JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 2e ANNEE. N° 132 JEUDI, 4 AOUT 1842. FEUILLETON. On s'abonne Ypres rue du Temple, 6, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. prix de l'abonnement, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-35 Tout ce qui concerne la ré daction doit être adressé, franco, l'éditeur du journal, Ypres. - Le Progrès parait le Dimanche et le Jeudi de chaque semaine. prix des insertions. Quinze centimes par ligne. IATÉBIEIIR, YPRES, le 3 Août. IRRITATION DU PAYS. Enfin des organes catholiques-politiques dai gnent s'apercevoir quelepays est divisé en deux vastes campsque des dissensions de plus en plus profondes, une haine implacable et aveugle, que rien ne peut fléchirrégnent sans partage sur ce même peuple qui avait pris pour devise l'union fait la force. Nous ne croyons pas qu'ils puissent prétendre avoir fait là une découverte. Quand il n'y avait aucune dissension, les journaux du parti en ont créée. On se souvient encore de la fa meuse irritation du sénat et de la faction l'époque du ministère Lebeau-Rogier. Ce fut un motif pour demander au roi le renvoi de ces ministres. Mais alors l'irritation était factice. Un grand nombre d'adresses des conseils com munaux des principales cités du royaume ont témoigné que jamais l'horizon politique n'avait été plus calme. Quelles sont donc les causes de ces change ments de l'opinion publique? Une feuille cléri cale lesexpliqueà sa manière, en dévoilant une politique machiavélique qui aurait d'après lui, toujours dirigé quelques uns de nos hommes d'état. Surtout il leur reproche d'avoir donné aux libéraux quelques places élevées et lucratives qui de droit, son avis, n'auraient dû appartenir qu'aux sommités catholiques. Mais serait-ce là les motifs de celte division profonde du pays de celte irritation que les journaux catholiques- politiques ont niée pendant longtempsmais qu'ils trouvent bon maintenant de constater? Qui donc a inscrit sur sa bannière: Tout ce qui n'est pas pour nous est contre nous. Quel parti a donc osé s'écrier Il faut vaincre les libéraux en masse. Et c'est ce même parti qui s'avise de faire un appel hypocrite l'union! Les dispositions du pays l'inquiètent. Il prévoit IGNACE DE LOYOLA, fondateur i)e la société de jésus. Suite Nous n'entrerons pas dans le fastidieux détail des extases séraphi- ques auxquelles Loyola s'abandonna, ni des folies systématiques qui trompèrent les ennuis de sa solitude. Nous ne dirons pas comment il s'y prit pour converser familièrement avec la Sainte Yierge, ni avec quelle angélique patience il copia la vie des saints, en trois cents pages in-quarto, volumé admirable sous le rapport de la calligraphie, et où les passages relatifs la Yierge étaient écrits en encre bleue, les endroits relatifs au père Éternel, en encre rouge, et le reste en encre de diverses couleurs. Ces puérilités ne sont remarquables que par le nom de l'homme qui se les est permises, et par la renommée dont il a su environner son nom. Martin Garcia, son frère, s'aperçut de la singularité de ses ma nières et en chercha vainement la cause. Effrayé de voir Ynigo, toujours la fenêtre, comtcmplant les astres, parlant peu, jeûnant sans cesse, et se flagellant avec régularité tous les matinsil le prit il part et lui adressa ce discours Mou cher Ynigo, notre maison est ancienne, notre naissance qu'un orage politique le menace dans le loin tain et il lâche de le conjurer. Les rapides pro grès de l'opinion libérale lui inspire la terreur. Aussi ses organes ont-ils changé de tactique. On a voulu de l'irritalion l enviede dominer a poussé lè parti catholique-politique hors des bornes de la prudence. Un ministère qui était dévoué la faction par la raison qu'il était son œuvrelui a immolé nos libertés les plus chères. Qu'on ne cherche aucune autre expli cation cette effervescence des esprits, les der niers faits et gestes de la majorité cléricale de la Chambre sont assez significatifs pour ne laisser aucun doute sur ce point. Le parti clérical fait un appel l'union de 1830. Mais qui donc n'a plus voulu de cette union? Qui donc a démontré dès le lendemain de la révolution qu'il voulait régner sans par tage? Toutes les questions de politique inté rieure n'ont-elles pas élé résolues au détriment des libéraux Les questions les plus vitales n'ont- elles pas été remises indéfiniment, parce que le parti ne croyait pas pouvoir les faire adopter de suite, telles qu'il les désirait? El c'est ce parti qui ne cesse de préconiser l'union après l'avoir rendue impossible C'est là une amère ironie. Le parti clérical croit-il donc que l'opinion libérale ne conserve aucun souvenir. La révolution de 1830 a élé faite de commun accord et au profit des libertés du pays. Maintenant en existe-il une qui ne soit menacée par la faction qui nous domine mo mentanément. Si, comme ils le disent et nous en convenons, l'union est nécessaire au bonheur de la patrie qu'ils abandonnent leurs projets ambitieux, que le prêtre rentre dans le sanctuaire et n'en sorte que comme citoyen que la religion ne soit plus un moyen d'influence sur la marche poli tique du pays; que la question de l'enseigne ment soit résolue suivant les principes de la Constitution. A ce prix, un rapprochement peut est illustre, vous avez du courage et de l'esprit j vous pouvez relever notre famille et donner au nom de Loyola une nouvelle célébrité. Je vous avouerai sans feinte que la conduite tenue par vous est loin de me faire espérer ces résultats que je désire. Craignez de vous livrer celte mélancolie, cette rêverie, qui vous dominent. Au nom du ciel, n'abandonnez pas la gloire de votre race soyez homme et soldat recommencez parcourir cette carrière où vous avez acquis de la gloire, et que vos méditations oisives ne vous arrachent pas aux dangers et l'honneur d'une vie active. La réponse d'Ynigo fut, comme on s'exprimerait àujourdhui, toute jésuitique. Il eut soin, dit un de ses biographes, de ne s'enga ger rien, mais il rassura sou frère. Il se débarrassa de ses pour suites, sans trahir la vérité Nihil a vero discedens, sese a fraUe extiicavitQui ne remarquerait celte prédisposition de Loyola celte théorie des réticences et des restrictions mentales, déjà mise en pratique par le chef de l'institut, longtemps avant que les Esco- bar et les Sanchez eu eussent rédigé les préceptes Le succès que Loyola obtint pendant sa vie, fut pour ainsi dire le premier type du succès dont sa création se couronna après sa mort les qualités qu'il avait déployées furent précisément celles qui donnèrent son ordre une extension si gigantesque prudence, résolution, persévérence. encore avoir lieu. "Mais ce serait trop exiger du parti calholique-polilique, il ne fera jamais que des concessions illusoires sur ces points. Aussi Ionglempsqu'il se montre animé de sentiments hostiles nos libertés, nous ne pouvons ajouter aucune confiance ses appels l'union. Qu'on nous donne des preuves de la sincérité du particar nous n'y sommes pas accoutumés. Sans elles nous sommes en droit de lui adresser ces paroles empruntées M. Odilon-Barrot Vous avez fait notre éducation politique, une autre fois nous ne serons plus aussi faciles. Nous portons la connaissance de nos lecteurs que M. Autrique, peintre et élèvéwle notre Aca démie se trouvant de passage Rrugesa exposé l'Académie plusieurs tableaux qui mé ritent tout l'intérêt des amateurs. Nous les en gageons leur rendre visite. de Bruges.) Les secrétaires des communes rurales de l'arrondissement administratif d Ypres, viennent de présenter une requête aux chambres législa tives, au ministère de l'intérieur et la députa- tion permanente du conseil provincial de la Flandre occidentale, par laquelle ils sollicitent une modification l'art. 111 de la loi du 30 mars 1836. dans le sens que voici Les traitements actuels des secrétaires sont maintenus ils pourront être augmentés par la députation permanente du conseil provincial après avoir entendu les conseils communaux.» Les principales considérations que font valoir les pétitionnaires, sont que les traitements dont ils jouissent actuellement ne sont pas en rapport avec les besoins sociaux, et surtout avec leurs importants travaux qui depuis l'organisation communale sont considérablement augmentés. Il se permettent l'appui de leur demande une comparaison qui fait ressortir l'inégalité de leurs traitements avec ceux des autres fonction naires en général, et demandent qu'il soit suivi Monté sur une mule accompagné d'un de ses frères et de deux domestiques, il quitta le château de Loyola, rendit visite une de ses sœurs qui demeurait Onate, et poussa jusqu Navarelte. Là, il recueillit quelques sommes d'argent qui lui étaient dues, en fit des aumônes, congédia ses domestiques et se dirigea sur Montserrat. Là, il se livra des austérités ascétiques loul-à-fait semblables celles dont la Roche Douloureuse fut témoin, quand le chevalier de la Triste Figure en fit le théâlrede ses exploits. Tout ce que la Yiedes Saints renferme de macérations, de flagellations, dejeûnesprolongés, de privations volontaires, Yuigo s'étudia l imiter. Un Maure, qu'il rencontra au milieu de ces exercices, lui adressa quelques reproches. Une controverse s'engagea. Le Maure avoua qu'il ne pouvait com prendre ni le sacrifice de la messe, ni la Trinité, ni le Saint-Esprit, ni surtout la virginité de la mère de Dieu. Un combat entre le che valier du christianisme et l'infidèle, fut sur le point d'ensanglanter les rochers de Montserrat. L'irritalion d'Ynigo était son comble il ressentit, comme il l'avoue dans ses confessions autographes, un violent désir de poignarder son adversaire. Mais cette action était- elle oriminelle En proie au tumulte que ce doute faisait naître dans son âme, Ynigo eut recours un singulier moyen qui peint toute la bizarrerie de son caractère. Il monta sur sa mule et laissa

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