Huitiëmè point. Etat de dèlabre-
ment du ci-devant Mont de Piétéou Lombard
appartenant aux Hospices.
Je n'ai rien a retirer de ce que j 'ai avancé par
rapport a i'état dépiorable de ce joli édifice. Au
contraire, j'ajouterai que d'après uu compte-rendu
d'une séance du Gonseil communal, tenue en Sep-
tembre dernier, li a été fait une déclaration que les
Hospices n'avaient pas, pour le moment, de fonds
disponibles pour exécuter ce travail de luxe, bien
qu'actuellement cette administration, au lieu de
375,000 francs de revenus,soit alïiigée «circa» d'un
demi-million de rentes. II est évident que,ceux que
la chose concerne, poseraient un acte de bien meil-
leure administration en vendant même a vil prix,
eet immeuble qu'en ie iaissant tomber en rumes.
Quant aux instances de ia ville, dont j'ai parfaite-
ment conuaissance, pour eet objet,auprès des mem
bres de i'administration des Hospices, instances,
dites-vous, qui n'ont pas abouti jusqu'ici, étant
donnée ia composition du personnel des administra
tions de la viile et des Hospices, cette paiinodie fera
sourire tout homme sensé.
Yous me reprochez également a cette occasion de
m'en prendre a On, qui est si vague. A mon tour,
puis-je vous demander pourquoi vous employez le
même terme a la page 3, colonne 2, paragraphe 4,
ou vous dites On a décidé, a bon droit, nous
parait-ii, de laisser les pemtures Heibeke inache-
vées. n Ici ie vague présente un plus grand incon-
vénient que tantöt, car li ne permet pas de savoir si
e'est ou bien le ministre compétent, ou la commis
sion des monuments, ou si e'est vous même, qui
avez pris cette décision.
fVoiwioiiitï point. Restes de labbaye
de S* Jean du Montconstruite en 1553.
Propriété de la ville.
Mettons que I'administration ait réparé la toiture
de cette intéressante tourelle, ii n'y a a cela rien de
bien artistique e'est de nouveau un simple travail
d'entretien, qui n'a rien d'esthétique. Hans le cas
ou. il faudrait démolir, comme vous le dites, la dite
tourelle aux deux tiers de sa hauteur pour la recon-
struire, eile n'est done plus restaurabie. Alors il y
a lieu de regretter qu'on n'ait pas mis la main a
l'oeuvre quand le temps n'avait pas encore fait a ce
point ses ravages, comme il y a lieu de vous féliciter
de ne l'avoir pas encore fait vous même. Je serais
d'avis et je suis certain que tous les archéologues le
partageront, qu'il importe de conserver, si possible,
cette tourelle dans i'état actuei. C'est a un homme
du métier de voir si au moyen d'un fort ancrage
on pourrait arriver a ce résultat.
Supposons un instant qu'il y ait eu erreur de ma
parten employant le terme Tudor relative-
ment au style de la tourelle. Cette construction
est-elie pour cela en meilleur étatqueje ne i'ai
dit, bien au contraire et avez-vous songé déja a
procéder a sa consolidation
Pour une chose aussi élémentaire (déterminer le
style de cette tourelle) vous dites avoir consulté
des hommes compétents, ce qui tend a prouver que
vous ne l'êtes guère et, dés lors, je me demande
quelle autorité vous avez pour traiter ainsi ex
cathedra des matières, qu'implicitement vous
avouez vous même ne pas bien connaitre.
En tout cas ce morceau d'architecture, dont la
construction remonte a la seconde moitié du XVIe
siècle, n'a rien de commun avec la Renaissance
usitée dans notre pays, maïs ressemble a ceile em-
ployée dans la Fiandre frangaise et dans l'Artois.
Les ornements ont beaucoup d'analogie avec ceux
des stalles du choeur de i'église Saint Martin et
m'ont porté a croire qu'Urbain Taillebert, de Bé-
thune, maitre-tailleur d'images a Ypres, ne fut pas
étrangerasa construction. A ce sujet vous raillez
les amateurs d'antiquités et par conséquent ma per-
sonne, et entr'autres vous pariez des vieux galons
d'une vieille culotte, qu'on a déposés au Musée de
la ville. Vous donnez par la une jolie notonété a eet
établissement et vous n'êtes pas tendre pour notre
confrère en numismatique, le conservateur du dit
Musée, avec lequel vous avez si magistralement,
dit-on, ciassé la collection des monnaies et médail
les, (ancien fonds et legs de Stuers), lesquelles,
enfermées, par votre ordre, dans un médaülier en
acajou, meuble fort esthétique, style 1830, (loin des
regards du public), formeront indiscutablement la
source d'un nouvel attrait pour les visiteurs.
J >ixiènu; point. -- Esthétique générale
des rues. Indiffèrence des administrations
cómmunales passées et actuelle.
Vous trouvez d'abord que cette question n'est
pas absolue, mais au contraire trés relative. Je me
permettrai de ne pas partager eet avis et de trouver
que, sauf en cas de force majeure, les administra
tions cómmunales doivent s'appliquer a conserver
le plus possible le caractère ancien, propre a leur
localité.
Vous continuez par une tirade sur l'avantage des
meubles neufs, qui ont pris la place des meubles
usés, et patati et patata. On connait toutes ces con
siderations qui viennent ici comme des cheveux
dans la soupe et en apprenant que le téléphone et le
télégraphe n'ótaient pas connus des gothiques, vous
vous moquez tout bonnement du monde et vous
prouvez par la que votre travail n'est pas sérieux.
On sait du reste que vous êtes un baron de votre
temps et que vous préférez le neuf a l'ancien. La
batisse de l'annexe de votre maison en style
u fabrique, qui dépare si malencontreusement la
rue de Lille, prouve a levidence qu'aux modèles
des belles constructions de style, vous préférez l'as-
pect des constructions bncolantes modernes
mais chacun son gout n'est-ce pa3
Vous me faites un grief paree que je dis avec les
auteurs du Guide d'Ypres pages 41 et'54, que
le règlement, defendant de reparer les fagades de
bois, était encore en vigueur, alors qu'il a été
abrogé par arrêté du Conseil communal du 2 Juin
1877. J'ai certains motifs, que je trouve inutile d'é-
noncer ici, pour croire qu'il n'y a pas lohgtemps
que vous connaissez vous-même ce fait. Le règle
ment en question n'a pius de raisoa d'être, puisqu'il
ne reste plus qu'une seule fagade de bois en ville.
On a néanmoins démoli, il y a trois ans, la maison
de bois, nommee de Verkeerde Wereld rue de
Lille, au com de la rue des Tuiles, pour la rem-
placer par une construction insignifiante.
Vous croyez m'épater en m'apprenant, que du-
rant le XVIIe et XVIII® siècles, diverses ordonnan-
ces ont été rendues par le magistrat, au sujet des
maisons de bois. Je connaissais la chose avant vous,
car j'ai analysé complètement les dix-sept derniers
registres (1595-1793) aux délibèrations des chefs
hommes, avoués, échevins et conseillers de ia ville
d'Ypres, bien avant même que vous ne connussiez
l'existence de cette intéressante collection. J'ignore
ce que ces extraits viennent faire dans votre pré-
tendue réfutation, car, paree qu'aux XVlle et
XVllle siècles, alors qu'on usait d'un style déter-
mmé partant d'un même principe, le magistrat a
cherché a encourager le remplacement des maisons
en bois par de jolies maisons en pierres a caractère,
comme on en batissait alors, était-ce une raison
pour continuer ce système en plein XiXe siècle, a
une époque oü ii n'y a plus de style particulier
A un moment oü la formation des musées et
les études auxquelles s'adonnèrent les arché
ologues avaient déjadans tous les centres
intelligents, entravé les démolitions des édifices
anciens et donné l'óveil a Quidedroitpour la
conservation des constructions religieuses, civi-
les et domestiques des siècles passés. Hu reste, c'est
pour ailonger votre note et lui donner quelque
hon, en la documentant, que vous abordez cette
question, qui ne concerne en rien ni vous, ni votre
administration, puisque c'est en séance du 12 Hé-
cembre 1823 que le conseil de régence a voté le
fonds de la batisse amsi que le règlement abrogé,
comme je i'ai dit, le 2 Juin 1877. Je mamtiens, ne
vous en déplaise, qu'Ypres, au point de vue des
arts (sauf pour la musique oü le quatuor, suivant
les gens compétents, est remarquable), n'est pas
un centre intelligent et je me suis trompé en disant
que l'art y est l'objet d'un encouragement apparent
et non réel de la part de ceux que la chose concer
ne. J'aurais dü dire que eet encouragement était
nul, parfois systématiquement nul et même ainsi
voulu. Vous dites que le collége échevinal, avec
l'assentiment du conseil, a décidé en principe d'en-
courager, par voie de subside, ia restauration des
anciennes fagades qu'un subside a étéaccordé au
propriétaire de ia maison des bateliers, Marchó au
bétail, dont la restauration compléte n'est pas ex-
écutée, mais que rien n'est gaté.
An second point, j'ai a vous répondre, que fort
heureusement la restauration n'est pas faite comme
le vouiait votre administration, car son projet com-
portait le remplacement des bas-reliefs, représen
tant des bateaux, par des exempiaires nouvellement
exécutés il est élémentaire que ia fagade aurait
entièrement perdu son importance et que ces bas-
reliefs étaient a restaurer de l'une ou de l'autre
fagon, mais nullement a remplacer.
Quant a i'objet de la décision de votre collége
échevinal, je vous dirai, qu'entre la théorie et ia
pratique il y a loin, et qu'on élabore dans les admi
nistrations beaucoup de beaux règlements
sur le papier. Hu reste j'ignore depuis quand la
sollicitude de votre collége échevinal, pour la
restauration des maisons, est devenue chose offici-
elle, mais en tout cas, depuis cette consécration
vous dites vous-mêrne qu'on n'a accordé que deux
subsides, dont i'un a avorté. Cela prouve évidem-
ment que j'ai dit la vérité.
Je constate malheureusement que, quand on se
met a travailler a une fagade a caractère, c'est sou
vent pour i'abimer. II y a quelque temps, on a
enroché un joli petit pignon du XVIT siècle, rue de
la Bouche, et un autre rue de Hixmude, et on nous
annonce que la pittoresque petite maison, formant
le coin de la rue des Trèfies, acquise récemment
par la ville, va être incessamment démolie, pour
procéder a l'élargissement de la rue des Trèfies.
On m'annonce, comme chose décidée pour le
printemps prochain, la démolition du pittoresque
pignon, que tout le monde connait, étant le cabaret
la Bonne Volonté», Place A.Vandenpeereboom.La
ville ne pourrait-elle pas par l'octroi d'un subside
obtenir du propriétaire qu'il conserve cette fagade
caractéristique produisant un si bel efièt quand on
entre en ville par la rue d'Elverdinghe.
Mais je crains fort que l'édilité n'oppose un ar
gument ad dominum a l'instar de celui que son
organe fiamand ie Nieuwsblad dans son numéro
du 18 Bécembre dernier, apporte en faveur du
démantèlement de la partie restante des rem parts
prés de la Station.
Voici, par exemple, dans quel genre. Oh bon
esthète,après la démolition de la maison en question
s'il vous plait de voir de pareilles fagades. Eh bien,
cherchez les.... de l'autre cöté de la ville ou bien
encore prenez le trainpour les trouver ailleurs.
Et voila comment, en l'an de grace 1898, en la
bonne ville d'Ypres, on vous traite les questions
d'art local et comment on répond aux Yprois atta
chés a leur ville natale et assez mal avisés pour
oser montrer quelques soucis concernant les souve
nirs des temps passés.
Je pourrais encore citer des exemples, qui inili-
tent tous en faveur de mes assertions aussi n'ai-je
pas eu tort d'insérer, en note, a la page 273 de mon
Vade-Mecum les lignes suivantes
Le manque d'initiative, dü a une absence com-
plète de goüt artistique, qui a provoqué la dispa-
ntion de toutes nos belles maisons de bois, est
cause encore aujourd'hui du peu d'empressement
que l'on met a tacher de sauver les derniers points
n pittoresques qu'off're notre ville, laquelle, con-
trairement a Bruges et d'autres localités, n'a pas
i) su conserver son cachet propre esthétique, si ap-
précié paries artistes et les archéologues,toujours
a la recherche de nouvelles impressions.
Je note en passant que vous pariez d'une maison,
Marché au bétail, appartenant a un esthète, la
quelle vous espérez, dites-vous, voir la restaura
tion se faire sous peu.
Eh bien je puis vous dire que ce travail, en
projet, s'effectuera, peut-êbre, plus tót que vous ne
ie croyez, et de plus il ne coütera rien a la ville.
Êtes-vous content? Je remarque tout naturelle-
ment, qu'a propos de l'expression de ces désirs,
vous pariez d'un immeuble d'une importance rela
tive, appartenant a eet esthète, mais que vous pas-
sez soigneusement sous silence, l'existence a Ypres,
presque vis-a-vis de votre demeure, d'un Hötel-
Musée particulier, accessible au public, (moyen-
nant automation),dü aux soms et a de grands sacri
fices du dit esthète. Ce musée, que tant de grandes
villes seraient heureuses et fières de posséder dans
ieurs murs, et qui y serait de nature a procurer a
son propriétaire les plus grandes satisfactions, est
done pour vous lettre morte, même comme bourg-
mestre de la ville? II est vrai que les marques d'ad-
miration, que je regois si fréquemment de la part
de grands artistes et d'érudits archéologues beiges
et étrangers, et notamment encore, il y a quelques
semaines, de M. Jef Lambeaux, enthousiasmé de
mon oeuvre et de son résultat, m'indemnisent lar-
gement de votre indifference. Cette indifference
marquée de votre part me prouve une fois de
plus, que vous n'êtes pas assez grand pour savoir
reconnaitre les actes de quelqu'un, que vous avez
pris en grippe, quoiqu'ii fasse et bien que ces actes
puissent être de nature a honorer la ville dont vous
êtes le premier magistrat. Vous vous enorgueillis-
sez encore, je ne sais a quel titre, du placement
d'une ancienne fagade de bois dans une des salles
des Halles, sous I'administration de M. Vanheule et
vous dites que j'oublie que i'administration com
munale (pas la vótre) a fait reproduire par M. A.
Böhm, toutes les fagades intéressantes de la ville.
H'abord, êtes-vous sür que M. Böhm se soit iivré a
ce travail par ordre de la ville et non de son propre
mouvement ün m'a toujours dit que la ville a fait
i'acquisition après coup de ces intéressants dessins,
mais que l'imtiative était partie de l'artiste.
Bien que ces maisons vivent dans ces dessins ex
cellents, comme a dit Victor Hugo, je ne puis ad-
mettre le principe, qu'on peut implicitement tirer
de votre argument, que pour vous, quand on pos-
sède un dessin d'une construction intéressante, ce
n'est plus qu'un demi mal de la démolir.
Voici du reste ce que j'écris en note, a la page
269, dans mon Vade-Mecum au 'sujet des mai
sons de bois
Au commencement du siècle existait encore a
Ypres un trés grand nombre de maisons a fagades
de bois sculptées en bon état de conservation.
Nous n'exagérons pas en disant que plusieurs
d'entr'elles auraient certes pu rivaliser, comme
beauté, avec les constructions similaires, si répu-
tées, des villes de Nuremberg et Rouen, oü elles
ont été religieusement conservées jusqu'a nos
jours.
Le 12 Bécembre 1823, a la demande de plu-
sieurs propriétaires d'Ypres en séance du con-
seil de la régence de cette ville, on décida l'insti-
tution d'un fonds de réserve, dénommé plus tard
le fonds de la batisse 9, pour encourager le
9 remplacement des fagades en bois par des con-
9 structions en pierre et il fut arrêté un règlement
9 pour l'octroi des subsides a allouer a ces nouvel-
9 les constructions.
9 A partir de ce moment j usque vers l'année
9 1866, beaucoup de propriétaires eurent recours
9 a cette caisse pour rebatir leurs maisons. Aux
9 uns, on avanga des fonds, a d'autres, peu fortu-
9 nés, on donna même des subsides pour les décider
9 a remplacer les constructions pittoresques en bois
9 par les abominables fours a briques, qu'on peut
9 voir en maints endroits dans les rues de notre
9 ville, présentant jadis un caractère si propre a la
9 localité.
9 S'il fallait a tout prix, par mesure de salubrité
9 ou de sécurité publique ou pour d'autres raisons,
9 (cequi n'est nullement démontré puisque ce vanda-
9 lisme a pu être évité ailleurs), faire démolir ces
9 maisons, datant pour la plupart des XVe et XVIe
9 siècles, quel magmfique ensemble on aurait obte-
9 nu, a frais minimes, en remontant les plus belles
fagades par exemple dans les grandes salles hau-
9 tes des Halles, en lieu et place des peintures mu-
9 rales, (exécutées plus tard au prix de centaines
9 de mille francs) de MM. Pauwels et Heibeke,
nullement en rapport ni comme caractère, ni
9 comme facture, ni comme véracité historique et
9 archéologique avec le vénérable monument qu'el-
9 les doivent décorer. L'édilité Y'proise aurait ainsi
créé a vil prix une chose unique dans son genre
9 en Europe et qui aurait excité l'admiration de
9 tous les amateurs d'art.