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V*
Pour sortir de cette-situation déplorable, et
qui nous peine autant que qui que ce puisse
être, le Nouvelliste ne voit qu'un moyen, c'est
l'union de tous les partis, la réconciliation de
tous les ennemis. 11 prêche la concorde et la
paix avec une ferveur, un zèle, digne d'un mis
sionnaire, d'un véritable apôtre du Christ.
Nous sommes vivement touchés du bon vou
loir de notre confrère, ordinairement si belli
queux et si exclusif, sa conversion nous cause
une joie séraphique, nous lui votons des remer-
ciments d'autant plus sincères, que nous avons
rarement, hélas l'occasion de lui en faire et
en celte circonstance nous nous associons ses
vœux, car nous avons désiré.sans cesse la con-,
corde, la paix et l'union.
Mais la réconciliation que le Nouvelliste sem
ble appeler si ardemment, est-elle possible au-
jourdhui? Que dirait-on d'un incendiaire qui,
armé de la torche fatale, crierait pleine voix
devant les débris fumants qu'il a faits au feu!
au feu de l'eau de l'eau On dirait c'est un
fourbe, qui veut écarter les présomptions terri
bles qui s'élèvent contre lui un insensé qui
s'effraie des conséquences de son œuvre. On a
mauvaise grâce se plaindre du mal que l'on a
fait soi-même.
Le Nouvelliste a peu de mérite demander
la réconciliation générale son parti b'a-t-il pas
obtenu les concessions les plus étendues depuis
quelque temps? Le pouvoir n'est-il pas son très-
humble et très-obéissant serviteur IL n'estdonc
pas étonnant que ce parti cherche jouir en
paix des déplorables conquêtes qu'il a faites sur
nos libertés publiques. Notre confrère sent par
faitement aussi qu'après la victoire, il faut un
instant de trêve, que le moment de faire de nou
velles conquêtes n'est pas venu et que le pays,
fatigué d'un joug qui l'avilit, s'est écrié enfin
de sa voix puissante tu riiras pas plus loin
kec plus ultba. Vouloir enfreindre cet ordre sou
verain, c'est exposer le parti de grands mal
heurs, notre confrère l'a compris, sa générosité
apparente n'a donc point tout le mérite qu'on
veut bien lui prêter.
Tout un passé est derrière nous, et le passé
que l'histoire a enrégistréprouve combien les
protestations du parti clérical ont été de tout
temps franches et loyales. Nous en pourrions
citer plus d'un exemple mais l'Union qui a
amené la révolution de 1830, et les causes qui
l'ont rompue immédiatement après la victoire
sont des évènemens trop contemporains pour
qu'il soit nécessaire d'en chercher des preuves
nouvelles. Et d'ailleurs, tandis que d'un côté
notre confrère de Bruges prêche la concorde et
la réconciliation d'autres oi«ganes du parti,
XAmi de l'Ordrele Journal de Bruxelles prê
chent une croisade nouvelle contre la loi d'en
seignement la section centrale leur parait par
trop libérale, ils veulent étendre encore les con
quêtes de leur parti.
Pouvons-nous donc serrer avec confiance la
main que nos adversaires nos tendent Au lieu
de concessions, gage de leur sincérité, ils nous
demandent de nouveaux sacrificespouvons-
nous croire leurs paroles pacifiques? Et ne
devons-nous pas craindre que le baiser que l'on
veut nous donner n'est qu'un baiser.de Judas?
Le Nouvelliste de Bruges qui parait désirer
sincèrement que la paix intérieure soit rétablie,
non-seulement dans le pays en général, mais,
dans la capitale de notre province en particu
lier, se propose de soutenir aux prochaines
élections les candidatures de tous Tes membres
du conseil communal de Bruges, qui doivent
être réélus celte année. M.. Devaux, ce grand
ennemi du Nouvelliste de Brugesne sera pas
proscrit par lui.
Cette résolution de notre confrère est louable
et nous le félicitons sincèrementcar il n'est
jamais trop tard pour bien faire.
Mais nous aussi, nous voulons donner un
gage du désir que nous avons de travailler
comme lui la concorde et l'union et pour
réussir, nous ne croyons pouvoir mieux/aire
que d'imiter notre charitable confrère.
Parmi les membres du conseil communal
d'Ypres qui doivent être réélus, il en est plu
sieurs qui ne marchent pas sous notre drapeau,
mais qu'importe! Pour ramener la paix, nous
jetterons un voile sur le passé et nous ferons
tous nos efforts, pour que les électeurs libéraux
veulent bien réélire tous les conseillers sortants
qui voudront se mettre encore sur les rangs.
Notre confrère de Bruges peut se convaincre
que nous faisons assaut de générosité avec lui,
et que si bientôt l'harmonie la plus touchante
n'existe pas Ypres ce ne sera pas notre faute.
En attendant cet heureux moment que nous
appelons de nos vœux, nous supplions notre
confrère de vouloir bien faire tous ses efforts,
pour ramener nos idées conciliatrices, les ré
dacteurs clercs et laïcs d'une certaine feuille,
ainsi que les membres d'un comité électoral qui
depuis six mois travaillent dans une ombre plus
ou moins transparente.
Le lieutenant-colonel baron de Coenens qui
vient de passer au 5e régiment de ligne, en
garnison Ypres, est arrivé en cette ville ven
dredi dernier. La musique de ce régiment lui a
donné une brillante sérénade.
Les fêtes que l'on prépare pour la Tuindag
de cette année, promettent d'être aussi brillan
tes que jamais. Les bals de la Concorde seront
fort suivis nous assure-t-on, et, s'il en faut croire
les tailleuses, les toilettes de nos dames seront
des plus élégantes.
A l'Union on prépare pour mardi: une fête
qui ne pourra manquer d'attirer la foule. On
construit des planchersdes tenteson dresse
des mâtson peint de grands hommes en un
mot, il règne dans le jardin de la société, une
aqlivité telle que depuis la construction de la
tour de Babel on n'a rien vu de pareil. La fêle
se composera d'un concert et d'un bal. L'illu
mination sera féérique. 11 y aura une infinité de
verres de toutes les couleurs et des décorations
de tous les genres.
Puisse lé ciel, seconder les projets de la société
'de l'Union
Les tirages l'arc-à-main et l'arbalète qui
sont fixés au premier dimanche, attireront un
grand nombre de concurrents et la tombola
helvetienne qui sera tirée le lundi la société de
Guillaume Tellpromet d'être des plus amu
santes.
Durant la fête de la Tuindag il y aura la
Salle bleue de l'hôtel de ville, une exposition de
tableaux où nous verrons figurer les œuvres de
nos artistes Yprois.
Nous engageons nos concitoyens visiter cette
exposition.
INVENTION NOUVELLE.
Un jeune ouvrier de cette ville vient de con
fectionner, une machine pour la fabrication des
saucissessaucissonsboudinsetc., etc. -
Nous ignorons si le mérite de l'invention lui
appartient5 mais en tout cas, on nous assure
que l'exécution en est parfaite et qu'en une
minute, on peut fabriquer au moins une aune
de saucisses.
Dans un siècle où tout se perfectionne rapi
dement nous ne désespérons pas de voir ap
pliquer bientôt la vapeur l'ingénieux appareil,
construit par notre compatriote. Une machine
vapeur de la force de 30 ou 40 chevaux
pourrait facilement faire mouvoir un immense
couperet, deux ou trois laminoirs et une couple
de pistons. La viande se trouverait ainsi toute
préparée, hâchée, et l'on pourrait fabriquer de
25 30 mètres de saucisses par minute, 1,400
1,800 mètres par heure.
Unautreavantage, c'est que la machine étant
alimentée par le feu, il est possible que le fa
bricant puisse servir ses chalants des produits
entièrement cuits et parfaitement préparés.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
La discussion de la convention linière la
chambre des représentants, a été une protesta
tion énergique contre l'impéritie et la faiblesse
du ministère. Tous les orateurs qui ont pris la
parolen'ont accordé leur approbation au
traité, que parce qu'ils se sont trouvés sous le
poids d'une violence morale. Leur vote n'a été
dont on n'avait rien craindre ni espérer. Loyola, ambitieux et
avide de souffrances, reçut ces outrages comme des bienfaits du
Très-Haut, avec gratitude. Les soldats, mécontents de s'être trom
pés et d'avoir encouru le blâme de leur chef, se vengèrent sur lui
on le mit presque nu; la populace, meute toujours prête poursui
vre et accabler un pauvre être sans défense, se joignit la solda
tesque. 11 était couvert de sang et de boue, quand un de ces hommes,
plus accessible la pitié que ses confrères, le protégeale recueillit
le secourut, et le renvoya sain et sauf. Des mains de ces Espagnols
si barbares, il tomba entre celles des Français qui le traitèrent plus
humainement. Un officier gascon lui fit donner des aliments et des
habits et le renvoya. "ïnigo dont l'exaltation s'était réveillée plus
ardente et plus vive cherchait en vain la mort et la prison toujours
un incident nouveau le privait des palmes du martyre et le rendait
la liberté.
Le voici Gênes puis Barcelone. Son pélérinage est accompli.
Ma is de quelle utilité son apprentissage de sainteté a-t-il été pour le
christianisme Il reconnaît avec douleur que tant de privations et
de labeurs ont bien pu le mettre dans la voie de la perfection; mais
satisfaire un seul prosélyte, sans concourir raffermissement de la
sainte loi. Loyola est ignorant. Il entre dans sa trente-troisième
année. Pour accomplir ses desseins, il se résout s intruire.
Il y avait plus de courage, selon nous, redevenir écolier cet
âge qu'à braver tous les dangers que notre héros avait courus. C'est
une chose singulière et louchante que de lire dans ses confessions
le récit de la peine qu'il éprouva, des obstacles qu'il surmonta, des
cambaU quil fut obligé de livrer son habitude de paresse mysti
que et rêveuse. Son esprit était devenu habituellement contempla
tif. Il ne pouvait arrêter son attention sur aucun des détails de la
grammaire. Des visions et des extases interrompaient ses déclinai
sons et ses conjugaisons. La ferveur même de sa dévotion contrariait
ses progrès. Un jour il tomba genoux devant son maître, qu'il
supplia de vouloir bien lui infliger la même punition qu ses con
disciples telle est enfin la puissance d'une énergique et persévérante
volonté, qu'il dompta son indolence et parvint lire lTmitation du
Christ, dans la langue originale. L'ouvrage d Érasme, intitulé Ma
nuel du Soldat chrétien ne l'édifia pas; l'esprit, la grâce et l'élé
gance de cet auteur ne servaient qu'à le distraire il renonça donc
cette lecture et s'empressa d'avertir les fidèles du danger qu'un
style agréable peut avoir pour leur salut.
Nous avons suivi pas-à-pas Ynigo pendant son pélérinage d O-
rient, sa santé s'est raffermie, l'ambition de fonder un ordre monas
tique et de compléter ainsi sa tâche l'a engagé s'instruire. Les folies
dévotes ont fait place une situation intellectuelle et morale, plus
digne d'un homme sage. Il commence son apostolat, auquel il s'est
longtemps préparé, et communique enfin sa science religieuse aux
gens du peuple. C'est ainsi qu'il marche son but, lentement, sûre
ment, avec une peine incroyableavec une obstination que rien n'é
branle.
Il entreprit, Barcelone, deux conversions, dont le rapproche
ment surprendra nos lecteurs, celle des religieuses et celle des pros
tituées de la ville. Les malheureuses que je viens de citer le raillèrent;
mais les nonesjoulurent le faire assassiner. Ynigo qui avait obtenu
accès dans le couvent, s'était aperçu du relâchement introduit dans la
règle. Les hommes y venaient danser et festoyer avec les sœurs
quelques-uns y passaient la nuit. L'honnête Ynigo représenta forte
ment l'abbesse et ses filles la nécessité de réformer ces abus il
ne fut pas écoulé; mais on craignit qu'il ne révélât l'autorité les
scènes scandaleuses dont il avait été témoin. Deux esclaves maures
furent payés pour 1 attendre et pour l'assommer. Un soir qu'il allait
entrer dans le monaslère accompagné d'un vieux prêtre, son com
pagnon et son conseiller dans cette mission périlleuse, les Maures,
cachés derrière un arbre, sortirent de leur embuscade et laissèrent
pour morts les deux réformateurs. Le prêtre expira. Ynigo garda
longtemps le lit. Le peuple, scandalisé de la conduite des nones, se
porta en foule leur couvent où il voulut mettre le feu. Y'nigo sortit
de sa chambre, et vint arrêter la fureur populaire. Peu de jours
après, un jeune noble, rencontrant Ynigo dans l'église, se prosterna
devant lui, baisa ses mains, embrassa ses genoux, s'accusa de corn-
pl ici té avec les religieuses, et lui promit d'amender sa vie. Scènes
étranges, pleines de passion, d'intérêt et de singularité, et qui carac
térisent à-la-fois ce temps et ce pays,
Dona Inès Pascalancienne admiratrice de Loyolacelle qui
l'avait protégé au commencement de sa carrière ascétique, lui resta
fidèle; il devint son commensal, et elle partagea ses exercices de
pitié. C'était elle qui l'accompagnait dans les maisons de prostitu
tion qu'il visitait elle qui pourvoyait tous ses besoins. Idole de la
populace, vénéré des nobles et des femmes, notre apôtre eut des dis
ciples; les hommes portaient le nom d'En&ayalados -, les femmes
celui d Ynigas-j tel était du moins leur sobriquet populaire.
[La suite au prochain iV®.) (Foreign Revievt,