Journal libéral démocratique d'Fpres et de F Arrondissement
Les ballottages
du 29 Mai.
Législation sociale.
Samedi, 4 Juin 1898.
ÉPPS
i^araissant le Earned».
L UNION FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 3 francs.
pr la province, Par an fr. 2-50.
Quoique préconisé avec ardeur et
ensemble par la presse libérale et so
cialists presque entière ainsi que par
plusieurs associations politiques mi-
portantes, le raliiement auticlérical
ne s'Sst pas fait Dimanche dernier
comme il aurait pu et du se faire.
L'appel de l'Alliance libéral, du
Parti libéral ouvrier, de la Fédération
progressiste, du Parti ouvrier socia-
liste, n'a pas prévalu partout contre
les rancunes causées par la vivacité de
la campagne électorale qui a précédé
le vote du 22.
A Liége, les électeurs libéraux se
sont répartis a peu prés par moitié
entre la liste progressiste-socialiste et
la liste cléricale. A Verviers et a
Thuin, ils se sont partagés anssi en
deux groupes presqu'égaux, Pun allant
a droite, l'autre a gauche.
Le raliiement a encore été moins
complet a Soignies, oü les trois cin-
quièmes des votes recueillis par les
libéraux au premier tour sont allés aux
cléricaux.
A Tournai, une petite fraction des
votes socialistes du premier tour est
allée aux quatre Hoyois.
A Ath seulement, le raliiement auti
clérical a été completles candidats
libéraux restés en ballottage ont réuni
par leurs noms tous les votes anticié-
ricaux émis au premier tour.
II parait d'ailleurs que les moyens
habituels aux cléricaux ont joué leur
röle au ballottage du 29.
M. De Bruyn, ballotté a Termonde,
a cyniquement fait signer par le Roi un
arrêté suspendant le reglement sur les
boucles d'oreilles du bétail, règlement
a cause duquel les campagnards de
l'arroudissement de Termonde étaient
vivement montés contre le ministre
aux pataquès.
A Tournai, c'est l'argent qui, parait-
il, a joué le grand róle. L'Economie de
Tournai a rapporté a ce sujet plusieurs
faits édifiants, qui font le digne pen
dant des fausses affiches et des mani
festos menteurs que les amis de M.
Hoyois ont répandus a la deruière
heure pour infiuencer en sa faveur le
vote de ceux contre lesquels M. Hoyois
a aboyé pendant quatre années de
législature.
Kien dans tout cela n'est fait pour
nous étonner.
Quoi qu'il en soit, une fois de plus
beaucoup d'électeurs anticléricaux se
sont montrés incapables d'oublier les
attaques dont leur parti a été l'objet,
avant le lr vote, de la part d'un autre
parti anticlérical.
Les cléricaux, eux, ne portent pas la
peine de leurs attaques cependant bien
plus haineuses et moins loyales. II faut
dire qu'ils ne s'aventurent guère dans
les réunions publiques et contradictoi-
res ils se bornent a prêcher, a portes
closes, devant un auditoire trié. Ils
réservent leurs moyens de persuasion
(pour ne pas dire de corruption) pour
les six jours qui s'écoulent entre les
deux scrutins, et ils exploitent habile-
ment les divisions de leurs adversaires.
II est a craindre que pareils résultats
déplorables ne soient longtemps encore
la suite de la tactique anticléricale
d'éparpillement avant le premier vote.
La campagne électorale dernière sem-
blait une lutte entre libéraux et socia
listes, les cléricaux y figurant comme
quantité négligeable que tous les pro
pagandistes exécutaient en trois mots
avant d'étaler aux yeux des auditeurs
tout ce qui divise les partis anticléri
caux pour le plus grand profit de leurs
ennemis et pour le plus grand mal du
pays.
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flan ires) s'adresser a 1'Agence
Havas, Bruxelles', rue le la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la
Bourse.
O'est ainsi, écrivait la Réforme le jour
du ballottage, que des abimes se creu-
sent entre des partis, dont l'intérêt
primordial serait de s'unir, au plus
grand profit de leur ennemi commun
et que s'éternise dans l'impumté, sinon
dans la sécurité ia plus entière, l'ère
des gouvernements oppressifs. C'est au
point que le pouvoir en devient héré
ditaire et que l'élection qui permet a
une nation de retirer sa confiance a ses
mandataires mfidèles, n'est plus guère
que le moyen de les maintemr.
Le résultat des divisions anticlérica-
les, c'est, encore une fois, que ia majo
rité cléricale subsiste aiors que l'occa-
sion était si belle pour l'entamer
moyennant quoi on pouvait espérer la
jeter bas dans deux ans.
Que va-t-ii en résulter Quel usage
ie gouvernement va-t-il faire d'une
majorité disproportionnée, prête a tout
ce que M. Woeste et ses vicaires lui
demanderont
La droite va sans doute profiter de
sa puissance, outrée par la fausseté du
régime représentatif, pour exécuter
une idéé chère a M. Woeste le décou-
page des arrondissements.
Cette opération de charcuterie élec
torale sera faite, sans nul doute, de
fagon a noyer les villes dans des fiots
d'électeurs ruraux, et a empêcher pour
longtemps tout renversement des cléri
caux par les voies légales.
M. Woeste, dans l'élection auquel
les saucisses ont joué umröle impor
tant, doit avoir une tendresse de coeur
toute spéciale pour ce que i'on appelle
en France ie scrutin d arrondissement
et en Belgique le scrutin unmominai.
Les Fraugais honnêtes en sont dégoü-
tés jusqu'a ia nausée c'est done ie
moment de i'imposer aux Beiges. Lisez
ce qu'en dit M. Henri Brissac dans
VAurore
On peut, sans hyperbole, qualifier
d'ignoble foyer de corruption le scru
tin d'arrondissement. II rétrécit aux
proportions d'un réceptacle de vile-
nies les rapports du caudidat riche et
de l'éiecteur pauvre. II ouvre un égout
qui porta a la députatiori celui-la qui
le remplit d'argent, qui se fait procu
reur d'empiois ou de taches rouges a la
boutonnière. 11 installe une foire aux
votes, a ciel ouvert ou dissimulóe. Le
plus ofirant remporte la victoire, achète
la marchandise, et devient fabricant de
lois. n
Que deviendrons-nous avec pareil
régime, et des circonscriptions calcu-
lées pour empêcher le parti cléncal de
redevenir dans la Chambre ce qu'il est
dans le pays une minorité La re-
présentation proportionneile condam-
née par ie scrutin uninominal, il ne
reste plus aux partis anticléricaux au-
cun moyen légal de donner au pays le
gouvernement qui est dans ses voeux.
Est-ce le résultat auquel ont voulu
nous conduire les socialistes tournai-
siens qui ont réélu l'aboyeur Hoyois,
et les libéraux verviétois qui ont sa-
crifié leur anticléricalisme a des ran
cunes plus ou moins fondées
Car en ne portant pas au gouverne
ment le coup sensible qu'ils étaient a
même de lui porter, ils l'ont aflermi et
l'ont encouragé a tout faire, puisque
ses adversaires se déchirent entre eux
au lieu de s'unir contre lui.
On verra le bel usage que fera de son
pouvoir exorbitant une majorité dont
une grande partie doit son élection
aux votes libéraux. Ph. de C.
- -
TTii nouvel arorton.
Ce n'est plus un secret pour personne que
quand un de nos ministres monte a la tri
bune et declare que, <i par les ordres du
roi, il a l'honneur de tléposer tel projet de
loi dont le dépot est; parfois accueilli par les
applaudissenients de ses amis, il ne dépose
en réalité le plus souvent qu'un cahier de
pipier blane. La preuve en est que si quel-
qu'un demande la lecture du projet impa-
tiemtnent attendu, on fait semblant de ne
pas fentendre et que si un depute demande
a lire le précieux manuscrit, au moment
même ou le ministre descend de la tribune,
le greffier lui répond qu'il est déja a l'im-
pression. C'est ce qui est arrivé a l'un de
mes amis le 26 Avril dernier quand M.
Nyssens a déposé son projet de loi sur la re
paration des accidents du travail.
L impression a dure vingt jours, ce qui
est remarquable pour un document de vingt
pages. Et encore aurait-il fallu la faire du-
rer plus longtemps, afin de perrnettre aux
candidats cléricaux de se vanter devant les
naïfs du dépot du projet ministeriel, sans
avoir a reveler les horreurs du monstre ni a
en prendre la défense.
Malheureusement pour ces Messieurs, le
projet vient d'etre distribué. De toute la
pseudo-législation sociale du gouvernement,
de toutes les lois de facade dont se targuent
les ministres réactionnai.res, de tous les
avortons législatifs dont i'enfantement a été
si long et si douloureux, et qui nous mon-
trent toujours la montagne en travail de
souris, le projet Nyssens est peut-être celui
qui fera le plus piteux effet. Déja le titulaire
de ce ministère du travail, dü a un accident
de déroute congolaise, nous avait. donné sa
mesure dans la Joi sur les règlements d'ate-
lier, la loi sur les inspecteurs ouvriers des
mines non élus par les mineurs et la loi sur
les unions professionnelles, triple faillite aux
engagements .ministériels et simple entéri-
nernent dans presque toutes leurs disposi-
iions'des résultats déja acquis, cahin-caha,
par la jurisprudence. Les projets sur les
pensions ouvrières dorment eneommbsion-
nés et pour longtemps. Celui sur la repara
tion des accidents apparait' enfin. II apparaït
d'ailleurs subordonné a eet autre projet sur
le contrat de travail, qui permettra aux
collectivi tes et aritieollectivistes de la Cham
bre de faire sur la sociologie générale des
discours pendant plusieurs mois, émaillés de
quelques-uns de ces incidents que M. Helle-
putte provoque si bien, mais qui ne change-
ra rien du tout aux rapports entre patrons
et ouvriers.
Supposons qu'on finisse par expédier tant
bien que mal cette loi de facade sur le con
trat de travail, et qu'on aborde le projet
Nyssens sur l'assurance et voyons le mon
stre.
Le principe dont s'est inspire M. Nyssens
c'est ce que j'ai appelé un jour le grand
principe beige de la poire coupée en deux.
Mais jamais on n'en tenta une application
aussi radicale. M. Nyssens coupe en deux
la reparation due aux victimes des accidents
du travail et le premier résultat de sa loi
c'est qu'ils n'ont plus droit qu'a 50 p. c. de
la reparation du dommage_ causé. L'indern-
nitéqui par le patron n'est plus que de 50
p. c. du salaire moyen que l'accident fait
perdre a l'ouvrier. C'est raide, et il est sur-
prenant que M. Nyssens ait pu se faire des
illusions sur l'accueil que les ouvriers
feraient a cette bonne nouvelle.
II est vrai que par ce forfait c'est
lui-même qui qualifie ainsi cette confiscation
de la moitié du salaire dü a l'ouvrier, et le
terme ne parait pas excessif M. Nyssens
supprime tout proces, tout débat sur la
faute,' la preuve, la responsabilité en
dehors de l'accident-suicide, qui reste a la
charge de l'ouvrier et de l'aceident-assassi-
nat, dont le patron continue a avoir la
pleine responsabilité, on n'a plus a s'inquié-
ter de savoir si l'ouvrier a été imprudent ou
si le patron a négligé les précautions néces
saires a la sécurité du travailleur, s'il y a
faute légere, faute lourde ou force majeure,
on coupe la poire en deux le patron doit
la moitié. C'est de cette facon chirurgicale
que le bon roi Salomon rendait la justice
par morceaux aux mères qui réclamaient
leur progéniture.
Quant a la liberté, a la responsabilité, a
l'encouragement de ia prévoyance, et a toute
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires1 fr. la ligne.
la phraséologie habituelle de ses discours
contre le collectivisme, on n'en voit plus de
trace dans le projet le patron devra tou
jours la moitié du salaire, même s'il a pris
les précautions les plus minutieuses pour ia
sécurité de ses ouvriers et si ceux-ci ont été
lourdement imprudents la victime perdra
toujours la moitié de son salaire, même si
ie patron a été seul cause par son impru
dence et sa rapacité de l'accident... C'est
grotesque d'iniquité et d'absurdité.
Libre aux ouvriers de s'assurer pour le
surplus, dit M. Nyssens, et aux patrons de
s'assurer pour le tout. En effet, d'assurance
ouvrière il n'y a pas de trace dans le projet,
qui n'organise rien du tout et se borne a
confisquer la moitié de l'i-ndomnité due aux
victimes d'accident par les patrons en faute.
Ainsi le veulent les bons principes l'assu
rance doit rester dans le domaine de l'initia-
tive privée. Avis aux deputes qui cumulent
deja une dizaine de présidences de conseils
d'administration de sociétés anonymes il y
aura des jetons de presence et des parts de
fondateur a gagner en fondant des sociétés
d'assurances ouvrières sur le projet Nys
sens. II n'y a pas de meilleures affaires,
pour les assureurs, que ces sociétés d'assu
rances. Quant aux assures, ouvriers ou
patrons, il suffit de lire une des polices d'as
surances, qu'ils ont le tort de ne pas assez
lire, pour se convaincre qu'ils sont a la
merci de ces sociétés et en réalité celle-ci
paye quand elle veut, et ce qu'elle veut.
L'assurance par l'Etat comme en Alle—
rnagne a l'avantage d'être une vraie assu
rance, de donner a l'ouvrier la certitude
d'être indernnisé, et au patron d'être entiè-
rement garanti contre les risques, moyen
nant le payement d'une prime. Pour 12
centimes par semaine et par ouvrier, les
industriels allemands sont délivrés de ce
souoi terrible d'un grand accident venant,
même alors qu'ils auront pris les précautions
les plus minutieuses, les ruiner d'un jour a
l'autre. Avec le système Nyssens les patrons
continjlent a encourir ce risque. Et l'ou
vrier risque de n'être pas payé si le patron
est insolvable ou si l'accident même l'a
rendu insolvable on lui donne un privilège
sur l'actif net du patron, un privilège qui
prend rang après celui du fisc, celui des
curés et croque-morts, celui des médecins
et apothicaires, ceux des domestiques, em
ployés et ouvriers, done qui prend rang
l'avant-dernier et ne prime que celui des
fournisseurs. Comme garantie c'est risible.
Franchement, le projet tout entier est
une derision. II n'organise rien il restreint
le droit des victimes d'accident et ne le ga-
rantit, pas. II est également contraire aux
droits et aux intéréts des patrons, des
ouvriers et de la justice. De tous les avor
tons dont M. Nyssens est l'heurenx père,
c'est le plus contrefait et le plus pitoyable.
Georges LORAND. (Réforme).
Les appoinlemeiits «es Députés.
Les députés et sénateurs fraugais
touchent vingt-cinq francs par jour.
En Belgique, chaqne membre de la
Chambre de représentants regoit 4,000
francs par an.
En Damemarck, les représentants au
Landsting ont une indemnité de 18 fr.
75 par jour.
En Portugal, les pairs et les députés
touchent 1,675 francs par an.
En Suède, les membres de la Diète
touchent 1,672 fr. pour une session de
quatre mois, mais ils doivent payer une
amende de 13 fr. 75 par jour en cas
d'absence.
En Suisse, les membres du Conseil
national ont 12 fr. 50 par jour. payés
par le Trésor fédéral les membres des
Conseils d'Etat. regoivent de 7 fr. 50 a
12 fr. 50 par jour.
Aux Etats-Unis, les représentants
des Etats et les délégués touchent
5,200 fr. par an, plus une indemnité de
1 fr. par mille pour frais de déplace-
ment.
En Norvège, les membres du Stort
hing pergoivent une indemnité de 16