Une grande quantité de sous de France cir cule encore en ce moment dans notre ville et dans les communes de nos environs. Depuis longtems déjà ces pièces ne sont plus reçues dans les bureaux du gouvernement belge. D'ici peu de tems cette monnaie n'aura plus cours, même en France. Comme on paraît vouloir placer dans notre district une grande quantité de ces piècesnous avons cru devoir signaler ces faits au public. C'est dimanche, dit-on, que la jeune troupe de M. Picolo donne sa dernière représentation dramatique. Le public qui s'est montré fort satisfait des efforts et des talents précoces de ces jeunes artistes, ne peut manquer d'aller ap plaudir pour la dernière fois MUes Virginie, Anna et Nathalie. TRIBUNAL CORRECTIONNEL D'TPRES. Thérèse de Vos dentellière comparaissait jeudi dernier devant le tribunal correctionnel de notre ville. L'amour l'avait conduite là. Thérèse de Vos est jolie vivepassionnée ai mante; elle a pour adorateur un enfant de Mars et se propose de l'épouser dès qu'il sera Général; en attendant le brave soldat monte sa garde ce qui déplait souverainement Thérèse. 11 y a quelque tems il se trouvait au poste de la porte deThérèse vint le trouver, elle voulait lui porter des consolations, lui faire sa vourer quelques </re/îarf»er#, et se mit en tête de l'emmener cet effet au Chasseur vert. Mal heureusement le commandant du poste, cheval sur le règlement bien plus que sur le sentiment, refusa de souscrire aux désirs de Thérèse. La belle se fâchale chef du poste retroussa sa moustache; elle se mit en colère, -il jura, elle jura plus fort que lui, il la repoussa, elle lui dit enfindes choses.... que je ne puis écrire, mais qui la menèrent directement devant le tribunal correctionnel. Thérèse entre dans le prétoire d'un pas ferme, elle s'assied sans cérémonie sur le banc préparé pour elle, car elle connaît la topographie des lieux, vu qu'elle a été condamnée, il y a peu de temsquelque mois de prison pour s'être présentée en public dans un costume dont les Sabines ont seules le privilège. (Voir le tableau de M. David.) Thérèse a la langue déliée, aussi sans per mettre au président de lui faire les questions d'usageelle commence son plaidoyer, parle de son amour irrésistible de la liberté indivi duelle, (art. 17 de la constitution belge), du droit de propriétédes grenadiers qu'elle a payéselle interrompt les témoinsfixe le ministère public comme un simple particulier, parle sans relâche et avec une volubilité fémi nine qui ferait envie des avocats; bref, le tribunal la condamne 50 fr. d'amende et aux frais Thérèse protesteelle continue pré senter sa défense. Le ministère public se fâche tout rouge deux gendarmes entraînent Thérèse qui leur explique comme quoi Une foule nombreuse stationne devant la porte du palais de justice. Thérèse voulant sans doute faire un appel au peuple, recom mence son plaidoyer. Malheureusement un témoin qui avait déposé contre elle écoutait son discours; elle l'apperçoit et lui lance ab irato un argument ad hominem. Thérèse avait sans doute oublié la précaution oratoire car elle fut instantanément conduite au bureau de la police. Nous craignons beaucoup que bientôt nous ne soyons forcés de rendre compte du troisième acte d'un mélodrame dont Amour est l'auteur ou tout au moins le souffleur. MUTINERIE DES DETENUS A LA PRISON MILITAIRE D'ALOST. Des désordres ont eu lieu la prison militaire d'Alost. Depuis quelque temps l'administration des prisons avait interdit aux détenus l'usage du tabac fumer. Mardi au soir, plusieurs reclus la maison militaire Alost s'étaient rendus la cantine où ils réclamè rent du tabac. Sur .le relus qui fut fait de leur en délivrer, ils proférèrent des menaces. On voulut sévir contre eux, i.Len résulta des voies de fait envers les gardiens qui durent céder au nombre. M. le bourgmestre de la ville arrivé sur les lieux et voyant que fexaspéralion était son comble, fit distribuer du tabac aux prisonniers qui se calmèrent momentanément. Mercredi matin, nouvelles exigences de leur part; comme on n'obtempérait pas leur demande, ils se mirent en rébelliun ouverte envers tous les préposés la garde de la maison. Ils tentèrent inutilement de se faire ouvrir les portes de la prison. Dès la veille, l'autorité avait pris des mesures pour rendre toute évasion impos sible on avait fait cerner pendant la nuit la maison par l'infanterie. Les mutins montèrent alors sur les toits d'où ils vociférèrent contre les militaires; quelques pierres furent même lancées contre ceux- ci. Après de vaines itistances pour engager les révoltés rentrer dans l'ordre, différentes somma tions eurent lieu on dut, la fin, recourir l'emploi des armes deux décharges eurent lieu et les toits furent l'instant évacués. Six détenus sont blessés l'un d'eux est blessé morlellemenl d'une balle la tête. Sur ces entrefaites, le gouvernement faisait diriger de Bruxelles et de Gand, par des convoies spéciaux du chemin de fer, des troupes vers Alost. Des délachemens de lanciers casernés Malines ainsi que plusieurs brigades de gendarmerie du Brabaut se sont mis en Toute. Il paraît que le calme est rétabli puisque les gendarmes envoyés de Bruxelles ont reçu mercredi au soir, Assche, l'ordre de retourner dans leurs brigades respectives. Nous recevons encore la version suivante sur le même événement Depuis lundi dernier une grande partie des pri sonniers militaires de la maison centrale de cette ville avaient manifesté leur mécontentement de ce qu'on voulait rendre le régime de la prison plus sévère. L'usage du tabac priser, qui avait seul été toléré jusqu'ici, a été défendu par ordre du ministre, comme le tabac fumer, etc. Mardi au soir, la révolte éclata spontanément. Environ 300 prisonniers sortirent des dortoirs. Le mouvement fut réprimé presque aussitôt; mais le lendemain malin la mutinerie recommença avec un caractère plus hostile. Les révoltés avaient déjà commencé dépaver la cour et enlever des tuiles delà toiture, lorsque la troupe composée de quelques chasseurs pied, des gardes sédentaires et des guides se disposa faire feu. Les sommations exigées par la loi leur furent faites par l'autorité et les armes furent déchargées deux reprises. Deux des mutins furent blessés. L'usage des armes intimida les plus rebelles qui furent immédiatement saisispu corps, liés, enchaînés et enfermés dans les cachots. Environ i5o ont ainsi été séparés des autres. (La population de celte prison est de i,3oo détenus, tous militaires.) Le commandant de la place dépêcha immédiate ment deux officiers, l'un pour le ministre de la guerre Bruxelles, le second pour le commandant de la division territoriale Gand, avec demande de renforts immédiats. Cent cinquante hommes, composés de chasseurs pied, etde fantassins des 4eet 8e de ligne arrivèrent successivement dans la soirée par le chemin de fer de Gand. D'un autre côté, deux compagnies du ré giment d'élite arrivèrent de Bruxelles dans l'après- midi également par le rail-way. M. le général Leboutte, avec ses aides-de-camp, est arrivé avec les troupes de Gand. Toutes les brigades de gendarmerie six lieues la ronde, prirent la direction d'Alost au premier signal; mais la révolte étant comprimée, elles re çurent contr'ordre et retournèrent dans leurs can tonnements. Lorsqiîe les renforts sont arrivés, tout était com primé et la ville élaifcqparl'ailement tranquille. Les militaires ont été logés c'nez l'habitant des cartou ches leur avaient été distribuées. L'un des prisonniers atteints, est blessé mortelle ment la têteil a été administré. M. Hody, administrateur des prisons et de la sûreté publique, est arrivé mercredi au soir de Bruxelles en toute hâteaccompagné de M. Duepétiaux inspecteur-général des prisons. Ces messieurs se sont immédiatement rendus avec les autres autorités civiles et militaires la maison centrale et y ont visité les prisonniers dans leurs cachots. Un rapport a été immédiatement adressé au gou vernement. M. Duepétiaux est parti ce matin en mission pour Courtrai, Tournai et Motis. On croit que les troupesde renfort vont retourner immédiatement dans leurs garnisons respectives. M. le général Leboutte se rendra aujourd'hui même Gaud. Une enquête sévère est commencée de concert avec l'auditeur-militaire et l'autorité^vile judiciaire de l'arrondissement. Observateur On lit dans le Modérateur de Mons: Le peu d'espoir qui nous restait d'une com mutation de peine en faveur de François Des camps, condamné la peine de mort par arrêt de la cour d'assises du Hainauten date du 30 châsse jamais... avant tout ceci... je ne t'avais vue si richement mise la tête du village., la belle chaîne ton cou, les beaux bril lants tes oreilles!., et, mon Dieu! ta main est couverte de bagues. La fermière dévorait des yeux le jeune Horace qu'elle ne se lassait pas de caresser. Dam, que veux-tu, citoyen, répondit-elle négligemment, c'est que nous sommes riches Vraiment! dit le marquis, je t'en fais mon compliment; et quel métier, s'il vous plaît, l'êtes-voussi devenu Le citoyen Grégoire, mon mari, est fournisseur de la répu blique. Le marquis ne dit rien; mais i! comprit que la liberté avait des fournisseurs qui s'enrichissaient trop vite, tout comme la royauté avait eu des traitants trop tôt millionnaires. La citoyenne par la fortune de son mari et de la sienne en termes pompeux elle avait acheté une terre et son tour elle avait une fermière elle avait plusieurs maisons Paris et une fourniture nouvelle que son mari devait livrer aux bleus de la Vendée augmenterait encore leur fortune. Je suis heureux de vossuccèsdans ce monde, lui dit le marquis; dis ton mari, Madelaiae, que je ne suis pas jaloux de son bonheur; cependant ma fortune suit une marche toute contraire la sienne; ils ne m'auront pas laissé un pouce de terre. Oh! pour cela tu devines juste, citoyen, ils ont vendu la terre de Lassay après ton départ... Et c'était bien juste il nous fallait de l'argent pour repousser les soldats de Pitt et de Cobourg. Tu as raison, citoyenne. Dans ce moment-là même, un domestique, ou ce qu'on appelait alors un officieux de Mme Tallien, viut prévenir Horace de se rendre sans retard chez cette dame. Le jeune homme partit en promettant de revenir le plus tôt possible qu'il pourrait, et le marquis demeura seul avec son ancienne fermière. Quelque détaché qu on soit des biens de ce monde, et avec quelque philosophie qu'on ait fait l'abandon d'une richesse et d'une position évanouis, l'homme le plus stoïque a des retours cruels, des momens d irritation où il oppose avec orgueil ce qui lui reste encore celte fortune qn'on lui a enlevée et qui est devenue le partage de gens autrefois bien au-dessous de lui. Telle était la position du marquis. Oh! Madelaine. dit-il la femme du fournisseur, quand il fut seul avec elle, ils nous ont tout ôlé, notre rang, le toit où avaient dormi nos pères, notre pays même, car l'émigration de tous n'a pas été volontaire mais il y a une chose qu'ils ne nous enlèveront jamais c'e^ la distinction que nous tenons de notre race même, c'est ce que je ne sais quoi de généreux qui malgré lui trahit un gentil, homme.... Aussi cet orage passera, et bientôt nous reprendrons le rang pour lequel la nature elle-même nous a faits, je t'en fais juge toi-même, Madelaine tu viens de voir mon (ils il n'a plus rien maintenant, ni,terres ni châteaux: regarde quelle noble prestance Quels beaux traits! Comme le sang des Lassay resplendit dans toute sa personne Et quelles belles qualités dans ce jeune homme quelles nobles inclinations! J'aurais voulu que tu le visses Londres avec moi avec quelle diguité, dans notre abaissement momentané, il portait le nom glorieux de nos ancêtres Encore une fois, sois-en juge toi-même; tu as un (ils, Madelaine; il se nomme Jérôme, je crois. Oui, monsieur le marquis, répondit Madelaine en sanglottant. Je m'en rappelle parfaitementcontinue le marquis, et cerles la comparaison ne peut être mieux choisie, puisque deux enfants ont été élevés ensemble et que, grâce mes soins... tu t'en souviens... Ils ont reçu peu près la même éducation. Eh bien! Madelaine, compare je ne veux point blesser votre amour maternel mais quoiqu'aujourd'hui toutes les carrières soient ouvertes pour Jérôme, ne crois-tu pas qu'il est bien heureux dêtre riche? Compare ces deux jeunes gens qui, tous les deux, sont presque tes (ils et choisis... Ah! Madelaine, qu'ou ne nous rende pas nos biens, puisqu'il paraît que la nation s'en est emparée, mais qu'on nous raye de cette fatale liste des émigrés, et qu'on nous donne une épée mon (ils et moi. (La suite au prochain A7*.

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 2