JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JEUDI, 21 JUILLET 1842.
ANNEE.
128.
FEUILLETON.
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INTÉRIEUR.
YPRES, te20 Juillet.
Le résultat de l'élection de Tournay a atterré
le parti clérical. Il était loin de s'y attendre.
Sesjournaux paraissaient frappés de stupeur.
Mais ils ont bientôt repris cet aplomb qui leur
est particulier. Ils se sont donc mis chercher
la raison de cet échec inattendu. Chacun sait
du reste que les journaux cléricaux sont très-
forts sur le chapitre des explications; témoin
celle de l'incendie de Hambourg du Nouvelliste
et celle de la mort du duc d'Orléans de la Ga
zette de France.
Ils ont donc annoncé leurs lecteurs que
celte défaite était due au succès extraordinaire
avec lequel on avait exploité la dime et la main
morte: deux fantômes dont le clergé n'a jamais
voulu comme personne ne l'ignore.
Quelques ennemis du parti clérical croyaient
dans le temps que c'était la main-n^orte qu'on
avait demandée pour l'Université catholique.
Eh! non, c'était une personnification civile et
le droit d'acquérir pour trois cent mille francs
de revenus en biens fonds. On voit d'ici que
cela ne ressemble en rien la main-morte. On
souhaitait seulement que le principe fut admis,
et l'on se fiait au savoir-faire du parti clérical,
pour voir ce privilège s'étendre aux nombreux
couvents qui tousauraienl été érigés en personne
civile. Cela ne devait point empêcher de croire
que la main-morte ne fût répudiée parla faction
cléricale.
La dime est l'autre fantôme l'aide duquel
les libéraux font la guerre au parti clérical. On
voit que ces armes ne sont pas très-meurtrières.
On ne veut plus de la dîme, surtout l'approche
des élections. On repousse avec terreur ce qu'on
a toujours si ardemment convoité. Le motif en
est facile comprendre. Cet odieux impôt pèse
rait de tout son poids su1' les campagnes, et les
électeurs campagnards sont maintenant le seul
appui du parti clérical.
UNE AVENTURE DE CHARLES XII. (Suite si Fin
V.
Le comte se dirigea vers la salle d'entrée où se tenaient les pi-
queurs, les valets et les gardes. An même instant, un vieillard qui
venait de descendre de cheval y pénétrait et s'informait aveo
anxiété où il pourrait trouver le roi. C était le conseiller Piper, le
même dont l'interruption, malgré le patriotisme qui 1 avait inspirée,
avait oh'euu la veille si peu de succès. L'ex-gouvet ueur de Charles
portait sur son visage tous les signes d'une violente irritation que
parut accroître encore la rencontre de Sparre; cependant, après avoir
hésité quelques moments, comme s'il eût cherché a surmonter un
vif sentiment de répugnance, il s'approcha du m'nislre, et lui dit
d'un ton qu'il s'efforça de reudre calme
C'est peut-être un heureux, hasard, M. le comte, qui nous me^
en présence avant que j'aille plus loin,
Excusez-moi, M le conseiller, je suis pressé...
J'ai peu de mots vous dire et ils sont d'un assez haut intérêt
pour que vous puissiez «l'accorder un instant.
De quoi s'agit-il donc
Il est fâcheux cependant, qu'en 1817, M. de
Broglie, évêque de Ganden s'adressant aux
grandes Puissances du Congrès de Vienne au
nom du clergé belge, ait cru devoir consigner,
dans une réclamation impriméela demande
du rétablissement de la dipte; chose du reste qu'il
trouvait très-facile. Il fallait seulement d'après
son avis diminuer l'impôt foncier d'un cin
quième.
On voit que dans des temps qui ne sont pas
très-éloignés, le rétablissement de la dîme a été
une des préoccupations du parti clérical. Les
dernières conditions imposées au Portugal, par
le Souverain Pontife, pour bases d'un concor
dat, ne sont pas de nature rassurer les
esprits cet égard. Les idées libérales de la
faction cléricale se sont évanouies, quand l'en-
cycliqueaété connue, et nous la voyons entrer
dans la voie des réactions avec tant d'ardeur,
que nous sommes fondés douter des limites
de ses désirs.
D'ailleurs la dime aux yeux du parti clérical,
est un impôt divinet vaut bien la peine qu'on
travaille prudemment sou rétablissement.
Elle lui rapporterait la dixième partie du
revenu de tous les domaines du royaume.
Et cet argent pourrait être dépensé sans con
trôle Maintenant que d'efForls ne doit-il pas
faire pour arriver ce qu'il veut bien appeler
une restitution, etque nous pourrions qualifier
autrement.
Supposer au parti clérical si désintéressé, une
arrière-pensée de dime et île main-morte eut. on le
sent, un cas pendable. Depuis quelque temps sur
tout, on doit être convaincu que la faction cléri
cale. loin d'aspirer la domination du paysse
conlentèd'y posséder la hautedirectionpulitique.
Mais sont-ils dans le vrai les organes de la fac
tion qui s'avisent de faire passer les libéraux
pour des anarchistes et pis encore Sont-ils
dans le vrai quand ils entonnent la trompette
d alarme, en s écriant Catilina est vos portes
De votre hotmeur, M. le comte.
De mon honneur
Pardonnez si, dans ma brusque franchise, je vais droit au but;
vous avez aveo le Daueoiarck. des intelligences secrètes.
Monsieur
Je le sais et vous circonvenez Pespril du roi pour le détermi
ner la paix
—«Je veux bien vous répondre sans emportement que si je travaille
obtenir ce résultat, c'est pour obéir ma conviction personnelle
el que je ne me crois obligé de rendre compte de mon opinion
personne.
Réfléchissez, M. le comte il en est temps encore. Pour la der
nière foi*, je vous propose de vous unir franchement moi dans
l'intérêt de notre pays. Oh prenez garde avant de me refuser
N'oubliez pas qu'il suffit d'un jour p»ur renverser les projets les mieux
combinés et les fortunes les plus solides.
Sparre fit signe un valet d'approcher, puis il sortit de son porte
feuille le traité, qu il lint un moment déplié devant les yeux de Piper.
M. le conseiller, voici ma réponse... Lundeu, coijtiuua-t-il en
s'adressant au valet cheval! et que ces dépêches soient remise^
avant une heure l'ambassadeur de Daneroarck.
Et après un salut profond, accompagné d'un sourire ironique, il
et vous délibérez.Il ne s'agit ni de l'anarchie ni
de Catilina mais du parti clérical, qui depuis
1830 n'a cessé de marcher "son but d'une
manière lente mais sûre et si la dîme lui paraît
un jour pouvoir être rétablie avec succès, nous
l'aurons, la faction en est bien capable.'
REGLEMENT SUR LES CHEMINS VICINAUX
Le vote du Conseil provincial, sur le règle
ment concernant les chemins vicinaux n'a
point rempli no're attente. Leur entretien a
été mis en partie la charge des riverains, pour
les travaux ordinaires et en partie la charge
des communes pour les travaux extraor
dinaires.
C'est là un expédient qui ne rémédiera en
rien au mauvais état des chemins vicinaux.
Quelque clairement que puissent être énoncés
les cas d'entretien extraordinaire charge des
communes, une multitude de conflits surgiront
entre les propriétaires riverains et les autorités
communales. En attendant une décision les
chemins ne seront point entretenus. Les incon
vénients que présente le mode adopté par le
Conseil, se feront sentir, et il se verra forcé de
revenir sur sa résolution et d'adopter le prin
cipe écrit dans la loi du 10 avril 1841.
M. Vandamme fortement engagé le conseil
mettre l'entretien des chemins vicinaux
charge des riverains. L'honorable conseiller nous
pardonnera de n'être point de son avis. Nous
croyons même que les arguments présentés par
lui l'appui de son opinion, sont excessivement
faibles, et ils nous semblent ne pouvoir suppor
ter l'épreuve d'un examen attentif.
L'entretien des chemins vicinaux par les rive
rains est entré, dit-il, dans nos mœurs et nos
habitudes. S'il en était ainsi, les propriétaires,
ou leurs fermiers entretiendraient les chemins
avec zèle et bonne volonté. Mais les lois et règle
ments qu'on se donne la peine de voter, prou
vent que de nouvelles mesures sont devenues
s'éIoigna de Piper, qui demeura immobile, plongé dans uue stupé
faction inexprimable.
Mais l'indignation et la colère tirèrent bientôt le conseiller de cet
abattement; il poursuivit d'un regard foudroyant le ministre qui se
retirait et loi cria d'une voix retentissante;
Va, misérable, va porter nos ennemis le déshonneur de la
Suède! ce ue sera pas toi, du moins, qui en recueilleras le fruit.
Çette exclamation fit tressaillir un jeune garde qui, s'étant isolé
daus un coin de la salle pour se livrer des réflexions que la tristesse
de sa physionomie faisait juger assez sombres, n'avait pas perdu un
mol de la conversation des deux hommes d'état.
Piper ne remarqua point cet incident ni la précipitation avec la
quelle le garde se revêtit de ses armes et s'élança hors du château.
L'esprit trop occupé pour rien voir de ce qui se passait autour de
lui, il marcha rapidement vers la salle où était le roi.
Au moment où tous les seigneurs de la suite de Charles s'étaient
levés de table pourse retirer, Christine s'était levée aussi mais, ne
sachant pas si les convenances voulaient qu'elle restât ou qu'elle sor
tit, elle hésitait sur ce qu'elle avait faire, lorsque Charles lui prit
la main et la força de se rasseoir auprès de lui
Veux-tu donc me laisser seul, Christine? est-ce que tu crains
un tête tête avec moi?