listes dissidents) rentre dans les condi tions de la loi, paree qu'elle n'a encore rien créé Done, ia loi que les Chambres vont adopter ne pourra pro titer qu'a 30 syn- diqués sur 15,000, dans la ville oü le mouvement syndical a pris ie plus d'extension. D'après eet exemple typique, qu'on juge si ia loi est autre chose qu'une lamentable fausse couche Ph. de C. La Chambre a ajourné ie second vote de la loi sur les syndicats pour discuter les lois qui doivent être votés avant le lm' Janvier ie contingent de f'armée, ie budget des voies et moyens. A la loi du contingent, M. Lorand a déposé deux amendements importants dont voici le texte. A l'art. le'. Les hommes présente- ment incorporés ne pourront être tenus sous les drapeaux pendant plus d'un an, a dater du ler Janvier 1898, que s'ils n'ont pas satisfait a un examen de capaeité militaire qui sera régie et organise par arrêté royal. Ceux qui ont déja été présents sous les armes plus de six mois pourront demander a passer eet examen et seront renvoyés en congé illimité, s'ils le passent avec succes. Ces dispositions ne s'appliquent pas aux volontaires. A l'art. 2. Ces hommes, hormis les volontaires, ne pourront être retenus sous les drapeaux plus d'un an, a, dater de leur incorporation, que s'ils n'ont pas satisfait a l'examen ci-dessus. Au bout de six mois de présence, ils pourront demander a subir eet examen et seront renvoyés en congé illimité s'ils Ie passent avec succes. Le ministre de la guerre, en temps de paix, pourra rappeler sous les armes les miliciens renvoyés en congé illimité, pen dant un mois, tous les deux ans, jusqu'a la 5e année a dater de leur incorporation. M. Woeste a fait rejeter ces amen- dements par la question préalable. G'était plus facile que de les démon- trer inutiles ou dangereux. D'ailleurs, M. Woeste a opposé ses éternelles con- sidérations électorales aux orateurs qui ont réclamé une amélioration de notre insuffisante organisation militaire. Pour le moment, la Chambre discute le budget des voies et moyens. Ph. de C. Nous reproduisons, a titre de do cument sur les agissements policiers dont le ministère clérical s'est fait un moyen de gouvernement, Partiele suivant, pubiié dans la Réforme par M. G. Lorand contre Mecliveret. UN AUDACIEUX DÉMENTI. J'ai raconté ici que l'administration de la siireté publique, bien que j'aie assumé la publication du Mecliveret turc et les responsabilités qui peuvent en ANNONCES Annonces 10 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires1 fr. la ligne. résulter, avait enjoint a M. Ahmed Riza de quitter le terntoire beige dans les deux heures, et que c'est seulement après discussions et protestations éner- giques de la part de l'exilé qu'il fut autorisé a rester en Belgique, mais avec ordre d'avoir a quitter le terri- toire deux heures après que j'aurais fait paraitre le Mecliveret. J'ai ajouté que des agents de la po lice secrète sont allés terroriser les de moiselles T'Sas, qui avaient entrepris de publier le Mecliveret, en leur faisant peur, notamment, de la comparution en cour d'assises, et que c'est a la suite de ces visites policières que ces demoi selles me déclarèrent qu'elles n'ose- raient publier le journal proscrit. Ce sont la des abus tellement énor- mes et injustifiables que la presse clé- ricale en a mis en doute la réalité. Le Journal de Bruxelles a été plus loin et a prétendu démentir le second fait et proclame qu'il est absolument inex act que, comme ose l'affirmer la Réfor me, des démarches quelconques aient été faites par ordre de la süreté publi que auprès des imprimeurs du Meclive ret pour les déterminer. par quelque moyen que ce soit, a cesser cette pu blication. Les allégations de la Ré forme sont de pure invention, ajoute le journal officieux, et nous dirons, nous servant du langage de la Gazettequ'il n'y aura qu'une voix en Belgique pour hétrir ceux qui usent de semblables procédés. Eh bien j'affirme et je suppose que cette affirmation suffira que quand je me suis présenté Mercredi soir, après la séance de la Chambre et en compagnie de M Ahmed Riza chez les demoiselles T'Sas, qui s'étaient chargées autérieurement de lithogra- phier l'édition turque du Mecliveretces demoiselles m'ont déclaré textuelle- ment qu'en présence des démarches réitérées de ia police qui était encore venue deux fois chez elles le jour mê- me, elles n'oseraient jamais entrepren- dre une publication qui les obligerait a comparaitre en cour d'assises. J'ai eu beau leur dire que j'étais seul res- ponsable de la publication et qu'elles n'avaierit rien a craindre, les pauvres filles étaient évidemment terrorisées et je dus aller chez un autre impri- meur. Cela, je l'affirme. Ira-t-on terroriser de nouveau ces demoiselles pour leur faire dire qu'elles ne m'ont pas dit cela ou qu'elles ont menti en le disant C'est possible on sait que les gens de police sont capables de bien des cho ses. Mais j'ai des raisons de croire qu'on aimera mieux jouer sur les mots, sur la qualité des policiers qui sont allés chez les demoiselles T'Sas, sur les expressions qu'ils ont employées dans leurs conversations avec elles. Car les visites réitérées des policiers ne peu vent pas être démées. On dira sans dou te que ce n'étaient pas des agents de la sureté Alors qu'étaient-ils et par ordre de qui opéraient-ils Etait-ce de simples gendarmes en bourgeois Mais oh est la différence Cela ne changera d'ailleurs rien a la réalité du fait que j'ai affirmé et que j'affirme a nouveau. Et il faut tout par- ticulièrement une singulière audace au Journal de Bruxelles, qui, comme offi cieux, a du recevoir son article tout fait des bureaux de la sureté, pour ne dire que les faits qui ont été affirmés par la Réforme sont de pure inven tion n. Je ne croyais pas que le jésui- tisme pouvait aller jusque la. Le fait est ce que j'ai ditquant a l'apprécia- tion du pays même catholique, je ne doute pas de ce qu'elle sera. Ét c'est sans doute paree que le gouvernement et ses amis n'en doutent pas non plus, qu'ils hasardent ces démentis auda cieux et jésuitiques a la fois. Georges LOR AND.

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De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1897 | | pagina 1