3 FRANCE. guinées qui n'avaient pas leur poids, vient de faire peser tout l'or monnayé' qu'elle possède afin de prévenir un pareil scandale. Un journal du matin assure que la mission de M. de Barante a produite les résultats lés plus heureux mais qu'on ne les connaîtra qu'après que les élections seront terminées en France. Le27 juin dr, M. Green a fait sa 200me as cension en ballon dans les jardins de la Taverne de l'Etendard ro^al Hoxton. Après s'être élevé une certaine hauteurle ballon s'est dirigé vers l'ouest. M. Green doit très-prochainement exécuter son projet d'ascension travers l'Atlan tique, dans son magnifique aérostat \e Nassau. Lé tremblement de terre qui a ravagé l'île St -Domingue le 8 mai dernier, s'est fait ressentir aussi en mer. Le navire le Levenside qui se trouvait au moment de la catastrophe 70 milles de cette île, éprouva un choc tel que l'équipage crut que le bâtiment avait touché, mais le capitaine comprit la véritable cause de ce mouvement, et le fait fut mentionné sur le livre de la loi. La secousse dura deux minu tes, mais bien que la mer fut agitée, le navire n'éprouva aucune avarie. Tous les renseignements reçus de la Hol lande s'accordent nous dépeindre l'état des affaires de la Handelmaatschappy sous des couleurs un peu sombres. Les actions de cette so ciété ont subi une baisse assez considérable par suite des pertes qu'elle a essuyées cette année dans ses opérations; les dernières ventes de café surtout ont été désastreuses pourelle. Pourtout autre que la société colossale hollandaise, ces pertes seraient le coup de grâce, mais par suite des immenses bénéfices qu elle a faits les années précédentesla Handelmaatschappy ne s'en ressent que pour le moment. Toutefois si 1 état de malaise dans lequel elle se trouve durait plus longtemps, on devrait craindre de voir baisser ses actions, attendu qu'elle ne pourrait plus faire face ses pertes au moyen du fonds de réserve qu'elle a puisé cette année dans la partie de son dividende de l'année dernière. D'après l Édimburg Courantil a été pris, le 15 juin, la hauteur de 1 île de May, dans les filets servant la pêche du turbot, un requin ayant 5 pieds, 1 pouce de longueur. Dans la gueule il y a six rangées de dents. En ouvrant ce monstre, il a été trouvé dans l'estomac, une petite boîte en étain, contenant un cachet avec une tête romaine magnifique ment gravée; trente-quatre médailles anglaises (du temps de Charles II et de Georges II), françaises, hollandaises, romaines, brésiliennes, hindoustanes, et d'autres de la Chine ou des Indes, mais tellement corrodées, qu'il est im possible de les déchiffrer, une vieille carte d'Ecosse, par Jeffrev, dans laquelle quelques- unes des villes sont ainsi orthographiées: Sterling, Montross, Duns, etc. un morceau de l'Edimburg Eveniny Courantportant la date du 9 septembre 1811, dans lequel étaient enveloppées deux médailles (argent); l'une d'elles a été frappée sous le règne de Charles II (1671), et se trouve dans un état parfait; et un morceau du Courier du 10 mai 1811 dans lequel était enveloppé le cachet. Un journal annonce ce matin que la Porte prépare une expédition contre Tripoli, où le pacha se trouve serré de près par les arabes soulevés contre lui. On écrit d'Athènes 12 juin L'incendie de Hambourg formait ces jours-ci le sujet de toutes les conversations, mais quoi que les consuls de Danemarck de Hanovre, de Belgique et des Pays-Bas aient fait tous leurs efforts pour former un comité et ouvrir une souscription, personne n'a voulu délier les cordons de sa bourse. Cette indifférence pour la malheureuse ville incendiée est d'autant plus choquante quedurant la guerre des Grecs pour la libertéHambourg a été précisément une des premières villes d'où s'est élevé un appel en faveur du soutien de la cause des Hellènes des concerts, des bals, des représen tations théâtrales ont été donnés au profit des Grecs, et les danses ont formé des associa tions pour faire parvenir aux braves défenseurs de la liberté, des vivres, des vêtements, de la charpie, des munitions, etc. Les journaux prussiens sont remplis de détails de l'accueil fait au roi de Prusse dans le duché'dé Pose h. Le monarque a passé la soirée chez .Parchevêqué, M. de Dunin. V La ville entière était illuminée. (EXTÉRIEUR. Le ministère, en présence des élections, n'ose pas traiteç le dernier incident soulevé par la visite faite par la marine anglaise bord du na vire tçs Deux Sœurs, avec la même négligence que les deux précédents rapports du même genre, Il fait insinuer aujourd hui par un deses journaux que le récit de M. Seignac, capitaine des Deux Soeursest fort invraisemblable et que pourtant le gouvernement va demander des éclaircissements au capitaine Bonet, chef de la station française, puis des explications, et s'il y a lieu des réparations au gouvernement Bri tannique En un mot on va instruire l'affaire. <11 est très-louable assurément de suivre cette ligne deconduite, et l'on ne demanderait pas da vantage ap ministère que de connaître au juste lesgriefsde notremarine avantdeporter plainte l'amirauté anglaise. Mais tout en cherchant rassurer les électeurs et leur prouver que le ministère Guizot veut maintenir l'honneur de notre pavillon on met tant de réticenses dans la promesse d'une demande de réparation, on met tant d'affectation révoquer en doute la sincérité du capitaine Seignac qu'on ne peutpas avoir grande confiance dans la sincérité du mi nistère. M. le maréchal, ministre de la guerre, pré sident du conseil, a reçu divers rapports de M. le gouverneur-général, du général Changarnier, du général Négrier, et de plusieurs autres chefs de corps en Afrique. Ces rapports con firment, en résumé, les nouvelles que nous avons précédemment données. De toutes parts, les soumissions arrivent Alger, Bône et Oran, l'expédition du chétif porte ses fruits; depuis le 15. un grand nombre de tribus ont eucore fait leur soumission, des Arabes influens se sont présentés devant nosgénéraux, promettant d'amener d'autres soumissions. Par eux, on remarque le cousin-germain de Sidi-Embareck. Plusieurs de ces chefs doivent installer leurs familles dans les villes occupées par les Français. Quant Embareck lui-même, il paraît que ce Kalifa s'est retiré dans les montagnes, ainsi qu'El-Berkan tous deux paraissent avoir abandonné la partie. Un rapport du chef de bataillon Bisson confirme une nouvelle que nous avons fait connaître, celle du combat sanglant livré aux Beni-Menasser par une partie de la garnison de Miliana. De son côté, le général Négrier rend compte des opérations du corps d'armée dans la province de Constantiue. L'ensemble de ces nouvelles est satisfaisant. MM. Karr et Thalberg viennent d'être nommés chevaliers de la Légion-d'Honneur. M. Karr est le père et l'auteur des Guêpes. Une lettre particulière de Toulon annonce qu'une dépêche télégraphique rappelle M. le prince de Joinville Paris. Le prince était déjà en mer, bord de la Belle Poulefaisant partie de l'escadre de l'amiral Hugon et servant de mouche l Océan, qui porte le pavillon du commandant en chef. Le bâteau vapeur le Sphinx a été expédié la recherche de l escadre, afin de ramener le commandant de la Belle Poule. M. Cunin-Gridaine dans le rapport qui précède son ordonnance sur les fils de lin se plaint de ce que la filature la mécanique est encore en arrière en France, ce qui donne un grand avantage aux manufactures anglaises. Nous apprenons que nos filateurs ont com mencé depuis peu sentir la nécessité d'aban donner la filature la main. Beaucoup de1 machines filer ont déjà été commandées par nos manufactures en France et en Angleterre. Huit machines anglaises ont été importées Lille depuis moins de deux mois. Le nommé Janot, voltigeur du 68e de ligne, qui a été condamné la peine de mort par le 1er conseil de guerre pour avoir porté un coup de bayonnelte un capitaine au moment de la revue du colonel,a refusé, malgré toutes les instances de son défenseur de se pourvoir en révision, néanmoins les pièces de la procédure et l'information ont été adres sées M. le ministre de la guerre pour être proposé, s'il y a lieu, une commutation de peine. Variétés. M. CHARLES NODIER ET LA FEMME DU COIFFEUR. C'est une noble et touchante histoire que j'ai vous conter, celui de qui je la tiens sait bien mieux que moi comment ou peut donner au récit le pitto resque de la vérité mais en son absence j'aurai ses souvenirs^, espérant de votre indulgence lectrices, amnistie pour mes fautes. 11 y a une dixaiue d'années, toutes les notabilités d'Agen étaient en éufoi, un savant de Paris,1 un sa vant aimable venait de s'arrêter dans leur ville: c'é tait M. Charles Nodier, l'écrivain le plus g.Ti, le plus pur, le plus charmant-de notre époqiîe, celui dont la spirituelle madame Sophie Gay a dit Ce poète n'effeuille pas les rosesil les fuit naître. JNodier lêté,choyé, applaudi de tous côtés par les Agenais pouvait peine suffire l'ivresse publi que; rien n'est plus fatiguant que les honneurs, je me suis souyenldemândé comment les priucesqui voya gent ne tombaient pus malades en route Voulant échapper pour quelques instants la fa veur publique, M. Nodier sortit de chez lui et alla faire un tour dans les rues, ayant bien soin d'enfor- cer son chapeau sur ses yeux pour ne pus se faire connaître. En cheminant ainsi l'ombre, il parvint jusqu'à la boutique d'un coiffeur, boutique classique, qui ne ressemblait en rien ces salons de coiffure aux vitres desquels on place des figures décolletées jusqu'au milieu du dos, avec agrément de la police. La boutique du perruquier agenais était décorée de perruques et de plats barbe, ni plus ni moins que Figaro, barbier d'imagination. Une dispute fort vive avait lieu dans la boutique le coiffeur, homme la figure pleine de verve méri dionale, riait pendant quecriaitsa femme;son visage portait l'empreinte d'une profonde résignation. II eût déconcerté l'épouse de Socrate. Regarde, disait la femme, en voilà encore, je t'avais pourtant fait promettre de n'en plus faire. Ce sont des dettes, pensa M. Nodier, le maître coiffeur aura été trop prodigue. Ma bonne amie, ils sont magnifiques, ils ont douze pieds et ils sont coupés par le milieu. Diable fit M. Nodier, ce ne sont pas des det tes, ce qu'il paraît. Voyons et entrons, il y a peut- être là une scène de mœurs utile l'histoire du cœur. L'illustre auteur de la Fée aux Miettesfranchit le seuil de la boutique. Aussitôt le coiffeur s'empare de ses cheveux et se met en mesure de les accom moder. La femme continuait toujours gronder. Tiens lui dit-elle, voilà des bêtises. Et elle jette au pied de son mari un papier... un manuscrit. Permettez-moi de lire cela, dit M. Nodier, je suis amateur. Volontiers fit le coiffeur enchanté. Nodier parcourut les vers suivants A UNE JEUNE MISS. Femme ou démon, ange ou sylphide Oh! par pitié, fuis, laisse-mui. Doux miel d'amour n'est que poison perfide, Mon cœur il a trop souffert., il dort., éloigne-toi.. Éloigne-toi je crains ton long regard dellarame Et ta tristesse et ta gaîlé. Éloigne-toic'est trop darder contre mon âme Tes vils rayons de volupté. Je te l'ai dit mon cœur sommeille Laisse-le... de ses maux peine il est guéri Et j'ai peur que ta voix si douce mon oreille

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 3