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FwiviMs/jMf lt' Hat&teesi. l'imon fait la force.
Journal libéral démocratique cTYpres et de 1'Arrondissement
Antisemitisme.
La chevaleresque
Espagne.
Samedi, 25 Jfuin 1898. 5 centimes le numéro. 4e année.CV0 55.
La charrelée d ordures.
Ph. de C.
Les gloires de FItalie.
Grandes
courses véïocipédiques
Internationales.
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Un trés intéressant échange, écrit le
Peuples'établit en ce moment entre le
Bienpublic et le Oourrier Ac Bruxelles.
Le journal gantois reproche a son
confrère ses tendances pénlleuses
L'une de ces tendances consiste a
préconiser les alliances clérico-libéra-
ies. Le Courrier se défend vivement de
vouloir la fusion des éléments conser-
vateurs. II ne précomse que des enten
tes électorales momentanées.
Une autre articulation du Bien public
vise la Représentation proportionnelle
que le Oourrier avait combattue par eet
argument extraordinaire
L'idée de la représentation propor
tionnelle est une idéé essentieilement
libérale paree qu'elle place l'erreur et
la vérité sur le même pied et accorde
a toutes les opinions, même les plus
fausses, le droit de se manifester au
même degré.
Le Bienptiblic répond fort justement:
Ce n'est pas a la R. P. que notre confrère
devrait s'en prendre, mais a la Constitution,
qui a accorde aux opinions fausses le droit
de se manifester, et qui a établi le régime
parlementaire. La R. P. a tout juste pour
but de nous affranchir des ballottages, qui
nous mettent en presence de deux erreurs
également fausses, et qui nous contraignent
a, choisir entre ces deux erreurs, a faire
triompher Vune d'elles.
Mais a ce mot de Constitution, le
Oourrier poufle de rire. II semble dire a
son confrère gantois Voyons, main-
tenant que les élections sont termmées,
on peut en parler franchement, n'est-
ce pas, de votre Constitution, et dire
le mépris que nous professons pour
eile Ne consacre-t-elle pas la liberté
des opinions, condamnée par la doctri
ne catholique Une seule opinion
devrait être tolérée en Belgique, c'est
celle des cléricaux. Done, a bas la
Constitution
Voici comment le Oourrier s'exprime
Sans doute, la Constitution consacre le
principe mauvais de la liberté des opinions
contraire d la doctrine catholique mais du
moins, sous le régime majoritaire, Terreur,
pour triompher et se manifester dans les
assemblees délibérantes, doit lutter eontre
les partisans de la vérité et les vaincre par
le nombre.
La R. P. est une concession bien plus
grande puisqu'elle accorde a l'erreur le droit
en principe d'etre représentée. Toule hérésie,
pourvu qu'elle put grouper un certain nom
bre d'adhérents, le fameux quorum, serait
assurée de pouvoir s'affirmer dans Tenceinte
législative.
On le voit, nous n'avons rien axagéré,
la liberté des opinions est un principe
mauvaiscontraire d la doctrine catholique.
Au fond, tous les cléricaux sont d'ac-
cord la-dessus. Seul le Courrier a le
courage de l'écrire et toute l'histoire
de l'Eglise prouve qu'il est dans la
vraie tradition catholique.
Du reste, le Bien public n'a-t-il pas
traité les libertés constitutionnelles de
charretée d'ordures
C'est au moment oü se produit cette
intéressante polémique entre deux or-
ganes ultramontains, qu'un écrivain
libéral, M. Vauthier, écrit dans la Re
vue de Paris
On avait reprësenté, dit-il, Tavènement
des catholiques comme un peril pour la li
berté de conscience. Or, ajoute-t-il, il
faut avoir la franchise de reconnaitre que
jusqu'd présent, un tel danger n'existe pas
ou du moins n'existe pas d'une manière
visible. Des atteintes directes aux garanties
qui protègent Tindividu ne sont pas a redou-
ter.
Faudrait-il a M. Vauthier le réta-
blissement de l'inquisition et du bü-
cher pour lui faire reconnaitre que la
liberté de conscience est menacée Et
i'extorsion plus ou'moins hypocrite de
la liberté de penser doit-elle être re-
gardée comme non avenue dès qu'elle
ne se traduit pas par des actes de vio
lence,?
II fut un temps ou tous les libéraux
avaient de la liberté de conscience une
idéé autrement haute que celle que
se fait M. Vauthier, d'après le Bien pu
blic et le Oourrier de Bruxelles, semble-
t-il.
Nous découpons dans la Rèforme les
intéressants renseignements que voici
Les excitations des démagogues antisémi-
tes, qui avaient déja abouti récemment au
pillage des quartiers juifs d'Alger et au mas
sacre d'inoffensifs promeneurs israélistes,
produisent en ce moment des résultats pires
encore dans la Galicie autrichieune. Plus
un jour ne se passe sans que le télégraphe
nous apporte la nouvelle de troubles san-
glants et de rencontres meurtrières entre
les bandes de paysans fanatisées et des for
ces de police.
Ces troubles ont pris leur origine dans la
campagne électorale suscitée par une élec-
tion complémentaire dans le district de
Sanak-Jaslo. Le père Stojalowski, i'ancien
jésuite excommunié et persécuté pour sa
propagaude socialiste, mais depuis lors
rentré en grace auprès de ses supérieurs
ecclésiastiques et des aristocrates polonais,
entama avec sa fougue habituelle une vio
lente campagne antisémite, recourant aux
procédés de polémique les plus infames, al-
lant jusqu'a ressusciter la vieille fable de
Tempoisonnernent des puits par les juifs qui,
a Kolaczgie notamment, auraient de cette
facon fait périr des hommes et du bétail. Ses
partisans distribuèrent même parrni les
paysans ignorants et bornés de cette région
arriérée des bulletins soi-disant envoyés par
le gouvernement et invitant, la population a
chatier les juifs. Paysans et ouvriers s'ar-
mèrent de fléaux, de faux, da haches, de
fourches, envahirent les magasins et les mai-
sons de juifs, les pillèrent et anéantirent par
le feu ce qu'ils ne pouvaient emporter.
Les autorités ne firent rien d'abord pour
empêcher ces devastations. Mais quand les
paysans déchainés eurent détruits les pro-
priétés juives, ils commencèrent a s'attaquer
aux propriétés des chrétiens riches. Et
alors les aristocrates polonais, qui s'étaient
réjouis en secret de la guerre d'extermina-
tion commencée contre les juifs, prirent
peur et réclamèrent uue intervention rapide
et énergique du gouvernement.
Du moment qu'il s'agissait de protéger la
propriété chrétienne et féodale, la répres-
sion ne s'est pas fait attendre et elle a déja
coüt^la vie a quelques dizaines de paysans
égarés par les meneurs antisémites et qui ne
comprennent pas pourquoi la propriété des
hobereaux chrétiens qui les oppriment serait
plus respectable que la propriété des com-
mercants et usuriers juifs.
Les évènements de Galicie viennent
a point pour confirmer l'opinion de
beaucoup de ceux qui ont étudió de
prés l'antisémitisme c'est qu'il est
une diversion tentée pour pousser aux
violences les éléments les moins in-
struits du prolétariat et les détourner
des revendications émises dans tous les
pays par les ouvriers organisés. La di
version tourne contre ses auteurs
après s'être mis en goüt par le pillage
des propriétés j uives, les propagandis
tes par le fait de l'antisémitisme se re-
tournent vers les propriétés chrétien-
nes, ébranlées par les même3 attaques
dirigées par les meneurs contre les
propriétés juives.
C'est done a juste titre qu'on a ap-
pelé l'antisémitisme le socialisme
des imbéciles». Ajoutons-y que, du
moins chez les Drumont et les Stoja-
lowsky, il se complique d'une odieuse
guerre de races et de religions, expli
cable peut-être de la part de gens qui
placens leur idéal social au milieu des
ténèbres du 12e siècle, mais inexplica
ble chez ceux qui ont les regards tour
nés vers l'avenir. Ph. de 0.
11 est de mode, dans beaucoup de
journaux d'Europe, de s'apitoyer sur
la malheureuse et chevaleresque Espa
gne, traitreusement attaquée par les
perfides Yankees qui veulent lui arra-
cher ia iégitime possession de Cuba.
Un petit fait pour remettre au point
ia générosité et l'héroïsme de l'Espa-
gne. II est rapporté par Mme Marie
Mali, qui envoie d'Amérique a la Rè
forme d'intéressantes correspondances
Le general Blanco, dinait l'année der-
nière chez un de ses compatriotes espagnols.
Celui-ci n'ayant pas d'enfant avait pris chez
lui un fils de reconcentrados (IJ qu'il élevait
de son mieux. Cet enfant avait une jolie
voix. Au dessert Blanco demanda a l'enten-
dre chanter. Le petit malheureux, encoura-
gé, n'eu't-il pas la facheuse idéé d'entonner
après d'autres chansons Thyrnne Cubain
Vous pensez peut-être que Blanco eüt eu le
droit d'etre un peu froissé
Mais ce mot n'a pas de sens dans le dic-
tionnaire de ce demi-sauvage. La, dans ce
salon, dans cette maison amie, sans autre
ment y attacher d'importance, il tira son
revolver de sa ceinture et visa l'enfant qui
tomba raide mort. C'est le coup de'couteau
des paysans de Grenade ou d'Almeria a
quiconque les regarde de travers.
Les Turcs n'ont rien fait aux Arméniens
que les Espagnols n'aient imité point par
point a Cuba, et non pas toujours sur une
tant plus petite échelle.
Comparez l'héroïque conduite du
géuérai Blanco, assassin d'un enfant,
avec i'attitude des révoltés qui, dans
les deux provinces du sud de Cuba,
Santiago et Puerto Principe, ont de
puis deux ans créé des écoles, construit
des routes, publié des journaux et des
livres, fait enfin oeuvre de peuple
civilisé.
Ces insurgés, qui pensent aux inté
réts maténels et intellectuels des po
pulations cubaines, sont absolurnent
indignes d'mtérêts en regard des glo-
rieux généraux espagnols, n'est-ce pas,
6 trés humains publicistes qui essayez
de tromper l'opinion publique au sujet
de la guerre cubaine
On a rapporté que les soldats Espa
gnols avaient mutiié des cadavres amé-
ricains. Le ministre de la guerre est
monté a la tribune pour déclarer
qu'une enquête sur ce bruit était inu
tile, le fait étant impossible Notre
armée, modèle de courage et de géné
rosité, en est incapable.
C'était cependant un officier espa-
gnol, ce lieutenant Portas qui faisait
arracher les ongles, brüler les hanches,
briser les poignets, arracher les lèvres
aux prisonniers de Montjuich c'est un
général espagnol, ce féroce Weyler qui
a inventé de faire mourir de faim les
cubains non msurgés pour affamer les
insurgés qu'il était incapable d'attein-
dre c'est aussi un général espagnol,
ce Polavieja, le pacificateur des
Philippines, qui laissait arracher les
yeux et bruler la plante des pieds aux
rebelles tombés en ses mains.
(IJ Les reconcentrados sont les malheureux
habitants des campagnes cubaines que le gé
néral Weyler a concentrés dans les villes oü
ils meurent de faim dans le but d'affamer
les insurgés cubains. Des centaines de milliers
de ces malheureux sont morts de misère de
puis le début de la guerre, sans que la diplo
matie ait trouvé un mot pour rappeler TEspa-
gne aux lois de Thumanité.
Tous ces faits, indéniables et non
niés, témoignent. que l'Espagne est
restée a demi-barbare, comme l'em-
pire turc. Mais les soldats espagnols
accusés de mutiler les morts, quelle
calomnie Ils n'opèrent que sur les
vivants.
Et c'est pour ces féroces Espagnols,
contre ceux qui cherchent a échapper
a leur rapacité et a leur barbarie, con
tre ceux qui aident ces derniers a
s'émanciper, que tant de journaux es-
saient d'émouvoir l'opinion
L'Annuaire Statistique de Rome publie
les navrants détails suivants, relatifs a
la vie sociale italienne
En Italië, il y a 481 communes (sur
8,000 environ), qui n'ont pas de méde-
cin, 306 qui ont ie cimetière dans les
habitations, 770 qui l ont tout auprès,
682 qui ont une fosse commune. Dans
1,700 d'entre ellen, le pain n'est pas
fait de froment.
En 1878, la consommation moyenne
pour chaque individu fut de 111 kilos
de froment et de 80 de céréales infé-
rieures. La production de grains, en
1895, a été de 9 hectolitres par hectare.
II y a 2,800,000 hectares de terres
cultivables qui ne sont pas cultivées.
La moyenne de ia vie humaine est de
55 ans pour les riches et de 28 pour
les pauvres. Nous ne détenons, en Euro
pe, que deux suprématies, dit encore
VAnnuaire, celle de la pellagra (ma-
ladie de ia peau) avec plus de 100,000
malades, et celle de Immigration avec
200,000 expatriés par an. La mala
ria D stérilise 2,000,000 d'hectares de
terres, empeste 5,590 communes (les
deux tiers), empoisonne on million et
demi de personnes et en tue 15,000 par
an. La moitié de la population est illet-
trée. Et c'est avec ce fardeau de misère
physique, morale et intellectuelle chez
nous, que nous sommes allés civiliser
l'Afrique
Abordant un autre point de vue,
VAnnuaire ajoute En 1878, il n'y avait
que 10,000 journées de grève en 1880,
il y en avait 91,000 en 1885, il y en a
244,000. D'autre part, la vie a renchéri.
Ainsi la statistique établit, année par
année, la moyenne des heures de tra
vail nécessaires pour acheter un quin
tal de froment en 1870, il en fait 183
en 1872, il en faut 202 et ainsi de suite.
Bien que l'incertitude du temps ait
quelque peu nui au succès de la jour-
née, un public nombreux et élégant
s'est donnó rendez-vous Dimanche pas
sé aux courses véïocipédiques organi-
sées par le Rapid-Club a la Piaine
d'Amour.
L'immense pourtour de Ia Piaine
présentait un aspect des plus animés
et devant les tribunes circulait tout ce
que la ville compte en fait de notabi-
lités.
Les 2 médailles, l'une pour la société
la plus nombreuse, l'autre pour la
plus éloignée, ont été attribuées a la
société cycliste de Pérenchies, une jeu
ne société qui, a peine fondée, compte
déja une cinquantaine de membres,
dont 46 ont tenu a venir assister aux
courses.
Dutrieu, le coureur lillois, en pleine
forme, a enlevé la course de fond et la
course de vitesse dans un trés beau
style.
Voici le détail des épreuves
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