JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
r ANNÉE. N° 103.
DIMANCHE, 24 AVRIl 1842.
INTERIEUR.
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YPRES le 23 Avril.
UNION LIBÉRALE.
Le parti libéral s'organise. En 1830 les villes
de Bruxelles et de Liège donnèrent l'exemple
de nobles effortsquand la Belgique voulut
secouer un joug devenu pesant, et prendre place
au rang des nations européennes. Aujourd'hui
qu'il s'agit de soustraire le pays une domina
tion plus absurde cept fois et plus intolérable
l'oppression clérico-monacale dont il est me
nacé, Bruxelles et Liège sont encore au premier
rang. Les associations patriotiques, dans ces
centres de population, s'établissent au grand
jour et sur une vaste échelle.
Les villes d'Anvers et de Gand ne tarderont
pas suivre celte impulsion. Quelque soit la
profondeur de l'empreinte que la bigoterie es-
pagnole ait laissée sur la première, et le parfum
4 éventé d'orangismeque la seconde exhale encore,
elles prendront part au mouvement car ces
cités, commerçantes et industrielles avant tout,
doivent comprendre que le succès des efforts
du libéralisme conservatecr, peut seul assurer la
prospérité de la Belgique.
Parmi les villes de moindre rang où les co
mités de l'union libérale s'établissent ou sont
déjà en pleine actionnous citerons Namur,
qui fut une des premièresVerviers et Huy.
Les Flandres ne restent pas en arrière Bruges,
Courtrai. Renaix sont en travail d'organisation;
et nous pouvons assurer pertinemmentqu'avant
peu la ville d'Ypres, où une association libérale
existe depuis longtempssera ralliée au sys
tème général de l'union.
La chambre des représentons continue la
discussion du projet de loi relatif au canal de
Zelzaete.
Le nommé Amand Derulleâgé de 32 ans
né et domicilié en cette ville, trompette-musicien
au 2e régiment d'artillerie, ici en garnison, s'est
suicidé sur les remparts, dans la nuit du 21 au
22 c4en se tirant un coup de pistolet dans la
bouche.
Dans la nuit du 19 au 20, un vol avec
effraction a eu lieu au domicile du sieur
Philippe Werquin, cultivateur Warneton.
Le voleur s'est introduit par la fenêtre dans une
chambre où il a enlevé un demi sac de
pommes de terres.
L'auteur de ce vol a été arrêté le 21, par le
commissaire de police du lieu.
Nous trouvons dans le Globejournal de
Bruxelles, le récit suivant d'un fait qui s'est
passé dans notre ville il y a quelques jours.
A voir la manière dont la chose est contée
on croirait que le Globe a voulu faire une mau
vaise plaisanterie
Un sergent pensionné ayant touché le
montant de sa pension est entré dans le
cabaret la ville de Meninrue des Trèfles
Ypres, où il a été volé la somme de soixante-
quinze francs la caharetièreson amant, et
une femme occupant un appartement dans le
prédit cabaretont été arrêtés par suite des
investigations que la police faites, qui a eu
le bonheur de trouver la somme volée.
L'inauguration du chemin de fer d'Ans
Liège, qui devait avoir lieu le 1er mai prochain,
a été ajournée au mois de juin. L'ouverture
sans cérémonie aura définitivement lieu le 1er mai
pour les voyageurs.
Un arrêté du 17 avril convoque le collège
électoral de l'arrondissement de Louvain pour
le jeudi, 12 du mois prochain, l'efFet d'élire
un membre de la chambre des représentans
en remplacement de feu M. Yandenhove.
- Onécritde Bruxelles au Journal de Liège
r Le bruit se répand qu'un courrier est parti
lundi dernier, portant au roi la démission de
M. Nothomb, ou la demande du remplacement
immédiat de trois .de ses collègues, MM. Desmai-
sières, de Briey et Yan Volxem.
On écrit de Rome, le 7 avril la Gazette
dèAugsbourg
Le comte d'Oultremontenvoyé extraordi
naire et ministre plénipotentiaire de Belgique
est parti pour Bruxelles', où 11 serait mandé
par son gouvernernént pôur affairesimportantes.
On écrit de Liège, 20 avril
M. le comte d'Oultremônt. eiivové extraordi-
naire et ministre plénipotentiaire de Belgique,
est arrivé hier en cette ville, venant de Rome.
Nous apprenons que M. Brys, receveur
Harendonck, est nommé receveur Moere M.
Floré, ancien receveur est nommé Harendonck;
M. Du Fossé est nommé receveur Woumen,
dont le Titulaire actuel est désigné pour la re
cette d'OoslvIeteren.
On écrit d'Anvers, 21 avril
Hier 6 heures du soir, un sous- offiicier de
l'artillerie, a tenté de se noyer en se jetant dans
les fossés du fort Herentals. Les nommés Louis
Yan Santbergen, garde-champêtre de la 5e
section, et François Claessens, de Borgerhout,
sont parvenus, non sans peine le retirer de l'eau.
Après avoir reçu tous les secours que reclamaient
son état, cet homme a été conduit la grande
garde; chemin faisant il a voulu s'évader pour
tenter de nouveau de se donner la mort.
La ville de Gand va interjeter appel du
jugement du tribunal de première instance qui
fixe 118,267 francs les indemnités dues aux
propriétaires des terrains et bâtimens incor
porer dans la place publique que l'on se propose
d'établir l'endroit dit Hoye. Si le jugement
venait être confirmé en appel, le conseil com-
Feuillcton du Progrès»
UN MARI ADROIT.
L'autre jour quelques beaux lions s'étaient donné rendez-vous
chez les frères provençaux il s'agissait d'enterrer un confrère
comme ils disaient dans leur argot élégant et voir le nombre des
verres qui garnissaient la table, on pouvait juger facilement que la
cérémonie aurait lieu avec la plus grande pompe.
Frédéric comte de Terragone, le plus âgé d'entr'eux, le doyen
des lions, venait de faire une fin; saturé de plaisir, blasé sur tout,
il s'était laissé nommer sénateur et s'était résigné épouser la plus
jolie, la plus riche héritière du royaume. L'heure solennelle venait
de sonner: chevalmessieurs,cria Arnold, et tous les convives se
mirent table; deux sièges restaient vides, c'étaient ceux de
Frédéric et du chevalier de L'Aigle, futur grand-maître de l'ordre
des Lions. Ce dernier arriva bientôt: pardon, messieurs, dit-il, si....
l'amende s'écrièrent tous les convives, dix bouteilles de Cham
pagne Ion compte pour avoir fait attendre le potage; c'est la
pénalité que prononce notre code des délits et des peines.
i Soit, fil le chevalier, je vous dirai pourtant que je suis excu
sable, moralement du moinsJ'avais voir la petite Cœlina de
l'ambassadeur, un superbe pur sang qui vient d'arriver. Eh bien!
Terragone où donc est-il
Frédéric ne vieudra pas, c'est demain qu'il se marie et
Délicieux, s'écria Amédée, voilà un mort qui refuse d'assister
son enterrement, qui se donne la peine de trépasser, le dernier
jour de sa vie la veille de sa mort. Oh! obi délicieux, mes
sieurs, dit de L'Aigle, nous l'enterrerons en effigie.
Bravo I bravo
La cérémonie commença et les bouteilles se vidèrent. Bientôt les
fumées du vin échauffèrent toutes les têtes. Arnold de D... se leva
Messieurs, dit-il, la santé du mort Puisse-t-il vivre longtemps,
subir avec résignation le joug de l'hymenée, avoir beaucoup
d'enfants, et détourner par sa vieille expérience, toutes les embûches
que ne manqueront de lui tendre, tous les lions présents et futurs.
Puissions-nous enfin soutenir" comme lui notre réputation de bon
viveur jusqu'à 40 ans et finir de mêmerubis sur l'ongle.
A la sauté du mort, crièrent tous les convives en vidant leur
cratère!! Messieurs, coutinua Amédée, je propose de faire l'oraison
funèbre du défunt.
Paix aux morts, répartit vivement le chevalieret d'ailleurs
quel serait le Bossuet de ce héros
Soit, fit Amédée, buyons alors la santé de la future du
défunt. La proposition fut adoptée par acclamation et mise exécu
tion linstant même.
Elle est donc jolie, fit Arnold renommé pour ses gros et joyeux
rires.
Une héritière de cent mille livres de rente est toujours jolie,
firent en chœur, les hôtes de ce joyeux festin.
Je parie, répliqua Arnold, toute une cargaison de Champagne,
qu'elle est rousse, bossue comme un sac de noix que sa maigreur est
si extrême, qu'elle danse dans son corset comme une noix sèche dans
sa coquille.
La rougeur et peut-être bien une légère émotion, animèrent les
joues ordinairement pâles de de L'Aigle; je tiendrais le pari, fit-il, mes
sieurs, si je n'avais vu la jeune comtesse c'est une enfant de 17 ans^
rose, blanche, fraîche, un vrai bouton de rose. Alors les convives
dont l'imagination se ressentait un peu d'un commencement d'ivres
se, entonnèrent ce refrain.
A vieux mari, Jeune J'emme
Frédéric de Terragone n'était certes pas vieux d'années; mais sa
vie aventureuse avait sillonnée son front de rides précoces. A tout
prendre c'était plutôt un homme laid que beau; mais il était si
souverainement séduisant que dans sa carrière amoureuse il subit
peu d'échecs. Il est vrai qu'il avait beaucoup d'argent, beaucoup