iparaissant le Samedi. l'union fait la force.
Journal libéral démocratique d'Ypres et de FArrondissement
Oirosiique locale.
Serait-ce vrai
jk Vis.
Samedi, 2 Septembre 1899. 5 centimes le numéro.
année. 44.
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Les évadés du sacerdoce.
SOCIÉTÉ DES ANCIENS POMPIERS
Pour les anes de nos
plages
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la yille, Par an 3 Cranes,
pr la province, Par an fr. 2-50.
Billets doux aux évêques.
Les prêtres d'aujourd'hui ne se dé-
tachent pas sans phrase de l'Eglise.
Généralement ils remettent a l'évêque
avec leur soutane une lettre de démis-
sion. Quelques-uns la lisent en chaire
un Dimanche a leurs paroissiens en
leur faisant leurs adieax, et leur de-
mandent en même temps pardon de
leur avoir j usque la mconsciemment
prêché l'erreur. Ces lettres sont inté-
ressantes comme l'est toujours la de
termination qui les inspire, determina
tion suprème poussant a franchir un
abime moral aussi profond que celui
qui sépare un prêtre d'un homme
libre La lettre de Victor Charbonnel
a Parchevêque de Paris est connue,
tous les ]ournaux l'ont publiée en rai-
son de son importance elle fut d'ail-
leurs comme un manifeste dont de-
yaient se réclamer plus de trente prê
tres francais imitant le courageux
penseur libéré. On sait que cette lettre,
aussi belle de forme que digne de fond,
nous apprend qu'il avait cru, dans l'ar-
dente sincérité de sa jeunesse, en don-
nant sa vie a l'Eglise, donner sa vie a
Dieu, mais qu'une longue et triste
expérience lui a appris que servir l'E
glise ce n'est pas du tout servir Dieu,
enfin qü'il ne peut plus longtemps,sans
qu'un trop douloureux reproche s'élève
en lui, jouer un röle désavoué par sa
conscience.
Nous reproduirons, comme spéci-
men, la lettre suivante d'un prêtre du
diocèse de Soissons a l'évêque qui avait
émis la prétention d'imposer la censure
a i'un de-ses ouvrages
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous informer que je n'ap-
partiens plus au clergé ni a l'Eglise.
La devait aboutir voire mesure arbitraire
d'autant plus aisément que ma resolution était
prise depuis quelque temps déja.
Vous me faites done écflre car l'évêque
d'aujourd'hui noce phez n'importe qui, maïs
n'écrit pas a ses prêtres qu'il me faut sou-
inettre a un examen canonique a Paris, l'ou-
vrage que j'ai récemment publié et qui renfer-
me, vous a-t-on dit, des arrears et une doc
trine condamnée par l'Eglise.
Pourquoi faire examiner a Paris paree que
votre conseil épiscopal est d'une nullité telle
que vous n'osez lui confier eet examen, car ce
ne peut être la crainte, qu'il exprime un juge-
ment indépendantil n'y a place dans la hië
rarchie ecclésiastique que pour les valets.
Et vous exigez eet examen d'un livre que
vous n'avez pas lu, paree que on vous a dit...!
Laissez-moi vous le dire, je reconnais a tous
le droit de critique: je ne reconnais ni k vous
ni a d'autres celui d'inquisition et d'exécution
sommaire. J'ai écrit mon livre Les Ecoles
d'Antioche, dans la sincérité et la loyauté de
mon esprit, je ne suis pas de ceux qui font de
l'histoire sur commande et, pour sauver leurs
prétendus principes, sont prêls a falsifier. Mes
études ne sont pas apologétiques elles ne sont
que sincères. J'ai écrit ce que j'ai cru être la
vérité, je n'ai rien a retrancher, rien a modi-
fier.
Si vous pouviez faire abstraction de la mo
rale jésuitique et si le long abus des indulgen
ces et des absolutions faciles n'avait éteint
tout sentiment de morale naturelle chez vous,
vous reconnaïtriez que votre exigence est arbi
traire et odieusement inique, mais alors vous
ne seriez plus digne d'être a la tête de l'Etat-
Major le plus corrompu qui soit... celui du
clergé.
Vous ne trouverez done pas étrange que,
loyal, laborieux et indépendant, je quitte un
monde d'hypocrisie, de paresse, de servilité en
bas d'odieux arbitraire en haut.
Et vous envoie, avec ma démission, l'ex-
pression de sentiments que vous pouvez facile-
ment deviner. A. Harrent.
Ce que Mgr l'évêque a du se frotter
les épaules après de pareils coups d'é-
trivières
Comme on le voit, les Evadés n'y
vont pas par quatre chemins pour dire
leur fait et a l'institution et a ceux qui
l'incarnent. Estimant sans doute qu'on
ne doit respecter que ce qui est respec
table, ils ont des termes vifs, énergi-
ques, et certains même, presque cam-
bronesques pour les stigmatiser. Le
sacerdoce, dit Dugamel, m'apparait,
maintenant, que je l'ai dépouitlé dans
sa hideur criminelle et bouffonne.
Je pars, dit un autre, ne voulant pas
porter plus longtemps l'infamante
livrée du prêtre catholique. Je ne
suis déja que trop longtemps resté, dit
un troisième, dans la puante et igno-
minieuse compagnie des frocards.
La reparation.
Que deviennent les Evadés La plu
part se livrent au commerce, entrent
dans les emplois de la plume, etc. l^es
plus curieux a étudier après leur libé-
ration sont ceux qui se font résolument
propagandistes anticatholiques, comme
Duhamel qui a déja publié un ouvrage
qu'il intitule, non sans cranerie Jour
nal d'un défr'oquécomme l'abbé Haute-
feuille qui rédige la revue Le Prêtre
converticomme Charbonnel qui a fait
en Belgique des tournées de propa-
gande fructueuses (avouées telles par
ses adversaires eux-mêmes puisqu'ils
croient bon de l'expulser) et qui ensui-
te trouve moyen de continuer par d'in-
génieux meetings-frontières enfin,
comme Abel Sallé qui écrit dans les
journaux des articles comme on en
pouvait attendee de son talent, et qui
toujours porte a la religion catholique
des coups d'athlète, soit qu'il raconte
des histoires trè3 suggestives montrant
comment on fabrique un saint, soit
qu'a l'inverse de Bossuet avec son
fameux ouvrage sur les Variations des
Eglises protestantes il se donne, lui an
cien Supérieur de couvent, le rnahn
plaisir de montrer les variations non
moins grande8 de l'Eglise catholique,
soit enfin qu'il se contente de racon'ter
sa conversion que les intéressés avaient
osé mettre en doute. Ce dernier mor-
ceau pouvant donner une idéé de son
talent littéraire nous le transcrivons
en partie ci-après. Après avoir comparé
la conviction du religieux a un espèce
d'hypnotisme, il continue ainsi
Quand l'hypnotisé revient a l'état
normal, tout aussitót il se reprend a la
réalité. Son rêve lui apparait tel qu'il
est, c'est-a-dire dénué de toute vaieur;
et cependant comme il l'a séneusement
vécu De même, quand cessa l'empire
qu'avaient pris sur mon intelligence les
théories supranaturelles et sur toute
ma conduite morale les préceptes di
vers qu'on en fait découler, il y eut en
moi une soudame illumination. Elle
était préparée de longue date. Au fond
de nous-mêmes se retrouvent, emma-
gasinées un peu pêle-mêle, mais jamais
perdues, les impressions diverses que
nous avons reques des hommes et des
choses aux différents moments de notre
existence. Les plus vivantes d'entre
elles, les plus vraies surtout, gardent
toujours leur vertu, même quand elles
semblent inefficaces c'est leur évolu-
tion qui détermine les phases que tra
versent nos esprits et nos volontés.
II y avait en moi de ces précieux
germes, déposés depuis le temps du
collége par une éducation libérale et
féconde. Je croyais bien les avoir tués
ils vivaient pourtant et évoluaient en
silence tandis que je m'obstinais dans
mes voies contre nature. Aussi le jour
oü mes fonctions me firent sortir plus
souvent de la celluie et m'obligèrent
a regarder de plus prés les hommes et
le monde, je fus comme l'hypnotisé
qu'un léger choc éveille. Je mesurai
d'un coup d'oeil la distance entre le
rêve qu'avait été ma vie et la réalité
que j'aurais du. suivre. Partout contra
diction: entre l'idéal et le réel, entre
la théorie et la pratique, entre l'esprit
et ia lettre. Contradiction flagrante et
brutale. Contradiction nécessaire, par
ee que l'Eglise veut surnaturaliser les
hommes et que les hommes demeurent
ce qu'ils sont. Contradiction dans l'his
toire on couronne aujourd'hui ce que
I'g.i condamnait hier. Contradiction
dans la doctrine on la dit immuable,
et de fait elle varie a chaque siècle. II
faudrait bien plus qu'un article pour
développer sommairement ces choses.
Elles m'apparaissent toutes dans une
lumière éclatante. Cü il y a contradic
tion universelle et constante, est-ce la
que la vérité se trouve Non, certes.
Done c'était la conclusion inexora
ble —je ne suis pas dans la vérité.
Comme le flot de la mer qui vient
battre ia rive et qui veut l'envahir,
tantót avance et tantöt recule. conqué-
rant a chaque fois quelques grams de
sable, jusqu'a ce qu'enfin la plage vain-
cue soit tout entière recouverte par
lui, ainsi monta peu a peu dans ma
conscience cette pensée, terrible dans
son evidence Je ne suis pas dans la
vérité Quand elle eut tout rempli et
qu'après les agitations da la crise elle
domina sans conteste, que restait-i) a
faire sinon d'imiter le voyageur dont
je pariais plus haut, de revenir vers la
vérité perdue, c'est-a-dire vers la vie
normale, naturelle et libre
C'est ce que j'ai fait, ami lecteur.
C'est la tout ie sens et toute la portée
de mon acte. J'ai suivi la vérité en
quittantlefantóme que j'avais pris pour
elle.
Telle est la propagande écrite d'Abel
Sadé. II nea'en tiendra pas Ia et il va
probablement pouvoir servir la cause
de la vérité comme jamais n'aura pu
le faire aucun de nos propagandistes.
Nous avons dit que M. Begerem, ex-
ministre de la justice beige, assez bon-
homme au fond, mais ayant eu la main
forcée par les cris d'une foule de curés
aux abois et les voies de fait d'une
meute de gredins cléricaux a, en offen
se de nos institutions libérales et de
notre vieux renom d'hospitalité, ex-
pulsé l'ex-abbé Charbonnel qui coufé-
renciait chez nous en faveur du libre
examen. Mais on sait que les persécu-
tions out pour efiet de donner de la
vogue a la propagande qu'on pensait
détruire. Les femmes, le grand soutien
de la religion, qui déja suivaient avec
tant d'ardeur les conférences d'anciens
prêtres, vont désormais s'y rendre en
plus grand nombre encore, car derrière
Charbonnel il y a Abel Salie, éloquent
comme lui, taillé pour l'apostolat, trés
gouté, trés demandé lorsqu'il était
prédicateur. II va reprendre la propa
gande de son ainé en commeuQant par
ie bassin de Charleroi. Or, il est Beige
celui-la, on ne peut l'expulser Bref,
la religion catholique qui n'était pas
en prospérité en Wallonië y sera bien-
töt beaucoup plus démonétisée encore.
Et voila a quoi aura servi aux cléricaux
leur acte d'intolérance. Quos vult per-
dere, Jupiter dementat
A suivre).
Nous venons d'apprendre que M.
Henri Iweins d'Eeckhoutle, conseiller
communal en notre ville, faiigué du
despotisme de M. Surmont et surtout
écoeuré de I'ingratitude de ses soi-
disants amisse retirerait de la vie
politique et ne se representerai! plus
aux prochaines élections.
Invitée par la Société Philharmoni-
que Ste Cécile, l'Harmonie se rendra a
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Roulers DIMANCHE 10 SEPTEMBRE
prochain, pour donner un Concert au
Pare Sl Sébastien.
Départ d'Ypres a 2 h. 34.
Arrivée a Roulers a 3 h. 4.
Départ de Roulers a 7 h. 37.
Arrivée a Ypres a 8 h. 12.
Prix du voyage aller et retour
3e classe fr. 1-15.
2e classe fr. 1-75.
Les membres des Anciens Pom
piers qui désirent participer a cette
excursion sont priés de se faire inscrire
au local de la Société les jours de
répétition. Ils jouiront de l'entrée gra
tuite au Pare, a la condition d'être
munis d'une carte qui leur sera remise
avec leur coupon.
La liste de souscription sera DÉ-
FINITIVEMENT close le Yendredi 8
Septembre.
Par suite d'abondance de matière,
nous remettons a notre prochain. nu
méro le compte-rendu de l'aubade
donnée par notre Harmonie a son dé-
voué Président M. Brunfaut.
Fédératioii des sociétés
contre la cruaulé envers les animaux
Sommes-nou8 civilisés On le pré-
tend du moins. II est permis toutefois
d'en douter. Pour s'en convaincre, il
suffirait d'observer les courses d'anes
qui se font sur nos plages, a Blanken-
berghe, Heyst, üstende. C'est profon-
dément écoeurant
Oh les barbares qui se prétendent
civilisés
Des coups, toujours des coups, ap-
pliqués sans relache, brutalement au
moyen d'énormes gourdins, qui réson-
nent sur les flancs de l'animal l'atteig-
nant parfois mêpe aux parties sensi-
bles, et lui occasionnant de hideuses
écorchures saignantes qu'on ne laisse
même pas guérir.
Et le public est la indifférent, ba-
daud. Vous croyez qu'il s'indigne Al-
lons done n'y en a-t-il pas qui en
rieut D'ailleurs de quel cöté est la
brutalité Est-elle du cóté des aniers,
gens grossiers et sans éducation, frap
pant alléchés par i'appat du pourboire,
ou bien est-elle du cöté des beaux mes
sieurs, des nobles demoiselles qui,
montés sur les anes, encouragent ces
brutalités et s'en font les complices.
Qu'iraporte que les coups pleuvent
drus et crépitent sur la peau du pauvre
animal Qu'importent les plaies et les
écorchures pourvu que l'ane trotte,
qu'on rie, qu'on s'amuse. Oh les sans
cceur
Et les autorités Et la police Pour
quoi n'agissent-elles point la loi est
formelle pourtant, elle interdit les
mauvais traitements.
D'ailleurs la Société Protectrice des
Animanx de Bruxelles n'est-elle pas
intervenue a plusieurs reprises N'a-t-
on pas fait placer des plaques avec in
scription rappelant la loi aux intéressés
faisant appel a leur hnmamté
Lettre morte que tout cela Et la
raison, voulez-vous la connaitre c'est
que toute notre civilisation est en
core imprégnée de barbarie
Non loin du poste d'anes d'Ostende,
vous rencontrerez le tir aux pigeons oü
l'on massacre sans relache pour la
plaisir de massacrer vous verrez
l'hippodrome oü l'on cravache les che-
vaux a tour de bras et les éperonnent
jusqu'au sang.
Si vous y avez été le Dimanche 6
Aoüt, vous aurez pu voir un cheval qui
SUITE.
ÉTABLIES EN BELGIQUE.