cour d'assises du brabant. S* en maroquin rouge de M. Van Volxera; aujour d'hui c'est le greffier Coene qui porte le poids de ses anathèmes. M. Coene est un meurtrier, il ne sa pas justifié. Guillaume Mathieu qui a comparu avec son frère Melchior devant les assises du Brabant, et qui a été acquitté du chef d'assassinat sur le sieur Polchet, a été arrêté et écroué avant-hier la maison d'arrêt de Nivelles, sous menaces de mort contre le maréchal Robertqui a dé posé dans cette affaire. La cour de cassation dans son audience de lundia rejeté le pourvoi du nommé De Bakker, condamné la peine de mort, par les assises de la province d'Anvers, pour assassinat commis sur le curé de la commune de Nylen près de Lierre. AFFAIRE DU COMPLOT. (Suite.) Présidence de M. Lepage. Audience du 17 mars. M. l'avocat-général entre dans l'appréciation des faits les plus particulièrement imputables Vander- smissen. Il expose les contradictions des réponses données dans l'instruction et de celles subséquentes «les dépositions de Vandersmissen et de son fils, surtout en ce qui concerne l'usage de la maison in habitée où l'on a touvé tout l'appareil nécessaire la confection de gargousses, etc. v* De Créhen, pour obtenir la clef de cette maison sans compromettre le général, a prétexté auprès de la jardinière qu'il avait loué celte maison, maison dont Vandersmissen, après son secret levé, et con naissant la déposition de de Créhen, avait tiré parti pour se disculper de la présence des munitions. Side Créhen avait été locataire sérieux ce n'est pas Joseph Vandersmissen qui aurait fourni les tables, chaises et houilles, ce ne sont pas ses neveux, fils du général, qui auraient accompagné les ouvriers de leur oncle, et donué les ordres nécessaires enfin ce n'est pas pour un rendez-vous de chasse, comme le prétextent ces jeunes gens, qu'on aurait du mérinos avec des boîtes mitraille côté de la poudre: L'accusation constate les achats d'armes et les préparatifs faits par de Créhen que ses fonctions de commandant des blessés de septembre, et ses rapports avec M. de Beaumont, artificier, permettaient de l'assembler des armes et des munitions sans éveiller Icsjjoupçons qu'aurait nécessairement excités Van dersmissen. Si Vandersmissen a fourni les fonds, la complicité est établie, s'il ne les a pas fournis com ment s'expliquer la présence chez Vandersmissen de tout ce q u'a acheté de Créhen en poudres, sacs, etc. On entend les dépositions peu importantes de la veuve Morialmé, cabaretière rue d'Argent. Gomard, cocher de vigilante, David Blum, ingénieur ce der nier dépose sur l'état financier du comte Vander- meere qui paraît loin d'être aussi embarrassé qu'on semblait le croire. Constant de Saegher, sous-lieutenant au régiment d'élite. Ce témoin est le fils du major pensionné de Saegher, précédemment entendu. M. le président. Je dois annoncer MM. les jurés que le témoin a révélé comme c'était de son devoir ce qu'il a pu savoir du complot. Le 3o octobre, vers 3 heures, j'étais chez mon père, le major pensionné de Saegher on sonna la porte, j'ouvris, c'était une dame, Mad. Vander smissen elle dit ma sœur: est-ce que c'est votre frère; ma sœurayaut répondu oui, elle me dit: je voudrais vous parler en particulier,où est votre père? Je lui répondis: il est chez mon cousin Vandestar. Faudrait-il longtemps pour le faire venir? Peut-être un quart-d'heure, peut-être plus. Elle insista pour me parler en particulier, je la fis entrer au salon, et j'invitai ma sœur nous laisser. Mad. Vandersmissen me dit': puis-je avoir con fiance en vous? Oui madame, lui ai-je répondu, en tant que fils du major de Saegher; alors me dit-elle, écoutez bien ce que je vais vous dire et prenez-en note; elle me fit prendre un carnet et écrire: Le mouvement commencera ce soir, tenez vos hommes prêts, les cris seront A bas la calotte! bas les mi nistres! allons délivrer les prisonniers! J'oubliais de dire que ce qu'elle m'a fait écrire était traçé d'avance sur un petit papier qu'elle a tiré de son sein; elle indiqua aussi dans ce qu'elle me faisait écrire que le lieu du rendez-vousétait derrière le palais, près la rue Verte; on devait être en blouse et avoir des haches et des pioches pour enfoncer les portes. Après que Mad. Vandersmissen a été partie, je suis allé chercher mon père chez «non cousin Van destar, il y était; je lui dis: j'ai quelque chose d'important vous dire; il me répondit que je pou vais parler. Quand je lui ai eu raconté ce que je venais d'entendre, il m'a dit: vous allez venir avec moi'chez le ministre de la guerre, j'ai été chercher une vigilante, et nous sommes allés chez le ministre; mon père est entré chez le ministre; moi je suis résté«lans la vigilante; un instant après, mou père est venu me chercher et m'a mené'dans le cabinet du ministre, auquel j'ai tout répété. Le ministre m'a dit: vous irez la place de votre père chez Vandersmissen, ce soir, età quelque heure que ce soit, vous viendrez me raconter ce qui se sera passé. Je demandais au ministre si je devais y aller en uni forme; il m'a dit, non, alléz-y en bourgeois. Je memisen bourgeois, et j'allai boulevard de Waterloo, 11e 72.C'est le fils de Vandersmissen qui m'a reçu, il m'a dit que d'une manière ou de l'autre le mouvement aurajt lieu, que déjà des chasseurs de Capiaumont étaient arrivés et que les autres vien draient le lendemain, après avoir assassiné leurs^ officiers; il me demanda decombiend'hommes mon père pouvait disposer. Je répondis d'une centaine d'hommes. Il ajouta alors que mon père devait veuil le lendemain Justin; il m'offrit de l'argent, je n'en voulus pas; il me dit' en me présentant cinq pièces de dix florins: Prenez toujours celac'est de l'or; cela ne charge pas. Comme je m'en allais;.qn jeune homme courut après moi et me-dît de revenir, que sa mère voulait me parler. Je revins; cette dame soupait, il y avait du moins,umcabarel sur le poêle. Elle me dit que de toute tnanière le mouvement aurait lieu elle ajouta que si je voulais de l'argent elle allait m'en donner je lui dis que je n'en voulais pas alors elle me dit que si mon père en avait besoin il n'avait qu'à venir le lendemain malin six heures, qu'elle lui en donnerait autant qu'il en voudrait. Je me retirai et j'allai faire mon rapport. M. le président. Le témoin ne me paraît pas avoir dit que Mad. Vandersmissen lui aurait annoncé que s'il montrait de la fermeté il serait nommé capitaine? R. Ouielle me l'a dit. D. Quand vous avez ré pondu que votre père avait cent hommes, est-ce que vous étiez déjà au courant du complot? R. Non, quelques jours auparavant j'avais rencontré M. le docteur Demoor qui m'avait demandé si j'allais dans quelques jours passer officier; je lui ai répondu que ouj, parce que le général Nypels devait nous in specter et qu'il m'avait déjà proposé pour officier; il me répondit qu'il n'y avait rien espérer tant que le général Nypels serait quelque chose. 11 me parla ensuite du mécontentement général et ajouta que lui-même n'avait rien espérer moins de chan gement dans les affaires, qu'il fallait que le prince d'Orange revînt pour faire le bonheur de la Belgique. M. le président. Ainsi vous avez été proposé poul ie grade de sous-lieutenant que vous occupez? R. J'ai été proposé pour la première fois en 1840, par l'in specteur-général comte de Narp et pour la seconde fois par l'inspecteur Nypels. D. Ainsi, vous seriez devenu officier sans ce qui s'est passé R. Oui, M. le président, je ne pouvais pas manquer de l'être. M. le président. Mad. Vandersmissen, qu'avez- vous dire M. Vandersmissen répond assez longuement, qu'elle soutient que si elle est passée chez le major de Saegher en allant porter des consolations son beau-frère c'était uniquement par intérêt et pour savoir si le rnajor n'était pas arrêté. D. Mais vous lui avez annoncé que s'il montrait de la fermeté il serait capitaine. R. Je n'aurais pas pu dire cela un petit jeune homme comtqe lui. Le témoin salue ironiquement Mad. Vander smissen. M. le président.Témoin, l'accusée est une femme et sa position actuelle la rend encore plus respectable. M° Bartels adresse de nombreuses questions au témoin et insiste en particulier sur la partie de la déposition relative la conversation qui aurait eu lieu entre le sous-lieu tenant de Saeger et le docteur Demoor. Le défenseur demande avec instance que le témoin Demoor soit rappelé et confronté avec le té moin de Saeger c'estdit-il, pour constituer le témoin en état flagrant de mensonge. M. le président,sur l'insistance du défenseur, fuit rappeler le témoin Demoor, mais le témoin est absent. Le témoin de Saegher persiste avec force dans toutes les circonstances de sa déposition. M' Vanderton. Le témoin lorsqu'il a été chez Vandersmissen, savait-il l'arrestation des autres ac cusés? R. Oui, j'avais même entendu dire qu'il y avait eu une perquisition chez l'ex-général Vander-- smissen. D. N'avail-il pas été convaincu que s'il y avait de la lumière apparente la maison, il ne fau drait pas entrer, parce que ce serait signe que la justice y serait. R. Oui. M° Bartels. Ainsi le témoin a été récompensé pour avoir révélé une conspiration dont les auteurs étaient arrêtés M. l'avocat-général. Il est venu révéler un autre mouvement que Mad. Vandersmissen était venu lui annoncer. M. Duvivier ministre d'état, membre de la cham bre des représentaus. Ce témoin, cité en vertu du pou voir discrétionnaire, a rempli les fonctions de chef de l'administration financière dans la province d'Anvers en 1821, 22 et 23; il rend un témoignage irès-favorahle de la gestion financière du major Kessels alors percepteur. La cour entend ensuite Joseph Vanslaeteghem, Louis Wolters, tous deux domestiques l'hôtel de l'univers; Jean-François Impatient et Jean-Louis Roovers, cochers de vigilantes. Audience du 2 1. L'audience est reprise 10 heures. La parole est continuée M* Roussel. Ledéfenseur résume en peu de mots les principaux argumens qu'il a présentés la dernière audience il arrive aux objections anticipées du ministère public contre la défense. Le ministère public, dit-il, nous a défié d'appli quer d'une manière raisonnable, l'accord de la dé position des frères Joues avec cefle de M. Levae; n'est—il pas évident que les faits relatifs M. I.evae étaient cormusde toute la villeavanl ladéposition des frères Jones Que signifie maintenant la partie de l'accusation qui repose sur la déclaration de M. Janssens-de Cuyper, niais j'ai le droit de m'étonner de la curiosité que manifestait le ministère public. Les faits antérieurs détruits, quel droit a I-011 de fouiller dans le secrétaire de M. Parys; quel droit a-t-011 de lui demander compte de ses démarches aux questions sur sa visite Janssens-de Cuyper M. Parys aurait pu répondre: J'y suis allé parce que cela ma convenu, j'ai voulu louer un magasin, parce qu'il me plaisait de louer un magasin. Ce n'est pas moi vous prouver que mes démarches sont innocentes, c'est vous prouver que mes dé marches sont coupables; si vous n'avez rien prouvé par la déposition des frères Jones, mes démarches ultérieures sont nécessairement innocentes, puisque vous n'avez pas trouvé l'origine coupable qui seule vous aurait permis de les incriminer. Mais Parys n'a répondu une curiosité extrême que par la franchise, que par la noblesse de la fran chise. Il vous a dit: j'ai voulu louer un magasin pour y loger une machine vapeur de grande di mension, l'effet de fabriquer des briques. Mais, dit le ministère public, Parys en louant le magasin, n'a pas dit son nom, il a dit au lieu de Parys, Vaudereste. Mais M. Janssens-de Cuyper que vous avez vu avoir l'ouie un peu dure, vous a dit qu'il avait bien pu entendre Van Parys et des milliers de personnes en Belgique disent Van Parys au lieu de Parys. Nous avons la «juiltance du prêt que M. Parys est censé lui avoir fait: il y a sur le reçu Van Parys. Condamnerez-vous, MM. les jurés, parce que M. Janssens-de Cuyper l'oreille dure ou qu'il a mal dormi? M. de Créhen se trouve rue du Commerce en même temps que M. Parys; je serais fort étonné, messieurs, que de Créhen ne fût pas IV, lui qui est partout, qui est Anvers, qui est Bruxelles, chez îe général Vandermeere et chez le général Vander smissen. Mais de Créhen ce jour là, a dû rencontrer plusieurs personnes, lui qui avait l'ubiquité presque un plus haut dégré que Dieu. Pourquoi donc M. Parys jouit-il seul de la faveur d'être conspirateur au milieu de toutes les personnes que de Créhen a rencontrées? De Créhen était là, messieurs, comme un importun, c'est le rôle le plus favorable que je puisse lui donner. M. Parys lui a donné un rendez- vous 3 heures, dit le ministère public, je le lui concède. Messieurs, vous avez donné cent lois de ces rendez-vous là, pour vous débarrasser d'un im portun et avec l'intention de ne pas vous trouver ce rendez-vous.

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 2