JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 116.
JEUDI, 9 JUIN 1842.
INTERIEUR.
FEUILLETON.
On s'abonne Ypres, rue du
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cepteurs des postes du royaume.
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V-
YPRES, le 8 Juin.
Une première atteinte est portée par le parti
clérical nos lois organiques son succès ce
pendant n'a point été complet. La Chambre n'a
pas voulu la destruction entière de l'œuvre de
1836. L'amendement de M. Malou a été rejeté
par partage de voix.
Aussi cet amendement n'était-il point une mo
dification, mais bien un bouleversement radical,
non-seulement des bases de l'organisation com
munale mais de celles de tout notre système
politique. Il s'agissait d'imposer la commune
une espèce de proconsul, exclusivement dévoué
au gouvernement. Ne tenant aucun pouvoir de
la confiance de ses concitoyensil eut sacrifié
leurs intérêts ceux du pouvoir central. Nom
mé en haine de IN commune et pour s'opposer
au vœu des électeurs, son administration hau
taine eut fait regretter vivement les magistrats
élus par les citoyens et nommés dans le sein
du conseil.
Nous ne savons trop comment M. Malou est
arrivé présenter ce projet. Nul plus que lui
n'a blâmé plus amèrement la légèreté du minis
tère. L'expérience de la loi de 1836 ne lui
paraissait pas dater d'assez loin; puis il dépose
un amendementqui détruit de fond en comble
l'économie de celle loi suivant lui si peu
dangereuseque la nécessité de la modifier ne
lui paraît pas urgente. M. Malou est-il d'avis
par hasardque la parole a été donnée l'homme
pour déguiser sa pensée
Tout en déplorant l'instabilité des institutions,
aucun n'a voulu y porter la hâche d'une ma
nière plus décidée que M. Malou. Malgré les
précautions oratoires dont il avait environné sa
proposition, la portée en a été appréciée par la
Chambre. Elle n'a point voulu placer la tête
des communes des fonctionnaires qui, par leur
nomination, deviendraient les ennemis de leurs
concitoyens et les agens serviles du pouvoir
central.
Quoique présentée d'une manière cauteleuse,
cette prétendue modification administrative que
le ministère n'a osé avouer qu'à la fin de la
discussiona effrayé quelques représentants.
Cette disposition leur a paru trop réactionnaire
et ils ont refusé de la sanctionner parleurs votes.
Qu'en est-il résulté pour le ministère de ces
discussions irritantes Après avoir indiqué
quelle loi organique il fallait battre en brèche,
il a été débordé par ses alliés. En définitive ce
n'est point le projet du gouvernement qui a été
adopté, mais celui de la section centrale, im
posé sans trop de façon au ministère, par ses
défiants amis.
Lieutenants Les sous-lieutenants François-
Paul LucJules-Auguste Ponchaux,
Sont nommés commandants d'artillerie en
résidence de lre classele major d'artillerie
Jean-Joseph Van.Rumbeke.
De 2e classe he capitaine de 2e classe Jean-
Paul Gelhausen.
M. Froidure-Saverysnégociant en fer
Ypres, est nommé membre de la chambre de
commerce d'Ypres,. en remplacement de M.
Donny-Vandaele appelé aux fonctions de se
crétaire de la dite chambre.
Les membres absents de la chambre au mo
ment du vote sur les projets de loi relatifs la
nomination des bourgmestres étaient MM. De
FoereDe BrouckèreDemonceau Deprey
Vilain XI1II.
Par arrêté royal du 3 juin est admis définiti
vement dans l'armée avec son grade actuel, le
capitaine Séverin Sobieski. 11 prendra rang
dater du 28 mai 1842.
Par arrêté royal du 3 juinsont nommés
dans l'arme de l'artillerie,
Capitaines de lre classe: Les capitaines de
2me classe Pierre-Mathieu Tummers Ferdinand-
Jacques-Julien Wellens.
Capitaines de 2me classe Les lieutenants
Henri-François-Victor BayetArnold-Joseph
Devillers, François-Adolphe GambresyAdol
phe-Louis-Joseph Delecœuillerie.
Monsieur Charlier, vicaire de l'église de
S'-Jacques en celte ville, a arrêté samedi dans
l'après-diner en flagrant délitun jeune garçon
de 13 ans, qui était occupé voler l'argent des
troncs qui se trouvent dans la dite église.
Dans la nuit du 5 au 6 courant, la veuve
Recker qui depuis longtemps, habitait une
maisonnette construite sur les remparts près la
porte de Bailleul, sur une partie des fortifica
tions non achevées que feu son mari avait
entreprisa été trouvée mortetout cou
verte de sang, la porte d'entrée de sa demeure.
La police qui a ordonné l'autopsie du cada
vre, a été pleinement convaincue sur le rapport
des médecins ce requisque cette femme est
morte par suite d'une mesnoplhysie foudroy
ante, occasionnée par la rupture d'un vaisseau
artériel.
La Tribune de Liège voit dans le sacrifice
de la commune la ruine de la nationalité
Tout ceci est profondément déplorable. Un
esprit de ruine et de dissolution souffle en ce
moment sur la Belgique. On interroge avec
anxiété l'avenir on jette avec tristesse un re
gard au-delà de nosfrontières, et on se demande
Est-ce donc pour retomber tôt ou tard sous le
joug de l'étranger que nous avons fait une ré
volution
Le Moniteur publie divers arrêtés royau*
qui réorganisent l'artillerie et l'arme du génie i
qui admettent définitivement les officiers polo
nais dans l'armée belgeet qui contiennent
M. ROYER-COI.I.ARD. - LETTRE A UN BERLINOIS. (Suite.)
Dans l'esprit de M. Royer-Collard, la royauté était la source de
toute souveraineté et de toute civilisation pour la France; la
légitimité primait tout. Celte vue, que notre histoire a démentie
depuis 1789, entraîna ce puhliciste d'étranges propositions ainsi,
en 1810, il nia que la Chambre des députés fut une représentation
nationale; elle n'était qu'un pouvoir auxiliaire de la royauté;
autrement si elle était une représentation, il faudrait doue la con
sidérer comme la seule image du pays. Et M. Royer-Collard poussait
la conséquence, car il disait: Le jour où le gouvernement n'exis-
i> tera que par la majorité de la Chambre, le jour où il sera établi
en fait que la Chambre peut repousser les ministres du roi, et lui
en imposer d'autres qui seront ses propres ministres, ce jour-là
c'en est faitnon pas seulement de la Chartemais de notre royauté
ii de cette royauté indépendante qui a protégé nos pèreset de
laquelle seul la France a reçu tout ce quelle a jamais eu de liberté
h et de bonheur ce jour-là nous sommes en république. «Quelques
jours après, M. Royer-Collard revint encore sur ce point, et dit
Vous allez tirer de la Charte une monarchie ou une république. Je
suis de sou avis, et les faits ont tiré de la Charte une république,
c'est-à-dire le priuoipede la souveraineté delà majorité de la nation.
Mais le célèbre puhliciste commentait mal la Charte, en voulant
nous ramener aux conditions de l'ancienne monarchie; ce n'était
pas moins que nier et méconnaître les conquêtes et les travaux de
notre révolution. Et voici quelle était la dernière conséquenoe de
cette erreur, La monarchie légitime et la liberté sont les conditions
absolues de notre gouvernement, parce que ce sont les besoins
ii absolus de la Franoe. Séparez la liberté de la légitimité, vous
allez la barbarie, séparez la légitimité de la liberté, vous
ramenez ces horribles combats où elles ont succombé l'une et
l'autre. Et c'est un penseur qui condamne une société la
barbarie, parce qu'une dynastie disparait et qui veut abîmer la
cause de la sociabilité dans un suffrage de rois Faut-il donc lui
démontrer que les usurpations sont des progrès pour une société,
paroe qu'elles témoignent l'énergie et la puissance de sa volonté qui
a sécoué la fatalité historique. Si les rois proscrits sont dignes de
respect et de pitiéc'est qu'ils sont marqués au front du sigue de la
destinée, elles sont sacrées les victimes expiatoires de l'éman
cipation des peuples.
Cependant, monsieur, les nobles iustincts de M. Royer-Collard
le ramenaient la défense des droits et des intérêts populaires,
quand il les voyait menacés par des entreprises insensées. Il a
même célébré, sous la restauration, les progrès de la démocratie
aveo des paroles plus profondes que n'en sut alors trouver aucun
puhliciste contemporain. Mais par une étrange inconséquence cette
démocratie, dont on avait préconisé le développement progressif,
devient suspecte et condamnable au moment même où elle se révèle
plus puissante que ne l'avaient imaginé quelques-uns de ses défen
seurs. Veuillez, monsieur, peser ces paroles de M. Royer-Collard
elle vous révéleront toute la faiblesse de sa philosophie politique.
Il y a des siècles que la démocratie marche chez nous du même
pasque la civilisation, et la révolution de juillet est venue auimer,
hâter son progrès. De la société cù elle règne sans adversaire,
déjà elle a fait irruption dans le gouvernement en élevant celte
Chambre une autorité qui ne connaît plus guère de bornes...
n Quand mon noble ami, M. de Serres, s'écriait, il y a dix ans, la
i> démocratie coule pleins bords, il ne s'agissait eucore que de la
société nous pouvions lui répondre, et nous lui répondions
Rendons grâce la providence de ce qu'elle appelle aux bienfaits
de la civilisation un plus grand nombre de ses créatures. Aujuur-
dhui c'e" du pouvernement qu'il s'agit. La démocratie doit-elle