S> moraux et matériels de la Belgique seraient sans cesse sacrifiés uue caste ambitieuse et avide, Déjà l'intervention de Rome a été demandée. Il s'agissait de forcer les évéques l'abandon de la main-morte, laquelle ils tenaient beaucoup. Aussi le Vatican n'oubliera-t-il jamais le rôle qu'il a joué sur la demande d un minis tère faible et incapable, dans les affaires inté rieures de la Belgique. Ce sera un antécédenJt qu'il invoquerasi jamais il sent le besoin d'intervenir pour son propre compte. Celte réaction qui s'est développée si subite ment n'est encore qu'à son début. Si on la réprime avec vigueur, de longtemps des tenta tives aussi insensées ne viendront alarmer la nation. De l'issue de cette lutte dépendra le bonheur ou la ruine de notre patrie. Si nos institutions restent intactes, le développement moral et matériel de la Belgique est assuré. Si elles succombent la faction cléricale parviendra réaliser ses plans ambitieux. Les libertés publiques seront anéanties et avec elles l'indépendance les richesses et l'esprit de na tionalité du peuple belge. Le 23 de ce mois auront lieu les élections provinciales. Quatre cantons de l'arrondissement administratif d'Ypres sont appelés cette année conférer un nouveau mandat aux conseillers provinciauxdont les pouvoirs sont expirés. Voici la liste des cantons et le nom des conseil lers sortants Eevbrdinghb.— Charles Vanderjhote. IIaringhe. Jules De DJazernanFerdinand Rodenbach, (décédé.) Messines. Joseph DeneckereDonatien Bie- buyck. I'assciiendaele. Charles Vandamme, Louis Deneckere. Parmi les membres de la section centrale qui ont adopté avec une si coupable légèreté les projets anéantissant nos franchises communales, se trouve l'honorable M. De Florisonerepré sentant de l'arrondissement d'Ypres. Nous n'avons pas l'habitude de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas, et nous croyons agir sagement. C'est pour ce motif que nous nous sommes abstenus de faire mention de la défense faite aux officiers de notre garnison de porter désormais des habits bourgeois d'ailleurs pareille défense était renouvelée chaque année dans toutes les villes de garnison. Mais on nous assure que cette année la garnison de notre ville est spécialement désignée comme trans gressant cette défense. Nous croyons devoir protester hautement contre cette assertion. Nous avons eu l'occasion de visiter presque toutes les villes de garnison du pays et nous avons pu nous convaincre que les lois et règlements militaires sont tout aussi bien observés ici qu'ailleurs. On nous assure encore qu'un système d'es pionnage et de dénonciation est organisé sur une vaste échelle. Tout bon citoyen doit sans nul doute dénoncer l'autorité le traître qui veut bouleverser le pays; mais dénoncer sans but comme sans motif, et susciter, en sê cachant sous le voile de l'anonyme, mille tracasseries et mille déboires nuire ses concitoyens pour le seul plaisir de faire du mal, c'est là une lâcheté dont des gens perdus de nom et de réputation et marqués d'un cachet tout particulier peu vent seuls songer se noircir. Du reste le but de ces manœuvres est facile découvrir. De tôut temps les bourgeois et Jes militaires ont franchement sympathisé on veut rompre cette sympathie, en jetant entre ces classes de concitoyens, d'amis, la défiance et la discorde. Il est des êtres, qui, mis au ban de la société, ne peuvent souffrir qu'il y ait dans ce qionde ordre et concorde. Heureusement la mèche est éventée et la généralité n'est respon sable en rien de la conduite d'un certain nombre de méchants. Nous n'avons pas du reste nous occuper spécialement de l'ordre donné la garnison d'Ypres, mais nous sommes intimement con vaincus qu'au jour du danger qos officiers au raient le droit d'être fiers de.leurs uniformes et de leurs épaulettes. La distribution des prix aux élèves de l'aca démie des beaux-arts de Bruxelles, a eu lieu il y a peu de jours. M. Léonard Barbier, d'Ypres, architecte, a obtenu le 1er accessit dans la classe de perspec tive et le 2me accessit dans celle de composition. Notre jeune compatriote M. Edouard Fiers, élève de M. Geefs, a obtenu le 1er prix de com position historique. Nous applaudissons aux succès de nos artistes. Nos magistrats et les personnes éclairées qui ont guidé leurs premiers pas dans la carrière des artsdoivent être heureux de voir leurs efforts si bien récompensés. LA RÉACTION DEVIENT IMMINENTE. Il y a déjà quelque temps que l'envie de détruire notre organisation communale agitait le parti clérical. Nous nous attendions voir élargir la brèche qu'on voulait y pratiquer. Cependant nous n'avons pu nous imaginer que la réaction eutétéaiussi audacieuse. Toute la loi communale est remise en question. Ce ne sont plus des modifications qu'on prétend y intro duire, c'est une loi nouvelle consacrant l'anéan tissement complet des communes. La section centrale vient de présenter son rapport la Chambre. Les amendements pré sentés par plusieurs représentants sont adoptés par 'elle. Voici l'analyse des trois nouveaux projets de loi Le bourgmestre est nommé par le roi pour un terme indéfinidans le sein du conseilou parmi les électeurs de la commune, âgés de vingt cinq ans. Il ne peut être membre du conseil commu nal. Il en est de droit le président avec voix consultative. 11 a voix délibéralive dans le col lège échevinal et le préside. Le roi a le droit de le suspendre et de le révoquer. Il est seul chargé de l'exécution des lois et règlements de police. Les échevins et conseillers communaux sont élus pour un terme de 8 ans. L'amendement de M. de Brouckere relatif aux secrétaires communaux est adopté. Ainsi donc ce ne sera plus un bourgmestre choisi par ses concitoyens et possédant leur confiancemais un commissaire du gouverne ment investi d'amples pouvoirs, qui sera im posé pour chef aux communes. Créature du ministèreil aura pour mission d étouffer cet ésprit de liberté qui agite encore nos antiques cités. Les conseils communaux ne posséderont plus aucun pouvoir et seront réduits l'im puissance. Sous le roi Guillaume le bourgmestre n'était nommé que pour six ans et n'avait point des attributions aussi étendues. Cependant cette disposition du règlement de 182i a excité des plaintes unanimes. Maintenant on la trouve trop libérale pour la Belgique, qui s'est soulevée en 1830 pour reconquérir ses antiques franchises. Ou rétro grade jusqu'au temps de l'empire et l'organisa tion communale de cette époque, qui a eu des suites si déplorables est celle qu'on veut imposer aux communes belges. Et ce n'est là encore que le début de la réaction que nous réserve donc l'avenir Nous ne saurions exprimer la douloureuse surprise qu'a excitée Liège la nouvelle donnée par l'Observateur. La sensation qu'elle a pro duite ne saurait être comparée qu'à l'impression profonde que fit sur la population liégeoise, il y a 15 ans, la publication du message du 11 décembre. {Tribune.) se chargeait du poids et de la responsabilité d'une foule de lois et de mesures qu'il n'approuvait pas, il subissait de secoude main l'in fluence de M. Bartbe, de M. Sébastiani, de M. Soult, qui avaient l'oreille du prince ou de son fils il recevait ses négociations diplo matiques toutes faites, que M. Sébastiani lui rapportait de Neuilly; en un mot, l'amour du pouvoir, dont il ne pouvait plus se dessaisir, l'avait fait consentir n'en garder que l'apparence. Sur un seul point} Périer ne céda pas. 11 jura qu'il mourrait plutôt que de demander aux Chambres des lois d'exception et le droit d'arbitraire, et il disait, en souriant, ceux qu'il combattait sur ce point, qu'il fallait être bien maladroit pour ne pas trouver l'arbitraire dans les lois existantes et le chercher autre part.» Sa morale d'homme d'état se resseutait un peu de ses habitudes de banque. 11 faut avoir vu de près Casimir Périer, avoir vu la joie impétu euse des premiers jours de son ministère, lorsqu'il avait reçu une bonne nouvelle, quand par une réponse ferme, il avait intimidé un ambassadeur, et fait chauger en proposition accommodante une injonction de la sainte-alliance, pour se faire une idée du désespoir sombre et profond qui le saisit en voyant s'échapper une une ses idées favorites. Rien ne pouvait plus relever cette âme abattue, pas même l'irritation que lui causaient ses adversaires, et qui lui avait donné tant de force, car c'était surtout dans la résistance qu'éclatait la vigueur du caractère de Casimir Périer. Il est impos sible d'oublier le spectacle de ce genre qu'il offrit dans les troubles du mois de septembre, l'occasion de la prise de Varsovie. Il arriva dans la Chambre, où sa présence produisait toujours un certain effet, couvert d'une longue redingote grisâtre, semblable au vêtement historique de Napoléon, jeta d'un geste menaçant son portefeuille sur son pupitre, et se croisa les bras d'un air de rési gnation, comme pour défier ses ennemis de venir jusqu'à lui. Son air était si imposant, que sa petite cour, qui venait d'ordinaire lui faire cortège son entrée, resta immobile sur ses places, et que M. Tbiers lui-même, qu'on voyait voltiger sans cesse autour du banc des ministres, s'arrêta moitié delà route. Au silence que garda l'opposition, je me souviens du mot d'un des ennemis les plus intimes de Périer, qui le visitait alors chaque jour, et disait ceux qu'il voyait rire du premier ministre «Croyez-moi, cet homme n'est pas moquable. En effet, on n'était pas plus digne, même dans les plus grands excès de la colère. Cette fois surtout il se montra plein de noblesse. Plusieurs fois, il quitta son banc et soitit pour aller donner des ordres car l'émeute grondait au dehors et chaque moment des officiers d ordonnance apportaient des nouvelles inquiétantes. Je sortis aussi pour le voir. Il était nuit déjà, et je le trouvai dans l'enceinte extérieure pressant la main de plusieurs officiers de la garde municipale et de grosse cavalerie qui l'entouraient, eu leur disant d'une voix forte A la vie et la mort, messieurs! c'est notre affaire tous. On ne nous épargnerait pas plus les uns que les autres Vous jugez de la réponse. Ce fut un bruit de sabres et d'éperons, un cliquetis d'armes et de juremens, qui ne présageaient ni de la clémence ni de la modération. Mais la violence du premier ministre était si communicative, qu'elle avait passé dans ses orateurs, dans les journalistes, jusque dans ses commis, et du 13 mars, jour de sou avènement, datent cette polémique brutale, ces façons hargneuses et méprisantes du pouvoir, qui ont certainement amené les événemens du 7 juin dernier et conduit; par une pente bien naturelle, aux tribunaux militaires, aux pros criptions et l'état de siège. Tant la machine est encore ébranlée des coups de pied que lui donnait Périer dans sa colère Après avoir encouragé ses soldats de la rue, le miuistre revint ranimer l'ardeur de ses troupes de la Chambre, qui paraissaient passablement consternées. Il fallut qu'il montât lui-même la brèche p>ur lui donner l'exemple mais l'indignation l'avait saisi si fortement, qu'il eut peine parler d'abord, et qu'il resta quelques instaus la tribune, l'œil étincelant, les narines ouvertes, et soufflant comme un lion qui se piépare combattre. 11 faut savoir que M. Mauguin avait accusé la police d'avoir excité et nourri celte émeute. Casimir Périer n'hésita pas rejeter l'émeute sur M. Mauguin lui-même. «Nousaurions désiré,dit-il, que M. Mauguin, quand il est monté celte tribune pour demander des expli. cations, eût bien voulu s'expliquer sur-le-cbnmp lui-même; peut-être l'agitation qui règne en ce moment dans la capitale n'aurait pas eu lieu 1 Le murmure qui s'éleva ces mots sur les bancs de l'opposition^ lui rendit sa présence d'esprit et un peu de calme, en lui prouvant que ses ennemis se sentaient blessés des coups qu il leur portait. Se tournant alors vers ses amis, vers le ceutrc qui trépignait d'admiration On a parlé de danger pour vos délibérations, dit-il; n'y croyez pas, messieurs! nous sommes chargés de vous défendre. Vous êtes sous la protection de l'armée, de la garde nationale, qui, en criant vive la Pologne, criaitnussi vive le Roi! A ces mots, il se mit crier de toutes ses forces Vive le roi! vive la France! Les centres crièrent tue-tête Vive le roivive la France! et le ministre, content de sou discours, des cendit de la tribune. [La suite au prochain n°.)

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 2