JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
DIMANCHE, 21 AOUT 1842
2e ANNÉE. N° 137.
INTERIEUR.
EUNDO.
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YPRES, le 20 Août.
La discussion de la loi sur l'enseignement
primaire, présente un singulier caraclère. Le
ministère et le côté droit de la chambre font
assaut de subtilité, pour tromper l'opposition
et le pays. On dirait une véritable comédie que
certain parti prétend jouer aux dépens de la
Belgique.
Tantôt ce sont des appels la conciliation,
l'union, et au moment où on les fait, on
s'efforce de faire adopter un projet de loi qui
offre l'instruction primaire en holocauste au
haut clergé.
Puis ce sont des récriminations acerbes qui
parlent du côté droit de la chambre, contre
ceux qui ne paraissent nullement disposés
croire la sincérité du parti clérical.
Cependant quelques représentants, animés du
désir louable de voir disparaître ces luttes im
placables entre les partis, croient devoir faire
quelques concessions, pour arriver une conci
liation. Nous croyons, sans les en blâmer, que
leurs efforts seront vains. Toutes les concessions
qu'on fera au parti rétrograde, seront des armes
nouvelles qu on lui mettra entre les mains,
pour tendre de nouvelles conquêtes.
Voyez les feuilles cléricales, malgré la part
du lion que la loi accorde au clergé, dans la
surveillance de l'instruction primaire, en sont-
ellesplus satisfaites? Eh non ce n'est point encore
assez. Les précautions qu'on prend pour main
tenir leclergé dans ses attributions, leur parais-
senloiseuseset insultantes Jamais, lesentendre,
le clergé n'a mérité qu'on lui montre tant de
défiance.
Ceci doit faire comprendre que les journaux
de Nos Seigneurs les Evêques dénient au pouvoir
civil le droit de traiter avec l'autorité ecclésias
tique de puissance» puissance. On laisse percer
la prétention que le pouvoir civil doit être, en
matière d'enseignement soumis au pouvoir
spirituel. Accordez leur ce qu'ils demandent et
que devient alors la liberté des cultes et celle de
l'enseignement.
Mais suspecter la sincérité du haut clergé,
fisl-ce donc être injuste son égard? Que sont
devenues les promesses de 1830 et son amour
pour les libertés du pays? Les théories de M.
Van Bommel relatives l'instructionont-
elles quelque ressemblance avec la liberté de
l'enseignement qu'il préconisait l'époque de la
révolution? Tous ceux qui ont lu ses brochures,
doivent convenir, que c'est le monopole de I en
seignement qu'il réclame et encore avec menaces.
Le haut clergé est-il mis injustement en état
de suspicion vis-à-vis de la nation, quand on
le voit partout étendre une main dominatrice et
s'arroger la direction temporelle de la société?
Qui donc lui a donné le droit d intervenir
dans nos élections autrement que comme
citoyen Et cependant tous les ressorts dé la
religion ne sont-ils pas mis en jeu pour faire
triompher ses créatures?
Qu'on ne crie donc pas la calomnie, qu'on
ne taxe personne d'injustice pour avoir dit que
le clergé sort des limites de ses attributions. Il
jouit de toute la plénitude de ses droits et per
sonne ne les lui conteste. Même il en abuse
pour s'immiscer dans les affaires politiques et
pour dominer le gouvernement et la nation.
Nous souhaitons que ceux qui sont disposés
tenir les prolestalionsdecertaines feuilles pour
sincères, ne se fassent pas illusion. Quand il
s'est agi de fausser la constitution, ou de con
fisquer son profil une de nos libertés les plus
chères, chaque fois la faction a fait des appels
union.
Qu on se souvienne de 1830. les libéraux ont
été trompés nue première fois, les catholiques-
politiques se sont joués de leur loyauté et de
leur confiance. Nous désirons.nous tromper,
mais nous craignons que les représentants qui
écouteront les mielleux appels l'union de la
faction, auront lieu de s'en lépentir.
L'article 5 du projet de loi sur l'enseignement
primaire présenté par le ministère avait été
amendé par la section centrale. Le gouverne
ment voulait faire donner l'instruction gratui
tement aux enfants pauvres, dans les écoles
communales.
M. Brabant, l'un des patrons de la main
morte et membre de la section centrale, voulait
non-seulement la faire donner gratuitement,
mais voulait encore concéder aux parents le
droit de choisir une école leur gré. La caisse
communale en ce cas, était tenue de payer une
somme de 6 francs pour chaque enfant indigent,
qui recevait son instruction dans une école autre
que celle de la commune.
N'était-ce pas une belle invention Aussi ces
idées-là ne viennent jamais qu'aux sommités
cléricales. Faire subsidier les écoles privées par
la caisse communale, afin qu'elles fassent con
currence aux établissements communaux, n'é
tait-ce pas lecomblede l'absurde et on basait celle
disposition sur la liberté de l'enseignemeut
Malgré les efforts de son auteur, la proposition
a paru par trop ridicule. Onze voix seulement
se sont prononcées pour l'amendement et 71
contre.
Que dira de ce vote, la béate feuille qui a
élu son domicile Ypres depuis vingt-cinq ans?
Aurait-elle pu deviner cela elle qui a fait un
emploi si distingué de la calomnie, égard de
nos conseillers communaux pour avoir refusé
I allocation d'un subside au collège épiscopal. Le
cas est identique. La chambre n'a point voulu
faire subsidier les écoles privées par les com
munes qui entretiennent un établissement d'in
struction.
Quoique le vole de la chambre doive démontrer
aux plus crédules, que nos conseillers commu
naux ont fait un acte de bonne administration,
en refusant un subside au collège de St.-Vincent
de Paule, nous ne désespérons pas de voir la
feuille d'annonces, prendre tâche de déguiser
la vérité, l'aide d'arguments jésuitique* qu'il
prétendracomme d'ordinaireirréfutables.
L'honorable Comte de Mérode nous paraît un
appréciateur par trop galant du bon vieux
temps. Le discours prononcé par lui. la séance
de la chamore des représentants du 17 août,
nous en offre une preuve. Il a cru pouvoir
avancer qu'il n'y avait pas de naissances illé
gitimes en Belgique, il y a soixante ans.
Les souvenirs de l'honorable Comte l'ont évi
demment induit en erreur. Car Ypres, ville
dont les mœurs ii étaient fias moins exemplai
res que celles des autres cités de la Belgique, la
moyenne des enfants trouvés celte époque,
était de 20 par année. Sous ee rapport, une
amélioration sensible s'est opérée, car dt puis
17 ans, ni la ville, ni le bureau rie bienfaisance
n'ont eu supporter aucune dépense de ce chef.
Nous croyons que le Comte de Méro le est
injuste l'égard du siècleactuel, quand il exalte
les vertus des générations passées. Nous tenons
au contraire pour certain que le caraclère mo-
r(il de la société tend s'améliorer de jour en
jour.
Quoique les classes moyennes soient presque
toutes libérales et que comme telles M. De
Mérode et son parti, leur refusent la qualifica
tion d honnêtes gens, nous estimons qu'elles ne
doivent point craindre d'être comparées avec la
génération d'il y a soixante ans, sous le rapport
de leur moralité.
Depuis quelques jours, un architecte attaché
la commission royaledes monumentsse trouve
en celle ville, pour examiner les projets de ré
paration que I on se propose de faire notre
monument des Halles. Le gouvernement la
province et la ville interviendront dans les frais
de ces travaux qui seront considérables; car la
restauration sera, dit-on. complète.
Les membres de la fabrique de l'église St -
Martin se proposentde restaurer aussi unepartie
du beau monument confié leurs soins. La
province et la ville leur ont accordé des subsides
celle fin. Quelques plaintes se sont élevées déjà
contre les plans et projets qu ils paraissent vou
loir adopter.
Nous les engageons profiler de la présence,
Apres, d un artiste habile, pour obtenir de
bons conseils, de salutaires avis qui les mettront
même de diriger des travaux difficiles, avec
tout l'ail, tout le goût dont la belle église de
St.-Martin est digne plus d'un titre.
Jeudi a eu lieu la distribution des prix aux
élèves du collège communal de la ville d Ypres.
Celle solennité avait attiré une foule considé
rable. Les grandes chaleurs qui régnent en ce
moment donnent cet empressement un ca
ractère tout particulier; les Yprois ont voulu
par leur présence protester tacitement contre