Après avoir été républicain libéral exalté,
M. Dechamps s'est nais la dévotion du parti
clérical. Cette mobilité d'opinions ne doit nul-
lement inspirer la confiance. Aussi M. Dechamps
est-il forcé d'être l'humble instrument du parti
qui l'emploie. En présence du résultat de 1 élec
tion d'Alh, celle de Tournay ne peut être re
gardée comme un fait exceptionnel. Ces deux
luttes électorales doivent démontrer que le pays
reprouve la marche du gouvernement et répu
die la faction qui le soutient. Leur résultat doit
nous inspirer la plus légitime confiance pour
les prochaines élections, et nous faire espérer,
que la législature sera épurée de ces créatures
du clergé qui n'ont pour mission que de dé
fendre les privilèges de celte caste, et défausser
nos institutions.
On ne doit cependant pas trop y compter.
La faction prévoyait qu'elle aurait eu le dessous
dans les élections communales, et elle a inventé
le fractionnement. Si pareille crainte l'agite
pour les élections des représentants, elle fera
voter un changement la loi électoralequi
mettra les chances de son côté. Elle placera ses
adversaires dans la position d'un joueur, qui se
trouve forcé de faire la partie avec un autre
quoiqu'il sâche bien que celui-ci ne fait usage
que de dés pipés.
Notre jeune paysagiste François Roffiaen
vient d'arriver en cette ville, avec quelques pro
ductions nouvelles. La régence toujours prête
favoriser les arts, mis sa disposition la salle
bleue de l'hô(el-de-ville, où ses tableaux reste
ront exposés au public dater de dimanche
24 juillet pendant quelques jours seulement,
depuis 10 heures du malin, jusqu'à 3 heures de
relevée. Un de ces tableaux est destiné la
prochaine exposition de Bruxelles.
Le colonel Van Damme qui a commandé le
gme régiment d'artillerie, vient, par arrêté royal,
d'être promu au grade de général-major.
On lit dans Y Écho cT Y près
Le fractionnement des communes de 12,000
âmes et au-dessus, leur a souri, surtout, ces
hommes, ces agents du Rétrogradisme et de
la Démolition Croirait-on qu'en vue des
élections communales d'octobre prochainils
ont poussé l'impudence, le jésuitisme ou le
délire, nous leur laissons le choix! jus
qu'à faire sonder la Rédaction en chef de notre
Journaljusqu'à lui faire proposerelle
en faveur de leurs candidats futursnous
les nommerons en temps et lieu, de ces trans
actions qui vont, merveille, aux Basilescl aux
Tartufes: car
11 est avec le Citl des accommodements;
mais qui, certes, ne nous vont point du tout,
nous, écrivain de la Presse opposante constitu
tionnelle, nous, ennemi-né des Basiles et
des Tartufeset irréconciliable adversaire de la
faction cléricale réactionnaire et démolis
sante?!...
Après l'avoir faite aux honnêtes agents offi
cieux, nous la faisons, ici, publiquement, notre
réponse, et nous la faisons, surtout, afin que les
coryphées du parti et leurs futurs candidats
qu'ils visent être bourgmestreéchevins ou
simples conseillers n'en puissent prétendre
cause d'ignorance. Qu'ils se le tiennent, donc,
pour dit
La Rédaction en chef de VÈcho J'Ypres, ne
transige avec qui, ni avec quoi que ce soit. Notre
appui, notre silence même, ne sont ni ven
dre, ni acheter. Peu nous importe le frac
tionnement. Puis après toutc'est là une arme
deux tranchants, qui pourrait fort bien bles
ser et blesser mortles imprudents et les
fourbes qui se croient de force et de taille la
manier, cette arme!
«gixaxE-
Le Belge publie la lettre suivante qui lui est
adressée d'Ath et la quelle nous avons de la
peine croire.
L'exaspération est son comble dans la ville:
les libéraux, pleins de confiance, comptaient
sur une majorité certaine, mais les communes
de Flobecq, Everbeek etEllezelles ont fait pen
cher la balance du côté de la sacristie. Dans les
deux premiers bureaux M. Delescluze obtint
une majorité de 93 voix et dans le troisième il
succomba une majorité de 13 voix.
On a craint un moment une collision; la
troupe est consignée dans les casernes et toutes
les brigades de gendarmerie de l'arrondissement
sont en ville.
Hier, une vieille demoiselle d'une riche fa
mille de la ville, animée d'un saint enthousiasme,
a arraché une proclamation aux yeux de la
foule. Elle a été conduite non sans honneur au
corps de garde.
A la porte de Tournay le curé de Flobecq
a arraché de son cheval, sa soutane mise en
lambeaux, et sans l'intervention de la force ar
mée on l'aurait jeté l'eau les autres curés des
communes sont l estées Alh et n osent pas se
montrer dans la ville.
On assure qu'un charivari a été donné M.
Dechamps.
M. le ministre de l'intérieur s'est empressé
d'informer MM. les gouverneurs de province de
la conclusion du traité avec la France, afin que
ces hauts fonctionnaires pussent en donner
communication aux conseils assemblés c'est ce
qui a eu lieu Anvers et Liège. Voici les
bases de la convention, qui trouve ses dévelop
pements dans l'article du Journal des Débats
que nous avons donné dans notre n° d hier.
1° Le tarif antérieur l'ordonnance du 26
juin, sera remis en vigueur sur les frontières
belges; il ne pourra être augmenté quand
même on viendrait augmenter celui sur les
autres frontières.
2° Si l'on venait diminuer le tarif sur les
autres frontières de plus d'un sixième, une di
minution anologue aurait lieu sur le tarif
appliqué aux frontières belges, de manière
ce qu'il y eût toujours la différence de 3 5
entre les deux tarifs; c'est donc un système de
droits différentiels adopté en faveur de la Bel
gique.
En retour la Belgique consent
1° A diminuer les droits d'entrée et d'accises
sur les vins et les droits sur les soieries; 2" il
est bien entendu que la Belgique adoptera pour
toutes les frontières autres ^que celles de France,
le tarif du 26 juin sur les fils et toiles de lin.
Toutefois les exceptions existantes aujourd'hui
pour l'introduction de certains fils d'Allemagne
-et de Russie, sont maintenues.
Celle dernière mesure est prise dans l'intérêt
des tisserands de Turnhout.
La durée du traité est fixée 4 années. L'or
donnance du 26 juin sera levée en faveur de la
Belgique dater du jour de la mise en exécu
tion dudit traité laquelle aura probablement
lieu au plus lard le 1er août.
Les chambres doivent se réunir mardi pro
chain elles s'occuperont immédiatement de la
discussion de celte convention. [Globe.)
La cour de Cassation, présidée par M. Van
Meenen, vient de rejeter le pourvoi du sieur
Parent, qui avait demandé d'être renvoyé devant
une autre cour d'assises pour cause de suspicion
légitime. L'arrêt est longuement motivé.
Des lettres de Paris parlent aujourd'hui, mais
encore vaguement des offres de démission
faites par M. Guizot. On voudrait que MM.
Molé et Dufaure eussent été appelés au château
pour y recevoir le mandat de composer un
nouveau cabinet.
Ce qui est cerlain, c'est que la question de la
Régence paraît s'envenimer.
Les différentes oppositions prennent part
pour MmB la duchesse d Orléans le duc de
Némoursest le candidat des conservateurs, mais
on dit que M. Thiers se prononce hautement
pour ce dernier parti.
La cour désirerait vivement que la loi de
Régence passât sans discussionet c'est dans
cet espoir qu'on pourrait sacrifier M. Guizot.
Le conseil municipal de Toulouse a pris au
sujet d'une adresse qu'on lui demandait sur la
mort du prince royalune détermination qui
peut être fondée en droitmais qui était au
moins inopportune.
On compte beaucoup sur l'effet de la présen
tation aux chambres du comte de Paris, âgé
aujourd'hui de quatre ans. [Globe.)
Par arrêté royal daté de Paris, le 18juillet,
M. le général-major Constant d'Hane de Steen-
huyse est nommé lieutenant-général, avec con
tinuation de ses fonctions d'adjudant-général
près la personne du roi.
On sait qu'un journal de Bruges avait annoncé
la mise en non-activité de M. le général d'Hane.
la nuit tombante. Le soir après avoir bu quelques bonnes rasades de
vin de Porto, l'on peut se coucber enveloppé de trois quatre cou
vertures, sans avoir besoin d'entourer son lit d'un moustiquaire in
commode. Nous employâmes plusieurs jours faire nos préparatifs
de départ, et rassembler les objets nécessaires pour notre expédition.
Nous primes nos dispositions pour faire ce mois de campagne contre
les habitants des forêts, comme s'il s'était agi d'entreprendre un se
cond siège de Troie. Les chameaux, les tentes, les provisions de bœuf
saléde bierre, les armes feu et autres attirails de chasse, les nè
gres, tout cela était pêle-mêle. Plusieurs de nos camarades qui n'a
vaient pas le bonheur de faire partie de notre expédition jetaient
un œil d'envie sur nos préparatifs. Par égard pour nos lecteurs
nous n'entrerons pas dans des digressions inutiles et nous abrége
rons autant que possible la relation du voyage de notre cantonne
ment jusqu'aux montagnes.
Nous nous mettions en route chaque jour, deux heures avant que
le soleil n'eut doré l'horizon de ses rayons brûlants. C'est le moment
de la journée le plus agréable pour la marche, l'air est rafraîchi
par la fraîcheur de la nuit. Deux chameaux portant nos tentes et les
vivres, formaient notre avant-garde venait ensuite un éléphant
chargé de nos bagages et de nos munitions nos domestiques nègres
an nombre de vingt-quatre, occupaient le 3e rang dans le cortège;
nous formions barrière-garde deux d'entre nous étaient eu
palanquin, et deux autres cheval sur des poneys.
Après six jours de marche, nous atteignîmes notre grande satis
faction le but désiré. L'endroit où nous plantâmes nos tentes, était
un magnifique oasis vert situé au pied d'une montagne. Après nou3
être réunis en conseil, nous nous décidâmes y bivouaquer un jour
ou deux, afin de reconnaître l'espèce de gibier qui se trouvait dans
les enviroûs. Nous n'eûmes pas le temps ce jour là, d'admirer la
maguificence des sites qui nous environnaient. A peine les cha
meaux furent-ils débarassés de leurs fardeaux, que l'un de nos
compagnons de voyage, le major N..., s'empressa défaire préparer
Dolrc repas. Il possédait des connaissances profondes en art culi
naire. Sans exagérers'il avait eu occasion de pratiquer son ta
lent dans des contrées plus civilisées que l'Himalaya, Ude lui-
même, aurait trouvé en lui un rival redoutable. Notre chef de cuisine
avait une véritable sinécure, il n'aurait pas osé ajouter un grain de
sel sans les ordres du major. Je ne sais vraiment point si notre digne
ami n'épiouvait pas autant de jouissance préparer les diilérents
mets qu'à les manger, tout en lis arrosant d'une bouteille de Lafiitte
glacé; tel était le major N..., nous lui obéissions comme notre gé
néral en chef et nous avions la même déférence pour lui dans les
discussions, qu'en campagne.
Le second d'entre nous avec lequel nous ferons faire connaissance
nos lecteurs, était l'adjudant du régiment d infanterie n° 1, un
véritable écossais, d'une taille élevée, et d'une constitution vigou
reuse. C était un précieux compagnon de vojrage; sou plus grand
bonheur était de nettoyer ses armes et celles de ses camarades, d'a
près les procédés approuvés par Ilints, sur la manière d'entretenir
les armes feu. A table,"il se donnait peine le temps de vider son
flacon de vin, tant il avait bâte de se livrer son occupation favo
rite. 11 était toujours levé le matin quelques heures avant les autres,
par suite de l'habitude que ses fonctions lui avaientfail contracter
au régiment, d'être le premier aux heures de service.
Notre troisième compagnon de voyage, était capitaine au régi
ment où je servais, irlandais de naissance et le meilleur garçon pos
sible. C'était un des chasseurs les plus renommés de l'Inde. Par
l'effet du hasard, nous étions tous les quatre d'un pays différent. Le
major était anglais, l'adjudant, écossais, le capitaine, irlandais, et moi,
le modeste narrateur de leurs aventures, j'avais vu lejoursousle
ciel azuré du pays de Galles. J'essaierai de me dépeindre moi-même
j'étais assez bon-vivant, je chantais passablement la romance e t
j'avais acquis une cei laine célébrité Ceylan, en tuant, avant le dé
jeûner, une demi-douzaine d'éléphants. Notre repas fini, et après
avoir préparé nos armes pour la chasse du lendemain matin nous
allâmes devant nos tentes fumer le cigare de manille, et boire notre
grog au clair de la 1-uue.
(La suite et fin au prochain A0.)