Journal libéral démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement
Défaillants.
Thé&tre d'Ypres.
Gonseil communal
Samedi, 1> Hovembre 1899.
5 centimes le numéro.
Smavaissant le Samedi.
La crise des transports
et sa cause.
A propos du Torrent
l'union fait la force.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 2 francs.
pr la province, Par an fr. 2-50.
Les industriels beiges se plaignent,
et non sans raison, de la pénurie du
matériel de transport qui empêche les
charbonnages de les approvisionner de
combustible. Si eet état de chose
continue, beaucoup d'entre eux seront
obligés de suspendre leur production
pour cas de force majeure, de sorte que
la crise des transports aura pour consé-
quence une crise du travail qui attein-
dra la classe ouvrière tout entière.
Les associations charbonnières des
bassins de Charleroi, du Centre, de
Mens et de Liége se rendant compte
des dangers de cette situation, font
démarches sur démarches auprès de M.
le ministro des chemins de fer pour
obtenir de lui, sinon un remède radical
qu'il n'est pas au pouvoir de leur don-
ner, du moins, des pailiatifs au mal.
L'Association charbonmère du bassin
de Charleroi, voyant que ses démarches
auprès de M. Van Mierlo, ingénieur en
chef directeur de l'exploitation des che
mins de fer de l'Etat, ne produisent
pas tous les effets utiles qu'elle en at-
tendait, s'est décidée a. envoyer un
agenten France pourserendre compte
de l'emploi que nos voisins du Midi
font de nos wagons.
Peine inutile puisque cette consta-
tation ne nous les fera pas rendre.
II ne faut pas oublier en efiet que M.
Vandenpeereboom a commis la sottise
de signer un traité en vertu duquel les
compagnies des lignes frangaises ont le
droit de conserver nos wagons moyen-
nant un léger droit de location par
jour. Toutes démarches que Pon pour-
ra faire de ce cöté seront done inutiles.
Ce n'est pas du reste la principale cause
du manque de matériel. Celui-ci re
monte a plusieurs années déja et depuis
lors l'industrie beige en général, a pris
un si grand et si rapide développement
qu'il a été impossible au gouvernement
de mettre son matériel roulanr au ni
veau des besoins de cette situation
nouvelle.
II n'y a rien d'étonnant a cela et le
gachis actuel deviendra 1 'état normal
de la Belgique industrielle si les princi-
paux intéressés, c'est-a-dire industriels
et ministres, s'obstinent a détourner
leur attention de la véntable cause du
mal pour chercher celle-ci oü elle n'est
pas.
Pourtant nos associations charbon
nières ont été mises sur la voie de la
vérité, a maintes reprises et tout ré-
cernment encore, par le comité Anver-
sois de défense de la Batellerie beige.
Ce comité, dans une lettre datée du
6 Octobre adressée aux ministres et aux
membres de la Chatnbre des représen-
tants, lettre dont tous nos comités
houillers ont regu communication, leur
indique la seule mesure qui puisse met
tre réellement et défimtivement nos
moyens de transport en harmonie avec
les besoins de nos diverses industries,
nous voulons parler de l'abolition des
droits qui grèvent la batellerie, de
l'aflranchissement complet de la navi
gation intérieure.
N'est-il pas exorbitant, nous le de-
mandons, que nos Flandres s'approvi-
sionnent de charbon en Angleterre a
meilleur marché que chez nous
Est-il tolérabie qu'on accorde aux
charbons anglais la navigation libre sur
le canal de Terneuzen, alors que les
bateaux beiges ne peuvent y circuler
sans payer des droits.
Est-il admissible enfin qu'un baquet
de 200 a 800 tonnes, pour franchir la
distance qui sépare Charleroi de Bru
ges ait a payer environ 300 francs de
droit, alors qu'en France, en Allema-
gne, ou en Hollands il pourrait navi-
guer d'un bout a l'autre du territoire
sans avoir un centime a débourser
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dxxmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la
Bourse.
La est la grande réforme a accom-
plir. Pour mettre fin a la crise des
transports ce n'est done pas seulement
au ministre des chemins de fer qu'il
faut s'adresserc'est aussi et surtout
au ministre des finances, qui, en cette
circonstance, peut rendre au pays et a
l'Etat lui-même le plus signalé des
le démontre-
Opinion)
services, comme nous
rons.
C'est devenu un principe fondamen-
tal de notre droit pénai d'étendre de
la fagon la plus large la conception
des circonstances atténuantes en faveur
des criminels et des délinquants et de
faire bénéficier ceux-ci de toutes les
considérations, même étrangères au
procés, qui peuvent miiiter en faveur
de l'application d'une peine mitigée.
C'est pour cela que les crimmalistes
distinguenc deuxespèces de circonstan
ces atténuantes celles qui sont in-
trinsèques, comme, par exemple, la
misère et la faim, et celles qui sont ex-
trinsèques, comme l'absence d'antécé-
dents judiciaires ou le peu de gravité
du préjudice souffert par la victime.
Jadis, quand la peine était considé-
rée par les lois plus comme une ven
geance sociale que comme un moyen
d'amendement du coupable, au temps
des codes draconiens, il eüt paru osé
de demander a un tribunal de l'indul-
gence paree que le meurtrier n'avait
pas atteint son but ou paree que son
passé était viarge de condemnation.
Aujourd'hui, cette indulgence ex-
trinsèque est entrée dans les moeurs
judiciaires et certes personne ne s'en
plaindra.
Pourquoi faut-il qu'a cóté de cette
tendance vers une justice paternelle et
miséricordieuse, on rencontre si sou
vent, dans les différente» juiidictions
penales, une autre tendance trés mar
qué© vers ia sóvérité et ceia pour un
motif étranger au délit je veux par
ler de l'absence du prévenu aux dé-
bats.
Tous ceux qui vivent la vie judiciaire
savent que dans la plupart des cas les
juges se montrent plus durs vis-a vis
du délinquant qui fait défaut que vis
a-vis de celui qui répond a la citation
de rhuissier et se présente devant ses
juges.
Tous les jours on voit des «défail
lants faire opposition a des juge-
ments par défauts et obtenir, grace a
leur comparution personnelle, une di
minution de peine qui ue se justifie par
aucune autre circonstance que la pré-
sence du coupable, présence que 1'on
qualifie de déférence vis-a-vis de la
justice.
Le fait de ne pas comparaitre devant
un tribunal lorsqu'on est düment cité
va-t-il done constituer une circonstan
ce aggravante
Certes, si l'humanitó permet de con-
cevoir des circonstances atténuantes
extrinsèques, c'est-a-dire étrangères au
délit, elle réprouve la conception d'une
circonstance aggravante qui ne soit
pas empruntóe a 1'infraction en elle-
même.
Le tribunal qui juge par défaut doit
cependant examiner les charges qui
pèsent sur le prévenu absent avec au
moiDS autant. de scrupuleuse attention
que s'il s'agit d'un criminel qui se dé-
fend.
Et il nous parait injuste, inhumain
de punir un homme plus sévèrement
quand il est absent que quand il est
présent et cela uniquement parce qu'il
fait défaut.
Nous savous bien que la magistratu-
re a droit a des égards et que le préve
nu lui manque d'égards en lui brülant
la politesse.
Mais de la a ériger le défaut en
véritable délit il y a un abime.
Hatons-nous d'ajouter que nous
as?as vu souvent des juges s'élever au-
dessus de cette considération du dé
faut et appliquer, même Ia condam-
nation conditionnelle, a un prévenu
absent. Mais le cas est plutót rare.
II faudrait qu'il se généralisat et
que, vis-a-vis de la justice pénale, tous
les délinquants fussentmis sur le même
pied, qu'il s'agisse d'indulgence ou de
sévérité, qu'ils soient présents ou en
faute. Jules Noirealise.
li JE TORREN T,
par la tournée VAST.
C'est Dimanche prochain, 12 Novem-
bre, que la tournée Vast nous donne
LE TORRENT, la pièce sensationnelle
de Maurice Donnay qui vient d'obte-
nir un éclatant succès a la Comédie-
Frangaise.
11 n'est pas, a l'heure actuelle, de
talent dramatique plus estimé que ce
lui de M. Maurice Donnay. Sesoeuvres
obtiennent sans effort, et par la grace
spéciale de leur charme, les suffrages
de la critique avec ceux du monde il
a la fortune rare d'être a la mode chez
les gens de goüt et chez les snobs Et
voila qu'avec LE TORRENT il s'adres-
se a la foule et i'émeut-
L'oeuvre. originate et dramatique,
témoigne d'une robuste sincérité1'au
teur va droit son chemin, ii court aux
situations promises et il les traite avec
une netteté eouveraine. L'mtérêt ne
languit pas un instant dan.s ces quatre
actes oü la gaieté, l'émotion et l'an-
goisse sont si habilement ménagées.
Les représèntations des tournée»
Vast, dont la répntation est solidement
établie, attirent toujours un nombreux
public, et Ton saisira avec empresse-
mentjjpette nouvelle occasion d'applau-
dir de bons artistes interprétant une
belle oeuvre.
Lever du rideau a huit hemes un
quart
Li'auteur.
Après s'être révélé a ses débuts poète
exquis et plein de grace, poète sensuel
et voluptueux, railleur aussi, Maurice
Donnay s'est ensuite affirmé comme un
de nos meilleurs auteurs dramatiques.
C'est un fin-de-siècle qui connait
merveilleusement bien les milieux con
temporains et les gens de son époque.
C'est un observateur profond auquel
n'échappe aucun détail de la vie mo
derne ni la fausseté du monde, ni ses
travers, ni ses ridicules, m ses lache-
tés. C'est un observateur profond dou
blé d'un intuitif auquel rien de la
femme en général et de la Parisienne
en particulier n'est étranger. De celle-
ci il sait tout sa grace et son charme,
son affabilité quand son coeur est bon
et sa rosserie quand il est mauvais, les
fantaisies les plus exagérées comme
les caprices les plus fous dont elle est
capable, sa fagon de voir les choses et
de les comprendre, sa manière de vivre
qui varie a l'infini suivant les disposi
tions de son caractère, son dévoue-
ment ou sa rouerie en amourde
celle-ci, sait tout.
Le théatre de Donnay est une oeuvre
faite d'observation et de gaieté, de
bonne humeur, de raillerie légère ou
cruelie, suivant le cas, d'esprit sur
tout d'esprit et aussi de tendresse et
d'émotion
Chose curieuse, l'éducation que re-
gut Maurice Donnay fut celie d'un tils
de br
terminé
raves bourgeois. Après qu'
iné ses études a Louis-ie-Gra
il eut
Grand j il
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
s'en alia a Centrale en vue de devenir
ingénieur et de fait il sortit de l'Ecole
son brevet en poche.
Cependant le futur auteur de Lysis-
trata et d'Amants n'avait pas, durant
ses classes, voué aux mathématiques
un culte e'xclu8if de bonne heure, les
lettres exercèrent une vive influence
sur son imagination et tinrent une
grande place (lans son estime. Maintes
fois, au collége, il fut reconnu l'auteur
de poésies irrévérencieuses a l'endroit
de choses qui lui semblaient ridicules,
et dans lesquelles se distinguait déja sa
fagon de rire et de se moquer de tout
et de toutes.
üyez comme s'arrange la destinée
des geus
Dn jour, il arriva a Maurice Donnay
de venir au Chat Noir se renseigner sur
le sort d'une poésie qu'il avait envoyée
a insérer. Le hasard voulut qu'il tom
bat au milieu d'un déjeuner de Salis
et de ses poètes son air intéressa l'as-
sembiée on lui demanda le titre de
son poèmecomme son titre était
dróle, il plut, et les vers qu'il dit en-
suite plurent encore davantage mis
dans le Chat Noirils eurent un succès
fou.
Salis déclara prendre sous sa protec
tion le jeune rimeur, qu'il enrégimenta
dans la fameuse troupe de sa bonne
hostellerie. De la, datent les premiers
triomphes de Maurice Donnay les
scènes grecques de Phrynéreprésen-
tées par les ombres d'Henri Rivière,
avec musique de Ch. de Sivry. et Ail-
leursune revue symbolique, avec les
mêmes collaborateurs, dans laquelle
il accabla de railleries et chargea de
brocards !es choses solennelles du
temps.
Son premier grand ouvrage fut Ly-
sistratareprésentée on se rappelle
avec quel succès - au Grand-Thëatre
en 1892 toutes les pièces qui suivirent
celle-ci furent non moms bien accueil-
lies Folie Entreprisecomédie en un
acte, au Vaudeville (1894) et Ia même
aunée, Pension de Familiecomédie en
quatre actes, au Gymnase, avec comme
pnncipaux interprètes Rosa Brück et
Galipaux, MUe Yahne et Lucy Gérard,
dont commsngait la jeune répntation.
Deux petits actes, Eux et la Vrille;
Complices, pièce en trois. actes, avec
Grosciaude, aux Nouveautés Amants
joués a Ia Renaissance par Guitry et
Jeanoe Granier, datent de 1895 puis
vinrent, en 1897, La Douloureuseet
tout réeemment Georgette Lemeunier.
Les réelles et bnllantes qualités du
jeune auteur out été, l'année dernière,
récompensées par la croix de la Légion
d'honneur. Maurice Donnay est, en
tant qu'homme privé, affable au possi
ble et nul ne peut résiater au charme
de sa conversation prenante. Sa phy-
sionomie est trés particulière Ses
cheveux bleus, ses yeux noirs et donx,
ses lèvres bonnes, sous la moustache
un peu tombante, sa voix caressante
et paresseuse le font paraitve ainsi
que l'a dit Jules Lemaitre dans quel-
qu'un de. ses articles une sorte de
mandarin annamite, de lettré de la race
jaune, dont il a un peu le physique
un lettré subtil, indolent, voluptueux
et d'un nihilisme trés tin et trés gai.
Signe particulier l'auteur est- un
diseur merveilleux. Quand il lut son
Torrent devant le comité, son élocu-
tion facile et spirituelle emballa tous
les membres.
D'YPRES.
Séance publique
du Samedi11 Novembre 1899
a 5 1/2 h. du soir.
ordre du jour:
(Inauguration du portrait de Mon
sieur le Bourgmestre.