M^araissant Ie Smnerii. l'ünion fait la force.
Journal liberal démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement
Marguerite Coppin.
Bonne foi catholique.
Les affaires de France
Samedi, 19Février 1898. 5 centimes le numéro. 4e année.\To 15.
On s'abonne au bureau da jouraal, Rüe de Dixmude, 51, Yrres. Pour
lea annonces de Belgique (exceptó les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
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Bourse.
Lettres de la Cité Dolente.
Une page d'histoire.
Les grèves en Belgique,
en Décembre.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 2 francs.
pr la province, Par an fr. 2-50.
Je trouve généralement chez mes
interlocuteurs l'idée arrêtée que Phi
lippe II introduisit l'Inquisition dans
les dix-sept provinces des Pays-Bas
et que l'empereur Charles-Quint, plus
noble, plus généreux que son fils, n'a
rien eu a faire avec cette introduction.
De même que je rencontre chez
tous la certitude que le plan de la
Barthélémy et du massacre atroce des
protestants sans défense par les catho-
liques prévenus, appartient a Cathérine
de Médicis.
Ces deux croyances sont erronées.
Dès 1559 le prince d'Orange, qui sous
le nom de Guillaume ie Taciturne, de-
vait plus tard devenir le recours des
malheureux persécutés, et l'une des
plus belles figures historiques, étant a
la cour d'Henri II de Yalois, en ötage
de l'exécution du traité de Cateau-
Cambrésis, regut la confidence d'un
projet concerté entre l'empereur Char-
les-Quint et le roi Henri II. Ce projet
ne consistait en rien moins que le mas
sacre, a un jour donné, de toute la po
pulation dissidente car, respec-
tant la chronologie, il faut se rappeler
que les protestants, Huguenots, etc.,
n'existaient pas encore par la popu
lation papalement catholique. Le ha-
sard d'un tournoi, en tuant le roi de
France au milieu des fetes qui célé-
braient la pacification, retardade qua-
torze années l'accomplissement de ce
complot dont Orange, déja prudent et
silencieux, garda le secret, mais en
concevant dès ce jour l'horreur de ce
machiavélisme et i'esprit d'opposition
a toute politique hispano-fraugaise.
Quant a l'antre point soulevé, en
voici l'élucidation.
Certes, Charles valait dix Philippe
le premier étant au moins bon général,
ettacticien au jugement prompt et sur.
Tandis que le maladif et blême Phi
lippe, victime d'un point de cöté éter-
nel, constamment tourmenté de dettes,
et courbé sous une religion impitoya-
ble qui ne lui ofirait que terreurs sans
consolation, vaeillant, indécis, faible
et entêté, n'a d'un roi que le despotis
me et du chrétien que la bigoterie
étroite.
Cependant, et bien que Philippe ait
fortifié, augmenté, assuré l'empire de
la sinistre Inquisition, c'est son père
qui l'établit dans nos provinces.
Néparonsait quel hasard a Gand,
Charles d'Autriche n'eut jamais le
coeur fiamand. II rêvait l'Empire uni-
versel, la recoustitution de l'Flmpire
de Charlemagne, sans réfiéchir que le
grand Dominatenr Franc avait aidé a
l'oeuvre civilisatrice en réunissant des
populations d'origine semblable sous
vine loi unique, et que lui, Charles-
Quint, cherchait a réunir des popula
tions absolument étrangères et souvent
ennemies dans un but purement égoïste
d'ambitieux insatiable. Les Flamands,
faciles a satisfaire et loyaux a leur
Souverain, l'aimaient paree qu'il par-
lait le fiamand et courait l'oiseau ou
tirait a l'arc avec eux. Mais l'on se de-
mande oü ces pauvres abusés trouvè-
rent une raison de verser des larmes a
l'abdication théatrale de l'Empereur
qui avait détruit Tournai,écrasé Gand,
et par l'introduction de l'Inquisition
papale et de ces terribles placards
de son invention, avait inventé une
Inquisition masquée plus cruelle encore
que l'autre
Yoici d'aillenrs i'Edit de 1550.
Nul ne copiera, écrira, imprimera,
gardera, cachera, vendra, achètera ou
donnera en rue, a l'église ou autres
places publiques aucun livre ou écrit
fait par Luther, Calvin, CEcolampade,
Zwingle, Bucer ou autre hérétique ré-
prouvé par la Ste Eglise ni ne brisera
ou injuriera les images de la Ste Vierge
ou autre saint canonisé ni dans sa
maison ne tiendra des conventicules ou
réunions illégales, et ne sera présent a
aucun i,de plus nous défendons
a tout laïque de converser ou disputer
concernant les EcrituresSaintes,ouver-
tement ou secrètement, ou de lire, en-
seigner ou expliquer les Ecritures, a
moms d'avoir été approuvés par quel-
que Dniversité renomméeou de
prêcher ou d'entretenir aucune des
opinions des hérétiques susdits
sous peine d'etre pums: les hommes avec
l'épée, les femmes en étant enterrées vives
s'ils ne persistent pas dans leurs erreurs
s'ils persistent, alors ils seront éxécutés
avec ie feu, leurs biens étant dans tous
les cas confisqués par la couronne.
Jugez de la clémence qui permettait
au repentant hérétique d'être enterré
vif au lieu d'être brülé
Du reste, l'édit prévoyait tous les
cas. Nous défendons a tous d'héber-
ger, entretenir, nourrir, chauffer ou
habiller ceux qui seraient notoirement
convaincus d'être hérétiques et nous
condamnons auxpumtions susmention-
nées tous ceux qui failliraient a dénon-
cer aucun des coupables susdits.
L'édit déclarait contre les relaps
que même s'il n élait pas apparent qu'il
ait contrevenu aou violé aucun des com-
mandements susditsnéanmoins nous or-
donnons que tel hérétique relaps, sera
puni de perte de sa vie et de ses biens,
sans aucun espoir de modération ou mi
tigation des pénalités susmentionnées
Enfin, ce qui prouve ia connaissance
approfoudie de ia nature humaine,
l'édit ajoutait que le dénonciateur,
en cas de conviction, recevrait ia moi-
tió des biens de l'accusóet que
tout homme présent a un conventi-
cule recevrait plein pardon s'il venait
le dénoncer et trahir ses compagnons
de la congrégation.
Et pour qu'ü soit bien connu que ces
édits ótaienc promulgués en sérieuse
intention d'exécution, nous défen
dons a n'importe quelle autorité, d'ac-
corder grace, ou de présenter n'im
porte quelle pétitionsous peine
d'être incapacité pour tout office civil
ou militaire, et puni en outre.
Ceci, sous le nom d'Edit Perpétuel,
fut promulgué a Augsbourg, oü Char-
les-Quint tenait la fameuse Diète, le
25 Septembre 1550.
J'admets que Philippe l'ait publiéa
nouveau, sur l'avis exprès de l'Evêque
d'Arras, plus connu sous le nom de
Cardinal Granvelie et dès son acces
sion au tróue. Mais le fait de l'avoir
promulgué, établi, et mis en vigueur
n'en reste pas moins a charge de Char-
les-Quint.
Je me propose de continuer, en un
autre article, cette rapide étude de
l'établissement de l'Inquisition dans
les Pays-Bas et des origines de ia ré
volte et de la réforme dans ces mêmes
provinces. (A suivre).
Autorités Viglii Epist. ad diversos.
Brandt, Histoire de la Réformation
dans les Neerlanden Grotii Ann. Pa
piers d'Etat IX. Motley, Rise of the
Dutch Republic.
La religion catholique a-t-elle done
la propriété d'oblitérer totalement le
sens moral de ses adeptes cela parait
chaque jour plus évident.
Lq Journal d' Ypr es organe des catho-
liques d'Ypres et de l'arrondissement,
annonga, il y a quelque temps, a ses
lecteurs la banqueroute de la commune
de Laeken.
C'était un mensonge une calomme
catholique et romame pour donner le
change sur le fiasco complet de nos
dispendieux et absurdes travaux d'eau
Les lecteurs du Journal d'Ypresne
pouvant lire d'autres journaux, gobent
tout naturellement sa prose comme
parole d'Evangiie. Ils continueront a
n'avoir aucune confiance dans le credit
de la commune de Laeken.Et c'est cela
la morale catholique de la fin du 19e
siècle
Cependant les rédacteurs de la feuii-
le catholique out pu, comme tout le
monde, voir dans les journaux de Bru-
xeiles de ces jours-ci ce qui suit
Dans la dernière séance du conseil
n communal de Laeken, il a été déci-
dé, vu ia rentrée extraordinaire de
300,000 francs, payés par le gouver-
nement pour vente de terrain, de
diminuer de 321 trente deux) les centi-
mes additionnels, ce qui aura pour
conséquence,pour la population Lae-
n kenoise une diminution d'impóts de
b 50,000 francs (cinquante mille francs
Laeken a inauguré son nouveau sys-
tème d'eau le lr Janvier dernier et un
mois après a voté une trés forte dimi
nution d'impöts.
Lorsque nos maitres auront procuré
a Ypres de i'eau hygiénique comme les
Laekenois en ont et iorsqu'ils auront
diminué les impóts de la ville d'Ypres
de 50,000 francs, nous le dirons, sans
mensonge et sans calomnies, tout sim-
plement, a nos lecteurs.
Voila ia morale de la Lutte, organe
liberal et progressiste opposée a celle de
l'organe des catholiques Yprois.
Le spectacle qu'offre actuellement
la France a l'observateur de sang
froid est des plus affligeants, des plus
décourageants même pour ceux qui
n'ont pas une foi robuste dans le triom-
phe final de ia vérité et de la justice.
Plusieursenseignementspeuvent être
tirés d'un examen impartial des faits
nous souhaitons aux Frangais, quand
ils seront sortis de la crise qu'ils tra
versent, qu'ils tirent eux-mêmes ces
enseignements, et qu'ils sachent en
faire leur profit pour la grandeur de
leur patrie.
L'origine de la crise actuelle est bien
simple.
On a cru reconnaitre que le capitai-
ne Dreyfus, condamné il y a trois ans
pour trahison, avait été victime d'une
erreur judiciaire, ou tout au moins
d'une condamnation illégale, obte'nue
par la communication aux juges d'une
piece que n'ont vue ni l'accusó ni son
cléfenseur. On a demandé au gouverne
ment de s'occuper de l'affaire, pour
démontrer que Dreyfus a été juste-
ment et loyalement condamné, ou pour
faire recommencer son procés. Le gou
vernement a refusé d'agir, a refusé de
faire la lumière sur l'affaire.
C'est alors qu'on en a saisi l'opinion
publique, que Zola a écrit sa fameuse
lettre a M. Félix Faure, lettre qui a
obligé le gouvernement a soumettre,
bien malgré lui, l'affaire au jugement
du jury et du monde entier.
Ce sont les passions mauvaises qui
ont embrouillé l'aflaire et qui ont es-
sayé de tirer parti de la surexcitation
publique pour leur satisfaction.
L'ex-capitaine Dreyfus est juif. Sa
condamnation avait été une excellente
aubaine pour les cléricaux et les anti-
sémites frangais. Sa réhabilitation
possible, après tout serait pour les
suivants de M. Drumont un coup sé-
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
rieux. II fallait ameuter le public pour
empêcher ia revision du procés.
C'eüt été en vain qu'on eüt fait ap
pel au bon sens. Ou a surexcité le pa
triotisme des Frangais. Ou leur a ené
sur tous les tons ceux qui veulent
la révision du procés Dreyfus veulent
rétablir un traitre dans son grade,
veulentdéshonorer et afiaiblir l'armée,
veulent nous conduire a de nouveaux
désastresils sont payés par les j uifs qui
veulent réhabiliter leur coréligionnaire
justement puni. Sus aux juifs Mort
aux j uifs n
Le résultat a été les massacres d'Al-
ger, des menaces d'une nouvelle guerre
de religion actuellement dans l'air, un
relèvement du cléricalisme qui n'a ja
mais paru vaincu que pour endormir
la méfiance de ses adversaires.
Honte a ceux qui ont excité les pas
sions rehgieuses pour arriver a une
guerre civile, a une nouvelle Saint-
Barthélemy que le correspondant pa-
risien du Journal de Bruxelles semble
appeler de tous ses voeux
Le cléricalisme a trouvé un allié
dans l'état-major général de l'armée
frangaise, dont un bureau a découvert
la trahison, vraie ou imaginaire, de
Dreyfus,etquiprétend a l'infaillibilité.
L'immorale alliance du sabre et du
goupillon s'est reformée pour empê
cher la vérité de se faire jour, la justice
d'être reudue a tous, pour faire reculer
enfin la France de plusieurs siècles en
arrière et lui enlever le bénéfice de
quatre révolutions.
Heureusement des esprits libres veil-
laient, et ou peut espérer, grace a eux,
ne pas voir le saut en arrière que rê-
vent les Drumont, les Rochefort et tous
les émargeurs aux fonds secrets.
L'un de ces esprits libres, Emile
Zola, luttant presque seul contre toute
1'organisation administrative et judi
ciaire de la France, a entrepris glorieu-
sement de faire éclater la vérité.
II faut lire dans le compte-rendu des
séances de la Cour d'Assises les obsta
cles mis a l'exercice du droit de la
défense par un président évidemment
stylé,-comme on n'en peut trouver que
dans une magistrature tout entière
sous la main du pouvoir.
II y a la la négation presque absolue
du droit, reconnu a Zola par la loi, de
faire la preuve des faits pour lesquels
le ministre de la guerre s'est résigné a
le poursuivre en assises. On n'eüt pas
cru qu'un tel spectacle fut, possible
cent ans après la révolution qui a
brisé les formes juridiques arbitraires
de l'ancien régime.
Si par malheur, les efforts de la réac-
tion cléricale et militaire qui s'agite
en France devaient l'emporter sur la
résistance courageuse des hommes
droits et justes, il y aurait pour la
liberté mdividuelle dans toute l'Euro-
pe, chez nous surt-out, un grand dan
ger de plus.
Aussi est-ce un peu par intérêt,
beaucoup par admiration sympathique
pour le champion de la vérité et de la
justice, que nous souhaitons a Zola
d'atteindre son but projeter la lu
mière compléte dans les intrigues téné-
breuses qu'on devine sous le déni de
justice auquels'essayent ceux que Zola
a accusés. Ph. de C.
Onze grèves nouvelles ont été signalëes a
l'Office du Travail en Décembre dernier.
Neuf d'entre elles étaient terminées avant
la fin du mois, leur durée maximum ayant
été de dix jours.
ËSS3S aatatiwr&ymaRutu