11 est de l'essente des étals constitutionnels de respecter les majorités; car c'est elles que. re monte leur origine. L'enquête de la commission linière, les nom breuses pétitions qui vous sçnt parvenues, les mémoires pleins d'iulérêt èt de sens, publiés sur la matière, le rapport de la commission d'enquête commerciale, la récente institution d'un comité industriel Bruxelles, tout indique qu'il existe dans le pays un mal réel, un mal immense, auquel il est urgent d'apporter remède. Chaque jour des plaintes amères partent du sein de cette classe intéressante et nombreuse qui doit vivre de la mise en oçuvre du lin, et qui a déjà enduré tant de souffrances, vécu de tant de misères, défaut des mesures de douanes qu'elle réclame, juste titre, eu laveur de son industrie. Le Gouvernement, par l'organe d'un de ses minis tres, a fait la promesse formelle de présënter, pendant la session actuelle un projet de loi dans ce sens. La loyauté lui fait un devoir -d'exécuter cette promesse. 4 .*■- Les soussignés, eux aussi, viennenF-aÔcotnplir la leur, en vous soumettant les nombreuses adhésions qui leur sont parvenues, renfermant1, la solution affirmative dé la question posée en ces. ternies,'; Faut-il des'droit* la sortie des lins Qu'il soit permis aux suppliants, avant dé ter miner, d'insister sur une seule ciycônstanee1:' C'est que la cherté exçessive des lins, loin d'aVoir été une source de bien-être pour le pays, 'été Une véritable calamité. Voyez les Flandres, celte contrée jadis si, florissante. Entrez sous l'humble toit du.tisserand. Quel aspect dé misère et de désolatiort où Sont les avantages qui équivalent la cherte du lins? Des avantages? Oui, en faveur de quelques uns, aux dépens d'une multitude affamée. Il faut connaître la vie sobre èt laborieuse de nos tisserands, pour savoir comhien sont restreints les bénéfices dont ils font dépendre leur existence. Le croira-t-on? et pourtant "c'est la vérité. Souvent il peut tenir 40 ou J>o francs en plus ou en moins par an, que ces braves gens sont ou ne sont pas une charge des.bureaux de bienfaisance. Que les bénéfices auxquels se bornent leurs modestes besoins, re viennent, et aussitôt ils se relèvent de leur abatte ment; une vie active et animée, la joieet le bonheur succèdent une triste et misérable existence. Entendez les manufacturiers de nos grandes villes, et ils vous diront que jamais les affaires n'ont été dans un état aussi déplorable, et les protêts et les retours des effets de commerce aussi nombreuxdaris les Flandres. En vain objectera-t-on que la baisse actuelle du prix des lins rend inutile l'adoption de la loi de douane sollicitée en faveur de l'industrie linière. Pour peu qu'on y réfléchisse, on s'apperçoit que celte baisse est tout simplement le résultat des spéculations de l'étranger. Qu'importe notre industrie linière, terrassée, que.les lins baissent de prix, lorsqu'au moindre mouvementpour se relever, nos dangereux rivaux peuvent produire une nou velle hausse? L'agriculture, aura-t-elle s'en louer quand l'étranger aura ainsi anéanti notre industrie linière, quand seul il pourra donner la loi, quand seul l'agriculture sera chargée du lourd fardeau de l'entretien des indigents? Messieurs, le système actuel tend consommer la ruine de la plus importante industrie du pays, sans produire en compensation, aucun bien réel,' si ce n'est pour l'étranger qui en retirera tous les fruits notre honte et nos dépensi Ce n'est pas tout. Depuis quelque temps de nou veaux faits ont parlé. La France, eu repoussant les toiles anglaises, a atteint en même temps les établis sements Belges qui avaient entrepris le tissage du fil mécanique. C'est peine que ceux-ci parviennent placer quelques-uns de leurs tissus, même en se soumettant des sacrifices sur le pi'ix-dé. revient. Déjà ils donnent Jyuslës sigqes d'une décadencé réelle. Ici, cessation Complète; là,, dissolution des sociétés; ailleurs, renvoi d'une grande partie des" ouvriers. Tous ceux qui voient les faits dans leur réalité, l'ont dit et sont fondés le répéter: «S'il doit rester de l'industrie linière en Belgique, un seul 1débris, ce débris appartiendra l'ancienne indus- trie; la nouvelle sera absorbée par la France. Des faits imposants viennent l'appui de cette assertion. Mais ce débris même, nous n'avons l'espoir de le conserver au pays,qu'à la condition d'apporter des changements immédiats notre système doua nier. L'on sait qu'en France 011 redouble d'efforts pour y introduire la fabrication de bonnes toiles de fil la main, telle que de tout temps elle a existé eu Flandres; et, taudis que,l'industrie française, qui grandit chaque jour, l'abri delà protection dout elle jouit, réclame de nouveaux droits l'importation de nos produits liuiers, la nôtre, depuis n ans, dépérit défaut d'une protection elfiôace, de la part de la législature. v - O11 se sent, Messieurs, vivement peiné l'idée du triste parallèle que voici -Les industries li.nières française et belge se disputent la possession du marché français. Or, l'industrie française îpii a^ besoin de notre bonne matière première, peut sfe 1?? procurer aux mêmes conditions avantageuses que la nôtre. Elle est protégée par des droits d'entrée de 18 15 p. "/a sur l'entrée de nos toiles la nôtre ne l'est pas par des droits équivalents la sortie de nos lins. L'industrie française a réclamé des droits pro tecteurs; elle les a obtenus. La nôtre les réclame depuis 12 ans, elle ne les obtient pas. Qu'on nomme la protection demandée, primes de sortie,, primes d'encouragement, droits de repré sailles, peu importe; l'exemple de nos voisins est là; suivons le; mais 11e suivons pas leurs perfides conseils. Les soussignés ont l'honneur d'appeler votre attention particulière sur les adhésions mentionnées plus haut. Puissent-elles hâter, dans votre sein, le momeut des discussions de la loi promise, si im patiemment attendue dans le pays! Thielt[FI. Occ."le 28 avril 1842. VANDEKERKHOVE DIERCKEJVS, Négociant et membre du Conseil communal Thielt VANDEN bERGHE, Secrétaire de la ville de Thielt et du Comité cantonal pour la progrès de l'ancienne industrie linière. On lit dans la correspondance de Bruxelles du Précurseur Le prince de Chimayqui sur sa demande avait été rappelé de La Haye, et installé dans le gouvernement du Luxembourg, paraît ne point être d'accord avec le gouvernement. Quoi qu'il ait fait préparer et meubler de magnifiques ap partements Arlonil semble certain qu il ne retournera plus dans son gouvernement. Le 29 avril dernier, au matin, une émeute tnilitaire semblable celle qui a eu lieu der nièrement dans les prisons d'Alosts'est mani- sfestée Dinant. Les soldats de la compagnie de discipline casernes la citadelle de cette ville ont refusé de faire le service extraordinaire qui leur est imposé pendant le temps qu'ils passent cette compagnie. Vers huitffieures du matin, au moment de l'exercice, quelques-uns d'entre eux jetèrent leur fusil et leur sac, et ne voulurent plus con tinuer cette heure d exercice. Un des plus mu tins fut alors empoigné et mis au cachot mais aussitôt ses camarades vinrent pour l'en retirer, .malgré la garde qui en défendait l'entrée. L'of ficier de service, assisté du cadre de sa compa gnie voulutmais en vain rétablir l'ordre. 11 ne parvint qu'avec peine maintenir l'ordre. Alors il envoya de suite avertir le commandant de la compagnie M. Vanderkelenqui moula immédiatement la citadelle. Le commandant d armes avait aussi été prévenu et la garnison fijt de suite mise sur pied et se rendit au châ teau. Mais la présence de M. Vanderkelen seule avait suffi pour étouffer l'insurrection. Les au teurs de l'émeute, au nombre de trois, furent arrêtés et mis aux fers, et quelques autres plus ou moins complices furent aussi incarcérés. On écrit de Bruxelles: Un fonctionnaire du bureau des postes an glaises, d'un grade correspondant celui de nos inspecteurs, séjourne depuis quelque temps dans notre ville l'effet de s'entendre avec le gouvernement belge sur la conclusion d'une convention postale. Les inspecteurs provinciaux des postes ou leurs délégués sont réunis Brux elles et une commission a été formée au ministère des travaux publics chargée de traiter avec le commissaire anglais. Dans la nuit du 28 au 29 avril 4 hommes et un caporal de garde la poste d Ostende Nieuport, ont déserté leur poste et se sont réfugiés en France. Bruxelles 2 mai. Le roi et la reine partiront de Paris aujourd'hui pour être demain Bruxelles. Des allumettes phosphoriques viennent d'être trouvées de nouveau cachées dans le magasin de paille et de fourrages la caserne des Guides. M. le procureur du roi, accompagné de la gendarmerie, s'est transporté sur les lieux et procédé l'interrogatoire des individus Le général Gourgaud avait été envoyé de Fontainebleau Es sonne. Il y arrive; il apprend le départ du duc de Raguse laisse éclater sa douleur en termes violents, et retourne Fontainebleau. Alors les généraux se rassemblent. Faut-il ordonner un mouvement sur Versailles? Napoléon est-il homme pardonner ses généraux d'avoir manqué de foi en son destin? Le général Souham se prononça pour la défection d'une manière formelle. Déjà compromis dans une conspiration que Najpoléon avait découverte, il avait un motif parti culier de redouter sa colère. Le général Gompans demandait qu'on ne précipitât rien, et qu'on attendît au moins le retour de Marmont. Prenez garde, s'écria le général Bordesoule, en parlaul de l'em pereur tous ne connaissez pas le tigre il aime le sang il vous fera fusiller. L'ordre de la marche fut donué aux troupes. Le colonel Fabvier avait reçu du duc de Raguse le commandement des avaut-postes placés sur les hauteurs du côté de Paris. Ne com- prenaut rien au mouvement qui se faisait autour de luiil traversa le pont d'Essonne au milieu des troupes d'infanterie qui roulaient eu désordre. Autour d'un feu allumé près d'un cabaretla gauche du pout, il aperçoit les généraux Souham et Bordesoule (1). 11 s'avance vers eux et demande au premier, d'un ton respectueux, ce que signiGc le mouvement imprimé aux troupes^ (1) 11 existe une lettre du général Bordesoule, dans laquelle il déclare que de coucert avec tous les généraux présents Essonne un seul excepté, le général Lucoite, il faut exécuter le mouvement sur Versailles contraire meut aux ordres du duc de Raguse. Je n'ai pas l'habitude répondit le général Souham de rendre compte de mes actes mes inférieurs. Et comme le colonel insis tait il ajouta ces mots caractérisques Marmont s'est mis en sûreté. Je suis de haute taille, moi, je n'ai pas envie de me faire raccourcir par la tête. Le colonel Fabvier se contint, il désirait qu'on lui permit de se rendre auprès du gouvernement provisoire, et qu'avaut sou retour on ne décidât rien. Ou n'eût pas de peine y consentir et il partit rapidement pour Paris. Les trois négociateurs étaienfehez M. de Talleyrand, le duo de Raguse chez le maréchal Ney. Eu voyant entrer le colonel Fabvier, Marmont devint très-pâle, et, sans attendre que le colouel ouvrit la bouche, il s'écria «Je suis perdu! Oui, vous êtes perdu,» répondit le colonel Fabvier; vos troupes passent l'ennemi. Le duc de Raguse s'appuya contre la cheuiiuée en chancelant, et murmura d'un air sombre qu'il ne lui restait d'autre parti prendre que de se brûler la cervelle. 11 y eu£ uu autre, lui dit le colonel Fabvier, c'est de partir et d'arrêter le mouvement. Le duc de Raguse s'empara de cette proposition avec vivacité, mais aussitôt après il déclara qu'il devait ses collègues d'en conférer avec eux, il courut, accompagné du colonel, chez le prince de Talley rand, où il entra seul. Quelques miuutes s'étaient écoulées, que le colonel Fabvier qui attendait &Urmont le vit reparaître le visage altéré, mais s'étudiaut maîtriser son trouble. Il ne voulait plus partir il acceptait la responsabilité d'une défection qui n'était pas son œuvre! Depuis, cette responsabilité terrible n'a cessé de peser sur lui; que n'a-t-il eu le courage d'en rejeter le fardeau Laisser croire qu'on est coupable lorsqu'on tire profit de la publique erreur, c'est l'être doublement. Il résulte de ce récit que ce n'est poiut par quelques faits acciden tels mais par un ensemble de causes irrésistibles que s'explique la catastrophe qui atteiguit le roi de Rome au sein même des débris de la fortuue paternelle. Au nombre de ces causes, vient se placer la lassitude des généraux qui n'avaient plus de hautes espérauces concevoir. Napoléon avait commis une faute irréparable en accordant ses grands officiers des faveurs telles qu'il ne leur restât plus rien désirer. Lorsqu'ils furent comblés d'honneurs, gorgés de richesses, la fatigue les prit. Et certes Napoléon ne les avait pas ménagés. Ses victoires étaient des relais; ses arméesdes chevaux de réchange qui tombaient sous lui d'épui sement. Combien d'âmes eussent été capables de suffire, comme la sienne, cette course haletante vers l'inconnu Ceux d'entre ses généraux devant qui l'horisou des désirs ne pouvait guère plus reculer, avaient donc Gui par se décourager; l'amour du repos les avait gagnés. Maisons de campagneshôtels somptueux brillants équipages faciles honneurs de la paix voilà ce qui venait leur ravir chaque nouveau dessein de l'infatigable guerrier; et ils ne le suivaient plus qu'en murmurant travers cette Europe que sa pensée agitait.

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 2