m fe Un rêve et mieux qu'un rêve, la realisation d'un rêve On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 82 et a Paris, Agence de la Bourse. Journal libéral démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement OiroBiiffue locale» Incidents a la Garde civique. 5 centimes le numéro La chute de öupuy. L'HOrEL-lïlUSÉE MERGHELYNCK A YPRES. i^araissani Se Htnnedi, L UNION FAIT LA FORCE. PRIX DE L'ABONNEMENT pour la villePar an 2 francs, pr LA province, Par an fr. 2-50. M. Dupuy avait, pour la journée de Di- manche, mis sur pied une veritable armee de policiers. Ce formidable dëploiement de forces des l'abord, parut absurde. Et, de fait, l'évènement a prouvé que la population se serait fort bien chargée de défendre elle même la République contre les émules de Christiniani. Pas n'était besoin a eet effet de mobiliser au grand complet les troupes de la Prefecture. Celles-ci en tout cas n'ont pas voulu, faut-il croire, être dérangées pour rien. Et n'ayant pas a donner contre les rnonarehis- tes, elles se sont payé la satisfaction éminemment douce pour elles de bruta- liser les republicans. Car ce n'est un secret pour personne la police parisienne, oü les traditions de l'empire se sont perpétuées, est loin d'etre attachée au régime actuel. Par contre, la boulange naguère, le nationalisme aujour- d'hui, ont trouvé dans ses rangs des parti sans enthousiastes et prêts a tout. La journée du Grand Prix l'a montrée toujours animée du même esprit et rnalme- nant avec un entrain incomparable les ma- nifestants coupables de crier Vive la Ré publique C'est sur quoi le député socia- liste Vaillant est venu hier interpeller le gouvernement. Les explications de M. Dupuy n'ont pas satisfait la Chambre, et, en refusant de voter l'ordre du jour auquel se ralliait le ministre, elle a contraint celui-ci a se reti- rer. Certes, dans les ei ruims tanefes présentes, l'attit.ude de la police doit être surveil.iée de pres. Mais malgré ('importance de la ques tion, il est visible que celle ci a été plutöt le prétexte du vote hostile devant lequel vient de succomber le cabinet. Le motif vrai pour lequel la majorité s'est debarrassée de Dupuy c'est que, a force de changer' son fusil d'épauie avec une désinvol- ture sans pareille, le ministre a fini par n'inspirer plus la moindre confiance Or, une tache ardue et grave s'impose aujourd'hui au gouvernement francais il lui faut liquider I'affaire Dreyfus en dormant a la revision sa conclusion logique, qui est le chatiment des faussaires et des conspira- teurs. Comment compter sur un Dupuy pour une besogne pareille. Même en ne tenant pas compte de ce que le personnage se trouvait a la tête du cabi net de 1894. n'est ce pas lui qui fit voter cette infame loi de dessaisissement qui, dans la pensée de ses promoteurs, devait river a jamais la chaihe de l'infortuné condarnné, et assurer du même coup l'irrémédiable dé- sastre de ses défenseurs Non, ce n'est pas aux mains d'un tel hom- me que pouvait être laissée la grande oeuvre de reparation. Trop longtemps la bande immonde pos- séda des complices jusque dans l'Elysée même. Aujourd hui qu a l'Elysée on trouve un Loubet, il ne faut plus qu'au ministère on trouve un Dupuy. La loyauté partout II n'est que temps Cc que coulc la nouvelle loi sur les aleools. Le XXe Siècle assure que par suite de Tétablissement de nouvelles distil leries ct de l'augmentation du person nel qui en est résulté, la dépense pour les traitements du personnel est accrue de 165,000 francs par an. Le joli est l'ame du xviu0 siècle. de Goncodrt. Une envolée en ce délicieux xvme siècle si délicat, si aimablement agréa- bleune résurrectiou de ces styles Louis XV et Louis XVI si finemeiR subtils, tout en dehors, chantant aux sens la joliesse et l'amour du plaisir, allongeant voluptueusement la rnièvre nonchalance de leurs lignes cambrées et fleuries, semant la vie de guirlandes, de banderoles, de fioritures, de baga telles, jetant a profusion et partout, sur les portes, plafonds, guéridons, consoles et panneaux, l'infinie variété des tons impossibles, des nuances tou jours nouvelle3, prodiguant les dessins gracieux, les adorables meubies ador- nós de mille fantaisies plus irréelles les unes que les autres, élevant le bibelot rare a la hauteur d'une institution d'état, rêvant tout haut, et réalisant partout les visions les plus extraordi- naires, sous les formes les plus distin- guées, sans jamais tomberdans le gro tesque ou l'onginaliló ridicule, restant toujours en les limites si finement élas- tiques de ce bon goüt francais, apanage du siècle passé et arbitre de l'Europe entière. C'est en ce délicat style Louis XVI, discrètement souligné par l'élégance des décors Louis XV, qu'en 1774 mes- sire I'écuyer Frangois- Merghelynck construisit son hötel de la rue de Lille, a Ypres. En 1892 l'hótel rentra dans le patrimonie familial de messire Arthur Merghelynck, et en 1894 il revient tout entier dans lasplendeur ancestrale et depuis lors, dans le silence sacré de la vieille ville morte, l'antique maison patricienne dort, telle une marquise en toilette de cour, dans le caressant rêve de ses vieux souvenirs, ie doux bruissement des pendules et les.discre tes sonneries des graudes horloges de chêne. Un vieux domestique, le portier- conservateur de céans, nous mtrodüi- sit. Par l'antichambre sobrement déco- rée de boisenes Louis XVI et d'un dessus de porte représentant Les ven danges par un peintre yprois du siècle dernier, Charles Fourmer, nous pénétrons dans le bureau, ou le clerc de messire Frangois-lgnace-Joseph Merghelynck, conseiller-trésoner héré ditaire de la vilie-d'Ypres et grand bailli de la ville et du comté de Messi- nes, percevait le payement des tailles et impositions. Les archives familiales encombrent et tapissent les murs de la petite cham bre, et sur le bureau, en face du gui- chet, le registre ouvert, les besides déposées sur la table, font songer que l'employé vient de quitter son siège, et a chaque instant on s'attend a le voir rentrer. J'allais oublier dans l'an tichambre le buste en terre cuite d'Henri IV, non qu'il s'y attache qüel- que grand intérêt artistique, maïs on ne le peut passer sous silence, paree qu'il nous révèle un état d'ame parti culier a nos ancètres ce nous est un document psychologiqne fort curieux. L'hótel proprement dit s'étend tout entier adroite du corridor d'entrée, et nous débuterons l'entilade des pièces par le petit boudoir de la trés noble et trés haute dame Amélie-Anne-Louise Merghelynck née Strabant de Furnes. Ce boudoir est vraiment d'une grace touchante, et tout, depuis les petits meubies incrustés de bois rares et mul- ticolores, les fleurs jouant et s'enrou- lant autour des portes et fenêtres, les petites chaises aux courbes gracieuses, tout, la glacé étroite et fluette, le lustre irradié des mille feux du prisme se lutinant de cristal en crista!, le grand fauteuil étalant ses moelleux coussins de riche soie jaune dans l'encoignure de la fenêtre, tout, jusqu'aux espiègles amours de la mignonne pendule, jus qu'aux vieux livres laissés sur le gué- ndon bas, tout dégage un charme exquis, une alanguissante nonchalance qui vous fait songer aux douces héroï- nes de Greuze et aux légendaires senti- y/jyiD'Uss de Rousseau. Le boudoir donne acces directement a la grande salie a manger, d'un style simple et sobre. Elle étale au-devant de nous une ravissante harmonie d'un bleu de tur quoise noyant tous les panneaux, dis crètement tachée des sourires briliants des chenêts, des ondoyantes girando les, des encadrements dorés, et percée des éclats des cristaux et des longues glacés fendues. Quelques remarqua- bles gravures, coliectionnées avec un soin jaloux, attirent l'attention La Saison des amours de Schall et des Vidal sont surtout a tirer hors pair. Les bibelots, la folie et les amours du xvme siècle, sourient sur les petits meubies richement incrustés les por- celaines de Chme inaugurent leurs amusantes tonalités du vieux Saxe, des statuettes en buis merveilleusement sculptées, datant de l'école italienne de Michel-Ange, trois petits pastels d'ancêtres, des bijoux anciens, un car tel vert et or battant doucement la seconde, le tout forme un ensemble charmeur, digne antichambre du grand salon. Voici le grand salon sonnant clair dans les buccins triomphants le goüt pur et élevé de sa trés haute et trés noble seigneurio, en une altière fanfare de riches tonalités rouges-grenats bril- lant sous le soleil, rehaussées des filets d'or, courant par toutes les sveltes nervures les encadrements ondoyants des portes et des glacés, et du miroite- ment satiné des jaunes dossiers des chaises. II présente un ravissant mélange des deux styles de l'hötel ils jouent et s'entremêlent a plaisir pour la décora- tion des portes déroulant des guirlan des Louis XVI dans de voluptueux encadrements Louis XV. Une rampe Louis XV en orme, sculp- tée par Charles Bernard, d'Ypres, nous escorta jusqu'au premier étage, ac- compaguée des teint.es rubéniennes de deux toiles de Van Talden:La Vanité des choses de ce monde n et Les cinq sens des samovars rouges, un cartel et des gravures suivaient également et nous menèrent aux appartements pri- vés de la familie Merghelynck. Une spacieuse chambre a coucher, sobrement décorée de boiseries Louis XVI un peu gnindées, ouvre, en un blanc trop bleu, un blen trop pale line de ces indéfinissables nuances pour lesquelles l'ancien régime inventait des épithètes qui faisaient les délices de tous les bureaux d'esprit sa vaste alcove mystérieuse, oü un jour gai et aouriant fait discrètement miroiter les riches broderies dn couvre-liten vieille soie et le gilet a hears du petit mai- tre qu'attendent de petits souliers a boucles et a talons rouges. Deux cabinets de toilette, dont l'un renferme un remarquable prie-Dieu Louis XV pièce des plus rares complètentla chambre a coucher. La seconde chambre, d'un sépia sé- vère et haut en couleur, est encombrée de peintures un tableau de Van Rijn, élève de Van Dijck, et un Gaarwijn, de Bruges, insuffisamment éclairés l'un et l'autre elle mène a un petit salon d'un ton général vied or et d'aspect riche, oü tröne un superbe portrait au pastel de Joseph-Glément. deBavière, priDce- évêque de Liége. Un pupitre a cylin- dre, une splendide commode incrustée et un énorme buffet Louis XV regor- geant de porcelames de Chine et de verres de choix, complètent l'ameu- blement. La décoration, trés luxueuse, présente au-dessu3 des portes les mé daillons en stuc de Henri IV, Louis XIV, Louis XV et Marie Leczinska. ANNONCES Annonces 10 centimes la ligne. Réclames25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Attenante a ce salon, la traditionnel- le chambrette a poudrer, oü les dames passaient aux mains du maitre coiffeur pour faire donner le fini a leur edifice capillaire. Nous y avons rencontré un curieux cofiret recouvert d'une tapis serie a l'aiguille et d'intéressants por traits du siecle dernier, ex-votos pro- venant de l'église Saint-Pierre. Suit une chambre servant de fu- moir a admirer un bel écran, un meuble Louis XV a triple cintre et deux toiles de Matthieu De Visch (1702-1765), directeur de l'académie de Bruges, représentant Mme de Hooge de la Gaugerie et son fiis Jean-Baptiste, capitaine au régiment de Los Bios, au service de la Iiongrie. La grande chambre a coucher, oü le soleil se joue en pleine clarté, étale en une délicate teinte beige, relevée de mmces filets d'or, un style Louis XV des plus purs et des plus riches. L'immense alcöve fermée par une porte a deux battants ne récèle encore qu'un beau meuble en attendant le lit. En sortant, toute l'enfilade du palier ensoleillé nous montre ses trois grandes armoires en chêne, chefs-d'oeuvre de la menuiserie liégeoise et parisienne, bourrées de plats d'étain, de vieux Chine et Japon, du Tournay, et, au fond, sur le blanc de la chambre a coucher, fiamboie un samovar en cuivre rouge dans l'encadrement du canapé vert et des veinules bleues des carreanx de la cheminée. A l'entresol les vitrines renferment une piécieuse collection de dessins, de compositions, de projets de décoration des peintres yprois du siècle dernier Desrameaux, Fournier, Dubois, Beke, Valette on y admire également un Boucher et trois Erasme Quellin. Des dessins, des gravures, des sculp tures sur bois, des ferrures et des cui- vres emplissent le second étage et les combles. II me reste un devoir a remplir, de voir bien doux et bien agréable pour moi c'est d'exprimer ici ma sincere reconnaissance a M. Arthur Merghe lynck, qui daigna nous faire lui-même les honneurs de son hotel, et nous fut un cicerone charmant, si finement et pleinement entendu en tous ces chers objets. M. Merghelynck, que divers pays étrangers ont cravatté de leur ordre, en ne s'épargnant ni peines, ni recher ches, ni argent, en réunissant, comme il le dit trop modestementbeaucoup de patience a un peu de bonne volonté» pour la poursuite de son rêve et l'achè- vemenb de son oeuvre, M. Merghelynck a bien mérité de l'Artet nous tous, pauvres dilettanti, amoureux du Beau, nous lui devons des louanges d'avoir planté, en pleine terre flamande, cette délicieuse oasis de la grace du xvme siècle, ce joli bijou sans égal et mal- heureusement trop inconnu en notre pays un ensemble parfait de construc tion, d'architecture, de décoration et d'ameublementun hotel de la transi tion Louis XV-Louis XVI, meublé pour un petit maitre et une gente marquise de l'ancien régime, et qui attend cha que jour, avec l'espoir de la bergère e8comptant son fils de roi, l'arrivée des hauts talons rouges et des grands pa- niers a falbalas. Ceorg. Moulaert. Voici cc que nous lisons ce sujet dans le Progrès d'Ypres, n° du 15 Juin dernier A propos des derniers incidents sur- venus a la Garde civique, nous som- r A Charles Weber Sympathiquement

HISTORISCHE KRANTEN

De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1899 | | pagina 1