Journal liberal démocratique d'Ypres et de FArrondissement
L UNION FAIT LA FORCE.
On 8'abonne au bureau da journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la
Bourse.
AU PROFIT
LE
Sainedi, 5 ill ars 1898. 5 centimes le numéro. 4e année.N° 17.
AVIS.
Concert du 6 Hars
du Denier des Écoles.
Le départ de
FEcole d'Équitation.
La question
de la réforme militaire.
programme de M. Solvay.
£*araissant le Sttmetle.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 3 francs.
pr la province, Par an fr. 2-50.
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires: 1 fr. la ligne.
Les personnes ayant
(les 's personnel-
les RÉSEIEfcYÊIES
soul pricescl'aller clioi-
sir leurs places chez
M. Ch. Deweerdt, im-
primeur, rue de I^ille,
59, Ypres, oil le plan
die la salie sera déposé
a partir <le Y endredi
midi jusqué T>imanche
midi.
Les intéressés de-
vront se luunir die lenrs
cartes.
On nous communique l'articulet sui-
vant, découpé dans la Chronique du 3
Mars
UN COMPLOT. La question du em
placement de l'école d'équitation d'Ypres
met en érr.oi les deux deputes et le sénateur
de eet arrondissement.
Ces honorabLs se sont réunis Mardi soir
au theatre des Galeries, ou pendant la repré-
sentation des Félardsils ont discuté avec
animation les mesures qu'il y aurait lieu de
prendre pour empêcher le déplacement de
l'école.
Ce grave debat, qui a eu lieu pour ainsi
dire coram populo, n'a pas précisément pas-
sionné ies autres spectateurs venus pour
voir la piece, mais il leur a appris que, si
l'école est déplacée, un de ces messieurs au
moins, pour se venger du généra! Bourn, ne
votera plus le budget de la guerre.
II nous a semblé que notre patriotisme
bien eonnu nous faisait un devoir de lui
signaler ce noir complot.
Nous attirons l'attention du public
sur la sincérité du Journal d'Ypres.
II persiste a soutenir qu'il n'est pas
question du transfert de FEcole
d'Équitation a Tervueren, alors que
ses patrons qui d'ailleurs ne met-
traient pas lepied au théatre d'Ypres
8'en entretiennent presque publique-
ment a la représentation d'une opéret-
te.
Que le public juge
La question de la réforme militaire
est ramenée devant les Ohambres par
trois projets de loi sur lesquels elle se
prononcera... quand elle aura le temps
et quand le voudra le gouvernement,
unanime en paroles a vouloir une ré
forme, mais non moins unanime a l'eri-
terrer sous des prétextes d'opportunité.
Le projet le plus ancien est celui
qu'ont déposé en Juillet dernier les
députés progressistes de Liège.
Les sections viennent seulement de
l'examinsr Mardi, après huit mois.
Quel zèle
11 faut croire que c'était encore ende-
mander trop a la plupart des députés,
car 40 seulement étaient présents en
sections, sur 152. Est-ce la paresse ou
la crainte de se compromettre qui
porte nos législateurs a un absentéis-
me aussi scandaleux
Le projet a été repoussé dans toutes
les sections. Une seule l'a discuté sé-
rieusement la 5e, oü M. Warocqué,
dit la Réformea fait entendre de du-
res vérités aux partisans du remplace
ment. Mais les droitiers avaient leur
siége fait. Aussi peut-on prévoir que
le projet sera rejeté, et que la honte
du remplacement subsistera en Belgi
que après avoir disparu dans toute
1'Europe.
Le parti clérical ne peut méconnai-
tre les iniquités du régime actuel, que
M. Woeste ose seul défendre li ne
peut nier non plus qu'il y ait nécessité
et utilité a réduire les charges militai-
res. Mais quand il s'agit de passer aux
actes, le parti clérical recule il veut
conserver les sympathies de ceux des
bourgeois qui achètent des rempla-
gants pour leurs fils et qui ne veulent
pas entendre parler du service militai
re personnel.
En attendant, nous restons dans une
situation ridicule, avec une armée in-
suffisante pour défendre le terntoire,
en presence du parti militaire qui ré
clame ^augmentation du contingent,
augmentation qu'aucun député n'osera
voter s'il n'obtient une réduction
équivalente des charges.
C'est en s'inspirant de ces nécessités
que M. G. Lorand a formulé un projet
de loi réduisant le service militaire a
un an pour ies troupes non montées, a
deux ans pour les troupes montées qui
devraient d'ailleurs se recruter surtout
par engagements volontaires. Après un
an, ies miliciens devraient passer un
examen de capacité et ne seraient gar
dés au régiment que s'ils n'y satisfai-
saient pas. Mais au bout de six mois
seulement, ils auraient le droit de de-
mander a le subir anticipativement, et
seraient renvoyésen congé ïllimité s'ils
le passaient avec succès.
II y a la une base d'accord pour tous
ceux qui s'inquiètent de lasécurité du
pays.
L'armée deviendra plus nombreuse,
mais la durée de l'encasernement se-
rait réduite au strict nécessaire suffi-
sant d'ailleurs si l'on supprime de la
vie de caserne tout ce qui n'a aucun
rapport avec l'instruction militaire.
C'est évidemment dans ce sens qu'un
accord peut s'établir. La preuve en
est que M. Coifs, quelques jours après
M. Lorand, a déposé une proposition
analogue, réduisant le service a quinze
mois pour toutes les armes, mais sans
faculté de libération anticipative pour
les miliciens qui auraient fourni la
preuve de leurs aptitudes.
La Ohambre est done saisie de pro
positions formelles ayant en vue la ré
duction dn temps de service. Elle aura
a faire la preuve de sa bonne volonté
en eet te matière.
M. Lorand ademandé l'examen d'ur-
gence pour sa proposition. A l'empres-
sement avec lequel la Ohambre l'exa-
minera, on pourra juger de la sincérité
des déclarations électorales des mem
bres de la droite. Ph. de C.
Nous avons récemment analysé (1)
l'étude de M. Solvay sur le progrès
économique et la morale sociale, pu-
bliée par la Revue de Belgique et les
Annales de VInstitut des sciences sodales.
M. Solvay essaie aujourd'hui de lui
donner une conclusion pratique, sous
forme de principes de politique sociale pu-
bliées par les mêmes revues.
Le travail de M. Solvay mérite d'etre
étudié par tous les esprits de bonne
volonté. Etant donnée la part prépon-
(4j Voir la Lutte-de Strijd, 4® année, nos 9
et 10, 8 et 15 Janvier 1898.
dérante prise par M. Solvay a la fon-
dation et a l'activité de VAlliance libé
rale, il est certain que son programme
fera, dans cette société, l'objet d'une
étude approfondie, dont les résultats
seront ensuite soumis aux associations
libérales du pays Tous ceux qui ont
souci du relèvement du parti libéral
ont done tout ïutérêt a méditer le pro
gramme de M. Solvay et a en tirer pro
fit.
Nous le publierons en entier, avec
les excellentes remarques que M.Geor
ges Lorand y a ajoutées dans la Réfor
me du 26 Févner. L'importance de
Particle de la Réforme nous oblige a le
couper en deux parties dont voici la
première (1)
M. Ernest Solvay vient de publier dans
la Revue de Belgique la conclusion des
deux precedents articles que nous avons
résumé, et dans lesquels il recherchait les
principes et les bases d'un vrai parti social.
On aurait pu lui reprocher de rester dans
les généralités mais si M. Solvay est un
esprit élevé, c'est aussi un homme pratique
qui ne recule pas devant les applications de
la justice. Et le président de l'alliance libé
rale, rette société que les sociaiistes accu
sent de tendances doctrinaires et que les
doctrinaires affectent de considérer comme
ennemie du parti ouvrier autant que du
parti clérical, n'a pas craint de formuler le
programme suivant, qu'il indique naturelle-
ment comme un avant-projet du pro-
gramme politique de3 principes ou de ten
dance générale pouvant aider a établir les
programmes de réalisation d'un parti social
et par conséquent ses platformes successi-
ves.
M. Solvay indique d'abord comme but
fondamental
Amelioration progressive, continue et in-
définie du bien-être de 1 'homme universel
mogen sans jamais entraver la production
integrale existante (2).
Puis, passant aux moyens a employer, il
développe son idéé de l'impót unique sur les
successions, impöt progressif d'après les
degrés de parenté et Torigine de la fortune
cette idee singulièrement radicale mais
éminemment rationnelie qu'il a été le pre
mier a lancer en Belgique et cela précisé
ment au Sénat, l'assemblée millionnaire que
Frère-Orban dut dissoudre pour lui faire
voter son impót sur les successions en ligne
directe.
1. Réforme des impóls en vue d'assurer
leur plus juste proportionnaiité possible a
la fortune réelle et en ayant pour objectif
l'impöt unique, l'acquittement de l'impdt
quel qu'il soit ne devant finalement s'effec-
tuer qu'a la mort du contribuable.
2. Distinction a établir entre la fortune
directement acquise par les tfforts de celui
qui la possède et la fortune recue par voie de
transmission entre la fortune n'ayant subi
qb'une transmission par exemple, celle
provenant du père et de la mère et la
fortune ayant subi deux transmissions
pér exemple, celle provenant de grands-
parents et ainsi de suite, le taux de l'im
pöt devant varier en proportion ou en pro
gression du nombre de transmissions effec-
tuées. Moyens a employer pour arriver par
la suite a établir la distinction entre la
fortune acquise et la fortune transmise
comptabilisme social.
3. Etablissement des budgets commu-
naux, provinciaux et nationaux en vue de
permettre l'utilisation des capacités et acti-
vités disponibles fixation conséquente du
chiffre de l'impöt.
Ce dernier point demanderait des éclair-
cissements. II signifie évidemment avant
(i) Les aliénas numérotés font partie des
<l principes de politique sociale de M. Sol
vay, les autres constituent les réflexions de M.
G. Lorand.
[V On entend par production integrale
la production de tout ce qui doit servir direc
tement ou indirectement a la nourrilure, au
vê'ement, au logement, a la protection et h la
distraction des hommes constituant la société.
tout que l'impöt ne doit pas être établi de
facon a empêcher la formation de la richesse,
la production du travail, l'utilisation des
capacités ii impllque la suppression des
impóts sur le travail, sur les consommations
nécessaires ou utiles, sur la circulation des
produits, sur la culture de même qu'il im-
pliquerait en Italië, par exemple, l'abolition
de cette taxe sur la richesse mobilière,
dont Ia fiscalité épuisante arrête tout net le
développement de l'industrie. Mais il doit
encore y avoir davantage, et il est a espérer
que M. Solvay, chez qui l'esprit de généra-
lisation et de précision scientifiques rend
parfois l'expression de la pensée difficile-
ment accessible a tous, voudra préciser et
développer notamment ce point de son pro-
gramme.
Le suivant concerne le développement de
l'idée des bourses du travail
4. Creation d'une organisation commu
nale, provinciale et nationale pour arriver
a la détermination courante et réguliere du
nombre, du genre et de la valeur des capa
cités et activités existantes et de leur quan
tum d'utilisation disponible.
Puis vient la question du collectivisme
qui passionne et divise tant les esprits. M.
Solvay 1'aborde et la résout avec une har-
diesse qui, chez un autre, ferait jeter les
hauts cris, et la solution qu'il indique est
exactcment celle que les progressistes ont
toujours indiquée et que j'ai qualifiée de
i positiviste et relativiste mais il l'étaye
aussi des principes les plus généreux de la
solidarité humaine
5. Reconnaissance formelle du droit a la
vie pour ceux qui veulent faire le nécessaire
pour la gagner, soit en employant leurs ca
pacités et activités disponibles a la pro
duction intégrale ou a l'accroissement de
l'instruction capacitaire productrice inté
grale, soit en leur assurant du travail a
l'étranger par une emigration donnant des
garanties de sécurité, sinon en leur garan-
tissant la vie matérielle.
6. Garantie de la vie aux indigents in-
capables de travailler, o'est-a-dire a l'en-
fant, au vieillard, a l'accidenté et au malade
indigents.
7. Introduction dans l'organisation com
munale, provinciale et nationale des princi
pes de gestion, d'autonomie, do responsa-
bilité, etc., existant dans les organisations
privées et les associations industrielies et
commerciales et reconnus utiles et produc-
tifs.
8 Communalisation, provincialisation
et nationalisation de Sexploitation d'ob-
jets quelconques de la production intégra
le cbaque fois que cette exploitation sera
reconnue possible ou sürement plus avan-
tageuse au bien-être góuéral qu'eile ne le
serait autrement.
Voila le principe en matière de collecti
visme, le seul vrai, le seul scientifique, le
seul digne de la méthode expérimentale. Pas
d'a priori examinons cbaque cas, et si l'ex-
périence prouve qu'un service est mieux
assuré et a meilieur marché par la collec-
tivité que par l'initiative privée, il faut le
coilectiviser. C'est le cas de la police et de
la justice, de la défense nationale, de l'en-
seignement, toutes choses qui fut-ent laissées
a l'initiative privée a des époques antêrieu-
res et qui ne le sont plus nulle part c'est
le cas aussi des moyens de communication,
routes, canaux, chemins de fer, postes et
télégraphes, j usques et y compris la Banque
Nationale et ici telle chose qui est considé-
rée comme nécessairement du domaine de
l'Etat en Belgique, les chemins de fer, par
exemple, est revendiquée ailleurs comme ne
pouvant être enlevée a l'initiative privée
sans tomber dans le pire communisme. En
Prusse, les charbonnages mêmes sont en
grande partie a l'Etat en Roumanie, les
pharmacies et les notariats ici la Banque
nationale même est concédée en monopole
a des cap'talistes privilégiés Dans le domai
ne communal, le pavage, le nettoyage,
l'éclairage, la salubrité, la fonrniture de
l'eau potable, sont reconnus des services
publics nécessaires dans les pays de haute
civilisation ailleurs on les laisse a l'exploi-
tation privée.
Cfr-Wi S^g==-i-