JOURNAI, D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT,
INTÉRIEUR.
Ve ANNÉE.' - N° 16.
JEUDI, 24 JUIN 1841.
- - -
FEUILLETON.
On s'abonne Ypres, rue du
Témple, 6, et chez tous les per-
1 cepteurs des postes du royaume.
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daction doit être adressé, franco,
au rédacteur en c hef, Ypres. -
Le Progrès paraît le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quiuz- centimes par ligne.
YPRES le 24 Juin.
Depuis l'issue de nos électionsau mouve
ment inusité l'extrême agitation que leur at
tente avait cause dans tout le paysa succédé
un calme plat, les partis reprennent haleine.
Vienne la réunion des chambres et la lutte
reprendra avec une nouvelle énergie. Quel
que grands que soient les obstacles que les amis
du progrès et des institutions libérales ont en
core vaincre, le résultat final n'est plus dou
teux on peut le proclamer d'avanceaprès la
victoire qu'ils viennent de remporter dans le
combat décisif dont l'arène électorale a été le
théâtre. Le parti rétrograde renforcé de
puissants alliés qui bientôt vont lui faire défaut,
avait partout engagé toutes ses réserves les li
béraux dans plusieurs localités, ont, malgré
l'imminence du danger, procédé avec une cou
pable indifférence.
Il est assez curieux de voir quelle a été depuis
le jour fatall'attitude de certains journaux
rétrogrades. Le Nouvelliste de Bruges est peut-
être celui qui est tombé de plus haut; aussi
étourdi de la violence du coup, peine pût-il
balbutier quelques mots de résignation il resta
plusieurs jours sans connaissance. De toute
une semaine, pas le plus petit article de fond
ne sortit de son cerveau troublé! Ce fut peu
peu que reprenant ses espritsil chercha
se persuader qu'il avait cédé une terreur pa
nique, que tout n'était pas perdu. A cet
effet, tous les jours encore, il entasse chiffres
sur chiffres et leur fait subir une multitude de
combinaisons plus ingénieuses les unes que les
autres. Laissons le pauvre Nouvelliste retrou
ver quelque force en caressant sa chimère, il
ne sera que trop tôt forcé de revenir la triste
réalité.
D'après les nouvelles les plus récentes, un
remue-ménage qui suscite au gouvernement
de la Porte de grands embarrasse continue en
Turquie avec tous les symptômes d'une insur
rection qui certes est loin, selon nôus de se
présenter en bonne et due foYme. La grande loi
qui prescrit aux peuples de se suffire eux-
mêmesn'y entre presque, pour rien. Là tout
tournera au profit des ambitieux et,des des
potes. L'énergie cessera avec les maux et les
griefs partiels qui ont tout provoqué, ou
bien avec leur affermissement. Sous le des
potisme pur, il n'y a qu a réclamer combaltrè
sans la certitude du succès c'est se préparer de
plus grands maux. Ainsi ces rebelles sont
plaindre quoiqu'il advienne. Ce qui .consacùe
les révolutions parcelaseulqu'elles en deviennent
invinciblesce sont les principes de liberté. Or,
les Hellènes ne sont qu'un troupeau d'esclaves
excités par des factieux. Puissent-ils force de
combattre pour des griefs partielscontracter
de noblesde vrais besoins d'insurrection per
manente contre tout despotisme!
Nous avons déjà dit que de grands prépara
tifs se déploient en Angleterre, pour les pro
chaines élections. Une réunion vient d'avoir lieu
la Taverne de Londres. Lord Russell et l$s
trois autres candidats libéraux y ont paru. On
rapporte le discours de celui-là. Il est plein de
sens et de raison, froid même. Il faut dire, pour
concevoir les applaudissements qu'il a excités
(et les anglais y mettent du poumon)que
Londres a ses passions elles passions qu'au
cun criqu'aucune éloquence n'éveille si elle
n'a pour base la table de Pvthagore appliquée
aux heureux résultats des évolutions du com
merce britannique. Il faut des chiffres pour
émouvoir ces hommes positifs. Maintes fois le
cri qui a arraché des applaudissements dans
cette cité célèbre a été un cri de mort pour le
commerce d'autres nations. On ne dit pas qu'il
y ait encore de pareilles intentions dans le parti
whig dont lord Russell est un des plus grands
organes. Celui-ci réclame la liberté du com
merce. C'est un progrès, c'est louable.
Des réclamations nous ont été faites sur la
manière dont les faits qui se sont passés le di
manche du tir au roi la Société de Guillaume
tell, nous avaient été relatés. Ainsipar ex
emple le paysan qui a reçu le coup d'arbalète
était ivre et tenait des propos insultants. Il était
exaspéré de se voir le point de mire des projec
tiles non moins sensibles l odorat qu'au tou
cher, que lui lançaient des polissons agglomé
rés sur son passage alors sa colère se reporlait
sur MM. de la société soit en refusant d'obéir
leurs injonctions soit en accompagnant se
refus, de» vociférations plus bêtes les unes que
les autres dont.un homme ivre est capable.
Voilà ce qui à/provoqué l'acte de violence dont
LA MARSEILLAISE DE LA PAIX,
Par M. Alph. De Lamartine
11 y a unsiècle dccela, le bon abbé Saint-Pierre, âme droite s'il en fût,
<?rut avoir résolu le problême de la paix perpétuelledont Henri IV tté-
tait préoccupé avant lui et que Sully avait poursuivi, vers 1 ODS,,dans
un double voyage Londres. Un congrès européenstatuant comme
arbitre sur les querelles des états, congrès souverain et toujours obéi,
semblait cet excellent abbé une institution suffisante pour renou-
r-'
veler la politique et changer l'esprit de la lutte en esprit de conciliation.
Il n'admettait pas que les mouvements d'un mécanisme aussi simple
pussent jamais être faussés par l'obstination et la mauvaise foi, par
l'ambition et la cupidité il prenait pour point de départ des esprit
constamment justèSj dt# cœurs éternellement sincères. Cç rêve fut
celui de sa vie, et àdjj&sts reprise»,iiJpnYoya aucardinal (Je Fleury
son projet de pacte d Injiauce où-l'on remarque lp pas&gç Suivant
«t Je vais voir, du moins en idéeles bôromes^s'unitf e^s^irnîT;
vais penser une douce et paisible société, dj^ f jèUgs*, vi* A aà'ns
une concorde éternelle, tous conduitspar les mênSes maxihfcs, tous
heureux du bonheur commun etréalisant en moi-même un ta-
bleau si touchant, l'imagé d'une félicité {jui n'est point, m'en fera
a goûter quelques instants une véritable.
A quoi le cardinal Fléùry fépondit aVec une ironie qui tenait un
peu des habitudes de l^Sfégence
<c Vos projets sont admirables ,.jnonsieuj-', seuleraîént voi -, avez ou
ïe bliifun article ijiMiliminaiie et que je crois essentiel c'est d'en-
voyer une troupe dé missionnaires pour y disposer le cœur et
l'esprit des princes.
Les continuateurs de l'abbé de Saint-Pierre abondent do nosjoors
ils sont partoutdans la science et dans la poésie dans les chaqabres
et dans l'enseignement. Pour peu que les événements les secondent
encore, ils pourront prétendre l'empire. Leur ambition est grande^
mais ellçs n'est pas.;aU*desstMdes circonstances. En effet, si l'oubli
des injures deyient un artiole de foi eii politique, si, quaud oïl
Yrappe la France en Orient, elle tend la joue en Algérie, il n'y a plus
qu'un président du conseil possible, et c'est ce nouvel abbé de Saiut.-
Pierre que l'on nomme M. dé Lamartine. Génèratious^pçédestinéès,
réjouissons^ïbpW ^es temps prédits f>aç les millénaires sont arrivés
*lerègne du Christ'etleministèredu,*<léput&deMâconcommencent..
Plus de sang verséSi cé n'est celui des bestiauxqui coulera, sans
clouté popr tout le mondeet des prix plus discrets; plus de jalousies
e les rgia^plusde ri\ alliés entre les uations; il n'y aura désormais
séulintérêt et qu un seul principe j l'humanité en-
dans nu. .hymne d'allégresse et se confondra dans
une ambrassafle immense.
Rien n'est charmant comme l'idylle mais il ne faut pas être seul
faire. Sj^prii^pnt que nous célébrons ainsi la fraternité <Wpeu
plée, nos eniietnis entoiinent le chant de guerre, s'ils fondent d'es ca
nons pendant qife nous coulons des statues en l'honneur de NÎiperve,
et donnent le tranchânt leurs sabres tandis qu'à la voix d'un profes
seur d'économie saint-simonienue nous convertissons les nôtres çn:
socs de Charrues, il cst4à craindre que l'ordre rêvé ne ressemble ce--
lui qui s'est établi na'gùére sur les décombres de Varsovie et que la
paix ne soit celle dont parle Tacite, la paix de la solitude. Qu'Hobbes
exagère les choses quand il dit que tout^bomime est un loup pour
Ihomme, nous voulons .le croire j mais fia îéte'e des loups n'est pas
éteinte, bien s'en faut, et tant qu'il en rester^ sur terrepil sera im
prudent de se faire brebis. Ne nous y trompons pas des dissènli-
A f
xnents profonds séparent la Fiance des gouvernements de l'Europe.
Ici ce sont des intérêts,qui sonj .en lutte, là ce sont di# pvinéîpev*
L'Angleterre ne nous par donne.pas notre avènement l'industrie ,-fî
précaire qu'il soit; le continent, nos aspirations, mêmes impuissantes,'
veçs laiiberié. On ne semble vouloir tolérer ni notre activité entre
prenante, ni nos idées contagieuses. Le duel peut être différé, mais
iLest au fond de la situation un jour donné, il faudra que la France
s'assimile l'Europe on que l'Europe s'assimile la France c'est l'ho
roscope de Napoléon et Nap^eon a vu juste cette fois.
Sans dn,ute,lajpjiix, est.Je premier des biens, qt, si lavnarche
sociétés vers un avenir-irrésistiblepouvait s'accomplir sans A
iriWnsé *cfe prévoir et aè désirer autre ch
io, lit g-uefée pour la guerre» est ûflht? tn_
peut se croire a 1 abn d unq guerre beteessaire On s
se promettre de n etre point agresseur, dp qe .lçj; toujours et par
iVdeV'TïifrëjLie! loCI!«ifi{3Rle3^pl us humiliantes, loifî d'él
l'orage ces faihTèssei T'attirent, et il arrivé une heure où un p-eo
né sauraitsans (féclieauce ,^52tis avilissementmanquer
son hbuneuifSr^mi soîrRfcea défense. Heureux si, au milic
'lier veine ut' général n'a pas perdu Tout son ressort milit
d'idylles choisissent mal leur terrain l'esprit gùeri
prit remuant n'estfplus en'France où l'on senible^e ré.û
destiuéeS;h?s plus pacifiques, fîe danger est arllivnr^; il est e
terre j il est sur le continent. Ou y nourrit dqfSeinAacil!'
viner,- des prétentions qu'exaltent les comptaùamcerfr&e uo
vernement. C'est làdans ces foyers de convoitise ePde bail
faudrait faire pénétrer des pensées de désarmement c
Que les faiseurs d'idylles edScigûetit la Crrçuide-Bretagnc
pect des droits d'autrui, l'Europe absolue une tolé
pour notre révolution. Ils auront pourvu au pl