JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 105.
DIMANCHE, 1er MAI 1842.
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YPRES, le 30 Avril.
Les projets modificalifs de la loi communale
sont l'ordre du jour de la chambre des repré
sentants pour mardi prochain.
Les débatsqui doivent porter sur des ques
tions de la plus haute importance, promettent
d'être fort animés; et l'on sait que dans de telles
occasions le parti libéral-conservateur, s'il
succombe souvent dans la lutte des votes, l'em
porte de haute main dans la discussion.
La cause que ses orateurs auront soutenir
cette fois, est la plus belle qui puisse se pré
senter aux défenseurs des intérêts et des droits
de la Belgique; nous ne doutons pas qu'elle ne
soit défendue d.'une manière brillante, et, ce
pendant, nous nesommes pas sans craindre que
les projets destructifs des antiques franchises
de nos communes ne soient accueillis par la
majorité de la chambre.
Une chose néanmoins nous fait espérer un
résultat moins défavorable; beaucoup de repré
sentants. tout inféodés qu'ils soient au parti qui
soutient le ministère, reculeront, nous semble-
t-il, devant l'idée d'attacher leur nom une loi
qui ne serait pas moins odieuse la Belgique
que ne l'était la loi de mouture aux provinces
méridionales du royaume des Pays-Bas.
Il reculeront s'ils se souviennent!
Le Nouvelliste des Flandres du 27 avril, con
sacre un article d'une colonne et demie
l'examen d'un articulel de quelques lignes sur
l'union libérale publié dans notre n° du 24.
Nous en prenons note comme d'un fait qui
constate l imporlance que le parti théocratique
attache la récente organisation des libéraux-
conservateurs. Cette organisation est tardive
peut-être, mais elle n'en est pas moins féconde
pour l'avenir en heureux résultats c'est ce
que prouve bien l'acharnement avec lequel les
adversaires de l'union impuissants y porter
obstacle, cherchent en dénaturer les principes
et le but.
Il faut que cette innovation leur paraisse
grave et menaçante en efFetpuisque l'un des
gros bonnets de la presse monaco-cléricale, fait
de tels frais d'argumentation pour démolir un
articulet ad remfort insignifiant d'ailleurs, pu
blié par un petit journal qui végète quelque
part dans une petite ville de provincecomme
dit le Nouvelliste avec sa courtoisie ordinaire.
Nous saisissons celte occasion d'assurer la
feuille de Bruges et ses commettantsque si
le parti libéral et le journal qui en est l'organe
végètent Ypres ils auront lieu de reconnaître
qu'il s'agit dans l'espèce d'une végétation puis
sante et vivace que les carreaux de leur élo
quence, tout lourds qu'ils soient, ne réussiront
pas étouffer.
M. Pierre Beke, commis-greffier près le tri
bunal de lr" instance d'Ypres, vient de donner
sa' démission.
Les gens du parti charitable s'en vont par
la ville colportant des conjectures de tout
genre, peu favorables, on peut le croire, nos
magistrats municipaux sur la cause du retard
que souffre l'appropriation de l'ancien évêché
l'usage de nos tribunaux.
Pour fixer les idées cet égard, nous dirons
en peu de mots où en est l'affaire Les plans
du local tel qu'il est ont été soumis aux mem-
bresdu tribunalde lreinstance, qui, en général,
ont trouvé la distribution actuelle peu conve
nable. Des changements devront donc être
effectués.
Un membre de la commission royale des
beaux-arts et monuments, qui s'est trouvé dans
le cas de faire exécuter plusieurs bâtiments
l'usage de tribunaux de lre instance, s'était
rendu Ypres il y a quelques jours. La régence
lui a remis les plans de l'évêché avec prière d'y
faire les modifications nécessaires. On attend la
fin de son travail pour se mettre l'œuvre.
Tons les journaux monaco-cléricanx repro
duisent l'articulet suivant, dans le but; sans
doute, de proposer la mesure dont il y est
parlécomme un exemple suivre
Il existe dans.quèlqiies parties de l'Allemagne
une loi pour empêcher de boire empêcher de
boire est délicieux) pendant lè service divin.
Elle est ainsi conçue: Article unique. Toute
personne buvant dans un cabaret pendant le
service divinle dimanche ou autre jour de
fêleest autorisée sortir sans payer.
Il est clair que cette loi doit être efficace,
et qu'elle force les cabareliers exiger que le
dimanche et les jours de fête... on paie d'avance.
Le Nouvelliste des Flandres, dans son n° du
28 avril, semble avancer que le Progrès d'Ypres
a provoqué I'union libérale Courlrai. Nous
apprendrons au Nouvelliste que cet honneur
ne nous revient pas. Les Petites affiches de
Courtrai avaient annoncé que les libéraux-
conservateurs de Courlrai se ralliaient I'union,
bien avant que le Progrès d'Ypres eut parlé de
l'association nouvelle.
Cet article du Nouvelliste intitulé le libé
ralisme sucré, est tres-drôle il s'attaque un
journal de Courtrai, la Chronique, sans doute.
Il paraît que ce jeune renard du libéralisme
sucréavait dit d'abord qu'il tiendrait avec les
prêtres pareeque cela durerait plus longtemps
mais, 6 cupiditémère de l'hypocrisie le jeune
renard est allé frapper la porte d'un palais
quon nomme dans le monde laisance ou la
fortune. Le Nouvelliste soulevant un coin du
voile et mettant découvert la queue du jeune
renard nous apprend que le petit monstre a
UN MARI ADROIT. Suileetfin
L'hiver touchait sa fin, restait encore le carnaval; pour mieux le
fuir, Frédéric avait choisi tout exprès celte époque pour sou voyage.
Avec quel regret il quitta sa jeuue femme, qui n'avait pour lui
qu'une affection basée sur l'estime, et dont il voulait être mieux
aimé! Éveliue alla au devant de ses désirs en lui assuraut qu'elle
ne recevrait personne pendant toute la durée de son absence;
elle semblait même triste, soucieuse de le voir partir; cétait sa
première absence mais hélas! l'absence ne laisse rien en place, elle
augmente ou dissipe les regrets
Le comte était parti depuis dix jours et Éveline, fidèle sa pro
messe, n'avait reçu persoûne; de L'Aigle et d'autres a cuis s'étaient
.présentés bien des fois; mais la consigne était sévère, auoun des
domestiques n'aurait voulu manquer aux ordres de sa jeune maî
tresse. A la fin, n'y tenant plus, périssant d'ennui, elle accepta
l iuvitation d'une soirée chez madame de Cardon, et après avoir fait
une toilette, une exquise toilette, elle se posa naïvement devant sa
psyché et tiouva qu'elle u avait jamais été plus jolie, plus fraîche
son mari avait donc le plus grand tort de croire que les veilles la
fatiguaient.
Elle ne fut point la première arriver chez son antie, le chevalier
de L'Aigle y était déjà, car il avait choisi M-® de Cardon pour sa
confidente; il en voulait beaucoup Éveliue, de ne point 1 avoir
reçu, parce que son mari était absent. Je l'aime, elle ne peut en
douter, et j'ai tout lieu de croire qu'elle répond mes sentiments,
disait-il, comme M,npde Terragone entrait....
Après qu'elle eut satisfait aux demandes empressées de toutes
ses amies, de L'Aigle s'inclina froidement devant elle, et lui de
manda avec encore plus d'étiquette, des nouvelles de sa santé; ce
ton froid et froidement incisif, attristait la pauvre jeune femme qui
ne savait qu'imaginer par complaisance, elle se laissa conduire au
piano, mais elle était si émue qu'elle chanta mal de L'Aigle la
regardait toujours mais il n'avait plus pour elle un de ces regards
qui, un doute cruel, font succéder la délicieuse certitude dèlre
aimée.... Éveliue était près de se trahir, lorsqu'Arnold chercha
captiver son attention, mais elle lui répondit avec tant de distrac
tion qu'il en fut presque colère, et elle ne revint elle qu'eu
entendant la voix de Mrat de Cardon qui l'appelait.
Madame de Terragoue, ma bonne amie, viens, viens, nous
avons un projet délicieux, auquel tu ne peux manquer de t'associer.
N'est-ce pas que tu as dit l'autre jour, que tu ne désirais rien tant
que de voir un bal masqué; eh bien, dans huit jours, nous avons
celui de l'Opéra allons y ensemble, tard, mais très-lard, et nous n'y
resterons qu'une heure le veux-tu
Oui, oui; et les voilà discutant, arrangeant leurs costumes la.fin
elles se décidèrent pour deux dominos de satin noir et des masques de
velours; mais tout n'était pas dit, ces messieurs voulaient être, de
gré ou de force, les chevaliers de ces dames.
Le choix étant trop difficile et surtout trop embarrassant, ces deux
jeuues et légères femmes, afin de tout accorder, demandèrent pour
seul cavalier, Mr Amédée S...., neveu de la marquise de P...., petit
jeune homme très-insigujfiant et qui, en obtenant cette préférence,
se sentit grandir d'une coudée. Mais soit caprice, soit entêtement,
Éveline ne voulait consentir aller au bal qu'en se servant de
son équipage, et, malgré tout, elle préféra voir manquer la partie
que d'y aller en fiacre-, ou céda cette volonté si ferme mais
si ridicule, et il fut convenu que les deux voitures de ces daines se
suivraient. Ces projets avaient égayé tout le monde, Éveline même