Journal liberal démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement
C/hronitiue locale.
Necrologie.
Pour Finstruction
obligatoire.
Samedi, 29 AvriS 1899.
5 centimes le numéro.
56 année. N° 26.
Fondation Godtschalck.
Société les Infatigables
M*iiraimant le Samedi.
l'union fait la force.
PRIX DE L'ABONNEMENT
POUR LA yille, Par an 3 francs,
pf la province, Par an fr. 2-50.
Commcat les cléricaux cxécuteiit 1c
testament d'un libre-penseur.
(Suite etfin).
IY.
Nous avons vu, que, depuis trois ans,
la Commission des Hospices cherche
un autre terrain pour y construire
l'établissement agricole.
En attendant et pour donner un sem-
blant de satisfaction aux volontés de
M. Godtsclialck, elle n'a rien trouvé
de mieux que de décider le 20 Novem-
bre 1896, de porter a 80 le nombre des
enf'ants a admettre a l'école des orphe-
lins, et en conséquence d'inscrire en
dépenses au budget de la fondation
Godtschalck, et en recettes au budget
général des Hospices, une somme de
10,000 fr. pour indemniser ceux-ci de
l'accroissement de charges qu'entrai-
nera l'exécution de cette décision,
On pourrait croire qu'a la suite de
cela, la Commission ait augmenté le
nombre d'élèves a l'orphelinat de gar-
gons. Eh bien nullement. II y a au-
jourd'hui comme avant J a décision,
une soixantaine d'enfants
Le 23 Décembre 1896, la Commission
des Hospices, considérant que si, par
suite de certaines cirConstances, ll n'est
pas encore possible d'ériger l'établisse
ment pour gargons, il n'existe aucun
motif pour retarder l'érection d'un
établissement pour lilies que les Hos
pices possèdent a Locre une propnété
ayant servi autrefois a un hospice de
vieillards que dans ces circonstances
la construction d'un nonvel établisse
ment pour la fondation Godtschalck
est inutile décida d'affecter définitive-
ment a la fondation Godtschalck, pour
l'établissement d'une école ménagère
professionnelle pour lilies, la propriétó
de Locre En conséquence, elle décida
de reprendre les batiments et terrain
en dépendant pour compte de la fon
dation susdite, moyennant 67,000 fr.,
de lui faire supporter les frais d'ap
propriation et de construction d'une
chapelle évalués a 40,000 fr., outre
15,000 fr. pour frais de premier éta
blissement.
II y a a noter ici que la dite proprié-
té de Locre était déja occupée, depuis
quelques mois, sous le nom d'mstitut
Sl Antoine, par des enfants dont la
santé exige dés soins spéciaux. L'admi-
nistration des Hospices y avait appelé
a la direct.- n- qnatre nonnettes du cou-
vent de Cortemarck, lesquelles ont
exigé la construction d'un oratoire, et
cela sous prétexte que l'égiise parois-
siale se trouve a un kilomètre de l'éta
blissement.
Le 23 Décembre 1896, la Commission
des Hospices vota encore un crédit de
18,204 francs a itnputer sur les ressour
ces de la fondation Godtschalck, pour
la construction de deux dortoirs et
d'une salie de récréation a l'Ecole mé
nagère de Locre.
C'est par ce moyen, comme on voit,
que les Hospices qui, par suite de leurs
folies dépenses, ont dü clöturer leur
dernier compte avec un déficit de
20,700 fr., pourront sortir de leur si
tuation précaire, et que leur budget,
qui a été arrêté pour 1898 avec un dé
ficit de 50,841 fr., subira un dégrève-
ment considérable, aux dépens de la
fondation Godtschalck.
Ainsi que nous l'avons dit, le Bourg-
mestre et naturellement la Commission
des Hospices, jugent- que l'établisse
ment congu par M. Godtschalck, ne
peut être érigé a Wytschaetecommune
qui touche a la ville de Messines et qui
ne se trouve qu'a deux lieues d'Ypres,
paree que la gestion et la surveillance
en seraient difïïciles qu'il le faut
placer dans le voismage immédiat de
n notre ville.
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agenoe de la
Bourse.
Et que décident-ils
D'établir l'école ménagère Godt
schalck a Locre, au milieu des champs,
a trois lieues d'Ypres et a quelques mi
nutes de la frontière, la ou elle échap-
pe a tout controle et a toute surveil
lance
De plus, s'il est vrai, comme M. le
Directeur de l'Ecole de réforme l'affir-
me dans son rapport, qu'on peut diffi-
cilement se procurer a Wytschaete des
matériaux de construction, qui tous
devraient être transportés, a pied
d'oeuvre, soit d'Ypres, soit d'une autre
localité aus8i éloignée, combien ne
sera-t-il pas plus coüteux pour les
faire transporter d'Ypres a Locre, pe
tite commune beaucoup plus éloignée;
a moins qu'on ne les fasse venir de
Bailleul, qui n'e3t qu'a une lieue de
l'établissement
Et maintenant veut-on savoir quels
sont les enfants qu'on envoie a la soi-
disant école ménagère Godtschalck a
Locre pour en faire de bonnes fem-
mes de ménage, de bonnes cuisiniè-
n res, gouvernantes et ménagères
Des garcons malingres et rachitiques;
des filles chloritiques et lymphatiques,
et dont la plupart ont encore leurs pa
rents assistés par les Hospices
Et qui plus est, on y regoit des en
fants étrangers moyennant payement
des frais de leur entretien
C'est ainsi que notre intelligente ad
ministration des Hospices satisfait aux
désirs et volontés du généreux dona
teur.
Voila, en résumé, tout ce qui a été
fait depuis sept ans, concernant l'afiaire
Godtschalck.
Nedoit-on pas en conciure qu'il y a
un parti-pris de la part des Hospices
et de l'homme qui les conseille et les
dirige, pour s'écarter des désirs et in
tentions de feu M. Godtschalck
Ne serions-nous pas même fondó a
dire que tout le monde parait s'être
entendu pour réduire cónsidéi able-
ment le legs iait en faveur des pau-
vres et a rendre ainsi irréalisable, dans
son ensemble, le grand projet conga
par le donateur
Que voyons-nous, en efl'et
D'une part, le gouvernement qui
s'attribue, par vole de transaction, une
somme de 700,000 francs de la succes-
pour fonder a Ypres, une école
sion
de bie'nfaisance de l'Etat qui n'est en
réalité qu'une école de réforme desti-
née a recevoir de jeunes vagabonds
mendiants et délinquants condamnés
et placés sous la surveillance du gou
vernement
Inutile de dire que cela est manifes-
tement contraire aux intentions de M.
Godtschalck, qui a voulu un hospice
d'éducation agricole pour orphelins.
D'autre part, la Commission des
Hospices, qui crée a Locreau mépris
de la volonté du généreux donateur,
une école ménagère qui ne répond,sous
aucun rapport, aux désirs qu'il a ma-
nifestés dans son testament.
Telle était la situation quand le 5
Février 1898, a propos de l'approba-
tion du budget de la fondation Godt
schalck, par le Conseil communal, M.
D'IIuvettere et, après lui, M. l'échevin
Colaert, signalèrent que la Commission
des Hospices, méconnaissant la volonté
nettementexpriméeparM. Godtschalck
dans son testament, n'avait pas jus-
qu'a ce jour fait construire, dans la
commune de Wytschaete, l'établisse
ment en question, et insistèrent pour
que cette clause du généreux donateur
fut respectée.
A quoi M. Surmont a osé répondre
que la Commission des Hospices
n cherche dans la commune de Wytschaete
■n un emplacement favorable pour réa-
n liser les intentions deM. Godtschalck,
n car, a-t-il ajouté, elle E a jamais eu l'in-
n lention de se soustraire a la stride exécu-
j, tion des clauses du testament.
Ces paroles rapprochées de celles que
notre maïeur a prononcées dans la
séance du Conseil communal le 3 Avril
1896, ne prouvent-elies pas, a l'éviden-
ce, que chez lui tout est contradiction
pour ne rien dire de plus.
M. l'échevin Colaert n'est pas moins
inconséquent. Au début de la même
séance du 5 Février 1898, ainsi que
nous venons de le voir, il reproche aux
Hospices leur incurie et vers la fin il
rend hommage au zèle intelligent que
ceux-ci déploient dans la gestion du
patrimoine des pauvres.
Est-ce sérieux ou est-ce une plaisan-
tene
Un dernier rnot pour finir
Tous les actes que nous avons passé
en revue, ont été soumis a l'avis du
Conseil communal. M. ü'Huvettere
doit, sans nul doute, en avoir pris con-
naissance. Nous nous demandons com
ment il n'ait pas jugé a propos de faire
des observations, ni sur les prix de
vente de certaines propriétés, ni sur la
manière dont les Hospices exécutent le
testament de son ancien cliënt Et ce-
pendant, il connaissait mieux que per-
sonne peut-être les intentions de M.
Godtschalck quant a l'établissement
modèie que celui-ci voulait créer sur
sa propnété a Wytschaete et pour le-
quel on avait besoin de toute sa fortu
ne. Une chose nous étonne surtout,
c'est que l'honorable conseiiler n'ait
pas protesté contre la création, avec les
revenus des bieus du testateur, de l'In-
stitut S' Antoine a Locre.
En résumé, quand ou voit comment
notre gouvernement cléncal rajeumt
les testaments et de quelle étrange fa-
gon les administrations publiques les
ïntéi prêtent et les exécutent, tout
homme généreux et bienfaisant ne re-
nohcerait-il pas, désormais, a disposer
de sa fortune eu faveur de l'instruction
et de l'éducation de ia classe indigente
et ouvrière
Bar suite d'une circonstance impré-
vue, la fête aunoncée pour ie 30 Avril
a du forcément être remise au Di-
manche, 7 Mai prochain.
Quoiqu'il en soit, elle n'en sera pas
moins belle et en tous points digne de
ses devancières.
Nous publierons le programme de
cette soirée dans notre prochain nu
méro.
Monsieur Jules Van Morris,
Président de la Société Phil-
harmonique de Poperinghe est
decédé hier, Jeudi, après une
longue maladie.
Sa grande fortune lui per-
mellait de faire le bien il a
contribué au bonheur de beau
coup de ses concitoyens. Nom-
breux sont ceux qui lui doi-
vent leur position et leur situa
tion sociales. Cétait un homme
généreux que le pauvre re-
grettera.
L'enterrement aura lieu a
Poperinghe, Lundi a 10 heures.
L Harmonie cles Anciens
Pompiers de la ville d Ypres,
se rappclant la spontanéité
avec laquelle M. Van Merris est
venu, avec sa musique, lui
faire cortègo au retour du
Concours international d'Aves-
nes s/ Hclpe, se fera un devoir
d'assister aux funóraiIles
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Un travail public sous ce titre par
M. Sluys dans le Bulletin de la Ligue de
VEnseignemenl nous fournit l'occasion
de prouver tout ce qu'il y a de faux
dans les déclarations des cléricaux en
faveur de l'instruction populaire, et de
montrer le reeul de notre pays en cette
matière.
Les conclusions sont tirées des résul-
tats des examens subis par les mili
ciens, remplagant8 et volontaires lors
de leur arrivée au régiment.
Voici, en résumé, la fagon dont se
pratiquent ces examens
On remet a chacun une f'euille de
papier sur laquelle sont ïnscrites quel
ques questions, ou bien ces questions
sont transcrites sur un tableau noir
chaque homme doit répondre par écrit,
dans sa langue maternelle.
Celui qui no sait pas lire ces ques
tions est classé parmi les illettrés [cate
gorie 1).
n Celui qui sait lire mais pas écrire,
passe a la categorie II.
n Celui qui répond par écrit a des
questions simples n'exigeant qu'un
peu d'attention, telles que Ecrivez
notre nom, vos prènoms, le nom de notre
village, combien anez-nous de frères, quel
métier exercez-nousetc., est considéré
comme sachant lire et écrire, quelle que
soit son éenture et son orthographe,
pourvu que ce soit lisible>[catêgoHeIII).
L'homme qui, en outre, répond a
quelques questions faciles telles que
Addilionnez 525 142 4- 78 ou multi
plies 415par 52, etc., est classé dans la
categorie IV.
Enfin s'il répond a des demandes
telles que En combien de provinces la
Belgique est-elle divisée Que savez-nous
de la Revolution de 1850 en Belgique
Quels sont lesjleuves de la Belgique etc.,
il passe a la calégorie V
Seuls les hommes de cette cinquiè-
me catégorie sont considérés comme;
possédant au moins quelques rudiments1
d'instruction primaire. La 4e catégorie
correspond a une instruction compara
ble a celle des enfants du deuxième
degré des écoles primaires (élèves de 8
ans). Ceux de la troisième catégorie
représentent le premier degré primaire
(élèves de moins de 8 ans).
Comme on le voit, ces examens des
miliciens sont faits dans des conditions
d'impartialité inattaquables, et les ré-
sultatsen sont parfaitement com para
bles, qu'ils se rapportent a des garni-
sons diflérentes et a des années difi'é-
rentes. ün peut, par comparaison des
chiffres, en tirer des conclusions soli-
dement fondées. C'est ce que nous al
locs faire avecM. Sluys, a qui les an-
nuaires statistiques officiels ont fourni
les bases de son travail.
Première constatation en 1896, sur
1000 miliciens beiges, 153 étaient com-
plètement illettrés 230 ne savaient
pas lire et écrire.
Dans le tableau des Etats d'Europe,
rangés par ordre de développement de
l'instruction primaire, la Belgique oc-
cupe une place peu enviable, avant
l'Espagne, la Grèce, 1'Italië, la Tur-
quie, etc., mais après tous les pays de
1 Europe occidentale, après tous ceux
qui ont la même civilisation que nous
et a qui nous devrions être au moins
égaux.
II y a cinquante ans environ, nous
éHons au même niveau que la France.
En 1840-45, on comptait, en France,
400 miliciens ne sachant pas lire sur
1000 en Belgique, en 1843, il y en
avait 436 sur 1000, En 1891, la France
ne comptait plus que 74 miliciens illet
trés sur 1000 nous en avons encore
plus du double. L'instruction obliga
toire, décrétée par la troisième Répu-
LUTTE