JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 2e ANNÉE. N° 120. JEUDI, 23 JUIN 1842. INTERIEUR, Feuilleton «lu Progrès, On n'abonne y pues, rue du Temple, 6, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Tout ce qni concerne la ré daction doit être adressé, franco. S l'éditeur du journal, Ypres. - Le Progrès parait le Dimanohe et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. YPRES, le 22 Juin. COMMUTATION DE LA PEINE DE MORT EN CELLE DES TRAVAUX FORCÉS A PERPÉTUITÉ. Le ministère Nolhomb continue son système de conciliation. Avant l'adoption de la loi du fractionnement et pour faire diversion, croyons- nous la commutation de la peine de mort des quatre condamnés pour complot contre la sûreté de l'état a été officieusement annoncée. Mais quelle commutation Les travaux forcés perpétuité, et cela pour un crime politique C'est là, si nous ne nous trompons, une cruauté digne d'un tyran, qui ne voulant pas supplicier ses victimesdans l'intérêt de sa propre con servation, les tue moralement, en les notant d'infamie. Nous désirons nous tromper, mais telle a été, croyons-nous, l'intention de nos gouvernants. Dans le temps, que de plaintes n'a-t-on point proférées contre la Cour qui a condamné De- polter, Tielemanset autres, un bannissement temporaire. Cependant les preuves du complot étaient plus palpables. Ici un jurysur l'assurance du ministère public que le gouver nement ne cherche qu'à pardonner, déclare les accusés'coupableset on leur fait la grâce de les vouer l'infamie Est-ce là ce qui avait été promis Nous accordons que le gouvernement est dans son droit mais il y a des sentiments de délicatesse qu'un ministère ne peut blesser impunément. L'esprit militaire sera humilié de voir deux anciens généraux dans les rangs des forçais. La haute noblesse sentira vivement l'humiliation qu'elle subit, dans la personne d'un de ses membres. Le pays entier croira les condamnés victimes d'un machiavélisme gou vernemental car cette commutation qu'ils auraient le droit de refuser comme aggravant la peine, ressemble s'y méprendre non une grâce, mais un raffinement de vengeance. Le Moniteurdit-ondonne l'arrêté qui commue la peine des travaux forcés perpétuité,, en vingtannées de détention simple, pour MM. Vandermeere et Vandersmissen et en dix années de la même peine pour Vanlaethem et Yerpraet. Que n'a-t-on pris cette résolution de suite? Pourquoi cette grâce doit-elle avoir l'air d'être arrachée au ministère? Le pays n'aurait point éprouvé une sensation pénible. Involontairement se présente la réflexionqu'il y a douze ans, pareil sort aurait pu atteindre et avec plus de justice, ceux qui maintenant se trouvent la tête du gouvernement. La révolte heureuse doit être clémente l'égard de ses ennemis 5 car sans le succès et qui aurait pu en repondre, elle aussi aurait eu besoin de pitié. L'organe clérical d'Ypres s'occupe fréquem ment du Progrès. Nous en sommes bien aises, mais nous y faisons peu d'attention. Depuis longtemps nous savons que notre but est différent. II a pour mission de défendre les privilèges et le monopole, nous avons celle de les combattre. 11 est ennemi de l'influence légi time du principe bourgeois, pareequ'il le soup çonne d'être libéral; nous le voulons, pàrceque les éléments les plus éclairés delà nation doivent posséder de l'influence sur la marche du gou vernement. A son avis la minorité doit faire la loi la majorité. Nous croyons que le contraire est de l'essence de notre constitution. Quand il invoque les libertés publiques, c'est pour arri ver l'oppression du pays. Qu'y a-t-il donc de commun entre nous? Mais pour un journal qui paraît sous les aus pices de ceux qui se disent les gardiens vigilants de la moralité publique, son insigne et calom nieuse mauvaise foi a le droit de nous étonner. Si les arguments du Progrès sont de vaines allégations et faciles réfuter, pourquoi les dénature-t-il Pourquoi prêter au Progrès des opinions qu'il n'a jamais exprimées? Ce n'est point ainsi qu'on parvient éclairer ses lecteurs. Mais c'est là le moindre des soucis de l'organe clérical. Son but est de tromperses concitoyens sur les projets du parti qu'il a mission de pré coniser. Aussi approuve-t-il hautement les actes les plus insensés de la faction. Le dernier nuftiéro de l'organe clérical nous offre une preuve flagrante de la mauvaise foi de la presse catholique. Nous .mettons les extraits des deux journaiix en'cegard. L'ORGANECLÉRICAL. Cinquième argument. Si l'amendement est adop té, les conseils communaux devront avoir soin que la religion soit dorénavant la base de l'éducation, dans les établissements qu'ils dirigent. Orc'est là uneebose dont le Progrès ne veut aucun prix. Donc l'amendement ne vaut rien. LE PROGRÈS. Le comte de Mérode a été plus loin. Il s'est plaint de ce que la religion ne faisait point la base de l'édu cation dans les établissements communaux. Mais qui la faute?On ne demande pas mieux. Le clergé qui adresse ce reproche aux institutions communales, en est seul la cause. L'autorité religieuse, dans un but facile comprendre, refuse des ecclésiastiques pour y enseigner la religion. Peut-on pousser plus loin le mensonge et la perfidie? Eh mais un mensonge fait dans une bonne intention n'est-ce pas une œuvre méri toire suivant les casuistes? Et celui-ci sera d autant plus méritoire, qu'il calomnie ces libéraux dé testés, qui ne veulent point courber la tète sous le pouvoir usurpé de la faction cléricale. D'ail leurs la béate feuille ne sait-elle point que ses lecteurs ne lisent pas les journaux libéraux, et pour cause. Ainsi leurs yeux, il sera constant que le Progrès et les libéraux ne veulent point de la religion pour base de l'éducation. Rarement nous nous sommes occupés des diatribes de celte feuille d'annonces. Une polé mique déloyale et de mauvaise foi nous a toujours paru digne de mépris. Si nous devons UNE LUTTE AÉRIENNE. Un mouvement inaccoutumé régnait dans la ville de Nuremberg, d'ordinaire si tranquille. Une population immense se dirigeait vers la roule de Ralisbonne jeunes et vieux, riches et pauvres avaient quitté leurs demeures. La rueRoyale avait peine contenir les équi pages, les cavaliers, les piétons. Les ligures étaient joyeuses, et tout semblait indiquer que cette multitude empressée se préparait assister un spectacle extraordinaire. En peu de temps, la vaste plaine, appelée le Ludwigsfcld, située près de la grande route de Ralisbonne, non loin de la ville, fut oouverte d'une foule compacte, accourue tant de la ville que des environs. Le spectacle qui se préparait était du reste bien de nature piquer vivement la curiosité des habitants de cette cité aux mœurs simples et patriarcales. Le docteur Weideukeller, célèbre aéronaute, devait faire sa 32® ascension, l'occasion de la fête qui se célèbre tous les ans Nurem berg, en l'honneur du roi Louis. Tout était prêt pour l'ascension, le ballon, empli de la quantité de gaz nécessaire, semblait vouloir briser les liens qui l'attachaient la terre. L'aéronaute avait pris place dans la nacelle où se trouvaient disposés plusieurs sacs remplis de terre destinés former le lest, des cordages et différents autres accessoires propres une ascension. Il n'attendait plus que l'arrivée du compagnon de voyage, qui s'était offert l'ac compagner dans son expédition aventureuse. Ce dernier était un jeune étudiant de l'université de Hall. Mais lorsque le moment de prendre place dans la frêle nacelle fut arrivé, ce jeune homme sentit faiblir son courage, sur lequel il avait sans doute trop compté, et renonça son projet, L'aéronaute l'attendit vainement pendant assez longtemps. Enfin pour satisfaire au désir de la foule impatiente, il se disposait entre prendre seul l'ascension. On allait détacher la dernière corde qui retenait le ballon la terre. Tout-à-coup un homme d'une tour nure extraordinaire s'avança précipitamment, et demanda occuper la place vide. Cet homme était fort proprement vêtu, quoique sans recherche. Tout en lui avait une apparence de désordre, quefon pou vait considérer du reste comme le résultat d'une émotion bien naturelle dans un semblable moment. L'aéronaute hésita quelques instants admettre cet inconnu mais il manifestait un si vif désir de raccompagner, qu'il y consentit enfin, après lui avoir fait promettre une obéissance entière pendant tout le voyage. Aussitôt l'inconnu s'élança dans la nacelle, en témoignant la joie la plus vive, et un instant après le ballon l'enleva majestueusement aux acclamations de la foule. Le temps était maguiRque et ils atteignirent bientôt une grande hauteur. Déjà le bruit des rumeurs de la foule avait cessé de parvenir leurs oreilles. L'aéronaute s'étonnait de voir l'extrême sangfroid de son corn" pagnon, il ne se rappelait point d'avoir jamais rencontré dau3 aucune de ses ascensions, un homme aussi maître de lui, et possédant un calme plus parfait. Cependant la situation extraordinaire où ils se trouvaient, était bien de nature émouvoir l'homme le plus intrépide; car il faut être doué d'une bien grande force de caractère, pour coulempler sans frémir l'abîme, où l'aérostat semble àebaque instant prèsde s'englou tir. A 1 horreur de cette vue viennent se joindre différents sujets de terreur, ce sont tantôt les explosions du gaz qui secUappe du ballon, puis les violentes secousses qu'éprouve la nacelle, enfin une infinité d'autres phénomènes de toutes espèces, de nature produire

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